Nul n’est trop loin pour Dieu
Rien n’est perdu pour Dieu
Rien n’est fini pour Dieu
Ces paroles d’un chant indiquent une bonne direction.
Nul et rien n’est fini, n’est trop loin, n’est trop perdu pour Dieu.
C’est nous qui trop souvent le pensons et qui nous décourage.
Pas pour Dieu.
D’abord parce que ce qu’il donne, il ne le reprend pas
Son image est en nous, sa ressemblance est en nous, au plus profond de nous
C’est donné pour l’éternité.
Et si nous sommes baptisés, nous sommes configurés au Christ.
C’est donné pour l’éternité.
Image et ressemblance de Dieu, configuration au Christ peuvent être déformées, abimées, blessées, mais jamais enlevées.
Prenons la comparaison avec un superbe tableau :
Nous sommes ce superbe tableau.
Les couleurs peuvent peut-être avoir perdu de leur éclat, il a pu être même être lacéré.
Il reste un superbe tableau qui sera un jour de l’éternité restauré dans tout sa splendeur par la grâce de notre Dieu.
En attendant cette gloire future, rien de notre vie n’est trop loin pour Dieu, rien n’est fini pour lui.
Il est l’ami qui est là au cœur de nos joies comme de nos souffrances,
Qui nous rejoint au cœur même de ce qui est peut être abimé en nous, blessé.
Qui nous rejoint comme le fait le samaritain de la parabole pour s’occuper de nous.
Qui nous dit à longueur d’Evangile : ne crains pas.
Qui nous dit : je suis là, lève-toi, sois vivant avec moi.
Qui nous cherche dans nos errances et n’a de cesse de nous retrouver pour fêter l’amitié encore et toujours possible.
Dieu ne vient pas pour combler nos manques car nos manques sont les chances de la rencontre. Nos manques et nos pauvretés sont des portes d’entrée de la relation.
« Pauvres qui cherchez Dieu, vous trouverez la vie » dit aussi un chant.
Tes manques, tes pauvretés, partage-les avec moi aux deux sens de partager : en parler et les donner.
Alors la vie chrétienne se découvre telle qu’elle est, non une morale mais l’abandon qu’on fait de soi à celui en qui on a pleine confiance parce qu’il l’a prouvé en donnant sa vie pour moi. C’est mettre mes pas dans les siens, le suivre, être son follower comme on dit ! Et la prière chrétienne c’est de ne pas le quitter des yeux, l’écouter, m’emplir de lui pour que sa vie passe dans ma vie.
Et c’est ainsi que je quitterai peu à peu les chemins qui déshumanisent pour emprunter avec Jésus, par lui et en lui les chemins qui humanisent ma vie et celles des autres.
Non par volontarisme mais par osmose, contagion au bon sens du terme.
Et pour cela, il n’y aucune condition, seulement de se laisser rejoindre par lui, le laisser nous approcher, le laisse s’occuper de nous, comme le blessé de la parabole du bon samaritain. (Luc 10/29-37)
Nous sommes tous et toutes des blessés ne serait-ce que la blessure de notre naissance…
Dans cet Evangile, nous avons 2 personnages principaux : un homme qui quitte Jérusalem et tombe sur des bandits ; un autre originaire de Samarie qui le découvre et s’occupe de lui.
« Il prit soin de lui » nous dit le texte. Mais qui est « il », qui est « lui » ?
On peut prier ce texte en voyant le Christ sous les traits de ce samaritain. Jésus en racontant cette histoire s’identifie à ce samaritain méprisé qui fait du bien. On peut en le regardant prendre soin du blessé, passer dans notre mémoire tous les gestes de guérisons dont l’Evangile est rempli.
Il est celui qui est en voyage et ce voyage n’est-il pas le chemin de Dieu pour nous rejoindre, pour unir sa vie à la nôtre dans l’Incarnation ?
Il s’agit ensuite de voir le blessé et d’accepter de s’identifier à ce blessé. Pas si facile que cela ! Car cela suppose de reconnaître en nous notre part d’ombre, de blessures, de souffrances, de les nommer et d’accepter que le Christ s’en occupe. Accepter de me laisser aimer. Laisser Dieu prendre soin de moi.
Regarder le Samaritain, image du Christ, celui qui est en voyage, celui du chemin de Dieu vers nous, le voyage de son Incarnation, pour nous rejoindre au cœur même de notre pauvreté comme de nos richesses.
Regarder ses gestes :
Il voit cela veut dire qu’il a de l’attention pour chacun et donc pour moi ;
il est pris de pitié cela veut dire qu’il m’entoure de sa miséricorde ;
il s’approche cela veut dire qu’il se fait mon prochain ;
il soigne les plaies, verse de l’huile et du vin, on peut voir là préfiguration des sacrements, huile du baptême, vin de l’eucharistie ;
il le chargea sur sa propre monture et le conduit à l’hôtellerie et prit soin de lui.
On peut rester longtemps à regarder le Christ prendre soin de nous, de moi. Et surtout le laisser prendre soin de moi.