On peut lire au chapitre 4, verset 11 de l’évangile selon Matthieu, la phase suivante :« Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste il se retira en Galilée. »
Ce verset peut être reçu comme une simple information qui permet de comprendre pourquoi Jésus retourne en Galilée après avoir été baptisé dans le Jourdain.
Mais il me semble qu’il y a à voir bien davantage. Qu’est-ce que ce verset révèle ? Et bien tout simplement une information politique. Le pays où Jésus a vécu est un pays où un innocent peut être arrêté. En effet, on sait par les autres Evangiles qu’Hérode a fait arrêter Jean simplement par qu’il avait osé le critiquer. Le pays où Jésus a vécu est un pays où un roi a pouvoir de vie et de mort, où sa décision fait loi, où la liberté d’expression n’est pas permise. Une dictature donc.
Jusqu’à une période relativement récente, une telle analyse de ce verset était impossible. Parce que ce qui était décrit-là était la normalité, de ce qui pratiquait partout. Il a fallu l’émergence des démocraties, la conscience des Droits humains, pour que ces pratiques puissent apparaitre comme injustes, comme des crimes et qu’en lisant ce verset, je puisse en faire une information politique. C’est un bon exemple comment le contexte qui est le nôtre peut changer l’interprétation des textes.
Jusqu’à une période relativement récente…ce verset ne pouvait pas susciter l’indignation. Aujourd’hui, oui ! Mais est-ce qu’il suscite notre indignation ? Est-on rejoint, atteint par ce qu’il décrit ? Car le pays où Jésus a vécu…c’est celui d’aujourd’hui dans beaucoup de régions du monde.
En tout cas, on peut légitiment penser que Jésus lui, a été atteint, rejoint par l’injustice qui régnait dans son pays. Tout son comportement et ses paroles le clame. Il parle d’un royaume où ceux qui ont une autorité se doivent d’être les serviteurs de tous, où tout être a droit à la vie et au respect.
Et être disciple de Jésus c’est également comme lui, être rejoint, atteint par l’injustice pour instaurer une société régie par d’autres lois que la violence et le mépris, vivre selon d’autres valeurs qui sont la bienveillance, l’accueil, le soutien mutuel, l’égalité, la fraternité.
Mais la question la plus tragique qu’on peut poser, c’est comment cela se fait-il que ce ne soit pas ce royaume là qui a été prêché majoritairement au long de 20 siècles de christianisme et qu’à la place on y prêché le royaume du Ciel qui ne remettait pas en cause les injustices des sociétés.