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4 mai 2016 3 04 /05 /mai /2016 15:01
Peinture sur bois de Sr Ghislaine Pauquet, rc, Centre spirituel du Cénacle de Versailles.

Peinture sur bois de Sr Ghislaine Pauquet, rc, Centre spirituel du Cénacle de Versailles.

« Ils montèrent à la chambre haute, où ils se tenaient habituellement » Ac 1/13

On y voit cette première communauté, d’hommes et de femmes réunis ensemble. Cela nous indique une première attitude spirituelle à garder précieusement et à cultiver : Viser la communion. Se donner, se trouver, des lieux de partage. Et pas seulement en avoir mais aussi en estimer la valeur, s’y investir. En saisir le sens profond : Il s’agit de faire l’expérience d’une présence du Christ, selon la promesse qu’il nous a faite : « Quand deux ou trois soient réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux » Mt 18/20

« Tous d’un même cœur, étaient assidus à la prière » Ac 1/14

Des raisons pour prier :

-Devenir d’autres Christ.

C’est tout l’enjeu de la prière avec l’Evangile. En contemplant le Christ, en fait, je me mets en situation de suite du Christ, comme les disciples qui l’ont suivi sur les routes de Palestine. Le fréquenter pour lui devenir semblable. Le regarder, L’écouter pour regarder comme Il regarde, saisir de l’intérieur les grandes options de Son existence pour que peu à peu elles imprègnent mes décisions. Saisir Sa manière particulière d’aimer, me laisser aimer par Lui pour qu’Il puisse me transformer pour aimer à mon tour.

« Dans les actes du Christ, aussi bien que dans Ses paroles, se révèlent les principes qui inspirent Son action, les jugements de valeur qui dictent Son attitude, et commandent Ses réactions. C’est cela que nous devons faire nôtre, incorporer progressivement à la substance de notre être. Plus nous le ferons, plus nous agirons spontanément comme le Christ…Nous serons d’autres Christ, c’est à dire des chrétiens. C’est pourquoi, la méditation de l’Evangile n’est pas un exercice facultatif pour ceux qui veulent vivre leur incorporation au Christ. C’est là qu’ils en puiseront les moyens »

Y de Montcheuil, Problèmes de vie spirituelle, Epi, 1947, p98)

 

-Etre animé par l’Esprit.

Mais cela ne se fait pas à la force du poignet, de manière volontariste. C’est de l’ordre d’un abandon, d’un « laisser-faire » de l’accueil d’un don. Ces 10 jours entre Ascension et Pentecôte sont symboliques d’un Espace. Faire de la place à Dieu, ne pas se précipiter dans l’action. Entrer dans un discernement avant d’agir pour que notre action qui reste bien la nôtre, soit aussi celle de Dieu. Que notre action soit animée par l’Esprit. C’est le sens de cette expression si audacieuse qu’on trouve dans les Actes : « L’Esprit Saint et nous mêmes avons décidé… » Ac 15/28

C’est notre aventure : celle d’être configuré-e au Christ, dans le consentement à Lui devenir semblable et par l’espace que nous offrons à l’Esprit pour discerner ce qui est selon Dieu. Chacun-e de nous peut devenir présence du Christ dans ce monde : un-e Autre Christ.

Pour cela il est nécessaire de garder des espaces de recul dans son emploi du temps, des temps pour soi, temps de solitude, de silence, d’intériorité, de relecture du vécu. Descendre au plus profond de soi pour reconnaître ce qui est source de paix, de joie, d’élan paisible, source de plus grande confiance en soi, dans les autres, en Dieu, source de plus d’espérance et d’amour. Car ce sont des signes de l’Esprit. Un désir, une pensée, un sentiment, des idées qui sont portés par ce climat, on peut y discerner l’Esprit du Christ. On peut les accueillir et les réaliser. Au contraire, un désir, une pensée, une idée, un sentiment porté par un climat de peur, de méfiance, d’agitation, de découragement, de tristesse, de ressentiment sont plutôt indicateurs d’un mauvais esprit et l’indication d’un combat spirituel à mener.

 

« Vous serez mes témoins à Jérusalem et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux confins de la terre » Ac1/8.

Il s’agit maintenant de chercher et de trouver le Christ au cœur même de l’action.

Le monde comme lieu pour trouver Dieu, le monde comme lieu de Dieu. Cela ouvre un accès à Dieu par la médiation du monde : tout ce qui est bon, juste, vrai, beau, en moi dans les autres, dans les choses est Présence de Dieu. Présence à adorer, à contempler.

L’apostolat n’est pas d’apporter Jésus mais de le découvrir et le révéler à l’œuvre dans ce monde, révéler sa présence au cœur de ce que nous vivons.

« Je vis, écrit comme en lettres d’or, ce mot de bonté…je le vis, écrit sur toutes les créatures…toutes portaient ce nom de bonté, je le voyais même sur la chaise qui me servait de prie-Dieu. Je compris alors que tout ce que ces créatures ont de bon …est un bienfait que nous devons à la bonté infinie de notre Dieu, afin que nous la rencontrions en tout et partout ».

Lettre de Ste Thérèse Couderc du 10 août 1866

Cela rejoint la phrase attribuée à Ignace de Loyola : « Chercher et trouver Dieu en toutes choses ».

J’y ajoute ce commentaire d’un jésuite d’aujourd’hui :

« Dieu n’est cherché en Lui-même que pour être trouvé en toutes chose…Le désir de voir Dieu trouve son repos en Dieu trouvé ici et maintenant dans l’humilité du quotidien ». P.Philippe Charru sj, homélie de la fête de Thérèse Couderc, sept 2007.

 

Ensemble, dans la contemplation du Christ et l’écoute de l’Esprit, pour être apôtre.

Voici ce temps du cénacle entre Ascension et Pentecôte.

Un temps et un espace dont on ne peut faire l’impasse si l’on veut que notre vie chrétienne devienne de plus en plus vivante.

 

« Tous d’un même cœur étaient assidus à la prière avec quelques femmes dont Marie mère de Jésus et avec ses frères ». Ac 1/14

Entendons bien, il s’agit de tous et toutes. Il s’agit de l’Eglise entière ! Femmes et hommes. Tous et toutes disciples. Il est vraiment dommage que tant de peintures, d’icônes de la Pentecôte ne représentent que des hommes avec Marie. ( Et même quelquefois sans elle !). Dans notre Centre spirituel, il y a une peinture de la Pentecôte sur bois où l’on voit Marie et des disciples femmes et hommes recevoir l’Esprit et partir en joyeux-ses messagères et messagers de la Bonne Nouvelle. Je me souviens de l’étonnement d’un prêtre d’y voir des femmes : « Mais il n’y avait pas de femmes au Cénacle quand les apôtres ont reçu l’Esprit Saint ! » me dit-il. Je lui ai ouvert Ac 1/14 : « Avec quelques femmes dont Marie ». Comme quoi les représentations mentales et picturales sont plus fortes que l’objectivité d’un texte.

Regardons Marie. Quel est son rôle ici ? Pourquoi la pensons-nous uniquement silencieuse ? Elle qui est remplie de l’Esprit depuis l’Annonciation, elle qui retenait toutes ces choses dans son cœur ( Lc 2/19)…Pourquoi ne pas la voir enseignant, à tous et toutes, les chemins de la foi, l’accès nouveau à Dieu inauguré par le Christ ? Faire comprendre son absence comme une chance : désormais Le découvrir, Le reconnaître à l’œuvre par nos mains. Donner goût à Le contempler pour que quelque chose de Ses yeux, de Son cœur deviennent les nôtres pour devenir Christ pour les autres. Regarder Marie transmettant ainsi son expérience du Christ son Fils et son Sauveur.

 

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commentaires

C
J'aime cette phrase' l'apostolat n'est pas d'apporter Jésus mais de le découvrir et de le rėvéler à l'oeuvre dans ce monde, rėvéler sa présence au coeur de ce que nous vivons' Merci Michèle
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C
Je fais mien ce cheminement<br /> merci Michèle!
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L
" Nous serons d’autres Christ, c’est à dire des chrétiens ". Et encore : " Etre animé par l’Esprit (...), c’est de l’ordre d’un abandon, d’un « laisser-faire » de l’accueil d’un don ". Difficile de privilégier dans une méditation aussi dense et aussi riche, sinon qu'en se laissant guider par ce qui vous a le plus vivement "parlé" - parlé de sa propre force, en soi, et sans doute parce que c'était là ce qu'on avait le besoin le plus impérieux d'entendre. Et qui sera par là l'accompagnement le plus providentiel (au sens exact du terme) sur le cheminement spirituel de l'Ascension à la Pentecôte. <br /> Mais joue aussi cet autre critère, pas moins décisif, qui distingue ce qui vous a mis le plus en joie. Critère qui, en l'espèce, a agi en mettant en correspondance, par dessus les siècles (et quoique le lien ne soit sans doute immanquablement perceptible qu'à qui était à l’affût pour le saisir au vol), cette lumineuse pénétration de l'amour qui a traversée la fondatrice du Cénacle (si je ne me trompe pas) - " ... ce mot de bonté…je le vis, écrit sur toutes les créatures…toutes portaient ce nom de bonté, je le voyais même sur la chaise qui me servait de prie-Dieu. " -, et d'autre part, le salutaire rappel fait à la mémoire des clercs de ce que « Tous d’un même cœur étaient assidus à la prière avec quelques femmes dont Marie mère de Jésus et avec ses frères » - rappel de ce que les disciples femmes ont, simultanément et identiquement aux disciples hommes, reçu l’Esprit à la Pentecôte pour ''partir en joyeuses messagères (...) de la Bonne Nouvelle".<br /> Au delà de la trace iconique, quelle attestation plus probante du don de l'Esprit qui consacre ces femmes disciples que l'écho que lui donne, dans la très longue durée du temps de la foi, l'incommensurable beauté de ce qu'exprime Thérèse Couderc ? De ce qu'elle exprime en vérité, et dans la vérité que seule sans doute est à même de signifier ou de restituer la beauté - musique, parole, poésie ... - parce qu'elle est investie de la grâce capable de lui faire lire, marquée en lettres d'or sur une chaise à peu près banale, la bonté infinie de Dieu. <br /> La confrontation qui nous est offerte avec cette beauté et cette vérité laisse sur le moment présent peu de place - et quoique l'envie de le faire ne manque pourtant diablement pas (adverbe pris ici dans le sens qui fait parler d'un "bon petit diable") - pour aller regarder d'un peu près l'imprudente indication des Actes :" ... dont Marie mère de Jésus et avec SES frères ». Le même diable est, dit-on, dans les détails, mais ne se tiendrait-il pas aussi dans les analyses grammaticales, surtout quand ces dernières sont aussi élémentaires que cela paraît être le cas s’agissant du possessif porté ci-dessus en lettres majuscules ?<br /> Didier LEVY
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