La paroisse qui publie la photo sur son site, s'est reconnue et à demander son retrait au nom du droit à l'image. Mais, malheureusement, ce n'est pas en enlevant une photo qu'on fera disparître cette pratique indigne.
Depuis quelques temps, dans certaines paroisses de France, se répand une pratique qui n’est pas tolérable et qui ne se justifie en aucune manière.
Dans ces paroisses, non seulement les filles ne peuvent pas être « servants d’autel », mission que ces paroisses réserve aux garçons, mais on leur assigne à être "servantes de l’Assemblée".
Elles ont un fichu sur la tête ou sur les épaules ou encore une cape blanche ou pire d’une autre couleur (mais en aucun cas l’aube des garçons qui pourtant est le vêtement du baptême !).
Elles se placent à la porte de l’église et distribuent la feuille de chant. Dans le meilleur des cas elles apportent les oblats au moment de l’offertoire.
Ce type de pratique est une violence faite aux femmes. Bien sûr, il y a des violences plus graves comme le fait que 3 femmes perdent la vie chaque semaine en France, tuées par leur conjoint. Mais il n’en demeure pas moins qu’une violence est une violence et que les petites sont le terreau des grandes.
La pratique des servantes de l’assemblée est une violence symbolique. En effet elle assigne des rôles sexuées ( genrées) qui induisent que le masculin est en proximité avec le sacrement : l’autel, le prêtre, les objets du culte ( calice et patène que les servants apportent à l’autel, lavabo, linges d’autel). Les servants portent la croix pendant la procession, ils peuvent encenser le prêtre et l’assemblée, ils se tiennent de part et d’autre du prêtre pendant la lecture de l’Evangile...
Si ce ne sont que des garçons qui le font, cela montre que le féminin n’est pas admis à cette proximité.
C’est une violence symbolique car les garçons vont, de fait, concevoir leur sexe comme la raison de cette proximité qu’on leur permet de vivre et concevoir le sexe féminin comme non capable de cette proximité ou non admis à cette proximité. Et les filles vont intérioriser cette exclusion en concevant leur sexe comme la raison de cet éloignement. Garçons et filles, baptisé-es mais les filles moins que les garçons !
Les mettre servantes de l’assemblée se révèlent être une violence symbolique supplémentaire car, en leur donnant malgré tout quelque chose à faire, cela entérine définitivement leur exclusion de la proximité avec l’autel.
L’exclusion des filles du service de l’autel et cette innovation des servantes de l’assemblé sont d’autant plus étonnantes que le pape Benoit XVI en août 2010, en recevant à Rome 50 000 servants d’autel du monde entier, filles et garçons, leur a adressé ce message :
« Chers servants et servantes d’autel…Chaque fois que vous vous approchez de l'autel, vous avez la chance d'assister au grand geste d'amour de Dieu, qui continue à vouloir se donner à chacun de nous, à être proche de nous, à nous aider, à nous donner la force pour vivre bien. Avec la consécration - vous le savez- ce petit morceau de pain devient Corps du Christ, ce vin devient Sang du Christ. Vous avez la chance de pouvoir vivre de près cet indicible mystère! »
Il est intéressant de pointer le sens de ce service de l‘autel tel que Benoît XVI le dégageait. Il s’agit pour le Pape de permettre, par ce service, à ces filles et ces garçons « d’être proches du Seigneur et de croître dans une amitié vraie et profonde avec Lui ».
En approchant de l’autel ils et elles ont ainsi la chance d’assister au grand geste d’amour de Dieu, de « pouvoir vivre de près cet indicible mystère. »
La conclusion qu’on peut tirer de ces paroles fortes de Benoît XVI, c’est que, priver les filles de ce service, c’est donc les priver de cette proximité du Christ, les empêcher d’être proche de lui, de croitre en amitié avec lui, de vivre de près le mystère. Cette exclusion n’est pas d’après lui légitime puisqu’il a bien pris soin tout au long de son discours de s’adresser aux filles comme aux garçons.1
Ainsi, après la violence symbolique, il s’agit ici de violence spirituelle, on prive les filles de cette proximité avec le Christ, si on les empêche d’être proche de lui, de croitre en amitié avec lui, pour reprendre les paroles de Benoît XVI, quand on les exclut de ce service.
Ce discours du Pape aux servantes et servants d’autel a été relayé de manière très positive par l’Osservatore Romano. En précisant que le beau mot latin ministrare (servir) se conjugue maintenant au féminin puisque il est ouvert à présent sans distinction aux enfants, filles et garçons2 .
De plus dans son édition du 15 août 2010, le journal se félicite de la présence de filles servantes d’autel en déclarant que « cette autorisation a mis fin à une forme d’inégalité au sein de l’Eglise et a permis aux filles de vivre de près la force du sacrement de l’Eucharistie. »
Pour l’Osservatore Romano « l’exclusion des filles, simplement parce qu’elles étaient des femmes, était un lourd fardeau et constituait une profonde inégalité au sein de l’éducation
chrétienne. »
Le texte est au passé. Malheureusement, dans les faits en de nombreuses paroisses en France,( cf la photo), c’est toujours au présent et on peut dire que l’exclusion des filles est une inégalité qui demeure et elle est toujours un lourd fardeau !
1 Audience générale de Benoit XVI : St Tarcisius 10.08.10
2 Observatore Romano du 15 aout article de Gian Maria Vian