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14 avril 2017 5 14 /04 /avril /2017 17:59
Vendredi Saint: La croix du Christ, jugement contre toute injustice.

Avec la mort du Christ, nous pouvons atteindre les sommets des fausses images de Dieu. Quel est ce Dieu, ce Père, qui aurait besoin de la mort de son Fils pour nous pardonner ? De cette mort pour réparer l’offense ?

« Un Dieu d’amour n’est pas compatible avec un être qui peut être offensé au point de devoir sacrifier son Fils pour rester en paix avec soi-même et se réconcilier avec l’offenseur » (Juan Louis Segundo, sj ).

Alors comment parler de la passion pour que ce soit la bonne nouvelle d’un amour qui va jusqu’au bout ?

En s’incarnant, Dieu est passé par la mort comme chacun de nous. Dieu est donc passible (susceptible de souffrir) et non pas impassible. Il se fait proche jusqu’au bout de ce qui fait nos vies, jusqu’à l’extrême de nos vies qu’est la mort. Rien de ce qui fait nos vies, la naissance et la mort ne lui sont étrangers. Il est le Dieu d’infinie proximité, sans tricher. Dieu avec nous, jusqu’au bout. Par la croix, Dieu souffre. S’il n’était pas ce Dieu là, Dieu resterait distant, froid, silencieux. « Si Dieu était incapable de souffrir, il serait aussi incapable d’aimer. Dieu souffre par son amour qui est la surabondance de son être » (Jurgen Moltmann).

Jésus, par sa vie et sa mort, donne accès à ce Dieu là. Cela permet de mettre en question la doctrine de la toute puissance de Dieu. Cette doctrine n’est plus crédible pour l’homme d’aujourd’hui. La toute puissance que Dieu possède et manifeste dans le Christ est la toute puissance de l’amour souffrant.

De plus la mort du Christ sur la croix est violente et injuste. Le Dieu crucifié est jugement contre toute injustice. Dieu victime de l’injustice, est dénonciation de toute injustice. La mort du Christ est communion avec celles et ceux qui sont dans la nuit.

Le Christ est là avec nous, non seulement un jour du temps quand il a hurlé de douleur sur la croix, mais aussi de tout temps. Il crie sa douleur pour tout ce qui dans ce monde pourtant si beau, est défiguré par l’injustice et par l’absurde. Il est là avec nous, sans mots, mais il est là. Il nous prend la main, il nous prend dans ses bras pour que, de la douleur, puisse naître peu à peu une détermination, une force pour combattre, une force pour vivre et faire vivre.

Arrêtons donc de dire que la mort du Christ sur la croix est la volonté de Dieu comme condition de pardon ! La miséricorde qui est Dieu n’a besoin d’aucune souffrance ni d’aucune croix pour être remuée aux entrailles devant nos égarements.

« Ayant aimé les siens, il les aima jusqu’à l’extrême ». Voilà la raison de la croix : un amour en excès. Une fidélité de Dieu qui va jusqu’au bout. Il va jusqu’au bout de la non-violence et ne répond pas à la violence par la violence. Il fait jusqu’au bout ce qu’il a toujours dit et fait. Reculer devant la croix, cela aurait décrédibilisé tout l’Evangile.

Au pire de la souffrance, une parole de pardon est dite « Père, pardonne-leur ». C’est le pardon absolu qui « rachète » toute faute si l’on veut bien le recevoir. Cela nous délivre de vouloir être à nous-mêmes notre sauveur, ce qui est impossible et nous plonge dans une quête de réparation sans fin. Seul le Christ est sauveur et son salut est total et gratuit.

A la croix, Dieu nous dit son avant dernière parole : « comment est-ce possible que vous ayez encore peur de moi ? Mes mains sont solidement clouées au bois. Les mains de mon amour et le bois de vos vies, liés de toute éternité. Rien, rien ne peut nous séparer ».

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commentaires

T
Puisque la RESURRECTION est notre propre avenir, l'annonce de notre immortalité, puisque la mort du Messie était dévoilée dans les textes anciens, Dieu ne pouvait faire "l'économie" de la mort du Fils, qui a accepté de se soumettre et de nous indiquer ainsi la voie à suivre, la VOIE, la VERITE, la VIE. Merci Michèle.
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L
Qu’est-ce qui pourrait mériter une plus immense gratitude que de nous avoir rappelés, ou mis sous les yeux, qu’il y avait des portails de lumière ouvrant sur la Résurrection et la Vie qui nous épargnent les lectures pénitentielles de la Passion, qui nous en délivrent :<br /> > « Un Dieu d’amour n’est pas compatible avec un être qui peut être offensé au point de devoir sacrifier son Fils pour rester en paix avec soi-même et se réconcilier avec l’offenseur » (Juan Louis Segundo, sj ).<br /> > « Si Dieu était incapable de souffrir, il serait aussi incapable d’aimer. Dieu souffre par son amour qui est la surabondance de son être ». (Jurgen Moltmann)<br /> > ‘’Arrêtons donc de dire que la mort du Christ sur la croix est la volonté de Dieu comme condition de pardon ! La miséricorde qui est Dieu n’a besoin d’aucune souffrance ni d’aucune croix pour être remuée aux entrailles devant nos égarements.« Ayant aimé les siens, il les aima jusqu’à l’extrême ». Voilà la raison de la croix : un amour en excès. Une fidélité de Dieu qui va jusqu’au bout’’.
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L
La mort de Jésus est violente et injuste, parce qu'elle résulte d'une parodie ignoble de la justice politico-religieuse, directement issus du fait que tant la politique que la religion de l’époque se sont acoquinées pour avoir la peau de cet homme.<br /> il s'agit donc d'une véritable lutte de pouvoir, accompagnée de magouilles de toutes sortes.<br /> C’est donc un véritable échec.<br /> Peut-on passer sous silence qu'aujourd'hui il en va toujours de même ? Dieu continue à être jugé et condamné par les instances d'aujourd'hui tout à fait semblables à celles de son temps.<br /> Où est donc la victoire sur la mort ?<br /> Si ce n'est dans le discours de foi lui aussi politique et religieux.<br /> Dieu crie sa douleur de tout temps. OK ! (Ce qui suppose d'ailleurs qu'il est tributaire de la temporalité… ce qui peut être contestable). Malheureusement cela donne le sentiment d'un éternel enchaînement mortifère pour toujours. Souffrance après souffrance. Toujours recommencer. Les faits sont là pour le démontrer depuis plus de 2000 ans que Jésus est venu proclamer son message. Où est donc l'avènement d'une bonne nouvelle ? Si elle se réalise si peu dans la réalité des faits. Lesquels sont toujours têtus. Est-ce une fois de plus la faute de cette horrible personnage qu'est l’Homme pécheur jusqu'au fond des tripes ? Il y a décidément quelque chose qui ne va pas dans la manière de présenter tout cela.<br /> <br /> Quant à cette histoire de mort et de faire trucider son fils pour le rachat : quel dieu sadomasochiste !<br /> Ça ne tient pas la route une seule seconde en 2017.<br /> Si on a pu leurrer les gens dans le passé, en les maintenant dans une ignorance et un endoctrinement permanent. Aujourd'hui c'est terminé.<br /> <br /> Il est donc par ailleurs évident que je ne puis souscrire à la religion chrétienne.<br /> Je suis en désaccord avec toutes les phrases du credo chrétien, auquel je serai dès lors censé adhérer, à commencer par celles du début<br /> « je crois en Dieu le père tout puissant… »<br /> La suite n’est guère mieux…<br /> <br /> Je préfère m'en tenir à l'Évangile et à la parole directe de Jésus. Lequel n'a pas écrit, ni demandé de signer le credo inventé par la religion.<br /> Je constate cependant vos point de désaccord avec les positions officielles.<br /> Je ne peux pas dire que je m'en réjouis, mais je vous en sais gré.<br /> enfin une respiration … peut-être salvatrice !<br /> et donc, une fois encore, merci pour ce texte… dont je comprends qu'il est nécessairement écrit pour des adeptes…
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M
Si Dieu n'a pas de puissance , comment expliquer les miracles? ceux de l'Evangile, et les miracles actuels, à Lourdes? sans compter les miracles quotidiens, de personnes sauvées par une rencontre, un "hasard"...<br /> Merci de me répondre. croire en la puissance de Dieu n'est pas faire de la pensée magique.
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L
TOUT attribuer à Dieu revient à ne RIEN lui attribuer. Prendre les choses par ce biais-là est voué à l'échec du discours,qui se veut démonstratif mais ne démontre rien.<br /> Prenons Lourdes comme exemple (Dans ma jeunesse j'y suis allé pendant 15 ans pour être guéri de ma paralysie totale, et ce totalement en vain, Ce qui est l'évidence. Votre argument se retourne facilement contre le mode de défense que vous prenez. Si Dieu avait quelque chose à voir dans les miracles de Lourdes, pourquoi est-ce que il ne guérit pas tout le monde ? Les milliers et les millions de personnes qui vont là-bas depuis des années ? Comment fait-il sa sélection ? ( Avec d'ailleurs un avarice étonnant UNE guérison sur des millions de pèlerins… c'est bien maigre au regard d'un amour présenté comme immense et infini…), par tirage au sort ? En appliquant le principe du « bon plaisir » comme le faisaient les rois catholiques de l'ancien régime ?<br /> Vous voyez, cette manière de vous exprimer et contre-productive pour votre propre religion.<br /> Attribuer à Dieu la toute puissance sur tout : ça c'est de la pensée magique !