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13 février 2016 6 13 /02 /février /2016 22:33
Homélie de Sr Michèle: Colère et critique de Jésus en Mc 12/37-44

Mc 12/37-44

La foule nombreuse l’écoutait avec plaisir. Dans son enseignement, il disait : « Méfiez-vous des scribes, qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat et qui aiment les salutations sur les places publiques, les sièges d’honneur dans les synagogues, et les places d’honneur dans les dîners.

Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières : ils seront d’autant plus sévèrement jugés. »

 

Jésus s’était assis dans le Temple en face de la salle du trésor, et regardait comment la foule y mettait de l’argent. Beaucoup de riches y mettaient de grosses sommes.

Une pauvre veuve s’avança et mit deux petites pièces de monnaie. Jésus appela ses disciples et leur déclara : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »

 

Jésus est dans le temple. Il vient d’affronter les oppositions des pharisiens, des sadducéens, des scribes, les grands prêtres, les Anciens. Il les a affrontés face à face.

Ici, il est devant une foule bienveillante qui l’écoute avec plaisir.

Et il va tirer à boulet rouge sur les scribes.

Son enseignement est un appel à la méfiance, c’est une critique en règle de leur comportement et l’annonce d’un sévère jugement.

 

Nous avons donc ici un Jésus en colère ! La même colère que l’on peut lire un peu avant quand il chasse les vendeurs du temple ( Mc 11/15-19).

Nous avons un Jésus critique.

*Il critique le souci des scribes de l’apparence au lieu de la vérité :

« Pour l’apparence, ils font de longues prières »

*Il critique leur recherche de prestige :

« Places d’honneur dans les dîners »

*Il critique leur enrichissement par l’exploitation des veuves

« Ils dévorent les biens des veuves »

Il le fait pour nous mettre en garde, pour nous aider à être vigilants-es.

Oui, pour nous méfier de cela.

Il y a de bonnes méfiances comme il y a de bonnes colères, comme il y a de bonnes critiques !

 

Ce comportement des scribes est l’envers de celui de Jésus

Jésus est authentique : il dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit.

Jésus ne cherche qu’une chose, n’a qu’une ambition : nous aimer.

Jésus ne nous prend rien, il nous donne tout, tout ce qu’il a.

 

Alors, on comprend mieux le regard qu’il porte sur cette veuve et sa pauvre offrande.

Il se reconnait en elle. Comme elle, il va tout donner ce qu’il a pour vivre : il va donner sa vie.

Mais en même temps sa colère a dû redoubler, il a été scandalisé contre les scribes, dévoreurs des biens de veuves.

 

Ce récit nous met en présence de deux attitudes de Jésus : Admiration et colère

Deux attitudes pas forcément contradictoires.

Jésus admire cette femme qui donne tout ce qu’elle a pour vivre.

Il voit bien en elle la préfiguration de sa Passion où il donnera tout, toute sa vie.

Mais en même temps il est scandalisé car ce trésor est géré par les scribes qui dévorent le bien des veuves. Détournement de fonds, dirait-on aujourd’hui !

L’offrande du Christ a aussi été détournée, à chaque fois que dans l’histoire, il a été trahi par ceux qui en ont fait une instance de pouvoir, d’avoir, de prestige et de servitude.

 

Ecoutons donc le conseil de Jésus de nous méfier de ce qui est trahison de son Evangile.

Admirons, contemplons tous ce qui est en harmonie avec son Evangile.

 

Alors que ce temps de Carême pour nous soit un temps béni pour nous emplir les yeux et le cœur du Christ, de son Evangile, mettre nos pas dans ses pas, pour que son chemin de vie irrigue de plus en plus nos existences.

Le carême n’est pas triste, c’est un temps privilégié pour goûter la joie de l’Evangile.

 

 

 

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commentaires

A
Merci, Michèle, pour ta prise en compte de la colère. C'est une question qui m'habite, d'abord parce que c'est un sentiment humain qui "mobilise" l'énergie et ensuite quand on regarde des vies comme l'Abbé Pierre ou soeur Emmanuelle, la prise de conscience d'une réalité inacceptable s'est exprimée aussi (mais pas seulement, soit) par la colère. S'il faut rester vigilant sur les "fruits" possibles pour nous de cette colère (jugement, positionnement intérieur comme au-dessus, etc...), je trouve triste et parfois contre-productif de chercher toujours à l'étouffer. Regardons et écoutons les ados (collégiens et lycéens) : la colère et la révolte s'expriment très souvent (je parle d'expérience, voyez-vous !), et parfois ils nous font du bien en "secouant notre cocotier" ! Je me méfie de plus en plus des certitudes... Beaucoup de choses pas très belles se cachent derrière...<br /> En regardant les vies d'Ignace de Loyola, de Pierre Favre, on voit bien leur recherche permanente d'un dialogue intérieur, d'une mise à flot sur le courant de Dieu qui nous pousse là où on ne serait pas allé, cf chant "Esprit de liberté...", et dans le verset Actes 4, 13 : "Ils constataient l'assurance de Pierre et Jean et en se rendant compte qu'il s'agissait d'hommes sans instruction et de gens quelconques, ils en étaient étonnés", le terme grec rendu par 'assurance' est "parrhèsia" venant de "pan" (tout) et "rhèma" (mot, parole) qui se traduit exactement par "franchise, liberté de parole" (tout dire), et l'auteur des Actes des Apôtres nous dit que cette liberté de parole est un des signes de l'Esprit Saint : ce texte expliqué à des confirmands avec joie il y a quelques années, en effet les jeunes "captent" bien l'enjeu qu'il y a là et voient bien dans la vie de quelques "témoins" (vivants ou morts) des illustrations concrètes, par ex leur devise trouvée librement pour la vie d'Inigo de Loyola : "la liberté d'aimer" donne à réfléchir...!
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L
"Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence ...". Oui, la modicité d'un don n'affecte pas sa valeur. Oui, la modestie d'une vie ne retire rien à sa dignité et à sa grandeur. J'en tire argument contre la pandémie de l'évaluation qui nous afflige. La chasse au "maillon faible" en vue de son élimination non seulement outrage le "Tu ne jugeras point" qui est au coeur du message judéo-chrétien, mais méconnaît un principe fondateur de toute éthique des rapports humains : le fameux vivre ensemble ne saurait reposer sur une fallacieuse transposition de la sélection darwinienne, mais implique de s'attacher aux talents de chacun pour faire en sorte que ceux-ci trouvent toute leur place dans un projet commun - parce qu'ils ont nécessairement une place dans ce projet, quel qu'il soit, et parce que cette place se détermine en ce qu'elle est celle où se réalisera l'épanouissement de l'être apparemment le moins doté en capacités et en mérites. Ce qui commence dès qu'on se détache de cette considération de l'humain n'est rien d'autre que le champ ouvert aux totalitarismes.
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