Phoebé, femme et diacre… « censurée » par le lectionnaire de l’Eglise catholique romaine.
On trouve mention d’elle dans le Nouveau Testament : « Je vous recommande Phoebé, notre sœur diaconesse de l’Eglise de Cenchrées… » (Epitre aux Romains chapitre 16 verset 1.)
C’est la finale de l’épitre qui est dans le lectionnaire des messes de semaine. (samedi de la 31ème semaine du temps ordinaire aux années impaires)
Mais curieusement les verset 1 et 2 sont omis. On commence la lecture au verset 3.
Curieux, n’est-ce pas !
D’autant plus curieux si on lit le commentaire d’un bibliste, Marc Schoeni[1] :
« Lettre de recommandation ( Rm 16/1-2) : c’est un genre littéraire largement pratiqué dans l’Antiquité. C’était la personne recommandée qui portait la lettre. Mais Phoebé porte plus qu’un petit billet ; si la recommandation est intégrée à la lettre aux romains, c’est qu’elle est porteuse de la lettre entière…En tant que « protectrice », elle peut jouer le rôle de « patron » qui défend les intérêts de ses « clients » vis-à-vis des autorités…Mais Phoebé n’est pas seulement riche et influente ; c’est une théologienne. Le convoyeur d’une lettre était chargé de l’expliquer à ses destinataires ; étant donné la matière de Rm, seule une théologienne à la compétence reconnue par Paul pouvait remplir cette tâche. »
Rôle social et ecclésial, diacre, théologienne…Belle figure de femme, bel exemple et modèle qui peut inspirer. Et on « oublie » ces deux versets. Il est difficile de ne pas penser que ce n’est pas un oubli mais une censure. Cela donnerait trop à penser…
Ensuite le lectionnaire se rattrape si l’on peut dire puisque dans suite Paul cite pleins de noms d’hommes et de femmes, en particulier deux couples : Prisca et Aquilas (collaborateurs ou compagnon de travail selon les traductions), Andronicus et Junias…apôtres éminents. Et plein d’autres nom de femmes : Marie, Tryphène, Tryphose, Persis.
Encore faut-il savoir que ce sont des prénoms féminins (Et le prêtre qui commente ces textes le sait-il ?)
Encore faut-il savoir que pendant longtemps les traductions faisait de Junias… un Junius, parce que cela semblait impossible que Paul désigne une femme comme apôtre !
Reste que l’omission des 2 premiers versets de Rm16 est inadmissible. Il reste à faire connaitre cette censure…Sans modération.
Merci à Anne-Noëlle, une lectrice de ce blog, qui me l’a signalé.
[1] Le Nouveau Testament commenté, sous la direction de Camille Focant et Daniel Marguerat Ed Bayard-Labor et fides p 707