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27 janvier 2020 1 27 /01 /janvier /2020 21:39
Des propos inadmissibles

Des mots peuvent faire mal en véhiculant une discrimination qui enferme les gens et les empêche de libérer leurs potentialités. Dans ces cas, il y a urgence à dire NON et ne pas « laisser courir » sous prétexte que ce ne sont que des mots.

Parmi plein d’autres, en voilà un récent : 

« Ce qui fonde la masculinité, c’est de donner, tandis que ce qui fonde la féminité, c’est de recevoir. »

Rappelons les faits

1er acte :

D’abord une déclaration de religieuses et religieux ignatiens dénonçant le fait que des curés n’appellent que des hommes pour donner la communion. Femmes interdites !

(pour lire l’article : https://www.la-croix.com/Debats/Forum-et-debats/Eglise-dernier-mot-revient-trop-souvent-pretres-2019-12-16-1201066765 )

2ème acte:

Une journaliste du journal la Croix se met en quête pour vérifier cette pratique. En particulier, elle interroge le curé de St Léon à Paris. Je la cite : « Quant au père Emmanuel Schwab, curé de Saint-Léon, importante paroisse du 15e arrondissement de Paris, il fait le choix de « ne demander qu’à des hommes de donner la communionpour souligner la masculinité du Christ, qui se donne à l’Église son épouse. Ce qui fonde la masculinité, c’est de donner, tandis que ce qui fonde la féminité, c’est de recevoir ».

(pour lire l’article : https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/France/Pourquoi-femmes-donnent-elles-pas-toujours-communion-2020-01-06-1201070025 )

 

Derrière cette déclaration et cette pratique, il y a une anthropologie du féminin et du masculin qui place celui-ci toujours en position haute d’initiative, de pouvoir, de responsabilité et le féminin du côté de la passivité.

Et une théologie qui oublie que le baptême configure au Christ autant les femmes que les hommes.

Ces curés et tous ceux qui adhèrent à de tels propos…dans quel monde vivent-ils ?

Fondement de la féminité, la réceptivité ?

Les mères qui donnent la vie. Toutes les femmes qui donnent de leur vie, de leur temps pour donner le meilleur d’elles-mêmes au service des sciences, de la politique, de l’éducation…Et tant et tant… Elles donnent et c’est plutôt les hommes qui reçoivent tant et tant d’elles !

Le philosophe Aristote pensait que seule la semence masculine donnait la vie, la femme n’étant qu’une sorte de couveuse. Et comme cette semence masculine pouvait produire des filles, la raison en était que cette semence était défectueuse ! Il a fallu attendre le 19ème siècle pour prouver scientifiquement que l’enfant résulte de la rencontre d’un ovule et d’un spermatozoïde : masculin et féminin qui donnent et se reçoivent pour donner la vie.

Les propos de ce curé laissent à penser qu’il en est resté à Aristote !

Il se trouve que ce curé est l’aumônier national d’une super association auprès des personnes prostituées et des sans domicile qui, justement, n’a pas le positionnement de ceux qui donnent à ceux qui reçoivent mais vont auprès des personnes en humble place, les mains nues.

Peut-être devait-il méditer cela.

Autres liens :

https://www.jesuites.com/contribution-ignatienne-au-debat-en-eglise-tribune-des-superieures-majeures-ignaciennes/

https://www.ndcenacle.org/debat-eglise-une-prise-position.html

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commentaires

M
les propos de ce prêtre sur les prétendues "fonctions" du masculin et du féminin se disqualifient d'eux mêmes pour 2 raisons: la première, il parle à la place des femmes de ce qu'elles sont, et décide pour elles.Y a t-il quelqu'un qui a décidé pour lui de qui il devait être et comment?La deuxième, s'il avait déjà vu une femme accoucher, il verrait que cela n'a rien de passif, ni de position de "recevoir": c'est un travail, épuisant et formidable. le mariage des prêtres leur rendra peut être la vue?
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L
Faire référence à "une anthropologie du féminin et du masculin", ne serait-ce pas encore trop flatter une somme d'arriérations, de dénis de toutes les évidences qui ressortent de l'intelligence des textes. Qu'il faut dénoncer comme un objet de scandale, mais qui ne forment, en fin de compte, qu'un discours à tous égards indigent - et à un point si extrême qu'il ne mérite que d'être écarté d'un revers de la main comme on le ferait d'une apologie de superstitions d'un autre âge appelées à être rangées dans le nul et non avenu.<br /> Citer ce genre de discours a cependant un très grand prix : celui de surexposer la pertinence du commentaire qui y répond en s'affligeant de ce qu''il y en a encore, chez les catholiques en tout cas, qui croient que Adam est un prénom et que Ève en est un autre".
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T
Je souhaite - il en est encore temps - qu'en cette nouvelle année tu ne cesses, chère Sœur Michèle, de ferrailler et guerroyer pour notre défense, nous les femmes, au sein d'une Eglise qui campe sur ses positions obsolètes.<br /> Comment, au sein d'une paroisse, un nouveau prêtre peut-il imposer des normes aussi clivantes ? Qu'attend-il alors de ses paroissiennes ? Une obéissance aveugle, une révérence avilissante, une reconnaissance d'une infériorité fantasmée par la Curie ?<br /> En ce cas il ne va pas assez loin : les femmes ne donnent plus la communion, mais comment accepter qu'elles la reçoivent ? Lors de l'institution de l'Eucharistie, selon les textes, seuls les Apôtres étaient présents...<br /> Evidemment, je n'étais pas là, mais eux non plus, ceux qui refusent aux femmes la place qu'elles devraient avoir depuis des siècles.<br /> L'Homme DONNE et la Femme RECOIT ! C'est stupide et ridicule. Nous sommes sexués comme presque tout dans la NATURE, mais complémentaires, sans supériorité ni infériorité. Les hommes auraient tout à y gagner.<br /> Le combat est loin d'être terminé, il n'y a pas de victoire à attendre, seulement une reconnaissance de ce qui est pour moi une évidence. Alors, une fois encore, Merci Michèle.
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A
Merci chère Soeur, une fois de plus, de réveiller les consciences ! Il y a un contresens effarant, et s'il n'était le seul !!! dans la lecture des Écritures et leur compréhension ! On peut considérer à raison me semble-t-il, deux polarités dans le monde, ce qui ressort et ce qui est en creux, oui, une clé entre dans une serrure, mais ce que l'on ne veut pas comprendre c'est que cela n'a rien à voir avec la sexualité ni la sexuation ! L'homme comme la femme contiennent ses deux polarités, que les chinois conçoivent comme régis par la loi des contraires ! Je sais qu'il y en a encore, chez les catholiques en tout cas, qui croient que Adam est un prénom et que Ève en est un autre ! L'Humanité et la Vie... ils ne connaissent pas ! Merci encore chère Soeur d'avoir publié cela. Vous connaissez mon engagement en religion justement, dans un lieu où l'on a compris cela ! Merci !
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P
Pour commencez, cessez de vous poser en victime. "Les mots font mal" : Les mots sont des mots, pas des bâtons.
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C
Assez étonnant comme déclaration du curé de St Léon !<br /> Bravo pour votre réaction. Mais il y a peu de réactions...<br /> Jean-Claude
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M
J'ai souvent l'impression douloureuse que beaucoup de catholiques-des femmes surtout- sont anesthésiées.les religieuses écartées de la communion"se sont senties blessées",oui, à juste titre; mais pourquoi n'ont elles pas quitté l'office, et toutes les autres femmes avec elles? c'est ce que nous ferions "dans le civil" si nous étions ainsi écartées en public d'une fonction communautaire. Michèle est dans le vrai: on ne peut pas laisser faire n'importe quoi sous le prétexte de spiritualité.