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1 septembre 2015 2 01 /09 /septembre /2015 21:07
Pour vous qui suis-je? Marc 8/27-35 Dim 24 TO

Jésus s’en alla, ainsi que ses disciples, vers les villages situés aux environs de Césarée-de-Philippe. Chemin faisant, il interrogeait ses disciples : « Au dire des gens, qui suis-je ? »

Ils lui répondirent : « Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres, un des prophètes. » Et lui les interrogeait : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre, prenant la parole, lui dit : « Tu es le Christ. » Alors, il leur défendit vivement de parler de lui à personne. Il commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite. Jésus disait cette parole ouvertement. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches. Mais Jésus se retourna et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »

Appelant la foule avec ses disciples, il leur dit : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera.

 

1- Quel Messie ?

Pierre semble avoir un début de lumière mais c’est une lumière tronquée. Il dit bien que Jésus est le Messie mais qu’entent-il par là ? Sa réaction en entendant Jésus parler de sa souffrance prochaine et de sa mort montre qu’il en est resté à un Messie libérateur politique qui va rétablir la royauté. Un chemin est encore nécessaire pour arriver à comprendre vraiment Jésus et son projet.

 

2-Le Fils de l’homme doit beaucoup souffrir, être rejeté…être tué.

La foi chrétienne est décidemment unique parmi les religions. Aucune ne présente Dieu ainsi : non seulement un Dieu qui a visage d’humanité, vraiment, réellement, et un Dieu qui va souffrir, être rejeté, être tué. Dieu dans la temporalité, Dieu jusque dans la mort.

La question à se poser est : Si la foi chrétienne dit vrai, qu’est-ce que cela change pour nous ?

Cela change tout.

Cela révèle un Dieu qui aime vraiment et qui le prouve. Dieu qui, dans son incarnation, nous a rencontré toutes et tous ; Dieu nous connait de l’intérieur jusqu’à l’expérience de la mort.

Cela révèle aussi notre identité profonde : l’humain est le lieu de Dieu. Dieu est humanisé et l’humain divinisé. Echange réciproque sans confusion et sans séparation.

Et cela désigne le seul et unique lieu du sacré : chaque femme, chaque homme de tous les temps et de tous les lieux.

 

3-Le Fils de l’homme doit…

Ce mot résonne mal à notre esprit et notre cœur.

Cela a été malheureusement interprété comme une nécessité de salut : la mort du Christ comme le prix à payer pour que Dieu pardonne. Perversion de la foi. Mais alors que signifie ce « doit ». Il y a bien un inévitable mais qui est à trouver autre part.

C’est l’inévitable d’un refus. Jésus a dû souffrir, être rejeté, mourir parce que sa personne, ses actes, ses paroles étaient et restent insupportable par ce qui, en nous, refuse ce qu’il vient nous donner.

L’insupportable d’un amour exigent car nous préférerons des amourettes.

L’insupportable de la liberté créatrice car nous préférons la sécurité de la répétition.

L’insupportable de la dignité de chacun-e car nous préférerons les hiérarchies sociales et religieuses.

L’insupportable de la justice car nous préférerons nos intérêts.

L’insupportable…

 

4-Et après trois jours, se lever.

La résurrection de Jésus fonde l’espérance au sens où elle atteste que le projet de Jésus est vainqueur. Pour celles et ceux qui le suivent cela signifie que malgré le refus, la victoire est possible. C’est possible que l’amour, la liberté, la dignité, la justice ait le dernier mot. Puisant dans sa résurrection, nous pouvons faire se lever le royaume que Dieu veut.

 

5-Renoncer à soi-même et perdre sa vie

Ces mots résonnent mal à nos oreilles.

Il s’agit de marcher à la suite du Christ, c’est pour lui et pour l’Evangile que c’est nécessaire. Ce n’est pas en soi, de manière absolue. C’est : si la suite du Christ, la fidélité à l’Evangile l’exige. Il y a une communauté de vie entre le Christ et les disciples. Cette perte et ce renoncement, la suite de Marc va le préciser : être en attitude de service et non de domination (9/35 ; 10/43 ; 10/44.) C’est une subversion des hiérarchies humaines qui ne peut qu’attirer la violence de ceux qui dominent car c’est une contestation de leur pratique.

 

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29 août 2015 6 29 /08 /août /2015 16:18

Cet enseignement a été donné lors d'un WE au centre spirituel du cénacle de Versailles par Brigitte Chazel de la Communion Béthanie.

 

"Je te loue de ce que je suis une créature si merveilleuse" (Ps 139)

 

En réfléchissant à ce thème, je me disais que finalement il était tout à fait dans la continuité de ce que nous avons écouté, médité pendant 2 ans : ‘ le OUI inconditionnel de Dieu sur nos vies’… la continuité de ce mouvement est bien de s’accueillir soi-même comme un don.

Accueillir ce que l’on est, tout ce que l’on est, avec son histoire, sa personnalité, sa famille, son orientation sexuelle, son identité de genre, ses dons et ses talents, son état de vie, ses limites et ses fragilités.. tout ! Toute la palette de l’arc-en-ciel de notre humanité. C’est sans doute le labeur de toute une vie, labeur qui peut donner le vertige.. d’ailleurs, est-ce possible ? J’aurais envie de dire OUI, car il s’agit d’un mouvement d’accueil, d’ouverture de plus en plus grande, dont l’impulsion première ne nous appartient pas ! C’est un DON, cela est appelé à être un Don qui s’incarne et devient conscient dans toute notre vie parce qu’à l’origine, il y a la Grâce de la rencontre, d’un JE (Dieu) qui vient rencontrer un TU .. mouvement dont nous ne sommes pas à l’origine mais dont nous sommes les bénéficiaires et qui va être à l’origine de notre propre mouvement intérieur.

Rappelez-vous votre première rencontre avec le Tout-Autre, votre premier rendez-vous amoureux avec Dieu, le Créateur, l’Amour, le Christ, la Vie.. quel que soit le nom que vous lui donnez. Cette première étincelle de grâce qui vous a été adressée personnellement, et même très intimement, et qui fait voir tout autrement, sous cette lumière, qui –si l’on est bien attentif- marque un avant et un après dans notre vie.

C’est Zachée, le collecteur d’impôts qui entend son prénom prononcé par le Christ, c’est le buisson ardent face à Moïse, c’est une parole biblique qui devient vivante et initie un dialogue, pour certains ce sera une promenade dans la nature, la rencontre avec un animal, un moment de silence intense d’où l’on ressort touché et bouleversé. C’est la parole d’un Dieu d’Amour qui a besoin de ses créatures pour exister, qui n’existe lui-même –ou elle-même !- que dans le DON.

Cette première rencontre nous sort de nous-mêmes, nous déplace et nous met en mouvement.. et en mouvement vers quoi ?

Je dirais un double mouvement, ou un mouvement qui nous oriente vers deux directions qui ne s’opposent pas, qui vont de pair.

Une histoire d’amour qui commence ne donne envie qu’une seule chose, retrouver l’être aimé(e), retrouver la Parole d’amour. Ce mouvement de retour va s’enrichir d’un face à face constant avec soi-même. Plus ce dialogue avec Dieu va se vivre en vérité, plus nous serons amenés à découvrir notre propre vérité en Dieu, avec Ses lunettes à Lui ou à Elle, découvrir notre visage sous la clarté de Sa Tendresse. Ce dialogue est donc à l’opposé d’une fuite, d’une fuite de nous-même, du monde et des autres puisqu’il nous ramène sans cesse à notre propre complexe humanité.. dans un face à face parfois merveilleux, parfois discret voire désertique, et parfois douloureux.

C’est donc d’abord apprendre à se connaitre, comme un DON, c’est-à-dire sous cette Lumière bienveillante, la lumière de cette parole d’Amour qui a été première et qui nous invite à une confiance profonde, tout en nous gardant de nous leurrer sur nous-même.

Apprendre à se connaître sous cet éclairage c’est entrer dans ce mouvement de tout accepter en nous pour le laisser se transformer, pour laisser le Seigneur continuer à œuvrer en nous, tout sauver en nous, l’ombre liée à la lumière, sans décider de ce qui est bien ou mal, sans faire de clivages en nous mais en commençant par assumer tout ce que l’on est. Sa lumière nous permet ensuite d’identifier ce qu’il nous est demandé de faire passer à la lumière.

Enfin, dans une société si normative qui valorise certaines caractéristiques et en déprécie d’autres, c’est être résistant, c’est résister à cette volonté de fondre les êtres humains dans le même moule, leur retirer la diversité, la diversité infinie qui est la marque de la création de Dieu, qui est le reflet de l’infinie créativité de notre monde.

 

Ce mouvement d’accueil intérieur nous pousse ensuite à manifester cet accueil inconditionnel autour de nous.. sans juger, sans vouloir séparer à tout prix l’ivraie du bon grain mais en œuvrant de toute notre force pour que la Parole qui libère, qui relève, qui donne vie, soit accueillie et qu’elle oriente toute l’existence vers Dieu.

Brigitte Chazel

 

 

 

 

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27 août 2015 4 27 /08 /août /2015 22:59
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23 août 2015 7 23 /08 /août /2015 10:39
Pagola commente Jean 6/60-69 du Dim 21 TO

¿Por qué nos quedamos?

Durante estos años se han multiplicado los análisis y estudios sobre la crisis de las Iglesias cristianas en la sociedad moderna. Esta lectura es necesaria para conocer mejor algunos datos, pero resulta insuficiente para discernir cuál ha de ser nuestra reacción. El episodio narrado por Juan nos puede ayudar a interpretar y vivir la crisis con hondura más evangélica.

Según el evangelista, Jesús resume así la crisis que se está creando en su grupo: «Las palabras que os he dicho son espíritu y vida. Y, con todo, algunos de vosotros no creen». Es cierto. Jesús introduce en quienes le siguen un espíritu nuevo; sus palabras comunican vida; el programa que propone puede generar un movimiento capaz de orientar el mundo hacia una vida más digna y plena.

Pero, no por el hecho de estar en su grupo, está garantizada la fe. Hay quienes se resisten a aceptar su espíritu y su vida. Su presencia en el entorno de Jesús es ficticia; su fe en él no es real. La verdadera crisis en el interior del cristianismo siempre es esta: ¿creemos o no creemos en Jesús?

El narrador dice que «muchos se echaron atrás y no volvieron a ir con él». En la crisis se revela quiénes son los verdaderos seguidores de Jesús. La opción decisiva siempre es esa: ¿Quiénes se echan atrás y quiénes permanecen con él, identificados con su espíritu y su vida? ¿Quién está a favor y quién está en contra de su proyecto?

El grupo comienza a disminuir. Jesús no se irrita, no pronuncia ningún juicio contra nadie. Solo hace una pregunta a los que se han quedado junto a él: «¿También vosotros queréis marcharos?». Es la pregunta que se nos hace hoy a quienes seguimos en la Iglesia: ¿Qué queremos nosotros? ¿Por qué nos hemos quedado? ¿Es para seguir a Jesús, acogiendo su espíritu y viviendo a su estilo? ¿Es para trabajar en su proyecto?

La respuesta de Pedro es ejemplar: «Señor, ¿a quién vamos a acudir? Tú tienes palabras de vida eterna». Los que se quedan, lo han de hacer por Jesús. Solo por Jesús. Por nada más. Se comprometen con él. El único motivo para permanecer en su grupo es él. Nadie más.

Por muy dolorosa que nos parezca, la crisis actual será positiva si los que nos quedamos en la Iglesia, muchos o pocos, nos vamos convirtiendo en discípulos de Jesús, es decir, en hombres y mujeres que vivimos de sus palabras de vida.

21 Tiempo Ordinario - B (Juan 6,60-69)
23 de agosto 2015
José Antonio Pago
la

http://blogs.periodistadigital.com/buenas-noticias.php/2015/08/17/ipor-que-nos-quedamos-

 

Et la traduction en anglais :

Why do we stay?

Over these years, there have been multiple analyses and studies on the crisis of the Christian denominations in modern society. This reading is necessary to better know some facts, but insufficient to discern what should be our reaction. The episode narrated by John can help us interpret and experience the crisis with more evangelical depth.

According to the evangelist, Jesus sums up the crisis that is developing in his group thus: "The words I have spoken to you are spirit and life. But there are some of you who do not believe." It's true. Jesus puts a new spirit in those who follow him, his words convey life. The program he is proposing can generate a movement capable of guiding the world toward a fuller and more dignified life.

But the fact of being in his group doesn't guarantee faith. Some people are reluctant to accept his spirit and life. Their presence in Jesus' surroundings is fictitious; their faith in him isn't real. The real crisis within Christianity is always this: Do we believe in Jesus or not?

The narrator says that "many turned back and no longer accompanied him." In the crisis, who the true followers of Jesus are is revealed. The decisive choice is always that: Who turns back and who remains with him, identified with his spirit and his life? Who is in favor and who is against his plan?

The group begins to decrease. Jesus doesn't get irritated; he doesn't pronounce any judgment against anyone. He only asks one question to those who have remained with him, "Do you also want to leave?." It's the question he's asking those of us who are still in the Church today: What do we want? Why have we stayed? Is it to follow Jesus, accepting his spirit and living in his style? Is it to work on his plan?

Peter's response is exemplary: "Lord, to whom shall we go? You have the words of everlasting life." Those who stay must do so for Jesus. Only for Jesus. For nothing else. They are committed to him. The only reason to stay in his group is him. Nobody else.

However painful it may seem, the current crisis will be positive if those of us, many or few, who stay in the Church become disciples of Jesus, that is, men and women who live based on his words of life.

 

by José Antonio Pagola (English translation by Rebel Girl)

http://iglesiadescalza.blogspot.fr/

 

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14 août 2015 5 14 /08 /août /2015 14:53

 

Pope Francis acknowledges women religious as allies not adversaries

http://globalsistersreport.org/column/trends/pope-francis-acknowledges-women-religious-allies-not-adversaries-28931#.VcwA3LR75w8.facebook

by Richard R. Gaillardetz

Aug. 10, 2015

The members of the Leadership Conference of Women Religious (LCWR) are now gathering for their annual August meeting. It will be the organization’s first since the Vatican abruptly ended its mandated episcopal oversight this past spring. Given Cardinal Gerhard Müller’s (prefect for the Congregation of the Doctrine of the Faith) severe criticism of the LCWR less than a year prior to the Vatican reversal, it seems likely that the reversal owes more to Pope Francis than a curial policy change. The upcoming meeting offers an occasion for considering the significance of this abrupt end to the disciplinary measures that had been imposed on the LCWR.

Timothy Radcliffe, the former Master General of the Dominican Order, once observed that crisis is the Catholic church’s spécialité de la maison. The history of Catholicism recounts a church proceeding from crisis to crisis. Pope John XXIII, in his opening speech at Vatican II, warned of the need for the church to exercise a more pastoral authority in the world today. The failure to heed his call has instigated a far-reaching crisis regarding the credibility of church authority. Reflecting on that authority crisis may shed some light on the LCWR case.

The origin of the current authority crisis has commonly been traced to Pope Paul VI’s controversial 1968 encyclical on artificial birth regulation, Humanae Vitae. The pope had expanded a special commission first established by Pope John XXIII to pursue the topic. Paul VI explicitly asked the bishops at Vatican II not to address the question, preferring to assign the topic to a papal commission and, ultimately, a papal judgment. As is well known, the commission issued a report recommending a modest change in the church’s teaching in the light of new theological reflection on the concrete testimony of married couples. A few disgruntled members of the commission then issued their own report, warning the pope that any change in church teaching would undermine the credibility of church authority, since pastors had long been warning Catholics in the confessional that they were using artificial birth control in peril of their salvation. No one knows whether it was the fear of undermining church authority that persuaded the pope to reaffirm church teaching. After all, the pope did more in this encyclical than simply reaffirm past teaching. His encyclical advanced Catholic teaching in many ways, refusing, as did the council, to prioritize the procreative over the unitive dimension of marital life. For him married life was not governed by contract but by the demands of self-giving love. Many Catholics have experienced their marriages flourish in faithful conformity to this teaching. But not all.

Regardless of the enduring value of the pope’s encyclical, it would appear that a pattern for the exercise of authority had been established. If forced to choose between a humble reconsideration of a church teaching in the light of new pastoral experience, new theological arguments or new empirical studies, or the vigorous reassertion of the certitude of a given teaching, church leadership will choose the latter. This pattern would reappear in the face of later challenges to controverted teachings such as the prohibition against the ordination of women and the intrinsically disordered nature of a same-sex orientation. The difficulty many had with these exercises of church authority lay not so much with a refusal to reverse such teachings — the arguments in support of current teaching must not be dismissed out of hand — as with a refusal to even consider new pastoral experience, new theological insight, new empirical data.

There is a sad irony here. The very concern for preserving the credibility of the church’s authority, a concern that has led church leadership to resist open conversation on controverted matters, may have brought about the very crisis of credibility this approach was meant to forestall. In our contemporary world, authorities gain credibility when they humbly admit their mistakes and demonstrate a willingness to learn from others. They lose credibility when their exercise of authority appears to be immune to critique and disinclined to engage the testimony of human experience and/or relevant empirical data.

This crisis of authority may shed some light on both the apostolic visitation and the LCWR case. Women religious in the United States have often led the way in calling for a more open conversation regarding controverted teaching, but they have done so not out of a disregard of the great tradition, but based on their wealth of pastoral experience. The move of women religious to the margins of society came long before Pope Francis made this pastoral option a central feature of his papal program. Over the past five decades it has been women religious, often far more than our bishops, who have had “the smell of the sheep on them.” It has been women religious who have embodied a church as “field hospital” that goes out to meet the wounded and broken of this world. The distinctive voices of the many women religious theologians emerged, at least in part, out of the crucible of their communities’ pastoral commitments. The authority of women religious is an authority earned, in the eyes of many, from “walking the walk” of Christian discipleship.

In their determined move to the margins, women religious have eagerly embraced authentic episcopal leadership where possible. They have readily stood with the bishops to oppose the death penalty and to advocate for meaningful healthcare reform. They have joined the bishops in insisting on the rights of immigrants and refugees and in calling for a care for creation. They have lent their own voice to episcopal calls for peace and reconciliation in the many war-torn regions of our world. The vast majority of women religious have stood with the bishops in opposition to abortion (even when too few bishops joined themin reaching out to women who, tragically, felt that ending the life they carried was their only option).

Conflicts between some women religious and church authorities arose not out of a disregard for episcopal authority but because it has been women religious andnot the bishops (with significant exceptions) who have gone to the peripheries to listen to the concerns of the divorced and remarried, to the beleaguered LGBT community, and to the faithful women who do not wish to be defined exclusively by their capacity for motherhood or who feel called to forms of church leadership and ministry currently closed to them. Women religious have patiently listened to the voices heard on the margins in ways that our bishops often have not. The abrupt decision to end the special episcopal oversight of the LCWR suggests that Pope Francis may disagree with the LCWR and many U.S. women religious on controverted issues but that he is well aware of their remarkable pastoral record. Francis knows real pastoral authority when he sees it, and he is smart enough to realize that if he is to succeed in getting Christians to “go out into the streets” to spread a Gospel of mercy and compassion, women religious continue to be his most enthusiastic allies.

[Richard R. Gaillardetz is the Joseph Professor of Catholic Systematic Theology at Boston College.]

 

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12 août 2015 3 12 /08 /août /2015 13:33
Vrai sacré et vraie pureté en Marc 7/1-23 Dim 22 du TO

Mc 7/1-23

7 °1 Autour de lui s’étaient rassemblés les Pharisiens, ainsi que plusieurs maîtres de la Loi venus de Jérusalem. °2 Ils virent que certains de ses disciples mangeaient le pain avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées.°3 Il faut savoir que les Pharisiens, et les Juifs en général, ne mangent pas sans s’être lavé les mains jusqu’au coude pour respecter la tradition des anciens. °4 Lorsqu’ils reviennent des lieux publics, ils ne mangent pas avant de s’être aspergés d’eau, et il y a encore bien d’autres coutumes auxquelles ils sont attachés : purification des coupes, des pots et des cruches en bronze.°5 Voici donc les Pharisiens et les maîtres de la Loi qui l’interrogent : “Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ? Tu vois qu’ils mangent le pain avec des mains impures.”

°6 Jésus leur répond : “Comédiens ! Isaïe a joliment bien parlé de vous quand il a écrit : Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. °7 Leur culte ne vaut rien et les préceptes qu’ils enseignent ne sont que des lois humaines. °8 Vous négligez le commandement de Dieu pour maintenir les traditions humaines !”°9 Jésus reprit : “Comme vous savez rejeter le commandement de Dieu pour ne pas lâcher votre propre tradition ! °10 Voyez, Moïse a dit : Honore ton père et ta mère, et encore : Celui qui maudit père ou mère sera mis à mort. °11 Mais selon vous, quelqu’un peut dire à ses père et mère : “J’ai déclaré qorban, c’est-à-dire consacré à Dieu, ce que tu pouvais attendre de moi”. °12 Et dans ce cas vous ne le laissez plus aider son père ou sa mère. °13 Ainsi vous annulez la parole de Dieu au profit d’une tradition que vous vous transmettez. Et que de choses semblables dans vos pratiques !”°14 De nouveau Jésus appelle son monde. Il leur dit : “Écoutez et tâchez de comprendre. °15 Tout ce qui est extérieur à l’homme ne peut pas le rendre impur ; ce qui le rend impur, c’est ce qui est sorti de lui. °16 Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende !”°17 Lorsque Jésus a quitté la foule et rentre à la maison, les disciples l’interrogent sur cette sentence. °18 Il leur dit : “Vous aussi, vous êtes bouchés à ce point ? Ne comprenez-vous pas que tout ce qui du dehors entre dans l’homme ne peut le rendre impur ? °19 Cela ne va pas au cœur, mais au ventre, et finit sur le fumier.”Donc, pour Jésus, tous les aliments devenaient purs.°20 Et il continuait : “Ce qui sort de l’homme, c’est cela qui le rend impur. °21 Car du cœur sortent les réflexions malveillantes, °22 les prostitutions, les vols, les assassinats, les adultères, la soif d’argent, les méchancetés, les perfidies, la débauche, l’envie, les blasphèmes, l’orgueil et la démesure. °23 Toutes ces choses mauvaises viennent du dedans et rendent l’homme impur.

(Traduction : la Bible des peuples)

 

1-Le vrai sacré

Derrière cette purification des mains, il y a une conception du monde : ce qui relève de la vie quotidienne est profane et ce profane serait impur.

La conception du monde qu’à Jésus est à l’opposé de cela. Pour lui le profane n’est pas impur car ce profane, il l’a pris en s’incarnant, il l’a fait sien. Il brise la distinction entre profane et sacré. Ou plutôt : le profane est sacré et le sacré c’est la vie humaine.

Sa critique porte aussi sur un rituel qui n’est que formel, extérieur, n’engageant pas la vie concrète et le cœur et qui même est un prétexte pour éviter l’engagement concret pour les autres comme par exemple l’aide aux parents.

C’est pourquoi, on peut légitimement s’étonner du découpage que la liturgie a fait de ce passage pour le 22ème dimanche du temps ordinaire en supprimant les versets 9 à 13. Ces versets montrent le vrai sacré pour Jésus : non un rituel mais le concret des relations humaines.

 

2-La vraie pureté

Marc donne la raison de l’enseignement de Jésus : il déclare pur tous les aliments faisant éclater tout le légalisme alimentaire de la religion de son temps. Là encore le découpage a fait sauter les versets 16 à 20 en empêchant d’entendre cette révolution religieuse de Jésus. Et cette transgression de Jésus repose sur le primat de la parole et du cœur. L’important ce n’est pas ce qui entre par la bouche (les aliments) mais ce qui sort de la bouche (les paroles) car cela vient du cœur.

 

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3 août 2015 1 03 /08 /août /2015 15:18
Une chanson de Facundo Cabral

Une chanson de Facundo Cabral

A écouter sur : http://www.youtube.com/watch?v=IYonxoKq90Q

 

Vuelo bajo chanté par Paco Ibanez

 

No crezca mi niño,
no crezca jamás,
los grandes al mundo,
le hacen mucho mal.

El hombre ambiciona,
cada día más,
y pierde el camino,
por querer volar.

Coro.
Vuele bajo,
porque abajo,
está la verdad.
Esto es algo,
que los hombres,
no aprenden j
amás.

 

Por correr el hombre
no puede pensar,
que ni él mismo sabe
para donde va.

Siga siendo niño,
y en paz dormirá,
sin guerras,
ni máquinas de calcular.


(Prosa)
Diógenes cada vez que pasaba por el mercado
se reía porque decía que le causaba mucha gracia
y a la vez le hacía muy feliz
ver cuántas cosas había en el mercado
Que él no necesitaba.

Es decir que rico no es el que más tiene,
sino el que menos necesita.

Es decir, el conquistador por cuidar su conquista,
se convierte en esclavo de lo que conquistó,
es decir, que jodiendo, se jodió más

Dios quiera que el hombre,
pudiera volver,
a ser niño un día
para comprender.

Que está equivocado,
si piensa encontrar,
con una chequera,
la felicidad.

Coro...

Grandis pas, petit, ne grandis jamais,

Les grands, dans ce monde, se conduisent mal.

Car l’homme ambitionne, à chaque jour plus,

Et perd son chemin, en voulant voler.

Ref.

Vole bas,

Car c’est tout en bas,

Qu’on trouve le vrai…

Cela aucun homme

Ne l’apprend jamais.

 

L’homme pour courir, ne peut plus penser,

Et ne sait lui-même, où il veut aller.

Si tu restes enfant, dormiras en paix,

Sans guerres ni machines pour tout calculer.

 

 

Diogène, chaque fois qu’il passait au marché, riait en disant que cela lui plaisait … et le rendait tout heureux… de voir tant et tant de choses… dont il n’avait pas besoin.

C’est dire qu’est riche, non qui a le plus mais celui qui a le moins de besoins.

Et le conquérant pour garder sa conquête… devient l’esclave de ce qu’il a conquis,… et en trompant on se trompe plus.

 

Dieu voulut que l’homme puisse revenir

A être un enfant pour pouvoir sentir

Qu’il se trompe certes s’il croit rencontrer

Avec un chéquier la félicité

 

Qui est Facundo Cabral ?

L’engagement politique n’attend pas le nombre des années. En Amérique du Sud, peut-être encore plus qu’ailleurs. Facundo Cabral en est l’un des exemples les plus saisissants. Abandonné par son père à huit ans, il s’installe avec sa mère et ses cinq frères et sœurs dans l’extrême sud de l’Argentine. La Terre de feu. À 9 ans, ce voyageur dans l’âme fugue pendant quatre mois. Son objectif : rencontrer le président de la République pour lui demander un travail pour sa mère ! Il réussit à traverser toute l’Argentine pour rejoindre la capitale. A Buenos Aires, il réussit à s’introduire dans le Palais Présidentiel et à parler au président Juan Domingo Perón et sa désormais célèbre femme, Eva. Grâce à cette conversation, sa mère obtient effectivement un travail.

La jeunesse de Cabral s’écoule entre marginalité, alcool et prison. C’est derrière les barreaux qu’il découvre la littérature grâce à un jésuite qui lui apprend à lire et à écrire. Un an avant de sortir de prison, il s’échappe. En 1959, il s’installe dans la station balnéaire de Mar del Plata et trouve un travail dans un hôtel. Le patron, le voyant avec sa guitare, lui propose de chanter. C’est le début de sa carrière artistique. En 1970, il enregistre la chanson « No soy de aquí, ni soy de allá » qui le fait connaître dans le monde.

Facundo Cabral quitte l’Argentine avec l’arrivée de la dictature militaire (de 1976 à 1983). Exilé au Mexique, il continuera d’écrire et composer une musique contestataire et subversive. « C’était l’un des ces types irrévérencieux qui font des choses que tu as toujours rêvé de faire, mais que tu ne feras jamais. Il n’avait pas de maison, il vivait dans des chambres d’hôtel. Il disait : autrement, on accumule des choses » , a résumé Tarrago Ros, l’un de ses plus proches amis, lui aussi chanteur. Véritable nomade, Facundo Cabral estimait avoir visité plus de 150 pays. Il enregistra des disques en neuf langues et écrivit une dizaine de livres dont un recueil d’entretien avec l’écrivain argentin Jorge Luis Borges.

Cabral retournera en Argentine en 1984, juste après la fin de la dictature. Son succès sera encore plus grand (il remplira un stade de Buenos Aires en 1987). Il ne cessera de se battre contre toutes les dictatures d’Amérique du sud. Un combat qui sera reconnu par l’UNESCO en 1996 qui le nomme « Messager mondial de la Paix ».

Facundo Cabral est assassiné le 9 juillet 2011, lors d’une fusillade, alors qu’il se rend à l’aéroport de Guatemala, où il devait prendre un avion pour le Nicaragua. L’attentat était apparemment dirigé contre l’homme d’affaires Henry Fariña Fonseca, qui voyageait dans le même véhicule que Facundo Cabral. Sa mort a provoqué une immense vague d’indignation tant il était devenu une icône à travers tout le continent. «Au-delà de ces chansons, les gens aimaient l’entendre parler : c’était un prophète urbain», a déclaré, au lendemain de l’assassinat, Jorge Mazzini, producteur de ses spectacles.

Facundo Cabral, qui luttait dans un esprit pacifique et festif, avait annoncé : « Le jour de ma mort, une milonga vaudra mieux qu’une bougie pour me veiller ». Car pour Cabral, la mort n’était qu’un voyage (le dernier) parmi les très nombreux réalisés tout au long de sa vie.

(Biographie sur le site : http://www.sourdoreille.net/memoire-de-luttes-facundo-cabral/

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2 août 2015 7 02 /08 /août /2015 14:38

Un commentaire du bibliste José Antonio Pagola

Sur son blog

http://blogs.periodistadigital.com/buenas-noticias.php/2015/07/27/el-corazon-del-cristianismo

 

et traduit en anglais sur le blog de Iglesia Descalza

http://iglesiadescalza.blogspot.fr/2015/07/the-heart-of-christianity.html

 

El corazón del cristianismo

 

La gente necesita a Jesús y lo busca. Hay algo en él que los atrae, pero todavía no saben exactamente por qué lo buscan ni para qué. Según el evangelista, muchos lo hacen porque el día anterior les ha distribuido pan para saciar su hambre.

Jesús comienza a conversar con ellos. Hay cosas que conviene aclarar desde el principio. El pan material es muy importante. Él mismo les ha enseñado a pedir a Dios «el pan de cada día» para todos. Pero el ser humano necesita algo más. Jesús quiere ofrecerles un alimento que puede saciar para siempre su hambre de vida.

La gente intuye que Jesús les está abriendo un horizonte nuevo, pero no saben qué hacer, ni por dónde empezar. El evangelista resume sus interrogantes con estas palabras: «y ¿qué obras tenemos que hacer para trabajar en lo que Dios quiere?». Hay en ellos un deseo sincero de acertar. Quieren trabajar en lo que Dios quiere, pero, acostumbrados a pensarlo todo desde la Ley, preguntan a Jesús qué obras, prácticas y observancias nuevas tienen que tener en cuenta.

La respuesta de Jesús toca el corazón del cristianismo: «la obra (¡en singular!) que Dios quiere es esta: que creáis en el que él ha enviado». Dios solo quiere que crean en Jesucristo pues es el gran regalo que él ha enviado al mundo. Esta es la nueva exigencia. En esto han de trabajar. Lo demás es secundario.

Después de veinte siglos de cristianismo, ¿no necesitamos descubrir de nuevo que toda la fuerza y la originalidad de la Iglesia está en creer en Jesucristo y seguirlo?¿No necesitamos pasar de la actitud de adeptos de una religión de «creencias» y de «prácticas» a vivir como discípulos de Jesús?

La fe cristiana no consiste primordialmente en ir cumpliendo correctamente un código de prácticas y observancias nuevas, superiores a las del antiguo testamento. No. La identidad cristiana está en aprender a vivir un estilo de vida que nace de la relación viva y confiada en Jesús el Cristo. Nos vamos haciendo cristianos en la medida en que aprendemos a pensar, sentir, amar, trabajar, sufrir y vivir como Jesús.

Ser cristiano exige hoy una experiencia de Jesús y una identificación con su proyecto que no se requería hace unos años para ser un buen practicante. Para subsistir en medio de la sociedad laica, las comunidades cristianas necesitan cuidar más que nunca la adhesión yel contacto vital con Jesús el Cristo.

18 Tiempo Ordinario - B
(Juan 6,24-35)
02 de agosto 2015
José Antonio Pagola

 

The heart of Christianity

 

by José Antonio Pagola (English translation by Rebel Girl)
Buenas Noticias: Blog de Jose Antonio Pagola
August 2, 2015

John 6:24-35

The people need Jesus and look for him. There's something in him that attracts them but they still don't know why they're looking for him or to what end. According to the evangelist, many are doing it because the day before, he had distributed bread to them to satisfy their hunger.

Jesus starts to talk with them. There are things that should be clarified from the beginning. Material bread is very important. He himself has taught them to ask God for "daily bread" for everyone. But human beings need something more. Jesus wants to offer food that can satiate their hunger for life forever.

The people sense that Jesus is opening a new vista, but they don't know what to do or where to start. The evangelist summarizes their questions with these words: "What can we do to accomplish the works of God?". In them, there is a sincere desire to get it right. They want to work on what God wants but, used to thinking about everything based on the Law, they ask Jesus what new works, practices, and observances they must take into consideration.

Jesus' response touches the heart of Christianity: "The work (singular!) God wants is this: that you believe in the one he sent." God only wants them to believe in Jesus Christ since he is the great gift He has sent into the world. This is the new requirement. This is what they are to work on. Everything else is secondary.

After twenty centuries of Christianity, don't we need to rediscover that the full force and originality of the Church is in believing in Jesus and following him? Don't we need to move beyond the attitude of followers of a religion of "beliefs" and "practices" to live as disciples of Jesus?

Christian faith is not primarily properly fulfilling a code of new practices and observances, superior to those of the Old Testament. No. Christian identity is in learning to live a lifestyle that is born of a living and trusting relationship with Jesus Christ. We become Christians in the measure that we learn to think, feel, love, work, suffer and live like Jesus.

Being a Christian today requires an experience of Jesus and identification with his plan that wasn't required a few years ago to be a good practitioner. To survive in the midst of secular society, Christian communities need to take greater care than ever of their vital adherence to and contact with J
esus Christ.

 

 

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1 août 2015 6 01 /08 /août /2015 16:56

« La transition énergétique implique un vrai projet de société »

http://www.regards.fr/web/gael-giraud-la-transition,7823

 

Regards. Quels sont les leviers d’action pour mener la transition énergétique ?

Gaël Giraud. Il existe trois chantiers principaux. Tous les experts s’accordent pour dire que la rénovation thermique des bâtiments en fait partie. L’habitat représente 40% de notre consommation de fuel en France et 25% des émissions de gaz à effet de serre. En rénovant thermiquement les bâtiments, on fait d’une pierre plusieurs coups : on adresse à la fois la question de la dépendance à l’énergie et l’enjeu climatique, conformément aux engagements de notre pays. En outre, on améliore la balance commerciale française, on résout en partie le drame de la précarité énergétique et on crée des emplois... Le deuxième chantier est la mobilité verte et le troisième, le verdissement des processus industriels et agricoles. Voilà pour le volet de la demande. Sur le versant de l’offre, la question est : quel mix énergétique choisissons-nous ? Si l’on opte pour un mix comportant beaucoup d’énergies renouvelables, alors l’investissement dans celles-ci doit devenir une priorité. Mais avons-nous tranché cette question ? En réalité, il y a eu beaucoup de discussions au cours des travaux du CNDTE, mais on ne peut pas dire, aujourd’hui, que la classe politique française ait mis la question de la transition sur la table du débat public. Le projet de loi de transition de Mme Royal est une étape très prometteuse. Il confirme le cap de réduction du nucléaire à horizon 2025. Il met en avant la rénovation thermique des logements et de l’habitat. Il accélère le passage à la voiture électrique.

 

Pour quelle raison le problème n’est-il pas posé entièrement ?

GG Il y a des raisons sociologiques qui expliquent qu’une partie de la classe politique française ne croie pas en la nécessité et en l’urgence de cette transition, et préfère regarder ailleurs. En agissant de la sorte, elle est elle-même le reflet de l’opinion publique : une partie de celle-ci ne veut guère en entendre parler, et estime que la crise économique, sociale et financière est bien plus grave – et l’on peut difficilement reprocher aux catégories défavorisées, qui peinent à boucler leurs fins de mois, d’avoir du mal à entendre parler de la transition écologique. Il y a d’autres éléments : la catégorie des Français les moins sensibilisés à la question est essentiellement constituée d’hommes citadins de plus de soixante ans, qui composent l’écrasante majorité de la classe politique française en activité…

« Le problème est que les classes dirigeantes d’Europe de l’Ouest n’ont pas de projet politique »

 

Les politiques prennent peut-être en compte l’impopularité de la fiscalité écologique, comme on l’a vu dans le contexte de l’écotaxe…

GG Il me semble, de manière globale, que le "ras-le-bol fiscal" dont on a beaucoup parlé indépendamment de l’écotaxe, est très largement une construction médiatique. Même s’il est exact que notre système fiscal est opaque et redistribue la richesse du bas vers le haut, je ne pense pas que l’on ait beaucoup d’éléments pour étayer la thèse d’un ras-le-bol fiscal universel, surtout compte tenu de la nature du système fiscal français qui est troué par des niches fiscales, et très avantageux pour les plus riches. Maintenant, on a réussi à faire preuve d’une telle maladresse sur l’écotaxe qu’elle est aujourd’hui mal vue, alors que, bien expliquée, avec pédagogie, et surtout insérée dans un véritable projet politique, elle serait tout à fait acceptée. Le problème est que les classes dirigeantes d’Europe de l’Ouest n’ont pas de projet politique. L’écotaxe est alors vue simplement comme une taxe de plus dont le corps social français ne voit pas l’intérêt, puisqu’il ne voit pas à quel projet de longue durée, qui ferait sens et que l’on pourrait expliquer, l’argent qui lui est retiré pourra servir. Tant que manquera un vrai projet ayant du souffle, toute taxe sera perçue comme punitive.

 

Les résistances résident-elles aussi dans la difficulté à financer la transition énergétique en raison de la crise ?

GG Indépendamment des aspects culturels, psychologiques ou sociologiques, le véritable obstacle – plus qu’une résistance – est la question du financement. Selon les estimations disponibles, si l’on voulait lancer simultanément tous les chantiers de la transition pour la France, cela coûterait entre 60 et 100 milliards d’euros par an pendant au moins dix ans, ce qui semble assez hors de portée pour l’instant – même si, au fond, je pense qu’il faudrait le faire. La BCE a créé plusieurs milliers de milliards pour sauver les banques, ne pourrait-elle pas en faire autant pour sauver le continent et, avec lui, la planète ? Concernant la rénovation thermique des bâtiments, en ne considérant que les bâtiments publics, la facture s’élèverait à 10 milliards d’euros par an, ce qui est beaucoup plus atteignable dans la mesure où des solutions de financement compatibles avec le carcan de Maastricht existent déjà.

 

On présente souvent la transition énergétique comme un gisement d’emplois. L’objectif de 100.000 emplois sur trois ans, avancé par Ségolène Royal, est-il réaliste ?

GG Ce qui me paraît certain, c’est que si l’on avance de manière volontariste, on créera beaucoup d’emplois. 100.000 en trois ans ? Honnêtement, je n’en sais rien : cela dépendra entièrement de la nature de la transition mise en œuvre. La rénovation thermique des bâtiments devrait créer beaucoup d’emplois – au point que si, on la lançait brutalement, on aurait rapidement un goulet d’étranglement au niveau de la main-d’œuvre qualifiée. Il faut donc la lancer progressivement, pour envoyer le bon signal aux entreprises du BTP afin qu’elles créent les filières d’apprentissage qui permettront, d’ici trois ou quatre ans, de mener la rénovation en grand. Mais il faut commencer aujourd’hui, et cela dépend, de nouveau, d’une décision politique qui affiche clairement l’objectif visé.

« Si l’on consomme moins d’énergie, le rythme de vie va ralentir – ce qui sera une très bonne chose pour tout le monde »

 

L’idée que la transition sera un vecteur de croissance fait-elle consensus parmi les économistes "dominants" et les dirigeants politiques ?

GG La plupart des économistes de Bercy sont très sceptiques, mais ne le sont-ils pas devant toute innovation qui ne vient pas du secteur bancaire ? Ce n’est donc pas à eux qu’il faut demander ce qu’ils en pensent – sachant qu’ils ont malheureusement le pouvoir de tout bloquer tant que le politique n’osera pas assumer ses responsabilités historiques. La charge de la preuve réside dans le camp de ceux qui sont favorables à la transition, dont je fais partie. À mon sens, quel que soit le scénario adopté parmi la douzaine de ceux que le Comité national du débat public a identifiés pour la France, le principe global est très clair : la productivité du travail, actuellement très élevée et qui a considérablement augmenté au cours des dernières décennies, augmente essentiellement grâce à l’usage de l’énergie. C’est parce que nous utilisons l’énergie de manière de plus en plus intelligente que le travail des êtres humains paraît de plus en plus productif. La transition signifie que nous allons passer d’une économie encore essentiellement construite sur le pétrole – qui est l’énergie la plus productive, surtout pour la mobilité –, à une société fondée sur d’autres types d’énergie. Quels que soient ceux-ci, on va très vraisemblablement perdre en productivité… ce qui n’a rien de dramatique, car davantage de monde pourra travailler. Ainsi on ne pourra plus remplacer systématiquement les hommes par des machines ---lesquelles ont besoin d’énergie pour fonctionner--- ou par de la chimie, c’est-à-dire du pétrole. Il nous faudra en particulier beaucoup de bras dans les champs si nous voulons une agriculture responsable, sans engrais, ni pesticide. Avec de la polyagriculture et des circuits courts autour de petits centres urbains très denses, reliés par du train...

 

C’est ce genre de choix qu’implique aussi la transition énergétique ?

GG Oui, c’est pour cela qu’elle implique un vrai projet de société, une vraie bifurcation par rapport à toute une série de lieux communs qui habitent notre imaginaire depuis une trentaine d’années. Parmi ceux-ci, il y a la mondialisation tous azimuts, alors que l’on devrait probablement assister à une re-régionalisation des échanges internationaux. Dans cet imaginaire, vous avez aussi le fait que le temps passe de plus en plus vite et que le stress augmente chaque année pour les salariés au travail. Ce stress est rendu possible par la productivité de l’énergie. Si l’on consomme des énergies moins productives que le pétrole (en particulier pour la mobilité), le rythme de vie va ralentir – ce qui sera une très bonne nouvelle pour tout le monde. Une autre image qui hante notre imaginaire est celle des grandes mégalopoles et autres monstres périurbains avec lesquels on devrait normalement en terminer. Les banlieues du type californien qui s’étendent sur des kilomètres sont des gouffres à énergie. Cela appelle un bouleversement considérable.

« Un grand récit dans lequel on puisse s’engager »

 

On a le sentiment que la société n’est pas du tout prête pour une telle révolution intellectuelle…

GG Je suis moins pessimiste. Dans les discussions et les rencontres que je peux faire en province, le public me semble au contraire très demandeur d’un grand récit dans lequel il puisse s’engager, qui nous permette de donner du sens à la vie – ce que très peu de partis politiques sont en mesure de faire aujourd’hui : et c’est bien cela qui plonge la population dans la désespérance. Ne pas avoir la moindre idée de ce vers quoi on avance. Ne pas entrevoir la moindre lumière au fond du tunnel. Je perçois, certes, de la peur mais aussi une grande soif, un grand désir pour la transition, qui n’est pas forcément partagé dans les quartiers les plus favorisés de la capitale, surtout chez les hommes de plus de soixante ans, où l’on observe une très forte résistance à se laisser toucher et à accepter d’imaginer que l’on puisse bouger.

 

Est-ce que les lobbies industriels se mettent également en travers de ce processus ?

GG Non. La très bonne nouvelle, c’est que les industriels que je rencontre sont très désireux de lancer la transition. Ils ont compris que, de toute façon, ce qui fera la compétitivité d’une entreprise dans dix ans, ce sera son indépendance à l’égard du pétrole. Et que la décarbonation sera leur business dans dix ans. C’est-à-dire que c’est cela qui leur permettra de continuer d’exister à cette échéance. Ce sont certains fonctionnaires de Bercy et les banques qui n’ont pas cet allant, parce que cela ne les intéresse pas. Il n’est d’ailleurs pas étonnant de les retrouver du même côté dans la mesure où, au fond, ce sont les mêmes personnes. Il y a entre eux une alliance objective d’intérêts qui vise à utiliser le plus longtemps possible la rente bancaire, due à l’existence de grandes banques mixtes et qui permet de gagner beaucoup d’argent sur le dos du contribuable. Le jour où cela ne sera plus possible, ou lorsque ce sera moins rentable, ils feront autre chose… et se mettront à financer les investissements dans les infrastructures vertes dont nous avons besoin.

 

Comment faire en sorte que les citoyens soient assez impliqués pour peser sur les pouvoirs économiques et politiques ?

GG On n’a jamais transmis aux citoyens les éléments du dossier, le débat n’a guère été organisé publiquement, au niveau national, même si, l’an dernier, le comité national s’est démené pour conscientiser. Les médias, de ce point de vue, ne font pas leur travail, n’instruisent pas le dossier. L’opinion publique n’a pas les moyens d’y réfléchir toute seule. Pourquoi ne pas organiser un référendum, qui obligerait à débattre ensemble ? Actuellement, le grand public ne trouve pas de grand récit, de grande utopie, de vrai projet politique dans la social-démocratie au pouvoir. Encore moins dans l’euro-libéralisme financiarisé. C’est ce qui explique qu’une partie des Européens se réfugient dans les promesses frelatées de l’extrême droite. Alors qu’historiquement, l’extrême droite s’est toujours montrée très conciliante avec le secteur bancaire. Tandis qu’elle ne croit nullement à l’écologie. D’où la tragique méprise que révèlent les résultats issus des dernières élections européennes.

 

Interview de Gaël Giraud par par Jérôme Latta  le 19 juin 2014

Sur le site Regard.fr : http://www.regards.fr/

 

Gaël Giraud, directeur de recherche au CNRS, rattaché au Centre d’économie de la Sorbonne, est membre de l’École d’économie de Paris, de la Fondation Nicolas Hulot, de l’ONG Finance Watch et de la Fondation d’écologie politique. Il a participé aux travaux du Conseil national du débat sur la transition énergétique (CNDTE).

Il a notamment dirigé, avec Cécile Renouard, 20 propositions pour réformer le capitalisme (Flammarion 2012).

 

 

 

 

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31 juillet 2015 5 31 /07 /juillet /2015 20:24

Cet article est paru sur le blog : féministes et croyante, oui !

Les récents événements de Reims montrent la pertinence de cette analyse puisque les motifs religieux n’étaient que des conclusions hâtives et sans fondement.

Merci à Michelle C.Drouault de me permettre de publier son article.

http://christine-amina-esther-andco.eklablog.com/le-prisme-du-religieux-a118255772

 

Voici quelques décennies, nul n’aurait eu l’idée d’expliquer le comportement d’une personne, ou le mobile d’un de ses actes, par son appartenance, réelle ou supposée, à une confession.

Cette époque semble révolue.

Véritable tarte à la crème qui dispense de toute recherche sur la réalité des drames humains, l’appartenance confessionnelle est désormais brandie par la presse comme l’argument suprême qui, soit insinue l’évidente culpabilité des individus, soit est une entité explicative en elle-même, et fait fi de toute autre considération.

Les musulmans et les chrétiens catholiques payent un lourd tribut à cette conception manichéenne de la nature humaine, et à ces fausses lapalissades.

 

C’est « forcément » parce qu’ils sont musulmans que des individus en rupture sont soupçonnés d’être « en voie de radicalisation » ; et on interroge l’entourage avec angoisse : cet homme était il très religieux ? Un imam faisait remarquer à juste titre qu’une grande dévotion ne signifiait EN AUCUN CAS un début de radicalisation, qui elle, relevait du fanatisme ou de la dérive sectaire ; et qu’on ne pouvait placer un espion derrière chaque fidèle…

Faire Ramadan est un mauvais point, qui rend d’emblée une personne plus suspecte que d’autres.

L’appartenance à l’Islam comme preuve de tendance à la violence prend le pas sur les difficultés sociales, familiales, ou professionnelles d’un individu. Coupable, forcément coupable, parce que musulman, aurait dit Duras…

 

Dans un autre registre, il en est de même des catholiques. Etre une personnalité politique notoirement catholique est extrêmement difficile, car toutes les prises de position de cette personne seront ramenées à sa foi, sans qu’il soit du tout tenu compte des mouvances diverses du catholicisme auxquelles elle peut se rattacher, et des prises de distance qui existent avec le magistère concernant des sujets de société.*

 

Dernièrement, l’affaire Vincent Lambert nous a paru le modèle même de cette grille de lecture simpliste et obsessionnelle, qui explique tout par le fait religieux.

Rappelons que Vincent Lambert, âgé aujourd’hui de 38 ans, a été victime en 2008 d’un grave accident de la route. Tétraplégique, il se trouve depuis dans un état que les médecins du CHU de Reims qualifient de « pauci-relationnel». Une partie de sa famille, dont son épouse, souhaite un arrêt des soins, ce qui entraînerait sa mort ; l’autre, et en particulier ses parents s’y opposent avec fermeté.

Qu’est ce qu’un état pauci-relationnel ? Il ne s’agit pas, comme l’écrivent certains journaux, d’un état végétatif. C’est un état dans lequel le patient garde une conscience de son environnement, mais ne peut pas répondre aux stimulations de manière cohérente.

Il peut ressentir de l’émotion et de la douleur.

Par ailleurs, Vincent Lambert n’est pas relié à une machine qui le maintient artificiellement en vie. Il est seulement nourri et hydraté artificiellement, car un manque de réflexes, semble t-il, l’empêche de déglutir.

Il ne nous appartient pas ici de prendre parti.

Mais seulement de déplorer la partialité des media, qui ne voient qu’une explication à ce drame qui multiplie les rebondissements judiciaires : les parents sont des « catholiques convaincus », ou des « catholiques traditionnalistes ». Certains organes de presse les présentent même comme « liés à la fraternité St Pie X «, sans en avoir aucune preuve.

Il ne leur vient pas à l’esprit que le sujet n’est pas la religion supposée de ces parents, mais leur douleur extrême de voir mourir leur enfant ; leur peur panique que cette mort soit douloureuse, enfin tous les tourments insupportables de parents confrontés à la maladie grave de celui ou celle qu’ils ont mis-e au monde.

Faire le deuil d’un enfant est pour certains quelque chose de pratiquement impossible.*

Il semblerait surtout que dans cette panique de voir son fils mourir de faim et de soif (c’est la dure réalité d’un tel arrêt de soins), Madame Lambert se soit entourée de conseilleurs qui en ont profité pour instrumentaliser l’affaire dans le sens d’une vitrine pour une idéologie rigide sur la fin de vie.

La douleur de cette mère et de ce père n’est ni respectée, ni entendue. Elle ne l’a pas été dès le départ. Rappelons que la première décision d’arrêt de soins du CHU avait été prise sur simple consultation de l’épouse du patient, en excluant parents et famille, et a été annulée de ce fait.

La polémique a fait rage. Oubliant toute compassion, certains journalistes se sont érigés en donneurs de leçons sur le fait qu’être mère signifiait se détacher un jour de son enfant, et le laisser partir…

Cette femme a besoin de soutien. Et elle n’en a apparemment trouvé que dans des mouvements catholiques. Deux évêques qui n’ont rien d’intégristes viennent d’appuyer sa démarche dans une réflexion assez raisonnable sur notre peu de maîtrise de la vie et de la mort.

L’affaire est complexe. Pour l’épouse de Vincent Lambert, il est sans doute également intolérable de continuer à voir l’homme qu’elle a aimé dans cet état. Peut être se voit-elle acculée à une vie sans issue.

Nous n’avons pas la réponse. Les débats se poursuivent. Aucune décision n’a pu actuellement être prise.

Mais quand un quotidien titre : « Affaire Lambert, la menace intégriste », sous-entendant que seule une appartenance confessionnelle et idéologique est le moteur de ce refus obstiné de la mort d’un enfant que nul ne peut juger, cela frise l’indécence.

Une menace, qui est menacé ? De quoi ? L’enjeu de la vie d’un être humain mérite qu’on se pose quelques bonnes questions :

Est-ce une telle victoire d’avoir le droit d’arrêter la vie de quelqu’un alors qu’il est vulnérable et incapable de se faire entendre ? Que savons-nous de la volonté de Vincent Lambert ?

Il ne s’agit pas d’une personne en fin de vie qui réclame que l’on abrège ses souffrances, comme cela s’est déjà produit. C’est la toute la complexité et la délicatesse de cette dramatique histoire.

On peut aussi s’interroger sur le sens du refus de l’hôpital de laisser le patient être transféré dans un autre établissement.

Mais une chose est certaine : les simplifications sur le « religieux » sont en train d’obscurcir le jugement de nos contemporains.

 

Michelle .C. DROUAULT

* 1 Protestants et orthodoxes échappent à ce processus, par quelque mystérieuse alchimie des classifications arbitraires…Quant aux Témoins de Jéhovah, bien que leur prosélytisme soit internationalement connu, les media leur laissent une paix royale !

 

* 2 Récemment, de jeunes parents d’une petite fille prématurée sont également revenus sur leur décision d’arrêt de soins, au grand « étonnement » de l’équipe médicale… Comme si prendre une telle décision était simple !

 

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