Dans l’Eglise catholique en ce moment, il y a des réactions diverses et variées à la récente déclaration Fiducia supplicans. Elles vont de la franche opposition à la réelle satisfaction. Certains se désolaient qu’il n’y ait pas de culture du débat dans cette Eglise, et bien en voilà un ! Chacun y va de sa réaction, de sa compréhension du texte, des évêques aux journaux et à tout un chacun qui s’exprime sur les réseaux sociaux. On peut se désoler de cela ou s’en réjouir. Ce qui est le plus étonnant c’est le refus d’évêques mettre en pratique ce texte et donc de s’opposer au pape.
Mais il y a une autre manière de s’opposer dont on ne parle pas. Elle consiste, non pas à dire qu’on n’est pas d’accord mais à ne rien dire et à ne rien faire.
Voici un exemple d’un texte du pape François qui n’a reçu en France non seulement aucune réaction mais est restée lettre morte.
Il s’agit du Motu proprio Spiritus Domini, de janvier 2021. Il modifie le numéro 230 du Droit Canon qui réservait aux seuls hommes l'accès aux ministères d’acolyte et de lecteur. En ouvrant maintenant également aux femmes ces ministères pour le service de la parole et de l’autel, de manière institutionnelle et avec un mandat, cela met en évidence le fait que ces ministères ont pour fondement la condition commune du baptisé. Le Pape François, a voulu ainsi rendre officielle et institutionnelle cette présence des femmes près de l'autel.
Dans de nombreuses communautés à travers le monde des femmes qui lisent la Parole de Dieu pendant les célébrations liturgiques ou accomplissent un service à l'autel, ne sont bien sûr pas une nouveauté. Mais maintenant cela peut se faire avec un véritable mandat ministériel.
Alors pourquoi ce texte reste lettre morte ? Pourquoi aucune femme en France n’a reçu ces ministères ? Pourquoi de nombreuses paroisses continuent d’exclure les filles du service de l’autel, alors que maintenant le sexe féminin n’est plus un empêchement à ce ministère ? Cette immobilité est aussi une manière de s’opposer.