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1 novembre 2016 2 01 /11 /novembre /2016 23:17
La société patriarcale du temps de Jésus : un oubli des commentaires de Luc 20,27-38 évangile du 32ème dimanche du TO année C

Ce passage relate une controverse entre le parti de sadducéens et pharisiens au sujet de la résurrection. Les premiers le niant, les seconds y croyant. Les sadducéens raconte à Jésus l’histoire d’une femme ayant eu 7 maris et lui demandant, pour tourner en ridicule la résurrection : « De qui sera-t-elle l’épouse, puisque les sept l’ont eu pour femme ? »

Ce passage montre à l’envie la société patriarcale dans lequel Jésus a vécu et dont il a transgressé les codes  par ses paroles, ses actes, et son simple vécu quotidien.

Société patriarcale car, à l’exemple de se passage, ce sont toujours des hommes qui sont en situation de discussion, de controverse, de pouvoir : Ils n’y a pas de sadducéennes et de pharisiennes !

Société patriarcale car leur récit repose sur une loi, celle du lévirat Dt 24,5-10 («  un homme devait épouser sa belle-sœur en cas de mort de son frère pour assurer une descendance à celui-ci" 1 )

Ce qui est visé dans cette loi c’est la descendance masculine, c’est le souci qu’un homme ait une descendance : « qu’il épouse la veuve pour donner une descendance à son frère » (verset v28)

Mais il n’y a pas de réciprocité. Il n’y a pas de loi de lévirat au féminin ! Nulle préoccupation d’assurer une descendance à une femme.

Il y a trace ici de l’appropriation masculine de la fécondité des femmes. Faute de ne pouvoir enfanter, il  faut s’approprier les enfants (les fils de préférence !) qui viennent des femmes.

La traduction de la Bible de Jérusalem mets bien en évidence cette appropriation par le vocabulaire employé : « prenne la femme » v28 ; « ayant pris femme » v 29 ; « prirent la femme » v 31 ; les sept l’auront eu pour femme » v 33. La femme relève de l’avoir.

Pour sentir à contrario le caractère patriarcal de cette situation, on peut écrire cette loi du lévirat au féminin: Si quelqu’un a une sœur mariée qui meurt, que sans avoir d’enfant, que sa sœur prenne l’homme et suscite une postérité à sa sœur. Il y avait donc 7 sœurs. La première ayant pris homme, mourut sans enfant. La seconde aussi, puis la troisième prit l’homme ; Et les sept moururent de même sans laisser d’enfant après eux. Finalement l’homme mourût aussi ; et bien cet homme, à la résurrection de laquelle d’entre elles va-t-il devenir l’homme, puisque les sept l’auront eu pour homme ?

La réponse de Jésus va faire voler en éclat le caractère de possession contenu dans ce type de pensée. Hommes et femmes sont déclaré-es héritier-es de la résurrection. Ils et elles sont vivants en Dieu. Et le mode de relation doit rejaillir sur le vécu terrestre et contester ce vécu terrestre qui est sous le mode de la possession.

Tous les commentaires font de  ce texte, fort justement, une prise de position sur la résurrection mais peu ou pas, pointent le caractère patriarcal de l’histoire initiale des 7 frères. Et donc édulcore la révolution de Jésus.

1-C.FOCANT et D.MARGUERAT, Le nouveau Testament commenté, Bayard et Labor et Fides 2012 Page 371

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