Des mots peuvent faire mal en véhiculant une discrimination qui enferme les gens et les empêche de libérer leurs potentialités. Dans ces cas, il y a urgence à dire NON et ne pas « laisser courir » sous prétexte que ce ne sont que des mots.
Parmi plein d’autres, en voilà un récent :
« Ce qui fonde la masculinité, c’est de donner, tandis que ce qui fonde la féminité, c’est de recevoir. »
Rappelons les faits
1er acte :
D’abord une déclaration de religieuses et religieux ignatiens dénonçant le fait que des curés n’appellent que des hommes pour donner la communion. Femmes interdites !
(pour lire l’article : https://www.la-croix.com/Debats/Forum-et-debats/Eglise-dernier-mot-revient-trop-souvent-pretres-2019-12-16-1201066765 )
2ème acte:
Une journaliste du journal la Croix se met en quête pour vérifier cette pratique. En particulier, elle interroge le curé de St Léon à Paris. Je la cite : « Quant au père Emmanuel Schwab, curé de Saint-Léon, importante paroisse du 15e arrondissement de Paris, il fait le choix de « ne demander qu’à des hommes de donner la communion, pour souligner la masculinité du Christ, qui se donne à l’Église son épouse. Ce qui fonde la masculinité, c’est de donner, tandis que ce qui fonde la féminité, c’est de recevoir ».
(pour lire l’article : https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/France/Pourquoi-femmes-donnent-elles-pas-toujours-communion-2020-01-06-1201070025 )
Derrière cette déclaration et cette pratique, il y a une anthropologie du féminin et du masculin qui place celui-ci toujours en position haute d’initiative, de pouvoir, de responsabilité et le féminin du côté de la passivité.
Et une théologie qui oublie que le baptême configure au Christ autant les femmes que les hommes.
Ces curés et tous ceux qui adhèrent à de tels propos…dans quel monde vivent-ils ?
Fondement de la féminité, la réceptivité ?
Les mères qui donnent la vie. Toutes les femmes qui donnent de leur vie, de leur temps pour donner le meilleur d’elles-mêmes au service des sciences, de la politique, de l’éducation…Et tant et tant… Elles donnent et c’est plutôt les hommes qui reçoivent tant et tant d’elles !
Le philosophe Aristote pensait que seule la semence masculine donnait la vie, la femme n’étant qu’une sorte de couveuse. Et comme cette semence masculine pouvait produire des filles, la raison en était que cette semence était défectueuse ! Il a fallu attendre le 19ème siècle pour prouver scientifiquement que l’enfant résulte de la rencontre d’un ovule et d’un spermatozoïde : masculin et féminin qui donnent et se reçoivent pour donner la vie.
Les propos de ce curé laissent à penser qu’il en est resté à Aristote !
Il se trouve que ce curé est l’aumônier national d’une super association auprès des personnes prostituées et des sans domicile qui, justement, n’a pas le positionnement de ceux qui donnent à ceux qui reçoivent mais vont auprès des personnes en humble place, les mains nues.
Peut-être devait-il méditer cela.
Autres liens :
https://www.ndcenacle.org/debat-eglise-une-prise-position.html