Tes paraboles, Jésus, sont une trace de ce que tu enseignais et la manière dont tu le faisais : en racontant des histoires. C’est curieux…et ne semble pas sérieux !
Pourquoi faisais-tu cela ? Qui est le semeur ? Que représente les grains semés, les terrains, la lampe… ? Des énigmes ?
Non, plutôt des histoires sujettes à interprétation.
Ce n’est pas donné d’emblée, cela demande le travail de la pensée.
Voilà il me semble la raison pour laquelle ton enseignement, tu le donnes sous forme de parabole :
tu désires que nous soyons des chercheur-euses, que nous cherchions au fond de nous-même ce que tes histoires nous révèlent, de toi, de nous, de notre monde.
Pas un kit, pas un discours formaté, pas un prêt à porter mais un travail de la pensée et du cœur.
C’est pourquoi, c’est dommage que ta première communauté chrétienne ait cru bon de donner une explication de la parabole du semeur ! Ou alors prenons-là comme une interprétation parmi d’autre, un exemple d’interprétation pour nous autoriser à en avoir d’autres ! Et non comme un discours qui ferme à toute autre recherche.
Voici une interprétation…parmi d’autres:
Je te vois comme un semeur, tu nous dis que tu l’es. Tu es donateur et les grains sont le don que tu nous fais pour nous dire que tout est grâce.
Tu sors pour semer et je vois cela comme la sortie qu’est ton incarnation. C’est aussi l’éternelle sortie de Dieu-e Car Dieu-e est éternellement "sortie", diffusif-ve de soi puisqu’il-elle est Amour.
Tu sors pour donner, pour se donner. Car le grain c’est toi-même. Ce grain tombé en terre, c’est aussi ta mort sur la croix à la fécondité inouï.
Comment on te reçoit ? A la mesure d’une écoute car toutes ces paraboles parlent d’écoute.
On t’écoute sur le bord du chemin…à la périphérie de nous-même ?
On t’écoute sur le terrain rocheux…avec ce qui en nous s’est durcis ?
On t’écoute sur des épines…avec ce qui étouffe notre vrai désir ?
On t’écoute sur la bonne terre…avec le meilleur de nous-même.
Tu sème sans te lasser. Tu te donnes à nous sur tous nos chemins sur nos roches, nos épines, nos bonnes terres, sans te lasser.
Ces terrains ne sont pas des catégories de personnes mais nous-même dans la diversité de nos écoutes.
Il s’agit donc d’abord de repérer ces oiseaux voleurs, ce soleil bruleur, ces épines étouffantes, (qui sont-ils? Différents pour chacun-e d’entre nous) ; ensuite de devenir vigilants pour ne pas nous laisser piéger par les oiseaux qui mangent, le soleil qui brule, les épines qui étouffent ; et enfin les arrêter pour ne pas les laisser gâcher notre vie.
Là je deviens bonne terre qui écoute et donne des fruits de vie pour moi et pour les autres, un fruit qui monte, qui grossit et produit un pour 30, un pour 60, un pour 100 !