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28 juillet 2023 5 28 /07 /juillet /2023 15:21
Science et foi : Réaction dans le courrier des lecteurs, la Croix 26 juillet 2023

Dans le journal la Croix du 1er juin, il y avait un très bon dossier sur la compatibilité entre  "Science et foi" .  J'ai tenu à remercier ce très bon journal et à leur suggérer une suite sur un point qui, lui, est incompatible.

Voici ma réaction que le journal a bien voulu publié le 26 juillet, ce dont je me réjouis.

Merci pour votre dossier « Concilier science et foi » (La Croix du 1er juin 2023). Vous avez pointé l’autonomie et la distinction de ces deux domaines à propos de la question – comment Dieu est-il créateur ? – avec la magnifique parole de Teilhard de Chardin : « Dieu fait le monde se faire ». Je voudrais vous suggérer un autre dossier, celui-là plus problématique.

Le Catéchisme de l’Église catholique enseigne que l’humanité a commencé par Adam et Ève, nos premiers parents, qu’ils ne devaient ni souffrir ni mourir, que l’humanité a perdu cela par le péché de nos premiers parents et que seul le baptême peut l’effacer (n° 375, 376, 405).

C’est la doctrine officielle de l’Église catholique qui s’appuie sur le texte de la Genèse 3,1-24. Beaucoup de théologiens contemporains ont pu interpréter ces textes de manière symbolique et c’est tant mieux.

Mais ces numéros du Catéchisme restent normatifs et n’ont pas été modifiés jusqu’à présent par le Magistère. Ils sont incompatibles avec les découvertes scientifiques.

Cette théorie du péché originel est le fondement de toute une théologie qui fait de la mort du Christ sur la croix le prix à payer pour que Dieu pardonne cette faute originelle (n° 614).

Incompatibilité entre science et ces numéros du Catéchisme. Oui.

Pour ma part, je choisis la science.

Michèle Jeunet

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commentaires

A
Enfin quelqu'un, quelqu'une plutôt, qui a le courage de pointer des articles obsolètes du catéchisme de l'Eglise Catholique. Bravo ! Certains théologiens ont écrit des livres passionnants sur le sujet du péché originel (JM Maldamé "Le péché originel"), en en pointant le caractère obsolète tel que décrit par le Concile de Trente (D Degoul, Schéma de la foi chrétienne), mais je n'en connais pas encore qui ont demandé le retrait de certains articles du catéchisme. Merci à Michèle Lejeune d'en citer quelques uns. Je me permets d'ajouter que le 390 est particulièrement grave. <br /> - En premier, il utilise la notion de chute. Or la chute est un concept païen, venu de Platon. C'est aussi un titre, dans la Bible de Jérusalem par exemple, le titre du chapitre 3 du livre de la Genèse. Or, les titres ne sont pas bibliques, ils sont des ajouts. Ce titre de "chute" est donc païen; est-ce à dire que l'article 390 relève du paganisme ?<br /> - En 2ème, l'article 390 affirme un fait primordial qui se serait passé "au commencement de l'histoire de l'homme". Le catéchisme affirme ainsi un fait à la fois scientifique, qui relève de la paléontologie. Cela veut dire qu'il faudrait le prouver car en sciences, il faut pouvoir prouver ce qu'on avance. Et attention, la science est ce qui nous permet de progresser dans la connaissance et la compréhension de la nature et de l'univers. Or la nature et l'univers sont la création de Dieu. Etre incompatible avec le réel appréhendé par la science peut donc signifier être incompatible avec Dieu. <br /> - En 3ème, avec ces mots "au commencement de l'histoire de l'homme", l'article 390 cite le concile au chapitre 13 de Gaudium et Spes (note 3). Le problème est que G&S ne dit pas "au commencement", mais "dès l'origine", et que G&s ne parle pas de "fait primordial", mais seulement du fait que "dès l'origine, l'homme a abusé de sa liberté". "Dès l'origine", cela veut dire que cet abus de sa liberté se continue aujourd'hui encore, et que ce n'est pas un fait primordial, mais une réalité permanente, du moins à partir du moment où on a reçu une révélation divine. L'article 390 cite donc faussement Vatican2, et en tord le sens pour l'adapter à son interprétation de l'Ecriture.<br /> A mon avis, aucun théologien ne devrait être autorisé à traiter du péché originel sans une formation solide en biologie, géologie et paléontologie, et sans une connaissance suffisante des travaux de René Girard en anthropologie.<br /> Enfin, en aucune manière, la croix du Christ ou son sang est une façon d'apaiser le courroux divin comme le laisse entendre l'article 614 avec le Concile de Trente. Jésus le dit lui-même avec la parabole de l'homme fort qu'il faut ligoter pour pouvoir lui prendre son bien, (comme le fait l'ange Raphaël dans le Livre de Tobie), et en Jn 12, 31 : "maintenant le prince de ce monde va être jeté dehors". C'est pour vaincre le diable qui tient l'humanité prisonnière, que Jésus accepte de se livrer au supplice de la croix. C'est "car il faut que le monde reconnaisse qu'Il aime son Père, et qu'Il fait comme le Père lui a commandé" (Jn 14,31), que le sang de Jésus est versé. En effet c'est en montrant sur la croix jusqu'où va l'amour du Père, plus fort que toute haine, que Jésus va arracher l'humanité "au prince de ce monde qui n'a aucun pouvoir sur Lui"(Jn 14,30). Et ce n'est pas la "faute de l'homme qui nous vaut un tel sauveur"(liturgie pascale), mais tout simplement l'amour de Dieu, qui savait très bien dès le début de la création que l'humanité ne pouvait pas devenir "nouvelle" sans l'aide du "Fils de l'homme", sans l'aide du Verbe fait chair.<br /> Alain
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L
Soutien total et admiratif de ma part à votre prise de position. Et une très grande gratitude à votre égard, Michèle, pour m'avoir fait connaître cette citation infiniment plus que merveilleusement magnifique et pénétrante : « Dieu fait le monde se faire ».
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