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14 mars 2017 2 14 /03 /mars /2017 21:21
Homélie du 3ème dimanche de Carême sous forme de méditation: Samaritaine en Jn 4

Jean 4, 5-26 et 39-43

03 Dès lors, il quitta la Judée pour retourner en Galilée. Or, il lui fallait traverser la Samarie.

05 Il arrive donc à une ville de Samarie, appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph. Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s’était donc assis près de la source. C’était la sixième heure, environ midi. Arrive une femme de Samarie, qui venait puiser de l’eau. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire. » En effet, ses disciples étaient partis à la ville pour acheter des provisions. La Samaritaine lui dit : « Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » – En effet, les Juifs ne fréquentent pas les Samaritains. Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : “Donne-moi à boire”, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive. » Elle lui dit : « Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond. D’où as-tu donc cette eau vive ? Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? » Jésus lui répondit : « Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. » La femme lui dit : « Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser. » Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari, et reviens. » La femme répliqua : « Je n’ai pas de mari. » Jésus reprit : « Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari : des maris, tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; là, tu dis vrai. » La femme lui dit : « Seigneur, je vois que tu es un prophète !...Eh bien ! Nos pères ont adoré sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem. » Jésus lui dit : « Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père. Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité qu’ils doivent l’adorer. » La femme lui dit : « Je sais qu’il vient, le Messie, celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, c’est lui qui nous fera connaître toutes choses. » Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle. »

Beaucoup de Samaritains de cette ville crurent en Jésus, à cause de la parole de la femme qui rendait ce témoignage : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait. » Lorsqu’ils arrivèrent auprès de lui, ils l’invitèrent à demeurer chez eux. Il y demeura deux jours. Ils furent encore beaucoup plus nombreux à croire à cause de sa parole à lui, et ils disaient à la femme : « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons : nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde. »

 

 

1-Regarder Jésus, assis sur le bord du puits, fatigué.

Le regarder pour saisir jusqu’où va le réalisme de l’Incarnation du Verbe de Dieu.

Ce faisant, il me rejoint au cœur même des fatigues qui sont les miennes.

Goûter cette proximité de Dieu au cœur de ce qui est fatigué en moi.

Et me demander : pourquoi est-il fatigué ?

 

2-Regarder cette femme qui vient puiser de l’eau.

Cette activité est vitale. L’eau est d’absolue nécessité pour vivre.

Ce besoin d’eau dit aussi son désir de vie. Elle cherche la vie. Elle est en quête. Et c’est cette recherche qui va lui permettre d’être ouverte à la rencontre de celui qui peut la combler.

« Puiser de l’eau » Où dans ma vie, est-ce que je puise l’eau qui m’est nécessaire et qui me permet une rencontre avec le Christ ?

 

3-Entendre la parole de Jésus : « Donne-moi à boire »

L’entendre d’abord comme la demande d’un pauvre qui a besoin de l’autre ; Il demande de l’aide. Il l’a demandée à cette femme. Dieu n’est pas « suffisant ». Il a besoin de nous. Il est mendiant. Il a soif d’eau mais plus encore…de quoi a-t-il soif ?

Me laisser toucher par cette image de Dieu donnée ici : Dieu qui a besoin de nous.

Entendre cette parole pour moi : quelle est l’eau dont il a besoin et que je peux lui donner ?

 

4-Entendre cette parole : « Si tu savais le don de Dieu »

Quel est ce don ? Quel est le don que Jésus peut donner ?

Don de sa présence, de sa vie, de son amour…

Pour moi quel est le don de Dieu ?

 

5-Entendre cette parole : « Ni sur cette montagne, ni à Jérusalem…ceux qui adorent, c’est dans l’esprit et la vérité »

Se laisser atteindre par cette parole. Comprendre qu’elle bouleverse nos conceptions du religieux : il n’y a pas de lieux sacrés où serait enfermé le divin. L’adoration est une attitude du cœur qui sait voir Dieu dans ce qui est vrai, juste, bon en toute femme, en tout homme quelque soit son appartenance ethnique ou religieuse.

Quel chemin cette parole ouvre-t-elle dans mon cœur ?

 

6-Entendre : « JE LE SUIS, moi qui te parle »

Jésus s’approprie la révélation faite à Moïse au Sinaï (Ex 3/14). Il est Dieu.

Cela fait de ce texte un des plus hauts sommets de révélation de tous les Evangiles. Ce don de révélation, il le fait à une femme méprisée.

Peser combien Jésus subvertit ainsi les privilèges et les pouvoirs : sa plus haute révélation, il l’adresse à une méprisée socialement.

Comment cela résonne-t-il en moi ?

 

7-Regarder la femme qui laisse sa cruche, court en ville et dit ...

Cette femme a été appelée par Jésus à une relation intime de connaissance et d’amour avec lui. De cet appel vient sa vocation : être apôtre du Christ. Elle laisse sa cruche comme d’autres ont laissé leurs filets. Elle n’en a plus besoin car, maintenant, elle va devenir apôtre de l’eau vive que donne Jésus. Un apostolat fructueux puisqu’elle est la seule dans tout l’Evangile à avoir converti une ville entière !

Comment résonne en moi le geste de cette femme de lâcher sa cruche ?

 

 

 

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commentaires

L
« … car le salut vient des Juifs. Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité … ».<br /> Un (assez long) développement de mon commentaire a ici ‘’sauté’’. Il renvoyait d’abord à cet extrait :<br /> « Il arrive donc à une ville de Samarie, appelée Sykar, près du terrain que Jacob avait donné à son fils Joseph. Là se trouvait le puits de Jacob. Jésus, fatigué par la route, s’était donc assis près de la source ». <br /> Pour y suggérer que le cheminement évangélique de l’ancienne à la nouvelle Alliance s’est d’emblée inscrit dans ce qui fait la scène I de la rencontre avec la Samaritaine : le puits de Jacob donné à son fils Joseph ne vient-il pas là que pour imager l’incarnation ? Non sous l’apparence d’abord suggérée d’une transmission paternelle, mais en fixant le regard sur une source en si pleine propriété du fils dans l temps de l’incarnation que celui-ci peut affirmer que c’est lui qui en donnera l’eau transformée par ce don en une eau vive. <br /> Comme l’interrogation de la Samaritaine « Serais-tu plus grand que notre père Jacob qui nous a donné ce puits, et qui en a bu lui-même, avec ses fils et ses bêtes ? » vient confronter le moment d’apaisement de la soif qui appartient à la première Alliance et l’apaisement éternel que promet l’Alliance messianique : « Quiconque boit de cette eau (celle du puits de Jacob) aura de nouveau soif; mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ». Promesse si bien entendue par la Samaritaine qu’elle consacre l’élévation opérée d’une Alliance à l’autre : « Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus soif, et que je n’aie plus à venir ici pour puiser ». Le puits donné à Joseph ne disparaît pas pour autant - il reste source pour le Messie -, mais c’est l’eau que celui-ci prodigue qui devient désormais « (l)’eau jaillissante pour la vie éternelle ».
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L
Oui, ce texte est assurément "un des plus hauts sommets de révélation de tous les Evangiles". <br /> Une révélation faite plus encore qu'à "une femme méprisée", à une hérétique. Hérétique en tant que Samaritaine, hérétique comme le sont les femmes et les hommes qui dévient d'une orthodoxie - sur laquelle personne au demeurant n'a pu interroger l'Esprit - et que tous ceux qui se tiennent pour les seuls vrais croyants se font un devoir d'égorger ou de brûler vif pour plaire à leur Dieu. L'égorgement et le bûcher pouvant, au mieux, être faits d'anathèmes, de mépris, de discriminations, et de lois qui écrasent et qui nient toute dignité à qui est dans l'erreur et qui y persévère. <br /> L'admirable dans ce texte vient aussi de ce que le Messie ne dévie pas de ce qui est le sens premier et la condition formatrice de l'incarnation : une incarnation accomplie, selon le dessein lointainement révélé, au sein du peuple de l'Alliance, parmi les Juifs, par un Messie juif.<br /> Ce que Jean signifie en prêtant à ce Messie les mots qui tracent le cheminement évangélique de l’ancienne à la nouvelle Alliance (tout en ouvrant d'abord la porte à toutes les variations de sens du verbe connaître quand il est pris successivement dans une négation et dans une affirmation) : "Vous, vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Mais l’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père".<br /> Demeure une perplexité : pourquoi Jean introduit-il dans le récit cette incise, qui semble venir là "comme des cheveux sur la soupe", au sujet des maris de la Samaritaine : « Tu as raison de dire que tu n’as pas de mari : des maris, tu en as eu cinq, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; là, tu dis vrai. ». Un rappel de la Loi, si tant est que sur la question Samaritains et Juifs partagent des prescriptions exactement identiques et identiquement comprises, dont une coupure dans le texte rendrait inexplicable ce qu'il fait là ?<br /> Ou bien une façon de préparer tous les auditoires à venir à l'idée que s'appliquent aux lois établies, à leurs arides contraintes et à leurs injonctions enseignées par les prêtres, cet avertissement et cette promesse qui font la part essentielle de la Bonne nouvelle :« Quiconque boit de cette eau aura de nouveau soif ; mais celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif ; et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant pour la vie éternelle. » .<br /> Un grand texte, et a fortiori un grand texte spirituel comme celui-ci, ne saurait se refermer que sur des interrogations. La réponse, si elle se prétend unique, est toujours un appauvrissement. Quand elle n'est pas simplement un aveuglement. Et c'est de ce point de vue, la plus grande grâce de l'Esprit que d'accompagner nos lectures en témoin muet, juste là pour orienter un peu différemment, de temps à autre, l'éclairage au-dessus du livre.
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