Dire que l’athéisme est refus de Dieu n’est pas juste.
Dire qu’il est refus de l’idée même de Dieu, non plus car il n’y a pas une idée de Dieu mais une multitude.
Je peux être athée de certaines idées de dieu et croyant-e d’autres .
De quelles idées de dieu suis-je athée ?
Une idée qui fait beaucoup de mal pour accéder à la foi : un dieu dont je serais débiteur-trice. Un dieu dont on serait en dette perpétuelle dans l’incapacité de rembourser.
A l’appui de cette idée, la dette de la création : Dieu comme origine du monde, donc on lui doit tout. Il nous a tout donné et on lui devrait une réponse de gratitude. Ne pas répondre par la louange, le service et le respect serait péché contre Dieu, refus de Dieu.
Il faudrait donc, pour rétablir la relation, du côté de dieu, un salut dont il a l’initiative, une volonté de réconciliation (et c’est une dette supplémentaire) et du côté humain, une reconnaissance de faute, une demande de pardon.
N’est-ce pas ainsi que certaines catéchèses, liturgies, et théologies présentent les choses ?
Cela génère un sentiment constant de culpabilité car on ne sera jamais à la hauteur. Certains spirituels ont tenté d’atténuer ce modèle en disant que Dieu nous aime tel qu’on est, dans la faiblesse même de notre réponse. Mais cela n’enlève pas l’obligation de la réponse si pauvre soit-elle. Alors qu’il n’y a aucune obligation !
Voici la parole libératrice : je ne dois rien à Dieu.
Cela demande de penser Dieu sous le mode de la gratuité absolue : un don sans condition, inconditionnel, un don pour donner car c’est l’essence de Dieu de donner. Dieu diffusif de soi.
Comprenons cela avec une réalité de notre vie. Le meilleur de nous fait des cadeaux non pour recevoir en retour, mais pour le plaisir de l’autre. Le meilleur de nous n’est pas dans le donnant-donnant mais dans la gratuité. Le meilleur de nous le fait par amour gratuit et pas par calcul de retour.
Le meilleur de nous…et c’est Dieu qui est le meilleur.
Qu’est-ce qui peut faire plaisir au donateur ? La joie que nous avons à recevoir. L’usage humanisant que nous faisons du don de la vie pour nous et pour d’autres. En profiter pour soi et pour les autres.
Oui, la jouissance du don.
Il n’y a rien à « rendre » en se retournant en amont vers le donateur mais à vivre le don, à donner en aval vers les autres dans la mesure de ce qu’on peut et de ce qu’on veut.
Je ne dois rien. Je ne dois pas faire. Mais je peux faire.
Cela ne veut pas dire que la relation au donateur est superflue ?
Superflue ? Non
Nécessaire ? non
Précieuse ? oui !
Comme la relation d’amitié où l’on donne et reçoit par désir d’amour.
Et Jésus dans tout cela ? Surement pas pour apporter à un dieu offensé par nos refus de lui, un salut comme paiement de dette par le sang de la croix ! Mais le désir de Dieu de se faire l’un de nous, de nous rejoindre, de s’unir à nous encore plus que par amitié mais par amour d’amants.
Il se tient à la porte et il frappe.
« Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte
J’entrera chez lui pour souper
moi près de lui et lui près de moi »