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2 avril 2021 5 02 /04 /avril /2021 17:33
Conférence de Dominique Collin: le christianisme n'existe pas encore.

Dominique Collin, dominicain, auteur du livre : le christianisme n’existe pas encore, a donné une conférence lors des Assises du réseau de la CCBF

(Conférence Catholique des Baptisé-e-s Francophones)  le 29 septembre 2020

Voici un extrait qui vous donnera envie d’aller en lire la totalité :

http://www.baptises.fr/sites/default/files/document/transcription-conference-dominique-collin.pdf

« Le christianisme, la christianité c'est une communication d'existence. Entendez communication dans le double sens que lui donne le français ; on peut certes communiquer sur, c'est-à-dire parler de l'existence. Il y aurait donc une parole sur l'existence dans le christianisme, mais c'est surtout et avant tout dans son sens suivant : la jovialité communique la joie, le feu communique la chaleur, il y a un partage d'existence qui nous rend plus existant quand nous sommes dans l'écoute de l’Évangile. (…) Communication d'existence, ça rappelle une chose fondamentale, nous sommes tous ici, en tout cas au moment où je parle, vivants, mais, mais il n'est pas sûr que nous soyons tous ici des existants. Différence ou distinction qui paraîtra un peu philosophique, mais c'est quand même quelque chose que nous savons d'expérience, c'est que vivre biologiquement ne suffit pas, encore faut-il être vivant, (…) ça veut dire sortir de soi, en vue de quoi, pourquoi ou pour quelle rencontre. En fait tous les récits de l’Évangile, sont des récits qui montrent l’avènement à l'existence de quelqu'un, comment quelqu'un sort de lui dans une rencontre, ce qui devient un événement qui change sa destinée. Ce qu'on appelle frauduleusement les récits de miracles dans les évangiles, ne sont que des scènes qui métaphorisent l'émergence à l'existence de quelqu'un, ce qui permet pour le lecteur de tous les temps de se dire : si c'était possible pour lui, pour elle, ça pourrait être possible pour moi. Et c'est pour ça que nous lisons les évangiles, ils sont la mise en scène de la possibilité d'exister une fois pour toute, d'exister enfin, ce qui permet de nous sortir de ce qui fait justement le mal-être sinon le mal de nos vies, c'est de ne pas exister. J'utilise assez souvent un beau verbe qui est un néologisme qui a été forgé par Françoise Dolto, (…) elle a inventé le verbe dévivre, et elle lui donne ce sens, cette définition : dévivre, c’est non pas mourir mais cesser de vivre. L'être humain paradoxalement est le seul animal vivant qui peut sans mourir, ne plus vivre, c'est-à-dire ne pas exister. Mais comment est-ce qu'on vit ? Eh bien l’Évangile nous dit, c'est en croyant, en espérant et en aimant, c'est comme ça d'ailleurs qu'on sort de soi. Donc vivre, sortir du dévivre, c'est se mettre à exister en croyant, en espérant et en aimant. C'est ça que dit l’Évangile, il ne dit que ça, mais il le dit avec des moyens qui lui sont propres, il le dit par des métaphores, il le dit par des paraboles que j'aime tant, il le dit par des récits, il le dit par une figure, un homme, Jésus de Nazareth. Il le dit pour dire quoi ? On se met à exister enfin quand on a accueilli la grâce d'être justifié d'exister comme on existe. Pour le dire autrement, on commence à exister quand quelqu'un nous dit, nous témoigne, nous atteste, nous manifeste, il est bon que toi tu existes. C'est ça que dit l’Évangile, rien d'autre, mais ce qu'il dit là, est tellement inattendu et presque même, j'ose le dire, invraisemblable, ça a l'air de rien quand on dit ça, dire, oui dire aux gens, dire à quelqu'un, tu existes. Dans les accompagnements spirituels que je reçois, toutes les souffrances et les difficultés que j'entends viennent uniquement de là, c'est-à-dire de personnes qui ont des raisons de penser qu'il n'est pas si bon que ça qu'elles existent, qu'il y a une 6 blessure quelque part qui fait qu'on ne peut pas consentir pleinement et utilement à la propre bonté, à la propre jouissance de son existence, et que c'est de là que viennent je vais dire un grand nombre sinon la totalité de nos maux et de nos malheurs. Quand le Christ entend au début de l’Evangile, « tu es mon fils bien-aimé, en toi je mets ma confiance », il doit tout de suite aller au désert pour que ça s'éprouve parce que ce n'est pas facile à entendre, l'offre inconditionnée d'un amour absolument gratuit. »

Dominique Collin

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commentaires

M
Merci pour ce partage, michèle et belle fête de Pâques.<br /> Martine & Jean-Marie Carlier
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L
ADMIRABLE : "Ce qu'on appelle frauduleusement les récits de miracles dans les évangiles, ne sont que des scènes qui métaphorisent l'émergence à l'existence de quelqu'un, ce qui permet pour le lecteur de tous les temps de se dire : si c'était possible pour lui, pour elle, ça pourrait être possible pour moi. Et c'est pour ça que nous lisons les évangiles, ils sont la mise en scène de la possibilité d'exister une fois pour toute, d'exister enfin, ce qui permet de nous sortir de ce qui fait justement le mal-être sinon le mal de nos vies, c'est de ne pas exister. J'utilise assez souvent un beau verbe qui est un néologisme qui a été forgé par Françoise Dolto, (…) elle a inventé le verbe dévivre, et elle lui donne ce sens, cette définition : dévivre, c’est non pas mourir mais cesser de vivre"..<br /> Et pour autant qu'on puisse distinguer un moment dans la pensée qui parcourt le texte de cette conférence.<br /> Mais je m'y suis résolu parce que l'affirmation de l'intellection du métaphorique est tellement capitale, pour ne pas dire essentielle, vis à vis de l'approche du sens du "croire".<br /> Merci Michèle !
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