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12 octobre 2014 7 12 /10 /octobre /2014 10:55

Au Livre d’Isaïe 43, 1-5

01 Mais maintenant, ainsi parle le Seigneur, lui qui t’a créé, Jacob, et t’a façonné, Israël : Ne crains pas, car je t’ai racheté, je t’ai appelé par ton nom, tu es à moi.

02 Quand tu traverseras les eaux, je serai avec toi, les fleuves ne te submergeront pas. Quand tu marcheras au milieu du feu, tu ne te brûleras pas, la flamme ne te consumera pas.

03 Car je suis le Seigneur ton Dieu, le Saint d’Israël, ton Sauveur. Pour payer ta rançon, j’ai donné l’Égypte, en échange de toi, l’Éthiopie et Seba.

04 Parce que tu as du prix à mes yeux, que tu as de la valeur et que je t’aime.

Mais où est-il ce Dieu dont nous parle Isaïe ? Où est ce Dieu d’Amour, dont le silence assourdissant résonne parfois comme un scandale pour nos contemporains ? Où était-il ce Dieu de tendresse quand les chambres à gaz fonctionnaient à plein régime, ou lorsque les machettes prenaient soin d’achever les tutsis ?  Où est-il ton Dieu, Isaïe ?

Consolation pour certains, ce texte se heurte  à la colère de tout ceux dont la souffrance, la nuit, la tristesse ont  mis à nu le silence de Dieu.

Mais, regardons cette page de l’Ancien Testament, de plus près. Le chapitre 43 d’Isaïe  date du début du VIème siècle avant notre ère et s’adresse à ces juifs qui sont en exil à Babylone. A cette époque, le polythéisme s’impose comme religion. Yavhé est en « concurrence » avec de nombreuses divinités, en particulier, Bêl, le dieu babylonien. Dans ce contexte, l’un des thèmes central du livre d’Isaïe sera l’affirmation forte  du monothéisme, faisant de Yahvé un Dieu unique et mettant les autres divinités au rang de simples idoles à brûler.

Pour les babyloniens, Bêl est le créateur de l’univers. Isaïe rappelle alors que c’est bien  Yahvé, « celui qui t’a créé, façonné ». Pour les babyloniens, Bêl est un dieu fort, par ses exploits, capable de les protéger. Or, c’est étonnant, dans ce texte,  aucune prouesse de Yahvé : il n’arrête, ni les fleuves, ni le feu. Isaïe  risque un Dieu amoindri au regard des divinités babyloniennes. Alors devant la puissance d’un dieu comme Bêl, et au fond, devant la suffisance de nos propres  idoles, où est-il ton Dieu, Isaïe ?

En fait, nous le savons bien  celui « qui célèbre l’éloge de sa propre puissance ne dit mot du mystère de l’être,  de l’amour, de la mort » . Et c’est là tout le génie d’Isaïe qui ose un retournement  de l’idée même de Dieu. Non pas un Dieu puissant, mais un Dieu de tendresse qui nous appelle par notre nom ; non pas un Dieu tyran, mais un Dieu libérateur ; non pas un Dieu prodigieux, mais un Dieu aux mains vides…, vides d’avoir tout donné : les pays, les peuples, jusqu’à l’homme, sa plus belle œuvre dans la création. Oui, notre Dieu a les mains vides, Il se contente d’être : son faire consiste à être. Alors plutôt que d’anéantir la détresse, Il propose de la traverser : traverser l’eau qui submerge, le feu qui détruit, la mort qui  engloutit … mais, Il s’y engage avec nous : Il sera toujours avec nous. A tel point qu’Il laissera les hommes clouer Ses mains vides sur le bois d’une croix. C’est là, notre unique force : nous ne serons jamais seuls. Et cette promesse, cette parole, dans tout ce qu’elle a de plus dérisoire, ose se mesurer au pouvoir de la mort, ose nous précéder dans la nuit du néant tant elle est source de vie. Il s’agit donc de traverser … nous lever, … partir sur ce chemin d’errance, les mains vides, les pieds nus et consentir au silence. Marcher, s’affronter au vent, et s’obstiner, en tenant serré, fort, tout contre notre cœur, les mots de Sa promesse :

« Ne crains pas, je serai avec toi ».

Et puis, à notre tour, donner … donner au monde cette étincelle divine qui nous a été confiée dans un écrin de tendresse.

Alors, où est-Il ton Dieu, Isaïe ? N’est-Il pas là, agenouillé devant l’Homme, suppliant qu’on prenne soin de Lui ? Là, pendu aux croix des hommes, portant en Lui, chacun de nos cris ? Ne se tient-Il pas là, enfoui au plus profond de l’Homme, le tirant sans cesse vers la Vie ?

 

 

« Les échos du silence »  de  Sylvie Germain

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commentaires

T
JE TE CONNAIS PAR TON NOM ET TU AS TROUVE GRACE A MES YEUX<br /> <br /> Ces mots m'ont touchée au coeur il y a de longues années, je suis devenue ce que l'on a appelé une recommançante et je n'ai plus jamais été seule. Je suis aimée.
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C
Ce commentaire m'aide à découvrir la trace de Dieu en toutes personnes, à voir le Christ souffrant dans mes visites à domicile.<br /> Merci, Katrin!
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