Voilà bien un texte qui est une bonne nouvelle. Une bonne nouvelle pour nous. Pour vous, pour moi, pour chacun d’entre nous. Une bonne nouvelle à partager à celles et ceux qui ne la connaissent pas ! Mais c’est quoi, cette nouvelle qui est bonne ?
Elle est bonne parce qu’elle nous libère. Alors, d’abord, voyons de quoi elle nous libère.
Au début du texte nous sommes en pleine ténèbre. Celle où est plongé un aveugle de naissance. Et Jésus va libérer cet homme de sa cécité. Oui, mais il y a une ténébre pire que la cécité, c’est celle des disciples. En effet, par la question qu’ils posent : « si cet homme est aveugle, c’est qu’il est pécheur ou que ses parents le sont » on se rend compte qu’ils qui sont plongés dans les ténèbres d’une religion qui explique la maladie par une faute commise. Combien on a besoin d’être libéré de cela, encore aujourd’hui !
Ne dit-on pas quand il nous arrive une épreuve : « qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu pour qu’il m’arrive çà ! » Et derrière cette explication se cache une ténèbre encore plus ténébreuse, celle qui nous fait imaginer un dieu qui punirait les fautes en envoyant des maladies. Quelle ténèbre ! Et aujourd’hui encore, ces fausses images de Dieu peuvent être en nous. Alors Jésus viens d’abord de nous libérer de cela. Il le fait par une parole forte : « Ni lui n’a péché, ni ses parents » Parole forte qui fait passer de la nuit au jour, de la ténèbre à la lumière, qui nous fait quitter nos fausses images de Dieu.
Encore faut-il que nous acceptions de les quitter pour nous ouvrir à un Dieu fondamentalement bon et que ne veut que du bon pour nous.
Mais le pire du pire, si c’est possible, est la ténèbre de la religion des pharisiens. Cette impossibilité qu’ils ont à sortir d’un système légaliste : selon eux une guérison faite le jour du sabbat ne peut pas venir de Dieu, celui qui l’accomplit ne peut être qu’un pécheur. C’est la ténèbre de l’exclusion de tous ceux qui ne rentrent pas dans leur système. C’est l’impossibilité à s’ouvrir à la nouveauté d’une parole, à l’inattendu d’une action. La culpabilisation qui enferme les gens dans la fatalité.
Et nous sommes forcés de constater que devant ce type de ténèbres, Jésus lui même n’a rien pu faire.
La révolution spirituelle de Jésus, la libération qu’il apporte ne peut rejoindre des gens murés dans leur certitude, les privilèges que cela leur donne et pour certains le « fonds de commerce « que cela procure.
En contre-point, l’itinéraire de l’aveugle nous fait parcourir un chemin de lumière en lumière. Un cheminement d’une étonnante vérité. Il nous est donné de voir un homme vrai qui reste au plus près de son expérience, ni plus, ni moins. Il nous est donné de voir la progression dans une confession de foi. Car nous le savons d’expérience, la foi est un chemin et c’est autant le chemin que le but qui est important.
Sa première confession de foi est d’abord sans parole. Elle est d’abord de se laisser faire par un homme qu’il ne connait pas. Il se laisse enduire de boue les yeux et il écoute la parole qui lui dit d’aller se laver dans la piscine de Siloé.
Pour nous également, notre confession de foi, c’est d’être en confiance vis-à-vis de Jésus, d’écouter sa parole, c’est de témoigner de lui par notre vie et nos actes.
Nous sommes envoyés pour cela, être apôtre de cela.
Sa deuxième confession de foi, c’est tout simplement la confession de lui-même : « c’est moi » dit-il et il va être fidèle jusqu’au bout en répétant plusieurs fois dans le texte les événements qui lui sont arrivés dans l’exactitude de leur déroulement. Confession de foi sous forme de récit : « voilà ce que j’ai vécu, voilà ce que cela a transformé dans ma vie ». Et quand on lui demande des choses qu’il ne sait pas, il dit : « je ne sais pas ».
Pour nous également, notre confession de foi, c’est de partager tout simplement en quoi la rencontre avec le Christ change quelque chose dans notre vie. Et c’est cela que nos contemporains ont besoin pour être touché par l’Evangile.
Nous sommes envoyés pour cela, être apôtre de cela.
Confronté aux pharisiens, il va faire un pas de plus dans la compréhension de ce qui lui arrive et c’est sa 3ème confession de foi : « C’est un prophète ». Cette confession de foi il va la tenir contre l’opposition des pharisiens avec le simple bon sens qui comprend que seul celui qui vient de Dieu peut guérir un aveugle. Mais il va la payer au prix fort, celui d’être traité de pécheur-né et jeter dehors.
Pour nous également, notre confession de foi peut passer par l’épreuve de l’incompréhension, de l’opposition. Témoigner d’un Evangile qui libère bouscule trop les conformismes et les privilèges.
Nous sommes envoyés pour cela, être apôtre de cela.
Pendant tout ce temps, Jésus semble absent. Jésus ne réapparaît qu’à la fin et on a l’impression que Jésus l’a laissé seul témoigner et combattre. C’est peut-être le sentiment que l’on a quelque fois au cœur de nos combats. Mais n’est-ce pas preuve de respect pour nous, de foi en notre capacité de vérité et de justice ? N’est-ce pas foi en l’Esprit qui nous habite et nous habilite au témoignage ?
En tout cas, Jésus est là pour l’accueillir quand il est jeté dehors, exclu.
Devant Jésus, cet homme va garder cette même authenticité dont il a fait preuve depuis le début. Il ne sait pas qui est le fils de l’homme dont lui parle Jésus donc pas de raison d’y croire ! « Qui est-il pour que je croie en lui ?» Réponse étonnante ! Et oui, pour croire, il faut des raisons ! Jésus va lui en donner.
Le fils de l’homme, c’est celui qui t’a guéri, qui t’a donner capacité à le voir et c’est lui qui te parle.
Alors seulement peut jaillir sa 4ème confession de foi : « Je crois ». Nous sommes ici dans la lumière. Lumière qu’est Jésus lui-même, lumière d’un monde qui sort de l’exclusion, du mépris, de la fatalité. Lumière du royaume de Jésus à construire avec lui.
Nous sommes envoyés pour cela, être apôtre de cela par le simple fait de notre baptême.