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15 février 2018 4 15 /02 /février /2018 17:02
De la possibilité de penser Dieu avec « ce qui passe »par Eberhard Jüngel (3)

De la possibilité de penser Dieu avec « ce qui passe » dans Dieu mystère du monde, de Eberhard Jüngel [i] 3ème partie.

 

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Dieu n’est pas seulement l’identique à soi-même et pour soi-même. En tant qu’il est l’infiniment souffrant, Dieu est au contraire celui qui est pour les autres. C’est en étant pour les autres qu’il est identique à soi-même. Toute autodétermination en faveur des autres engendre cette dialectique de l’être et du non-être, vie et mort et s’appelle amour.

 

Donc le discours positif (chrétien, théologique) sur la mort de Dieu dévoile l’auto détermination originaire de Dieu à l’amour. Sur la croix de Jésus, Dieu s’est défini comme amour 1Jn 4/8. Dans l’événement particulier de l’identification de Dieu avec le crucifié, Dieu s’extériorise tel qu’il est déjà en soi même depuis toujours.

Dieu en soi est celui qui s’extériorise. Son intérieur est orientation vers l’extérieur. Dieu communie avec soi sans se dérober aux autres. L’identification avec l’homme Jésus est révélation de l’être éternel de Dieu.

« De toute éternité, Dieu est en soi-même tel, que c’est pour les hommes qu’il est » p 344

 

Cela préserve l’acte de passer de s’achever dans le néant. Cela revient à dire : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous » Rm8/31.

« Paul parle indéniablement, de l’être de Dieu concrètement nommé amour en identifiant : l’amour de Dieu est en Jésus-Christ. » p 344

Ainsi l’identification de Dieu avec le crucifié, le conflit de Dieu avec le néant ne défigure pas Dieu mais le définit. Dieu est celui qui s’engage dans le néant et, comme tel, est amour.

Pour cela il faut penser l’amour de Dieu comme liberté. Ne pas penser sa liberté autrement que comme amour car l’amour ne peut être contraint et se produit de soi-même. L’amour se réalise comme tel dans la liberté et la liberté tend vers l’amour en qui seule elle se maintient. L’être de Dieu n’est donc pas amour parce que l’amour est nécessaire pour agir contre le néant. Mais, parce que Dieu comme tel est amour, il agit contre le néant.

 

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Pour dire cela on peut employer un ancien concept : Etre débordant. La richesse non comme une possession mais comme débordement : aller avec soi-même au-delà de soi. C’est dire que Dieu est communication de soi, acte de communication spontanée de soi à partir de rien. Il crée un vis-à-vis auquel il peut se donner en partage en tant qu’amour et auquel il s’est déjà communiqué de manière irrévocable dans l’acte de création. Dieu est créateur par amour et donc à partir du néant.

L’Acte créateur est l’être même de Dieu. Comme tel il est être qui crée. Il se réfère au néant en fonction de sa créativité et se différencie du néant. En tant qu’être débordant et créateur il réduit le néant. Le néant n’« est » que parce que Dieu se différencie de lui. La création est combat contre le néant. En créant, Dieu s’active se confirme en tant qu’amour

 

A la question : Pourquoi de l’étant plutôt que rien. La réponse est : Dieu est amour

Il s’agit de comprendre Dieu en tant qu’existence. Un exister de Dieu identique à son essence

Ce n’est pas parce qu’il crée qu’il est créateur, c’est déjà en soi-même que Dieu est éternellement être créateur

Si Dieu est pensé comme étant là dans le conflit entre le néant et l’être, on peut compter sur l’issue de ce conflit, au profit de ce qui est affirmatif dans ce qui passe.

 

 

 

[i] E.JÜNGEL, Dieu mystère du monde, tome 1 page 311 à 351

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