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3 août 2017 4 03 /08 /août /2017 14:40
Volonté de Dieu...???

 L’amour de Dieu attend une réponse. Dieu est en attente de notre réponse.

Et c’est normal, pour que l’amour appelle la réciprocité.

Le don que Dieu me fait, attend une réponse libre de notre part.

« voici que je me tiens à la porte et que je frappe ». Ap3/20

Dieu est un amoureux, qui attend qu’on lui dise oui.

Dieu a tout donné. Il attend une réponse, oui, puisque sa décision à lui, c’est de proposer son amour, son amitié. Mais l’amour ne se commande pas et Dieu le sait et il ne veut qu’on l’aime par obligation mais par un vrai désir.

Dieu ne peut que se tenir à la porte, ne peux dire que : « veux-tu ? »

Cette réponse est au cœur des Exercices Spirituels d’Ignace de Loyola.

On les entreprend car on a un choix à faire et on veut que ce choix soit une réponse d’amour.

Comment faire de notre vie, une réponse à son amour ?

Qu’est-ce Dieu attend de moi ?

Vaste sujet. Je vais développer quelques points 

Il me demande de croire

Dieu me dit qu’il m’aime, je le sais mais est-ce que j’y crois vraiment ?

Croire c’est une décision, c’est un don de Dieu et une décision de ma part, un combat en nous et autour de nous : «où est-il ton dieu ? » Petite voix du soupçon « s’il t’aimait vraiment… »

Une décision : qui vais-je croire ?

                ce que Dieu me dit de lui

                ou les petites voix qui distille le soupçon ?

Dieu attend de nous la foi

Une foi qui réponde à la sienne

Christ a soif de notre foi « j’ai soif » dit-il à la femme samaritaine en Jn4/7 et sur la croix en Jn 19/28

Il me demande croire et de me laisser aimer par lui

Il m’appelle à vivre mon baptême

Le jour de notre baptême le prêtre a pris une huile qu’on appelle le St Chrême, il a fait le signe de la croix sur notre tête en disant « je te marque de l’onction qui te fait roi, prophète et prêtre »

On ne parle pas assez de cela, et je veux vous en dire qq mots : 

*Au baptême, nous avez été marqué-e de la dignité et de la mission de roi, de reine. Qu’est-ce à dire ? Evidemment pas de prétendre de monter sur le trône de France (ça ferait beaucoup de prétendant-e !)

Roi, Reine, régner, gouverner…sa vie dans le sens de Dieu, dans le sens de son royaume, gouverner sa vie dans la justice, la vérité, pour construire avec d’autre un monde où il fait bon vivre pour toutes et tous.

Servir, c’est régner= vivre sa vie comme un service.

Ça veut dire qu’il n’y a pas de séparation entre la foi et la vie, la foi doit être une lumière pour agir dans les choses les plus humaines, les questions sociales, politiques, les choix qui orientent ma vie et celle des autres et de mettre le Christ au centre de votre vie pour vivre toutes les dimensions de votre existence selon son Esprit. 

*Au baptême, nous avez été marqué-e de la dignité et de la mission de prophète.

Le prophète, c’est l’homme, c’est la femme de la Parole de Dieu, celle et celui qui l’écoute, qui la rumine car elle est parole de vie, scrutant les Ecritures, Ancien et Nouveau Testament et témoignant de Dieu par sa vie et ses paroles. 

*Au baptême nous avez été marqué-e de la dignité et de la mission de prêtre.

Nous sommes habilité-es à être des hommes et des femmes de prière, nous avons reçu mission de la prière, prière de louange, d’intercession, d’adoration, de contemplation et nous sommes habilité-es à célébrer l’eucharistie.

Et célébrer l’eucharistie, c’est communier à la vie du Christ qui se donne à moi, c’est devenir eucharistie dans ma vie de tous les jours, c’est à dire, comme le Christ, avec lui, et en lui, donner sa vie, offrir sa vie pour la vie du monde. 

Nous sommes baptisés. Pas un acte du passé, mais aujourd’hui. Acte permanent, la vie du Christ coule en nous maintenant.

Semence de vie planté dans la terre de notre vie. Semence qui a besoin pour grandir de notre consentement et de nos soins, de notre travail

Il veut que nous inventions pour nous et pour les autres des chemins de bonheur.

Chemin de justice, de liberté, de paix, de partage mais c’est à nous de les inventer, de les construire avec d’autres. Il ne nous dit pas : « tu dois » mais tu peux le faire. Ce qu’il veut, c’est que nous vivions à plein.

Il ne veut pas d’homme et de femme qui ne voudraient pas grandir, mais des femmes et des hommes debout, qui prenne en main leur vie, prennent des décisions, qui osent risquer. 

Il ne veut pas des choses particulières, Dieu n’a pas décider ce que je dois être et faire.

Caricature d’un Dieu avec un grand livre avec nos noms et en face la décision de Dieu.

 

Mais alors comment décider ? Comment décider dans le quotidien si ce n’est pas une parole extérieure à moi-même ?

Justement, en allant à l’intérieur de moi-même. Pour cela, au quotidien, favoriser l’intériorité, se donner des temps pour écouter ce qui se passe à l’intérieur de moi.  Se donner des temps de gratuité, de silence, de solitude. Ne pas vivre à 300 à l’heure, dans un tourbillon où l’on se perd. Se donner du temps pour prier en regardant le style de vie de Jésus et son chemin de bonheur. En faisant une retraite. Tout cela pour chercher et trouver le désir profond le désir fort. Il peut y avoir des désirs superficiels qui vont me satisfaire un moment mais qui ne peuvent me faire vivre profondément. Ils sont à la surface de nous-mêmes. Pour découvrir les désirs profonds, c’est comme désensabler une source, enlever des pierres, creuser profond pour atteindre la source qui va pouvoir jaillir en vraie vie.

Il s’agit de sonder mon cœur, me rendre attentifs aux mouvements qui l’habite. Et faire confiance à ce qui en moi est porteur des éléments suivants :

1 la perspective de décider telle chose me donne de la paix, de la force tranquille, une joie simple.

2- elle me donne confiance en moi, dans les autres, en Dieu ; elle me met en confiance pour l’avenir.

 

 

 

 

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17 juillet 2017 1 17 /07 /juillet /2017 13:42
Jésus: une triple libération

S’exercer à l’étonnement. Après la gratitude, une autre attitude spirituelle : l’étonnement.

Ne pas s’habituer à l’inouï de notre foi chrétienne

Approfondir combien cette foi est étonnante, originale.

Approfondir cette foi pour mieux en vivre.

Mieux en vivre, pour vivre mieux, puisque c’est une bonne nouvelle pour notre vie.

« Commencement de la bonne nouvelle » Evangile de Marc 1/1

« Jésus proclamait la bonne nouvelle venue de Dieu » Mc 1/14

« Convertissez-vous et croyez en la bonne nouvelle » Mc 1/15

En 15 versets du début de Marc, 3 fois « bonne nouvelle ».

Nouveauté et bonté.

La conversion a opéré n’est pas d’abord morale mais changement de conception de Dieu : quittez vos images fausses et mauvaises pour vous, pour s’ouvrir à du neuf :

Ce neuf, c’est possible de le dire ainsi

-Dieu personnel

-Dieu d’amour qui nous propose son amitié

-Dieu qui se donne gratuitement

-Dieu dont la seule volonté, ce qu’il veut, c’est que nous vivions, que nous ayons la vie en abondance.

Si on se convertit, si on croit à cette bonne nouvelle, notre vie peu à peu va être libérée.

Comme les Hébreux, on va passer de l’esclavage de l’Egypte à la terre promise, on va vivre 3 libérations

Libération des fausses images de Dieu

Libération des fausses images de soi-même

Libération des fausses images des autres

 

  1.            Croire à la Bonne Nouvelle me libère de fausses images de Dieu qui peuvent empoisonner la vie.

 

C’est très important de prendre conscience des fausses images que nous faisons de Dieu, des représentations qui proviennent de notre imaginaire, qui n’ont rien à voir avec la réalité, l’Ancien Testament appelle cela des idoles et nous en avons tous.

Je vais donner quelques exemples pour bien me faire comprendre :

Le dieu qui se cache au coin de la rue pour me prendre en flagrant délit de faute ;

le dieu voyeur à qui rien n’échappe pour mieux m’accuser ;

le dieu fatalité qui a écrit sur son grand livre ce que je dois faire, sinon ce sera le malheur pour moi ;

le dieu paratonnerre, qui moyennant quelques sacrifices, me protégera des souffrances de la vie ;

le dieu puissant qui impose sa loi de fer etc…

 

On peut allonger la liste, les exemples donnés sont des caricatures, mais nous n’en sommes pas indemnes et elles peuvent s’insinuer en nous sans qu’on y prenne garde.

Le Christ guérit peu à peu de ces fausses images. Peu à peu car on est lent à se laisser convertir, à quitter nos fausses représentations.

Il nous faut beaucoup de temps et surtout il nous faut longuement regarder ce vrai visage de Dieu qui se donne à voir dans la fragilité de l’enfant de Noël, dans la charité, le respect, la liberté, la miséricorde de cet homme Jésus, le vrai visage de Dieu qui se dit par la croix : Dieu souffrant, et aimant jusqu’au bout. 

L’Eternel qui est Dieu entre dans notre histoire en se faisant petit enfant et connaît la souffrance et la mort de la croix comme nous.

C’est une révolution de l’image de Dieu, c’est une subversion, une contestation radicale de nos images spontanées, de nos fausses images. Les premiers chrétiens étaient considérés par leurs contemporains, gens très religieux, comme athées, par ce que leur foi ne correspondait pas du tout à l’idée commune de Dieu.

 

Jésus, un enfant qui ne sait pas encore parler et qui pourtant nous dit simplement par ce qu’il est : « je ne suis pas ce que vous croyez, regardez-moi et vous saurez qui est vraiment Dieu. »

 

Dieu qui nous aime le premier, qui nous rejoint dans notre histoire, qui se fait petit, vulnérable, à la merci de tous, ayant besoin de tous, qu’on peut prendre dans ses mains, dont on peur faire n’importe quoi, fragile.

Et Noël n’est que le début du dévoilement du vrai visage de Dieu.

Un jour, Jésus dira : « Qui me voit, voit le Père »

Pour être cohérent, il faut aller jusqu’à dire : Dieu a voulu vivre cela.

Pour quelle raison ?

1- Voilà ce que je suis, croyez ce que je vous dis de moi et renoncez à vos fausses images

2-Donc chassez toute crainte, allez à ma rencontre en toute confiance et en toute joie.

On peut relire les 4 Evangiles avec cette clé de lecture :

En Jésus on découvre Dieu à l’écoute des gens, Dieu proche de tous, Dieu qui propose, qui appelle, qui suscite la liberté, et jamais ne s’impose, Dieu qui pardonne, Dieu qui guérit.

 

La prière à faire pour chacun de nous, la demande à faire à Dieu : « Dis-moi mon Dieu quel amour de moi a pu te conduire à cette fragilité, cette vulnérabilité ?  Guéris les fausses images que je peux encore me faire qui sont des poisons pour ma vie et une offense à ton vrai visage. »

 

  1.            Croire à la Bonne Nouvelle me libère des fausses images de moi-même

Je ne sais pas quel est le plus inouï, cette 2ème affirmation ou la 1ère. En tout cas les 2 sont liées.

Par sa venue en notre chair, sa naissance, sa vie, sa mort, sa résurrection, tout cela POUR MOI, Dieu m’apprend que je suis infiniment aimable et viens me libérer des fausses images que nous avons de nous-même.

Puisque qu’il s’est dérangé pour moi, qu’il a fait tout le chemin pour me rejoindre.

Pour moi, pour toutes, pour tous, pour chacun-e.

Infiniment aimable, Dieu vient nous le dire, et nous demande de le croire, de renoncer à nos mauvaises images de nous-même, à nos mésestimes de nous-mêmes, à nos duretés envers nous-mêmes, à nos mépris de nous-même.

Notre vie a une infinie valeur car la vie humaine qui est la nôtre à chacun-e a été épousée par Dieu, elle a donc valeur divine.

Alors ma vie est définitivement sauvée, puisque Dieu l’a assumée. Dieu est définitivement solidaire de nos vies comme une alliance que rien ne peut briser.

Dieu pour nous et pour l’éternité.

 

On peut avoir tendance, pour trouver Dieu, à vouloir s’évader de notre vie, de l’humain. En perspective chrétienne, depuis l’incarnation, ce n’est pas possible.

« Où veux-tu aller loin de toi-même, alors que j’ai fait tout le chemin pour te rejoindre au cœur de ton humanité et de ta vie ? »

Déjà, du fait que nous sommes crées par Dieu à son image, cela doit nous inciter à un accueil de notre humanité comme un don, sinon quelque part, c’est faire injure au créateur.

Et en plus avec l’incarnation, nous pouvons vivre notre vie en communion avec son humanité.

Vivre, manger, dormir, se reposer, agir, sont devenus des actes du Dieu fait homme et pour nous des actes qui ont acquis valeur d’infini qui nous unissent à Dieu.

 

  1.            Croire à la bonne nouvelle me libère des fausses images des autres

C’est la conséquence des 2 premières libérations.

Etre libéré-e des fausses images de Dieu et de soi-même, fait entrer dans un chemin de pacification et d’unification intérieure.

Si je me vis comme aimé-e de Dieu qui m’ouvre ainsi un chemin de confiance en lui et en moi, si mon assurance est en Dieu qui me donne une dignité qui me vient de lui…

Je découvre que ce don est pour toutes, pour tous, pour chacun-e.

L’autre est aimé-e, l’autre a dignité infini, l’autre est visage de Dieu.

L’autre…comme moi.

L’autre ne peut plus être considéré-e comme un ennemi.

Je ne peux pas m’en servir comme d’un esclave, il a dignité de fils ou fille comme moi.

La foi chrétienne si elle va au bout de sa logique est contestation radicale de tout racisme et de tout sexisme.

Enfin, l’autre devient le Christ, puisque, comme Jésus le dit lui-même :

« A chaque fois que vous l’avez fait, c’est à moi que vous l’avez fait » Mt 25/40

 

 

 

 

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10 juillet 2017 1 10 /07 /juillet /2017 11:36
Dieu m'aime tel-le que je suis.

Comment rencontrer Dieu ?

Ce qui vient spontanément à l'esprit ce peut être :

dans sa parole, dans l’oraison, dans les sacrements, dans les autres, dans la création…

Et on oublie un autre lieu d’accès à Dieu qui est soi-même.

Un des lieux d’accès à Dieu, c’est moi-même. Une des portes, c’est d’abord soi-même. Pour que vous ne pensiez pas que je suis dans la totale hérésie, je vais vous citez 1 texte biblique fondamental : Gn 1/27 « Dieu créa l’Homme à son image à l’image de Dieu, il les créa, homme et femme il les créa »

Une sculpture de la cathédrale de Chartres montre le Christ créant Adam et le visage d’Adam ressemble à celui du Christ : le modèle, le prototype, c’est le Christ et chacun-e de nous est fait à son image, lui ressemble. On ne prend pas assez conscience de ce qui est dit là dans ce verset de la Genèse : Ce que Dieu a, il me le donne, ce qu’il est, il me le donne

Cette création à son image n’est pas une action du passé, c’est maintenant pour chacun-e  que Dieu nous crée, en ce moment, il nous crée, c’est un acte définitif, à jamais, un don qui ne se reprend pas, Dieu ne reprend jamais ses dons.

Il s’agit pour nous de prendre conscience que j’existe, c’est prendre conscience de Dieu qui ne cesse de me créer. J’existe par don. Donc la première rencontre avec Dieu, c’est tout simplement goûter la vie qui vient de lui. Goûter, la vie, la recevoir comme un cadeau. Vivre le moment présent : se rendre compte de l’inouï du cadeau : je vis, je marche, je vois, j’entends, je parle, etc.

Tout cela est rencontre de Dieu, à travers ses dons, je rencontre le donateur.

En goûtant ces dons, je fais plaisir au donateur. Aimer la vie, c’est louer Dieu.

Il s’agit ensuite de prendre conscience que je suis aimé d’un amour inconditionnel

Je n’ai rien à prouver, je n’ai rien à mériter : tout m’est donné. La seule chose à faire c’est d’accueillir le don, de se laisser aimer, se laisser sauver, de se laisser faire.

Tel-le que je suis, je suis aimable au yeux de Dieu

Vous pouvez peut-être penser qu’il a mauvais goût mais cela ne changera rien à l’affaire, vous ne changerez pas son choix, sa décision de vous aimer !

Quelque soit l’idée que vous vous faites de vous-même, lui, Dieu ne changera pas d’idée : vous êtes à jamais le disciple qu’il aime. En St Jean : « le disciple que Jésus aimait ». On ne dit pas le nom de ce disciple pour une raison simple : ce disciple c’est chacun-e de nous, et son prénom, c’est le nôtre.

S’accueillir comme il nous accueille, se voir comme il nous voit, s’aimer comme il nous aime, se recevoir comme il nous reçoit

C’est à dire :

Se vivre, se comprendre, s’estimer comme

-désiré du cœur de Dieu

-d’origine divine sortant à chaque instant de ses mains

Non pas le fruit du hasard destiné au néant mais le fruit d’une volonté aimante faite pour la vie éternelle

Une autre manière d’accueillir sa vie comme un don de Dieu, c’est la prière de gratitude

Cela peut se faire de temps en temps

En s’interrogeant devant Dieu : « comment, Seigneur » tu t’es donné à moi à travers les autres ?

Cette prière, au début, quand on n’a pas l’habitude, ne sera qu’un petit filet d’eau, mais peu à peu il pourra devenir torrent !

Des camions de merci !

C’est faire l’expérience de l’aveugle qui recouvre la vue et qui voit enfin :

voir la sollicitude de Dieu dans la sollicitude dans les autres.

Voir ce dont je suis bénéficiaire.

Prendre conscience de tout ce que je reçois du travail des autres : la maison où j’habite, les vêtements que je porte, les objets que j’utilise, les moyens de transports que je prends. Derrière tout cela il y a toujours des gens, du temps, du travail, de la créativité, de l’amour au sens objectif du terme : aimer c’est faire du bien.

Tout cela j’en suis bénéficiaire. Cette gratitude peut s’étendre au passé : notre pays, sa culture, sa langue.

Des km de merci peuvent ainsi entrer en nous.

Merci pour…

Le conducteur de train… les ouvriers qui ont construit la maison etc

Cette forme de prière est très importante

C’est un lieu de guérison : s’éloigner des rivages de la mauvaise tristesse, de la sinistrose, de la méfiance, de l’ingratitude, de l’irréalisme, de la mentalité du tout es dû, et où tout est à prendre comme une proie, pour entrer dans une autre logique, la logique eucharistique où tout est don à recevoir.

 

 

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26 juin 2017 1 26 /06 /juin /2017 18:57
Qu’est-ce que la méditation chrétienne ?

 

Je vais commencer par une réflexion que m’a partagé un jour une Sœur du Cénacle qui est philippine. Elle me disait, dans mon pays, les gens, s’ils veulent pour leurs enfants une bonne école, ils se tournent les chrétiens…s’ils veulent un bon hôpital, ils vont aussi chez les chrétiens. Mais s’ils ont le désir de méditer…ils vont chez les bouddhistes.

 

Cette réflexion m’a beaucoup fait réfléchir.  Car il n’y a pas qu’aux Philippines. Regardez les rayons des librairies au rayon méditation : vous trouverez du zen, du bouddhisme, rien ou si peu ayant une coloration chrétienne. Comment expliquer cela ?

D’autant plus que ça existe la méditation chrétienne et que le christianisme a initié de nombreuses manières de méditer. Pour ne parler que de lui, ici, ce centre ne fait que cela. On passe nos journées à aider des gens à entrer dans l’expérience de la méditation !

 

Je vais pointer 3 raisons parmi d’autres qui explique cette carence.

D’une manière globale le christianisme historique a développé les traits suivants :

*religion de la morale et du faire. La dimension éthique est importante mais c’est une conséquence pas une source. Ce n’est pas l’âme du christianisme.

*religion du rite. Le rite est précieux mais là aussi c’est une conséquence pas une source et pas l’âme du christianisme.

*religion politique. Au sens que le christianisme après Constantin est devenu une religion officielle, une religion liée au politique et qui imposait un contrôle social à tous.  Avec pour conséquence entre autres chose, que l’adhésion était collective, en se coulant dans le moule, alors que l’âme du christianisme est que l’adhésion nait d’une conviction personnelle.

 

Alors quelle est l’âme du christianisme ?

C’est ce qu’on voit dans les Evangiles : une rencontre personnelle avec Jésus qui fait devenir disciple et marcher avec lui. On voit que cette rencontre change les gens : cela change leur rapport à leur corps, à leur vie, ils apprennent à écouter, à regarder leur vie, les autres autrement. Cette transformation se fait en regardant et écoutant Jésus.

Tous leur sens sont réveillés. L’âme du christianisme, c’est une relation avec Jésus.

 

Mais le vivons-nous vraiment ? Comme la rose : un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout ? …Pourtant c’est là l’essentiel, et la méditation chrétienne est là pour passer du pas du tout au peu et ensuite au beaucoup et au passionnément.  Comment faire ?

 

Méditer c’est prendre du temps pour soi. Vous le valez bien dit la pub ! S’assoir, arrêter d’agir, s’extraire du regard des autres, respirer profondément, se détendre, goûter une solitude bénéfique.

Méditer, c’est rencontrer Jésus l’ami de nos vies, celui à qui on peut tout confier, qui est l’oreille attentive, en fait notre lieu de parole ; et se rendre compte que le fait de lui parler peut déjà changer notre perception.

Méditer, c’est ouvrir un des Evangiles. Vous en choisissez un – je vous conseille celui de Marc- avec une seule chose à faire :

Regarder Jésus, ce qu’il fait, ne fait pas, ses actes. Ne vous creusez pas la tête, n’essayez pas d’avoir des idées, de réfléchir. Non soyez seulement là à côté de lui, comme un disciple qui regarde, heureux d’être là, « Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ».

Ecoutez ce que dit Jésus, ses paroles. Pareil ne vous creusez pas la tête, n’essayez pas d’avoir des idées, de réfléchir. Non soyez seulement là à côté de lui, comme un disciple qui écoute, heureux d’être là.

 

Surtout ne vous cassez pas la tête à réfléchir ! Aller à la méditation non pas comme à un rendez-vous mais parce que c’est un rendez-vous avec un ami qui va vous écouter et que vous allez regarder et écouter. Comme au coin d’un feu avec un ami qu’on aime et qui nous aime ; un ami avec qui on a plaisir à lui parler et le regarder et l’écouter.

C’est tout ! Mais c’est cela qui peut faire que peu à peu, on a une relation au Christ qui va grandir, où il va devenir l’amour de nos vies. C’est ce regard contemplatif et cette écoute attentive qui va nous transformer de l’intérieur.

La méditation chrétienne c’est comme celui qui est sur la plage et se laisse brunir par le soleil. Il suffit de rester sans rien faire, sinon d’être là, de s’exposer au soleil de Dieu. A la mesure du temps passé à le regarder et à l’écouter, la vie, la beauté, la bonté qui est en lui passe en nous, à l’image de la transfusion sanguine.

 

La méditation chrétienne, c’est habiter sa vie, le monde car ils sont précieux pour Dieu et ont de la valeur à nos yeux.

C’est s’ouvrir à une présence bienveillante et aimante

C’est regarder et écouter sans chercher autre chose que d’être là près du Christ, sans rien faire que d’être là, mais être là, c’est ce qu’on peut faire.

A mesure qu’on donne du temps à regarder et écouter, on arrive à goûter intérieurement, cela a bon goût. Sentir la bonté de Jésus. On peut même arriver mentalement à faire un geste auprès de Jésus, à le toucher comme cette femme qui a touché son vêtement.

 

La seule décision à prendre est de regarder son agenda, et mettre un créneau « méditation » comme on met d’autre rendez-vous. Peut-être si vous êtes débutant :

30 mn un jour par semaine. Ça peut être aussi pour d’autres 15mn par jour ou une autre formule. C’est à vous de voir ce qui est le plus réaliste en fonction de votre vie.

Alors oui, la méditation peut devenir un bonheur d’être !

 

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13 juin 2017 2 13 /06 /juin /2017 15:42
Je veux voir Dieu

Je veux voir Dieu

Est-ce possible ? Seulement après la mort ? Dès aujourd’hui ?

Voici quelques éléments de réponses à partir d’un texte de Ste Thérèse Couderc. (1805-1885)

Elle écrit : « Dieu est bon, il est plus que bon, il est la Bonté ».

Et elle en tire la conclusion suivante :

« La bonté de Dieu… bonté infinie, bonté incréée, source de toutes les bontés !

Et sans laquelle, il n’y aurait aucune bonté, ni dans les hommes, ni dans les autres créatures… je vis écrit comme en lettre d’or ce mot Bonté… Je le vis…écrit sur toutes les créatures, animées et inanimées, raisonnables ou non, toutes portaient ce nom de bonté, je le voyais même sur la chaise qui me servait de prie-Dieu.

Je compris alors que tout ce que ces créatures ont de bon et tous les services et les secours que nous recevons de chacune d’elles est un bienfait que nous devons à la bonté de notre Dieu, qui leur a communiqué quelque chose de sa bonté infinie, afin que nous la rencontrions en tout et partout. »

 

Elle nous livre là un texte fort qu’on pourrait résumer en disant : Dieu est dans la chaise ! Je peux le voir dans la bonté que représente une chaise, bonté de ceux qui l’ont fabriqué, bonté de Dieu qui est à la source de cette bonté.

Je peux donc voir Dieu en tout ce qui est bon dans notre monde, les choses, les gens…voir Dieu.

Du coup, ce « voir Dieu » devient immense. Le voir partout où il y a de la bonté.

Voir Dieu dans les vêtements que je porte, dans la maison où je vis, dans les aliments que je mange… etc. etc. car il y a la bonté de celles et ceux qui les ont faites, bonté qui a sa source en Dieu. Voir Dieu.

A la fin d’une journée, faire mémoire : Où ai-je vu Dieu ? Je l’ai vu sur des visages, en tout acte de bonté, en toute chose bonne…Immense !

 

En écrivant ce texte Thérèse Couderc rejoint la grande tradition ignatienne pour qui l’accès à Dieu passe par la médiation du réel, du plus concret, du monde. Le trouver et le voir dans le concret du monde.

 

 

 

 

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13 juin 2017 2 13 /06 /juin /2017 15:39
Bonté
Bonté
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4 juin 2017 7 04 /06 /juin /2017 21:18
La Trinité, à l'image d'un berger, d'une femme, d'un père: Lc 15/1-31

Quand nous nous situons devant Dieu, on n’est pas devant un solitaire mais devant une Communion d’amour.

Devant Dieu Trinité d’amour.

Dieu Volonté d’amour (et c’est le Père)

Dieu Parole d’amour (et c’est le Fils)

Dieu Acte d’amour (et c’est l’Esprit)

L’amour se communique et s’échange à l’intérieur de Dieu même.

Mais aussi à l’extérieur de Dieu même.

Car la Trinité est diffusive de soi.

Vers nous, pour nous, attentive à nous, se réjouissant de nos joies, remuée jusqu’aux entrailles par nos souffrances.

 

Contemplation d’une image

1-Regarder le personnage du milieu : notre humanité

Comment est-elle ?

Plusieurs lectures sont possibles qui se complètent : l’humain dans sa beauté sorti des mains de Dieu, l’humain créé à l’image de Dieu, l’humain blessé dont Dieu prend soin.

Mais de toute façon, l’humain tendrement aimé.

Me mettre à cette place : créé-e à l’image de Dieu, blessé, tendrement aimé-e

 

2-Regarder les 3 figures autour de lui

En haut, une flamme de feu orienté vers l’humain

A gauche un personnage à genoux devant l’humain et lui embrassant les pieds

A droite, un autre qui le prend par les épaules et l’embrasse sur le front.

Les regarder tous les 3 et me laisser toucher par ses 3 attitudes, sentir ces gestes pour moi.

 

Contemplation des images de Dieu l' Evangile de Luc 15/1-31: Dieu comme un berger, Dieu comme une femme, Dieu comme un père.

Evangile de Luc au chapitre 15 versets 1 à 31

1ère piste

Ces paraboles sont pour nous, mais pour cela, elles nous invitent à choisir notre camp :

Vais-je choisir le camp des pharisiens et des scribes qui murmurent leur opposition à Jésus. ?

Vais-je choisir de me mettre parmi les auditeurs « publicains et pécheurs » qui s’approchaient de lui pour l’entendre ?

 

2ème piste

Regardons Jésus qui fait bon accueil sans condition préalable : s’approcher et vouloir écouter suffit. Il prend un repas avec les publicains et les pécheurs. Dans la culture religieuse du temps de Jésus, le repas était un signe fort de solidarité et de communion. C’est cela qui scandalise les pharisiens.

Mais Jésus est venu pour cela, rendre possible un libre accès à Dieu pour tous ceux et celles qui sont exclu-es d’un système religieux, pour tous ceux et celles qui ont au cœur un vrai désir, qui sont en attente d’un changement en leur vie, et qui ont soif d’entendre une parole de délivrance, ouvert-es qu’ils et elles sont à l’inattendu de Dieu.

Regarder cela et le bon gout de cette bonne nouvelle.

 

3ème piste

Regarder le groupe des publicains et des pécheurs.

Le texte emploie deux verbes pour qualifier leur attitude : s’approcher et écouter.

Considérer ces deux attitudes. Elles nous invitent à 2 décisions :

-Une décision de se rendre proche de cet homme Jésus, le côtoyer, se laisser changer par lui

-Une décision d’écouter : on a là le verbe qui court le long de toute la Bible « Ecoute Israël »

Il s’agit donc de s’ouvrir à la parole d’un autre.

Entrons dans ces deux attitudes : s’approcher de Jésus dans la confiance et le désir de s’ouvrir à Sa Parole et surtout de demander une confiance et un désir plus grand que ceux que nous avons.

 

4ème piste :

Une brebis, une pièce, un fils.

Regarder les images que Jésus prend pour parler de nous : une brebis, une pièce d’argent, un fils. Des images qui chacune à leur manière disent une richesse, une valeur. Nous sommes précieux pour Dieu. : précieux-ses comme une brebis, précieux-ses comme une pièce d’argent, précieux-ses comme un-e enfant.

M’imprégner de ce regard de Dieu sur moi, laisser Dieu me regarder ainsi, pour qu’ainsi, je me découvre précieux-se à mes yeux.

 

5ème piste

Dieu à l’image d’un berger, d’une femme, d’un père.

Regarder les images que Jésus emploie pour parler de Dieu :

-Dieu comme un berger.

-Dieu comme une femme.

-Dieu comme un père.

C’est une image trinitaire de la miséricorde.

Qu’est-ce que cela ouvre en moi ?

 

6ème piste :

S’arrêter devant le trait commun de ces 3 paraboles :

Perdu / retrouvé

Dialoguer avec Dieu là- dessus : qu’est-ce qui dans ma vie est perdu et que Dieu cherche, recherche ?

 

7ème piste :

S’imprégner de la tonalité de joie de ces trois paraboles, la joie de Dieu.

 

8ème piste :

Regarder ce que Dieu fait :

Dieu comme un berger

Il courre jusqu'à ce qu’il retrouve la brebis. Il la met sur ses épaules Il rassemble amis et voisins et se réjouit

Dieu comme une femme :

Elle allume une lampe. Elle balaie la maison. Elle cherche avec soin jusqu’à ce qu’elle la trouve ; elle rassemble amis et voisins, et se réjouit.

Dieu comme un père :

Il confie son héritage. Il attend le retour de son fils. Il courre à sa rencontre. Il le couvrir de baisers. Il le revêt des plus beaux habits. Il festoie. Il sort à la rencontre de son fils ainé.

Regarder tous ce geste de Dieu vers nous. Le laisser faire : le laisser me rejoindre, le laisser me trouver, le laisser me mettre sur ses épaules, le laisser tout me donner, le laisser m’embrasser…

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4 juin 2017 7 04 /06 /juin /2017 21:01
La Trinité...une image

 

 

 

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8 mai 2017 1 08 /05 /mai /2017 22:23
Etre disciple du Christ et se dire catholique : pas forcément équivalent !

Des catholiques ont largement voté, ce dimanche, pour Marine Le Pen : à 38%, soit 4% de plus que la moyenne nationale, 29% pour les pratiquants réguliers. Au premier tour, 15% des pratiquants réguliers avaient porté leurs suffrages sur la candidate de l’extrême droite. Celle-ci obtient son meilleur score parmi les pratiquants occasionnels où elle atteint 46% des voix

Ce type de positionnement rejoint, aux USA, les 83 % des blancs évangélistes et plus de 50% des catholiques qui ont voté Trump.

On ne doit pas lire le même Évangile ! Que font-ils à la messe puisque, pratiquants, ils y vont tous les dimanches ? Comment entendent-ils les lectures de la Bible ? Que célèbrent-ils dans l’Eucharistie ? De qui sont-ils disciples ?

Il faut remonter même au tout début du christianisme pour répondre à ces questions. Pierre, à la Pentecôte a prêché un Evangile de salut : « faites-vous baptisés et vous serez sauvé » (Ac 2/40). Salut comme vie après la mort et non comme changement de manière de vivre entre nous. On avait déjà, en germe, une religion sans incidence sur la manière de vivre en société et n'informant pas le réel des relations humaines dans le sens de l'amour, de la justice, du partage.

Ensuite dans le cours de l’histoire, la dérive n’a fait que s’accentuer : dérive d’une religion personnelle de salut comme vie éternelle après la mort ; dérive de la chrétienté où la foi chrétienne devenait religion d’état ; dérive d’une religion sociologique où la foi n’était plus un acte libre mais un conformisme social et une obligation ; dérive d’avoir bradé la liberté évangélique pour les femmes pour se conformer aux habitudes patriarcales des sociétés ; dérive de la justification des pouvoirs en place par une conception de Dieu, monarque tout puissant; dérive de la justification de tous les conservatismes par une conception fixiste du monde et de l’humain ; dérive de la priorité d’un croire formel au lieu de privilégier un agir animé par l’Esprit ; dérive d’avoir concentré toute la foi sur l’identité de Jésus et d’oublier la nouveauté de son agir, le Royaume qu’il a inauguré et qu’il nous revient de bâtir.

Oui, on peut être catholiques pratiquants et voter FN si on n’a pas été saisi par la nouveauté évangélique, la révolution humaine, spirituelle et politique que Jésus apporte.

Vous connaissez des catholiques pratiquants qui ont voté Le Pen ? Un livre pourra peut-être ouvrir un chemin qui montre que l’attachement à Jésus rend impossible une adhésion aux thèses frontistes : José Antonio Pagola, Jésus, approche historique, Ed du Cerf. Ils y découvriront la nouveauté évangélique : Jésus passionné pour un Royaume à bâtir dès maintenant, défenseur des exclus, libérateur des femmes, dangereux pour les puissants. Sauront- ils écouter ? Jésus a été rejeté par ceux pour qui sa vie, son action, sa parole étaient dangereuses et mettaient en danger les positions acquises, les pouvoirs. Il ne peut pas être mieux écouté aujourd’hui !

La nouveauté de Jésus est encore à venir !

Mais elle a toujours été vivante chez des gens chrétiens ou pas, par des inconnus de l’histoire.

Elle l'est, encore aujourd’hui, vivante, chez beaucoup de gens qui ne feront jamais la « une » des journaux, comme par exemple tous les gens qui cherchent des alternatives pour mieux vivre ensemble.

La nouveauté de Jésus...une vraie conversion personnelle et collective.

 

 

 

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24 avril 2017 1 24 /04 /avril /2017 16:44
Repenser la question de la Création en christianisme

"Je crois en Dieu créateur"  disons-nous  à chaque fois que nous récitons le Credo.

Mais que « pensons-nous » en disant cela ?

Quelle représentation nous faisons-nous de cette création ?

Comment Dieu crée-t-il ?

 

Il n’est plus possible de nous représenter cette création telle qu’elle est décrite dans les deux récits de création : 7 jours pour le premier récit et un humain tiré de la glaise pour le second. Car nous comprenons maintenant que la vérité de ces textes ne relève pas de l’ordre du comment mais du pourquoi. Pourquoi y a-t-il de l’être plutôt que rien ? (Leibniz) Ces textes répondent à cette question en disant qu’à la source de l’être il y a une décision de Dieu, que ce qui est créé à sa source en Dieu, que c’est bon, et que c’est une création dont nous sommes responsables.

 

Cependant les réponses du comment tels que les sciences nous les présentent interrogent la foi. Comment Dieu est créateur dans ce long processus qui a débuter il y a 15 milliards d’année ?

Big bang, constitution des galaxies, notre système solaire qui se constitue, une histoire chaotique de la terre, surgissement de la vie, évolution des espèces, émergence lente de l’humain jusqu’à l’homo sapiens que nous sommes.

Le défi qui est posé au judéo-christianisme est de penser Dieu créateur au cœur même de ce modèle.

Comment est-il créateur dans ce processus ?

 

C’est à cette question qu’il nous faut nous atteler. Ceci en s’aidant du théologien Adolphe Gesché dans son livre Dieu pour penser le Cosmos.

Dans un chapitre de ce livre, il pose la question : Dieu est-il horloger ?

Sa réponse est négative. Car le monde n’est pas une horloge, une mécanique bien réglée auquel rien ne peut être changé. Et Dieu n’est pas un mécanicien qui a réglé la machine.

Voilà comment il pose la question :

« Si, comme on le voit aujourd’hui, le cosmos n’est pas une horloge ; si le monde invente pour une part, les structures de son processus ; si l’homme, par son geste co-créateur, a droit et devoir d’une liberté inventive, qu’en est-il encore de Dieu ? »

 

Et voilà comment en résumé, il répond.

Créer ce n’est pas fabriquer des choses toutes faite, des choses complètement déterminées, ce n’est pas modeler ce n’est pas faire une copie toute faite.

Créer, c’est ouvrir un espace d’autonomie avec des processus d’autorégulation et d’invention

Dieu est celui qui fait que les choses se font comme elles se font mais rigoureusement, il ne les fait pas, il ne les fabrique pas. Il les provoque au devenir, il leur donne ordre d’avenir.

Dieu a créé un cosmos comme espace de possibilités internes et de liberté inventive et non une dictée à laquelle il n’y aurait rien à changer.

Il a créé un processus, des virtualités, un monde comme un champ ouvert.

Il est vrai créateur car créateur de création.

Il n’est pas horloger, géomètre, auteur d’une mécanique, il ne dicte rien mais il est créateur posant ce qui rend possible un cosmos qui se fera comme il se fera, en lui donnant de se faire comme il se fera

Il est créateur d’un monde qui s’invente, une part créatrice voulu par le créateur. Cela se crée, et ce n’est pas fabriqué.

Cela permet de comprendre la symbolique du repos du 7ème jour de la Gn. Ce 7ème jour n’est pas la fin de la création c’est son ouverture à une aventure à continuer d’inventer : cosmos créatif, un monde en genèse, en devenir, un monde de complexité innovantes et pas un scénario tout fait

En pensant ainsi on réconcilie foi judéo-chrétienne en un Dieu créateur et la réalité du monde telle que la science nous la découvre

On réconcilie aussi Dieu avec la liberté humaine

« L'idée de création implique que la liberté est vue comme un don. Ce qui signifie, cette fois, que l'homme est appelé à l'invention, à la créativité…L'homme n'est pas simplement créé, il est créé créateur. L'idée de création atteint toute sa signification dans l'homme. La liberté y devient créatrice. L'homme n'a pas devant lui un destin tout tracé, fût-ce par Dieu, et dont il ne serait que le scribe calquant sous dictée un texte divin. Parler de l'homme créé créateur, c'est dire que la liberté lui a été donnée d'inventer du nouveau, de l'inconnu, voire de l’inouï ; de faire de sa vie l'éclosion et l'invention de choses nouvelles, remises et confiées à ses choix et à ses initiatives. Le don n'implique pas, lui non plus, une statique, mais une dynamique. La liberté prend ici les contours d'une invention de notre être. » ( Adolphe Gesché)

 

Dieu n’est donc pas la négation ou l’écrasement de l’humain mais sa preuve et son attestation. Il autorise l’humain à s’inviter lui-même, à sans cesse se dépasser avec l’infini comme horizon.

*La liberté n’est pas arrachée à Dieu, elle est originelle par essence parce que nous sommes libres à l’image de Dieu qui est libre. La liberté est un DON de Dieu.

*La liberté est vocation, de l’ordre de l’existence à faire dans l’histoire, une tache à réaliser. Les Pères de l’Eglise, commentant la phrase de la genèse : créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, disent que l’Image est un don et que la ressemblance est à réaliser.

 

Cette pensée de Gesché m’a ouverte à la réflexion ci-dessous :

Pour pouvoir vivre vraiment de cette liberté, il est donc bon que nous nous libérions de conceptions qui sont cause d’athéisme en nous et chez les autres.

 

Se libérer donc de l’idée que Dieu aurait créé un monde tout fait. Pour employer une comparaison de couture : un monde prêt à porter. Il n’y aurait qu’à enfiler ce vêtement auquel on ne pourrait rien changer. Cette image dit un ordre des choses décidé par Dieu. Un monde tout fait où il n’y aurait rien à changer, rien à créer, auquel il ne manquerait rien.

Donc dans ce cas l’action humaine serait simplement de conserver les choses en leur état. La réponse de l’humain serait de rien abimé de ce qui serait sorti des mains de Dieu.

La liberté consisterait à pouvoir dire oui ou non à un ordre établi par Dieu, être obéissance à cet ordre dans le oui, et désobéissance, révolte et péché dans le non.

Cette conception nous habite et il est nécessaire d’en voir toutes les conséquences.

 

*La première conséquence, c’est que ce monde dans ce modèle, en soi a peu d’intérêt puisque rien ne lui manque, qu’il n’y a rien à y faire de décisif qui lui manquerait, il est seulement le lieu d’une épreuve, le lieu où l’on fait ses « preuves » de l’obéissance ou de la désobéissance.

*La deuxième conséquence c’est l’idée de Dieu que cela justifie. Un Dieu qui imposerais son modèle à l’exclusion de tout autre. C’est lui qui l’a fait ainsi. C’est un modèle où Dieu impose. Image d’un pouvoir absolu. Image de Dieu comme monarque absolu.

*la troisième conséquence permet de justifier tous les conservatismes. Les choses de ce monde n’ont pas à être changées parce qu’elles sont telles que Dieu les a créés. Cela permet de justifier les instances de pouvoir. De même que Dieu impose un ordre des choses, il est normal que certains l’imposent aux autres. Ainsi nous nous faisons une idée de Dieu conforme à ce qui se passe dans nos sociétés ou certains dominent les autres, où certains sont supérieurs aux autres.

Le fait que Dieu soit aussi celui qui impose son modèle, justifie que qu’il en soit ainsi dans les relations humaines. Le ciel justifie la terre et la terre est à l’image du ciel. Nous projetons sur Dieu, le style de relations aliénés que nous vivons entre nous. « Les relations sociales basés sur la domination existant entre nous ont servi d’exemple pour concevoir la relation entre les humains et Dieu » Berdiaeff ,De l’esclavage à la liberté p 91

Cette conception du monde et de Dieu sont solidaires. Dans ce modèle, le péché va s’appelé révolte, désobéissance, refus.

Et ce modèle est pour moi une des raisons de l’athéisme.

 

Pour pouvoir vivre vraiment de cette liberté, il est donc bon d’accueillir un autre modèle qui dit une autre image de Dieu, de l’humain et de la liberté :

Dieu n’a pas créé un monde tout fait mais un monde à faire. Pour continuer la comparaison de la couture : ce n’est pas un monde prêt à porter. Ce sont des vêtements à confectionner nous-mêmes. Dieu nous offre ce qu’il faut pour coudre mais c’est à nous d’être créatif, d’inventer des formes, des couleurs à l’infini. Ce monde n’est pas tout fait, il est à faire. Et si nous ne le faisons pas il y manquera ce que nous nous seuls pouvons faire, pouvons y apporter. Il ne s’agit pas de conserver un monde préétabli mais de bâtir un monde neuf. La liberté ici est liberté de création où chacun doit inventer son chemin. Dans ce modèle, la liberté peut produire de l’inédit qui ajoute quelque chose d’original, quelque chose qui manque. C’est une liberté créatrice où tout humain doit inventer son chemin.

Les conséquences sont l’inverse

*La première conséquence, c’est que ce monde à faire acquiert un intérêt fondamental. Sa création est remise à notre responsabilité. Il lui manque ce que nous arriverons à créer et qui ne serait pas sans nous. Ce que nous y ferons acquièrt une dimension de décisif. Il est lieu de créativité. La liberté n’est pas une épreuve, elle est condition de création.

*La deuxième conséquence c’est l’idée de Dieu que cela révèle. Un Dieu qui nous fait co-créateur. Il n’impose pas un modèle. Il ouvre des possibles confiés à notre créativité. Il n’est pas le Dieu qui impose et s’impose, qui dirige. Il crée comme la mer, les continents, en se retirant. Il n’est pas à l ‘image d’un pouvoir absolu mais son autorité est de celle qui autorise à vivre à plein. Va vers toi-même dira-t-il à Abraham.

*la troisième conséquence permet de libérer l’initiative pour tous et toutes. Les choses de ce monde n’ont pas à rester telle quelle, elles peuvent et doivent être changées. Le pouvoir est rendu à chacun. Les instances de pouvoir sont légitimes non en soi mais dans la mesure où elles sont au service du progrès, de l’humanisation de toutes et de tous. Ainsi cette autre idée de Dieu conteste ce qui se passe dans nos sociétés où certains dominent les autres, où certains sont supérieurs aux autres. Le fait que Dieu ne soit pas celui qui impose son modèle, justifie la recherche de relations humaines basées sur la fraternité et l’égalité, la recherche de relations non aliénés. Dans ce modèle, le péché va prendre une toute autre tonalité. Il va être plus de l’ordre de l’omission, du désintérêt des choses de ce monde, du non engagement à bâtir ce monde, de tout pouvoir dans la mesure où il empêche l’autre d’exister et d’inventer sa vie librement. Il va se découvrir en se demandant ce qui fait obstacle aux relations fraternelles, faites de respect et d’égalité. La conversion va se comprendre comme conversion à une autre image de Dieu. Avoir entendu Dieu nous dire : « Va vers toi-même », avoir vraiment entendu cette parole va libérer notre cœur pour pouvoir dire et être pour les autres ce que Dieu fait pour nous. Donc se détourner de ce qui justifie l’injustice, le conservatisme, la domination, l’aliénation et accueillir ce qui nous stimule à bâtir des relations libérantes pour nous et pour les autres.

 

Quel choix faisons-nous ? Lequel de ces 2 modèles informe nos vies ?

 

 

 

 

 

 

 

 

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