Dans l’Evangile de jean au chapitre 2 verset 1 à 11
[1] Le troisième jour, il y eut des noces à Cana de Galilée, et la mère de Jésus y était.
[2] Jésus aussi fut invité à ces noces, ainsi que ses disciples.
[3] Or il n'y avait plus de vin, car le vin des noces était épuisé. La mère de Jésus lui dit : "Ils n'ont pas de vin."
[4] Jésus lui dit : "Que me veux-tu, femme ? Mon heure n'est pas encore arrivée."
[5] Sa mère dit aux servants : "Tout ce qu'il vous dira, faites-le."
[6] Or il y avait là six jarres de pierre, destinées aux purifications des Juifs, et contenant chacune deux ou trois mesures.
[7] Jésus leur dit : "Remplissez d'eau ces jarres." Ils les remplirent jusqu'au bord.
[8] Il leur dit : "Puisez maintenant et portez-en au maître du repas." Ils lui en portèrent.
[9] Lorsque le maître du repas eut goûté l'eau changée en vin - et il ne savait pas d'où il venait, tandis que les servants le savaient, eux qui avaient puisé l'eau - le maître du repas appelle le marié
[10] et lui dit : "Tout homme sert d'abord le bon vin et, quand les gens sont ivres, le moins bon. Toi, tu as gardé le bon vin jusqu'à présent !"
[11] Tel fut le premier des signes de Jésus, il l'accomplit à Cana de Galilée et il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui.
1-
Il y eut des noces.
L’écriture symbolique de Jean nous autorise à voir qu’à travers ces noces humaines, ce sont les Noces de Dieu avec nous dont il est question. Noces où nous sommes épousé-es et épousons. Ignace de Loyola dans sa contemplation en vue de l’amour ( Exercices Spirituels n°230) est bien dans cette tonalité. Il est question d’un aimé et d’un aimant en réciprocité de don où chacun donne et reçoit ce que l’on a et ce que l’on est.
La relation à Dieu sous l’image de noces. Joie de l’union à Dieu. Dieu comme une épouse, un époux.
Chacun de nous comme épousé-e et épousant-e.
Mais pour entrer dans cette réciprocité de partage et d’abandon confiant, il me faut creuser une question : qui est Dieu pour moi ? Pour que je puisse l’accepter, il faut de l’apprivoisement, du respect. Il faut Dieu à hauteur humaine: le Très-Bas qui se fait le Très-Petit. Celui de la crèche. Le vulnérable. Oui, celui-là, je peux l’accueillir. Le très-Respectueux. Celui de la brise légère, celui qui humblement frappe à ma porte. Celui qui me loue, me respecte, me sert pour que je puisse consentir à son amitié. Expérimenter que l’amour de Dieu pour moi n’est pas dévorant. Ces noces, c’est une relation intime mais qui reste respectueuse de l’un et de l’autre. Pas une fusion.
2-
Il n’y avait plus de vin, le vin des noces était épuisé.
« Ils n’ont plus de vin » Dans nos vies, certains jours, certaines périodes, le vin vient à manquer. Comme dans un couple où il n’y a plus d’amour, d’espérance, de foi. On a épuisé ses réserves, ce que l’on avait organisé, planifié. Vide. Plus rien. Qu’est-ce qui manque ? Peut-être ce qui manque, c’est le vin qu’on avait acheté de ses propres forces, de ses propres deniers. Vient le moment où cela est épuisé, où c’est épuisé. Que faire ? Consentir à ce manque. Attendre dans la patience. Il ne viendra peut-être que dans la Vision ou avant. Et la joie sera à la mesure de l’attente. Demeure là.
3-
Pourquoi la réponse de Jésus du verset 4 ?
« Mon heure n’est pas encore arrivée » se continue par une autre parole : « Remplissez d’eau ces jarres ». Comment le refus initial à la parole de Marie se transforme en acceptation ?
Jésus a modifié sa décision. Il est passé d’un non à un oui. Peut-être parce qu’il a continué à écouter la parole de Marie, il s’est laissé rejoindre par cette information du manque. Cela l’a touché au point de le faire changer de décision : « Ils n’ont plus de vin » cette phrase a fait son chemin en lui.
4-
Les serviteurs ne boivent pas le vin mais ils le servent.
Nous pouvons être comme ces serviteurs : servir le bon vin mais ne pas profiter de la joie du vin. Ils ont cependant une joie qui leur est propre, celle d’être unis-es au Christ par une union de volonté en faisant ce qu’il dit de faire :
Remplir
Puiser
Porter
5-
Les convives n’ont rien su de ce manque et de sa résolution.
Ils ont joui du vin, c’est tout, ne connaissant pas sa provenance.
Qui est dans le secret de ce vin ?
Marie, Jésus, les servants, les disciples à la fin.
Qui n’en connaît pas la provenance ?
Les mariés, le maître du repas, les convives, c'est-à-dire la majorité des gens.
C’est le don d’un vin en abondance (600 litres X 6= 3600 l) dont on ne connaît pas la provenance.
N’est-ce pas le cas de tous ceux qui ne connaissent pas le Christ ?
Et pourtant cela ne semble pas préoccuper Jésus : l’essentiel, c’est que le vin ne manque pas. Absolue gratuité du donateur, discrétion, humilité de Dieu. La joie de Dieu, c’est la joie des convives. Car leur bonheur est sa joie. Mais ils sont unis à Dieu, ils le sont car ils communient à sa vie dans l’acte même de boire le vin qui vient de lui, dans l’acte même de vivre.
Est-ce donc si nécessaire de connaître la provenance ?
Non ce n’est pas nécessaire. Mais c’est précieux.
Il n’est pas nécessaire de croire mais c’est un cadeau précieux.
Ce vin, c’est le Christ lui-même dans la surabondance du don.
Vin qui est son sang versé, livré pour nous, sang jailli de son cœur transpercé.
6-
Regardons l’action de Marie.
-elle invite les servants à l’écoute disponible : « Tout ce qu’il vous dira de faire »
-elle les invite à l’action : « Faites-le »
Ce faisant elle les engendre à la foi.
Son ministère est celui de la communication de la foi
7-
Regardons l’action de Jésus.
Des paroles qui autorisent à agir :
-Remplissez
-Puisez
-Apportez
8-
Le vin est meilleur. Pourquoi est-il meilleur ?
Parce qu’il opère un changement radical. Il fait passer d’une religion de purification, où l’on pose des conditions pour accéder à Dieu, fait d’effort humain, il fait passer de cela au vin meilleur de la pure grâce, de l’absolue proximité sans condition préalable.