Voici un extrait du livre : S’émerveiller de Maurice Zundel, paroles choisies par Virgile Rochat et Marc Donzé. Editions Cabédita 2023 page 53. Un livre que je recommande: Une merveille…pour s’émerveiller.
« L’immense majorité des hommes ne le savent pas, l’immense majorité des croyants ne le savent pas car l’immense majorité des croyants sont encore tournés vers un faux Dieu, un Dieu extérieur, un Dieu dans l’espace atmosphérique, un Dieu qui contrait, un Dieu qui limite, un Dieu qui menace, un Dieu qui terrifie, un Dieu qui tue, alors qu’Augustin le rencontrait comme la Vie, la Vie de sa vie.
Il s’agit donc pour nous de nous défaire de cette idolâtrie qui est si fréquente chez nous et dans laquelle nous retombons, dès que nous cessons d’écouter , dès que nous cessons de nous émerveiller
Dieu, pourrait-on dire, c’est quand on s’émerveille.
Dieu, c’est quand tout d’un coup on découvre le visage de la beauté ;
Dieu, c’est quand on perçoit une valeur infinie ;
Dieu, c’est quand résonne la musique de l’éternité ;
Dieu, c’est quand l’homme ne se voit plus parce qu’il n’est qu’un regard vers cette Présence qui l’appelle, qui l’aimante, qui l’oriente, qui le délivre en le comblant.
Et tout est là : il s’agit pour nous de recréer toutes les occasions de nous émerveiller, qui ont suscité l’immense procession des œuvres d’art.
Car c’est dans la mesure où nous serons centrés sur cette beauté, toujours inconnue et toujours reconnue, que nous nous quittons sans y penser et que, de nouveau, nous accédons à nous-même en passant du dehors au-dedans et en retrouvant l’attente éternelle de Dieu qui était toujours déjà là, bien que nous fussions si longtemps distraits, absents et inattentifs. »
Maurice Zundel, homélie au Caire en 1961. Repris dans Vie, mort, résurrection p 113