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10 mars 2016 4 10 /03 /mars /2016 20:52
Homélie de Sr Michèle, 5ème dim. de Carême: femme libérée

Dans l'évangile de Jean au chapitre 8 verset 1 à 11

Quant à Jésus, il alla au mont des Oliviers. Mais, dès l'aurore, de nouveau il fut là dans le Temple, et tout le peuple venait à lui, et s'étant assis il les enseignait. Or les scribes et les Pharisiens amènent une femme surprise en adultère et, la plaçant au milieu, ils disent à Jésus : "Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d'adultère. Or dans la Loi Moïse nous a prescrit de lapider ces femmes-là. Toi donc, que dis-tu ?" Ils disaient cela pour le mettre à l'épreuve, afin d'avoir matière à l'accuser. Mais Jésus, se baissant, se mit à écrire avec son doigt sur le sol. Comme ils persistaient à l'interroger, il se redressa et leur dit : "Que celui d'entre vous qui est sans péché lui jette le premier une pierre !" Et se baissant de nouveau, il écrivait sur le sol.

Mais eux, entendant cela, s'en allèrent un à un, à commencer par les plus vieux ; et il fut laissé seul, avec la femme toujours là au milieu. Alors, se redressant, Jésus lui dit : "Femme, où sont-ils ? Personne ne t'a condamnée ?" Elle dit : "Personne, Seigneur." Alors Jésus dit : "Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, désormais ne pèche plus."

 

Pour mieux comprendre ce récit, il est bon de commencer en amont, à partir du chapitre 7 verset 37 : « Celui qui a soif, qu’il vienne à moi. L’Ecriture l’a dit : des fleuves d’eau vive jailliront de son cœur » Quel est ce fleuve ? La miséricorde inouïe de Dieu. Ensuite au verset 43, on nous dit qu’on veut l’arrêter. Les soldats venus pour le faire y renoncent car disent-ils personne n’a parlé comme cet homme. Nicodème prend sa défense en disant qu’on ne peut condamner quelqu’un sans l’entendre. En fait, le premier accusé, c’est Jésus, et à travers l’accusation de cette femme, c’est lui qu’on veut tuer. Lui et elle sont en danger de mort.

Cette femme, grâce à Jésus aura la vie sauve et Jésus mourra sur une croix. En disant cela je ne veux pas dire qu’il y a substitution. Non mais dire que c’est son attitude de liberté, sa prétention à la miséricorde, qui suscite l’opposition et qui va le conduire à la mort : en sauvant cette femme, il s’expose encore plus à l’hostilité de la haine qui se cache sous le zèle.

Regardons cette scène du côté de cette femme

Que s’est- il passé pour elle?

Elle aurait dû mourir, elle est vivante.

Elle aurait dû être condamnée, elle est graciée.

Elle était prisonnière, elle est libre.

Au lieu de la prison, de la condamnation et de la mort, elle a reçu la grâce, la liberté et la vie. Jésus l’a sauvée de la mort.

Essayons d’imaginer la chape de plomb qui pesait sur elle et l’immense délivrance qu’elle a vécue. Imaginer son soulagement, elle a vu la mort de près. Après l’angoisse, elle se retrouve vivante, libre et pardonnée. Elle est sauvée mais encore plus, elle sait qui l’a sauvée !

Ce qu’elle a vécu a dû enraciner en elle, un amour immense, une reconnaissance infinie pour celui qui l’avait sauvée de la mort.

Cette femme c’est chacun de nous. Cette femme est la figure de l’humanité tout entière.

Jésus est venu pour nous réaliser l’éternel projet de salut de notre Dieu : guérir nos intelligences et nos volontés blessées. Il est venu pour révéler le vrai visage de Dieu : Dieu de miséricorde. Dieu lui-même qui continue de croire en nous, Dieu lui-même qui continue de nous espérer, Dieu lui-même qui ne cesse pas de nous aimer.

Ecoutons ce silence de Jésus. Le silence de Jésus permet à chacun de s’interroger. Jésus ne se laisse pas prendre au piège. Se sortir de ce piège est divin. Il répond par le silence et par une parole qui fait confiance à la capacité des accusateurs à se reconnaître pécheurs !

Ecoutons sa parole qui renvoie chacun à lui-même. On comprend mieux alors que tous s’en vont l’un après l’autre.

Prenons conscience de la pédagogie de Dieu : aucune parole d’accusation pour personne, une attitude qui permet à chacun de faire un travail de vérité qui libère.

Au début Jésus nous dit qu’il peut étancher toute soif et à la fin il nous dit qu’il est la lumière du monde, que celui qui le suit aura la lumière de la vie. Il faut aller jusqu’à ce verset 12 pour entrer dans l’intelligence de l’épisode de la femme adultère. Lui seul peut étancher notre soif de pardon et lui seul peut éclairer notre vie, nous faire passer des ténèbres à la lumière.

Offrons-nous à cette lumière pour qu’il vienne guérir ce qui a besoin d’être guéri en nous, convertir ce qui a besoin d’être converti.

Demandons l’eau que lui seul peut nous donner, la source qui jaillit de son cœur transpercé, l’eau vive de sa miséricorde.

Dans certains pays, la lapidation fait encore son œuvre de mort et des femmes meurent sous les pierres. Violences d’hommes murés dans leur sexisme et leur obscurantisme.

Malheureusement pour elles, il n’y a pas une voix qui leur dit : « Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre ». Il n'y a pas de voix qui les libèrent et les sauvent.

 

 

 

 

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commentaires

L
Le propos qui suit est iconoclaste; beaucoup sans doute le rejetteront et peut-être avec colère, indignation, ou d'un simple haussement d'épaules.le tenant pour nul et non avenu, voire le produit d'une coupable ignorance des choses de la foi. Persistant et signant, je le livre néanmoins convaincu que la démarche spirituelle n'a de valeur et de sens que si elle est de libre parcours : ne nous resterait-il des Evangiles, après quelque catastrophe planétaire, de toute la somme des Evangiles, que le Prologue de Jean et le péricope de la Femme adultère - heureusement désignée ici comme la Femme libérée -, rien ne serait perdu de la signification de l'épisode messianique et du franchissement que celui-ci constitue dans l'histoire de la Promesse. Rien n'en serait retiré ne serait-ce- qu'en raison de l'immensité du champ d'interprétations - d'interrogations et d'exploration - que respectivement l'un et l'autre nous offrent dès lors qu'est entrepris un cheminement dans l’intelligence du croire. Didier LEVY
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