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18 juillet 2013 4 18 /07 /juillet /2013 23:05

Bonne nouvelle d’un Dieu qui crée des créateurs et des créatrices libres

 

Nous pensons que le monde n’est pas le fruit du hasard mais d’un désir de Dieu. Dire cela, cela équivaut à dire que Dieu est créateur. Mais comment est-il créateur ? Qu’est-ce qu’il a créé ? Cette question mérite d’être creusée.

Il y a deux modèles : 

1-Soit il a créé un monde tout fait. Pour employer une comparaison de couture : un monde prêt à porter. Il n’y a qu’à enfiler le vêtement. Ce vêtement il est comme il est, on ne peut rien changer. Il y a un ordre des choses décidé par Dieu.  Un monde tout fait où il n’y a rien à changer, rien à créer, auquel il ne manque rien. Donc dans ce cas l’action humaine est de conserver les choses en leur état. La réponse de l’humain est de rien abimé de ce qui est sorti des mains de Dieu. La liberté s’exerce dans ce cas à pouvoir dire oui ou non à un ordre établi par Dieu. La liberté se fait obéissance à cet ordre dans le oui, elle se fait désobéissance,  révolte et péché dans le non.

*La première  conséquence, c’est que ce monde en soi a peu  d’intérêt puisque rien ne lui manque, qu’il n’y a rien à y faire de décisif qui lui manquerait, il est seulement le lieu d’une épreuve, le lieu où l’on fait ses  « preuves » de l’obéissance ou de la désobéissance.

*La deuxième conséquence c’est l’idée de Dieu que cela justifie. Un Dieu qui impose son modèle à l’exclusion de tout autre. C’est lui qui l’a fait ainsi. C’est un modèle où Dieu impose. Image d’un pouvoir absolu. Image de Dieu comme monarque absolu.

*la troisième  conséquence permet de justifier tous les conservatismes. Les choses de ce monde n’ont pas à être changées  parce qu’ elles sont telles que Dieu les a créés. Cela permet de justifier les instances de pouvoir. De même que Dieu  impose un ordre des choses, il est normal que certains l’imposent aux autres. Que Dieu commande, cela justifie que certains le fassent. Ainsi nous nous faisons une idée de Dieu conforme à ce qui se passe dans nos sociétés ou certains dominent les autres, où certains sont supérieurs aux autres. Le fait que Dieu soit aussi celui qui impose son modèle, justifie que qu’il en soit ainsi dans les relations humaines. Le ciel justifie la terre et la terre est à l’image du ciel. Nous projetons sur Dieu, le style de relations aliénés que nous vivons entre nous

« Les relations sociales basés sur la domination existant entre nous ont servi d’exemple pour concevoir la relation ente les humains et Dieu » Berdiaeff ,De l’esclavage à la liberté p 91

Cette conception du monde et de Dieu sont solidaires.

Dans ce modèle, le péché va s’appelé révolte, désobéissance, refus.

Et ce modèle est pour moi une des raisons de l’athéisme.

 

2-Mais il y a un autre modèle qui dit une autre image de Dieu, de l’humain et de la liberté

Dieu n’a pas créé un monde tout fait mais un monde à faire. Pour continuer la comparaison de la couture : ce n’est pas un monde prêt à porter. Ce sont des  vêtements a confectionné nous-mêmes. Dieu nous offre ce qu’il faut pour coudre mais c’est à nous d’être créatif, d’inventer des formes, des couleurs à l’infini. Ce monde n’est pas tout fait, il est à faire. Et si nous ne le faisons pas il y manquera ce que nous nous seuls pouvons faire, pouvons y apporter. Il ne s’agit pas de conserver un monde préétabli mais de bâtir un monde neuf. La liberté ici est liberté de création où chacun doit inventer son chemin.

Dans ce modèle, la liberté peut produire de l’inédit qui ajoute quelque chose d’original, quelque chose qui manque. C’est une liberté créatrice où tout humain doit inventer son chemin.

Les conséquences sont l’inverse

*La première  conséquence, c’est que ce monde à faire acquiert un intérêt fondamental. Sa création est remise à notre responsabilité. Il lui manque ce que nous arriverons à créer et qui ne serait pas sans nous. Ce que nous y ferons acquière une dimension de décisif. Il est lieu de créativité. La liberté n’est pas une épreuve, elle est condition de création.

*La deuxième conséquence c’est l’idée de Dieu que cela révèle. Un Dieu qui nous fait co-créateur. Il n’impose un modèle. Il ouvre des possibles confiés à notre créativité. Il n’est pas le Dieu qui impose et s’impose, qui dirige. Il crée comme la mer, les continents, en se retirant. Il n’est pas à I’image d’un pouvoir absolu mais son autorité est de celle qui autorise à vivre à plein. Va vers toi-même dira-t-il à Abraham.

*la troisième  conséquence permet de libérer l’initiative pour tous et toutes. Les choses de ce monde n’ont pas à rester telle quelle, elles peuvent et doivent être changées. Le pouvoir est rendu à chacun. Les instances de pouvoir sont légitimes non en soi mais dans la mesure où elles sont au service du progrès, de l’humanisation de toutes et de tous.

Ainsi cette autre idée de Dieu conteste  ce qui se passe dans nos sociétés où certains dominent les autres, où certains sont supérieurs aux autres. Le fait que Dieu ne soit pas celui qui impose son modèle, justifie la recherche de relations humaines basées sur la fraternité et l’égalité, la recherche de relations non aliénés.

Dans ce modèle, le péché va prendre une toute autre tonalité. Il va être plus de l’ordre de l’omission, du désintérêt des choses de ce monde, du non engagement à bâtir ce monde, de tout pouvoir dans la mesure où il empêche l’autre d’exister et d’inventer sa vie librement. Il va se découvrir en se demandant ce qui fait obstacle aux relations fraternelles, faites de respect et d’égalité.

La conversion va se comprendre comme conversion à une autre image de Dieu. Avoir entendu Dieu nous dire : « Va vers toi-même », avoir vraiment entendu cette parole va libérer notre cœur pour pouvoir dire et être pour les autres ce que Dieu fait pour nous. Donc se détourner de ce qui justifie l’injustice, le conservatisme, la domination, l’aliénation et accueillir ce qui nous stimule à bâtir des relations libérantes pour nous et pour les autres.

 

Quel choix faisons-nous? Lequel de ces 2 modèles informe nos vies?

 

Demande de grâce : Trinité toute sainte, créatrice des créateurs et créatrices que nous sommes, donne-moi d’accueillir la bonne nouvelle de ma liberté créatrice.

 

Mt 25/14-30 parabole des talents

Petit précision de départ de notre recherche

1  talent  est l’équivalent de 100 pièces d'or,  un poids de 20 kg et 17 années de travail.

2 talents à  200 pièces  à 34 années de travail.

5 talents à  500 pièces d'or à 85 années de travail

C’est donc bien une fortune qui est confié à ces 3 hommes : 17+34+85=136 années de travail

Le texte le dit bien : « il leur confie sa fortune » Les 3 reçoivent une somme énorme, même celui qui n’en reçoit qu’un. 17 années de travail, ou 34 ou 85 cela nous donne déjà une indication : il s’agit de l‘œuvre d’une vie.

Comment entendre cela. Est-ce un don, est-ce un prêt ? Est-ce un dépôt ? En tout cas c’est une confiance qui leur est faite.

La différence entre les 2 premiers et le 3ème  se joue d’ailleurs là. Comment ont-ils entendu compris ce geste de cet homme qui confie sa fortune ? Comment ont-ils accueilli ce geste à leur égard ?

De manière complètement différente.

On le découvre dans la manière de réagir quand l’homme revient. Les deux premiers font d’abord un acte de reconnaissance : « tu m’as confié 5 talents, 2 talents ». Acte de reconnaissance, ils reconnaissent que ces 5 ou 2 talents c’est bien cet homme qui leur a donné, et donner pas n’importe comment, comme une confiance qui leur était faite. Ils n’auraient rien pu faire s’il n’y avait pas eu cet acte d’initiative de confier sa fortune. Un don premier dont ils ont été bénéficiaires. Mais il faut remarquer qu’il y a une 2ème reconnaissance. Ils ajoutent « voilà 5 autres, 2 autres que j’ai gagnés » ; Il y a la reconnaissance qu’à partir du don premier, il y a leur travail, c’est bien grâce à eux que la mise a été doublé. Aucune fausse humilité chez eux. Et ce travail qui a été le leur, est loué par l’homme qui avait confié sa fortune

Tout autre est la réaction du 3ème, il ne commence pas son discours comme les autres. Il ne dit pas : tu m’as confié, il dit « le voici, tu as ton bien ». Il reconnait bien que ce talent vient de cet homme mais il ne l’a pas entendu comme un bien donné, un bien qui devenait le sien, un bien confié, et à travers lui, la confiance qui lui était faite, un bien dont il devenait responsable. Il lui rend comme quelque chose dont il n’avait rien à faire et d’ailleurs dont il n’a rien fait.

Faisons une 1ère interprétation de cette parabole. En quoi dit-elle quelque chose qui nous concerne, qui concerne notre vie ?

D’abord de croire que ce monde nous est confié pour le bâtir selon le cœur de Dieu. Ce monde n’est pas donné tout fait, et où il n’y aurait plus rien à faire. Non, ce monde est à faire. Dieu nous fait co-créateur. Une création à continuer, à perfectionner. Cela se joue dans toutes les dimensions de l’existence. On pourrait résumer en disant : avoir une vie féconde pour ce monde.

Pourquoi je dis une création à continuer ? L’homme confie sa fortune et s’en va. Il faut s’arrêter sue le sens de ce départ. Jésus dira aussi : il est bon que je m’en aille. Ce départ, c’est une manière de dire : «  A vous de jouer » à vous de continuer de construire, de bâtir, j’ai posé les fondements, c’est à vous maintenant de faire la maison. Laisser jaillir votre créativité. Je m’en vais pour que vous puissiez inventer, créer, innover dans le sens d’un monde plus juste et d’une vie toujours plus humaine. Pas d’autres repères que cela mais ils sont fondamentaux. C’est pourquoi, remarquons le, l’homme de la parabole ne donne aucune consigne, il ne dit pas faites ceci, ne faites pas cela, faites fructifier en faisant ceci ou cela. Non. Rien. Il confie sa fortune. Et c’est cet acte de confiance qu’il ya à recevoir, à comprendre comme une confiance sans limite. Une confiance qui est faites à chacun, à chacune. C’est à vous d’inventer votre réponse pour répondre à ma confiance. C’est un risque à prendre, des risques à poser.  

 

Pistes pour la prière

1er point : Regarder l’image de Dieu que nous donne cette parabole. C’est celle d’un Dieu qui confie toute sa fortune, ce qu’il a, ce qu’il est. Dans les Exercices, Ignace dit que l’amour consiste en une communication mutuelle où chacun donne ce qu’il a et ce qu’il est ( Exercices n°230) . Un Dieu qui se remet entre nos mains, ce qu’il est et son projet de vie pour le monde. Aucune consigne, pas de : « faites ceci, ne faites pas cela » Non. Confiance qui  laisse  à notre créativité d’inventer les moyens pour que cette richesse qui est Dieu même soit communiquée.

2ème point : Regarder ce que cette vraie et bonne image de Dieu provoque chez les 2 premiers serviteurs

Ils peuvent tout oser, tout risquer, parce que même s’ils connaissent  des échecs, c’est l’acte même de s’engager pour Dieu qui est la réussite de notre vie. Les deux premiers serviteurs auraient pu tout perdre de l’argent confié, ils auraient gagné la joie d’avoir engagé leur vie pour Dieu. Et ils auraient entendu pareillement l’appel à entrer dans la joie de leur maître puisque déjà elle les habitait.

3ème point :Ecoutez le dialogue entre le maître et ces 2 serviteurs

Ils ont la conscience aigüe  du don qui leur est fait : « tu m’as confié » disent-ils et voilà ce que j’ai gagné. Quelle alliance ! Alliance du don de Dieu et de notre réponse, de notre travail qui est bien le nôtre ! « Ce que j’ai gagné »

4ème point :Regarder la fausse image qui habite le troisième serviteur et qui est en complet contraste : celle d’un Dieu sévère, exigent, dur. Le pire peut-être est de croire que l’on sait : « J’ai appris à te connaître ainsi… » Et du coup, le don de ce talent n’a pas été reconnu comme donné : « Je suis allé enfouir ton talent : le voici tu as ton bien. Il n’a pas réalisé qu’il était bénéficiaire d’un cadeau, que c’était bien pour lui.

5ème point : Les paraboles sont là pour nous indiquer des chemins de vie et nous alerter sur ceux qui ne mènent qu’à des impasses. Alors entrons dans la joie de ceux et celles qui réalisent qu’il y a bien un don, que ce don est bien pour eux, pour elles, un don à vivre.   

 

Mt 13/44-45  parabole du trésor et de la perle

1ère piste

Malgré leur similitude, ces deux paraboles recèlent des différences. Ce que ces deux personnes ont en commun, c’est de vendre tout ce qu’elles avaient  pour acquérir l’une, un champ, l’autre une pierre précieuse. Mais la première trouve sans avoir cherché et la seconde trouve parce qu’elle a cherché. Le trésor était caché, la perle était visible à tous. Les motifs même de leur comportement sont différents. Pour le premier, ce qui le fait agir est la joie : «  C’est pour lui une telle joie ».  Pour la deuxième,  le motif est la valeur de la perle.

Les paraboles sont caractéristiques de l’enseignement de Jésus. Elle recèle un mystère, elle demande un déchiffrement, une interprétation. Elle ouvre un espace à l’interprétation. Un espace ouvert où le pluriel est possible. La vérité n’est pas enclose dans une définition, elle est ouverture de sens. Qui sont ces deux personnes ? Que représentent ce trésor et cette perle ? Y-a-t’il un sens aux différences entre les 2 paraboles ?

« Vendre tout ce qu’il a » peut faire écho à l’admiration que Jésus a eu devant la veuve du temple : « elle a mis tout ce qu’elle avait pour vivre » Lc 21/4. Mais cette veuve est une figure christique. Son geste préfigure le don que Jésus va faire de sa vie. Il va donner tout ce qu’il a, toute sa vie. Alors ici le découvreur de trésor et le chercheur de perle, c’est bien Jésus qui donne toute sa vie pour acquérir le trésor et la perle précieuse que nous sommes. « Tu as du prix à mes yeux et je t’aime » (Is 43/4)

Ici, Dieu se révèle découvreur et chercheur.  Surpris de la rencontre ou en quête de nous rencontrer. Dans les deux cas, aimant de notre beauté, nous considérant comme précieux à ses yeux. Sur la croix, où il donne tout, il va jusqu’au bout du désir fou de nous montrer le vrai visage de Dieu qui peut vaincre nos résistances. Il est le démuni devant qui toutes nos peurs de Dieu peuvent tomber.

Il n’est pas habituel d’interpréter cette parabole ainsi. Je vous propose de contempler cela.  Dieu qui nous considère comme un trésor et une perle, précieux à ses yeux. Dieu comme chercheur de notre amitié et offrant la sienne. Et l’ayant prouvé au prix fort de la croix.

En contemplant la manière dont Dieu me cherche comme un trésor ou une perle, apprendra auprès de lui à m’accueillir comme il m’accueille, à me voir comme il me voit.

Est-ce facile , difficile de faire cela ? En parler à Dieu.

 

2ème piste

Mais ce découvreur et ce chercheur, c’est aussi nous-mêmes dans la variété de nos itinéraires de foi. Sans chercher, nous avons trouvé un trésor, en cherchant, nous avons découvert une perle précieuse.  Ici, trésor et perle sont image de la beauté de Dieu.  Il a du prix à nos yeux au point de tout vendre. Mais Dieu s’achète-t-il ? Non évidemment. Mais vendre ici peut se comprendre comme l’absolu d’une confiance. Tout miser sur lui, faire de lui la raison de nos vies, de nos décisions, de nos options fondamentales. Dieu est comme un trésor, comme une perle pour celui, celle qui l’a découvert, qui l’a cherché et qui l’a compris pour ce qu’il est : Amour.

Il est plus habituel de le présenter de ce côté ! Mais l’invitation que je vous fais, ce serait dans votre dialogue avec Dieu, de voir comment Dieu est un trésor pour vous. En quoi il est précieux. Voir comment il inspire des choix, des décisions, des actions, des paroles. « vendre ce qu’on a », ce n’est pas uniquement les grandes décisions de sa vie, mais aussi les toutes petites qui peu à peu construise les grandes.

 

 

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