Voici la suite de l’article : vous avez du mal à prier.
Je vous redonne le mode d’emploi :
*Vous ouvrez l’Evangile de Marc
*Vous regardez ce que Jésus fait et dit.
Vous lui parlez à propos de ce qu’il fait et dit, vous l’interrogez sur ce qu’il fait et dit.
*Vous le faites-le à haute voix, il vous écoute car c’est un ami à qui vous parlez et il est vraiment là !
*Vous écrivez ce que vous lui avez dit
Depuis que je pratique cette manière de faire, il s’est produit un changement dans ma relation à Dieu : une proximité, une présence que je sens davantage.
Pour bien comprendre cette manière de faire, il m’a semblé que le mieux c’est que je vous livre ma conversation que j’ai avec Jésus et les traces que j’en ai gardé.
Ce n’est pas un modèle. Si vous pratiquez cette méthode, ce sera autrement pour vous, mais je vous livre la mienne pour donner une idée du type de conversation !
Voici la suite de ma conversation, avec cette fois-ci le chapitre 2 de Marc, en avançant dans le texte et en revenant en arrière pour saisir ce qu’il y avait dans le cœur de Jésus pour vivre cela.
Voici ce que cela a produit chez moi avec le chapitre 2
Quel est le sens des guérisons que tu fais ? Tu as déjà libéré un homme d’un démon, tu as permis à une femme de se lever, un lépreux d’être guéri et maintenant permettre à quelqu’un de marcher.
Qu’est-ce qu’il y a dans ton cœur quand tu te rends à nouveau dans cette maison de Pierre à Capharnaüm ? Tu y reviens après ce temps dans les lieux déserts où on venait à toi de toutes parts. Tu reviens en ville. Tu as une maison où des ami-es t’accueillent.
Tu leur annonce la Parole. Que leur dis-tu ? Surement toujours cette bonne nouvelle d’un Dieu proche, présent au cœur de nos vies. Il est là, pas besoin de le chercher ailleurs, pas besoin de le chercher dans des lieux officiels, des lieux dédiés. Dieu pour tous, par tous : Subversion total du religieux annexé par quelques-uns qui s’en croient dépositaires. « le Fils de l’homme a sur terre le pouvoir de pardonner ». Un pouvoir qui ne vient d’aucune autorité officielle.
3 fois dans ce texte il y a le mot « lever »
« Lève-toi, prends ton grabat et marche…lève-toi, prends ton lit et va dans ta maison…il se leva, prit son lit, et sortit »
Cette guérison est une métaphore. Une guérison physique qui désigne une guérison du cœur. C’est cela que Jésus peut guérir : ce qui paralyse la vie, ce qui empêche quelqu’un d’être autonome, de marcher, d’aller et de venir, de sortir, d’être libre.
Avoir l’Evangile dans ses mains. Quelle grâce ! Joie d’avoir accès à cette bonne nouvelle et tristesse que dans l’histoire de l’Eglise certains ont pu en faire une mauvaise nouvelle qui emprisonnait ! Quelle perversion !
J’embrasse ce livre qui est signe d’une présence toujours là. Amour de ma vie.
Je te regarde, tu ne tiens pas en place, tu vas, tu viens, tu vas du côté de la mer et en rentrant tu vois cet homme assis à son bureau des taxes. Tu l’appelles.
Je suis saisi par toutes ces décisions que tu prends, les actes que tu poses et qui d’emblée suscite le rejet, l’opposition de certains. Tout cela parce que tu pardonnes, parce que tu manges avec des gens qui sont méprisés, parce que tu enseignes sans autorité religieuse officielle. Qu’est-ce qui te fais agir ainsi ? Je sens en toi une détermination sans faille, celle de réaliser un Royaume où les relations humaines se font selon le cœur de Dieu.
Ce que Dieu veut ?
-la valeur de toute personne reconnue
-Une vie libre :
libérée de ce qui l’emprisonne ( = le sens des exorcismes)
libérée de ce qui l’empêche d’agir ( = le sens de la guérison de la belle-mère de Pierre)
libérée de ce qui exclut (= le sens de la guérison du lépreux)
libérée de ce qui empêche d’être autonome ( guérison du paralytique)
-un accès à Dieu pour tous, aucun-e exclu : Dieu s’invite à toute table qui veut bien de lui (repas avec les ami-es de Lévi)
Quand tu parles que tu es médecin, tu l’es au sens de médecine sociale.
Tu nous invite à un autre regard.
Te regarder, s’intéresser à autre chose que soi, te contempler.
Tu sors vers la mer, le gens viennent à toi, tu attires les gens et tu appelles un taxateur. J’aime cet appel d’un « hors les clous ». Et ce repas ! Tu manges avec des gens qu’on appelle de « mauvaise vie » rejetés, méprisés. C’est ta décision. Tu réalises cette guérison sociale qui dit le cœur de Dieu, une vraie fête du Royaume. Le Royaume réalisé.
En reprenant tous tes actes, on voit l’opposition que cela suscite ce qui va conduire dès le chapitre 3 verset 6 à la décision de te faire périr.
Pardonner, vivre un repas inclusif, subvertir les règles religieuses du jeûne et du sabbat pour privilégier le bien-être humain.
Tu es en plein conflit où 2 conceptions s’affrontent.
Jésus, tu es un ouvrier, tu travaillais de tes mains le bois pour gagner ta vie. Tes premiers collaborateurs sont des pécheurs. Tu es étranger aux hautes sphères du pouvoir, de l’argent, du religieux…et tu appelles un riche : Lévi. Ici tu changes de cours. Tu appelles un riche dont le travail lui fait exercer un vrai pouvoir mais qui en fait aussi un exclu, un impur puisqu’il collabore avec des païens.
Ça n’a aucune importance pour toi : personne n’est impur. Ce repas le prouve où ne compte que l’amitié. Tu fais éclater les murs de séparation.
Par tes actes, tu es en rupture avec la religion établie par un comportement et une parole nouvelle. « Un enseignement nouveau donné d’autorité…nous n’avons jamais vu rien de pareil »
Ou as-tu puiser cela ? Du génie humain ? Une expérience spirituelle hors-norme ?
Se poser ces questions pour sortir du déjà vu sur toi, pour entrer dans l’étonnement.
Ta manière originale de se situer par rapport au jeûne. Etonnement : tes disciples ne pratiquent pas cet exercice si constant des religions qui peut être vécu comme une manière d’obtenir une faveur de Dieu. Ce n’est pas cela pour toi. Il ne peut se justifier qu’en référence à toi, on jeûne si tu es absent, on ne jeûne pas puisque tu es présent. Mais n’es-tu pas toujours présent ?
Ce que tu donnes est toujours là. C’est donné. Ce n’est plus à attendre ou à demander. C’est donné gratuitement.
Ton mystère. Comment une telle vision de Dieu, de l’humain, de la foi, a-t-elle pu naitre en toi ? Ouverture : partir de ton humanité pour accéder à ton identité profonde.
Accéder à une pleine conscience de l’inouï de l’Evangile : le vin nouveau dans des outres neuves. Vin nouveau de l’Evangile. Une nouveauté qui ouvre de nouveaux chemins, de nouvelles pratiques déliées des voies anciennes d’un judaïsme qui s’est sclérosé.
Sinon la nouveauté sera perdue, détruite.
Malheureusement dans les premiers siècles de l’Eglise, de la nouveauté s’est perdue.
Si l’époux est avec eux.
Pourquoi te désigne-tu par ce mot ? Epoux parce que tu es un homme masculin mais ce qui est derrière ce mot vaut aussi pour l’épouse : celui-celle qui aime, qui est engagé-e, qui est lié-e à un autre. Celui-celle qui protège, se dévoue pour l’autre, se livre.
Tu es cet époux pour nous. Epoux, relation d’amour pour nous, joie des noces.
Evangile du vin nouveau et du drap neuf.
La nouveauté de ton chemin spirituel …Comment a-t-on pu le détourner ?
Comment as-tu pu murir ce chemin qui s’incarnait dans des gestes et des paroles ?
D’où cela te venait-il ?
Tu n’es pas fondateur de religion, tu es la subversion du religieux.
En risquant un slogan de ton programme :
l’humain au centre.
Cela synthétiserait bien ta vie et ton œuvre.