Des catholiques se sont exprimés dans la journal La Croix du 5 décembre 2024. Voici le texte de la Tribune:
Dans le bruit et la fureur de l’actualité trépidante des dernières semaines, la COP29 est passée presque inaperçue. Une nouvelle n’a cependant pas échappé aux catholiques vigilants : lors du vote de la résolution pour l’adoption d’un nouveau programme de travail sur l’égalité des genres, qui doit courir de 2025 à 2035, le Vatican s’est opposé aux différentes occurrences du terme « genre » dans les textes des négociations, par crainte que le mot conduise à l’inclusion des personnes transgenres et des femmes homosexuelles.
Il ne s’agit pas ici de discuter de la pertinence théologique des réserves présentées par le magistère à ce sujet. Les théologiennes féministes et queer la mettent en question avec talent depuis plusieurs décennies. Nous laisserons aux spécialistes le soin d’exposer ces arguments qui restent inaudibles et même inouïs, au sens premier du terme, de l’institution. Attardons-nous plutôt sur les positions que le Vatican est prêt à adopter pour sauvegarder sa doctrine conservatrice sur les droits des femmes.
Femmes, premières victimes de la crise écologique
Les femmes sont à la fois les premières victimes du changement climatique et les détentrices de solutions efficaces pour lutter contre ses effets. Le fait est bien connu des scientifiques et amplement documenté (voir les articles du Monde et de la BBC). Pourtant, le Vatican a choisi de se ranger aux côtés de la Russie, de l’Arabie saoudite, de l’Iran et de l’Egypte pour manifester son opposition aux mentions du genre, de l’intersectionnalité et des « femmes dans toute leur diversité » dans les textes de travail de la COP29. Notre Eglise préfère donc s’associer à des pays oppressant les femmes plutôt que de s’ouvrir à un vocabulaire qui n’est pas le sien.
Au début de son pontificat, il y a un peu moins de dix ans, le pape François avait su faire preuve d’une audace prophétique en publiant Laudato Si. Il a ainsi ouvert le monde catholique à l’écologie, inscrivant la défense du vivant dans une spiritualité de la création.
Paralysie de la COP29
Il semble incapable aujourd’hui de la même vision en ce qui concerne les enjeux liés au genre et aux minorités sexuelles. En refusant de voir les « signes des temps » sur ce sujet, il en vient à tourner le dos à ses intuitions premières. Alors même qu’il a appelé le 13 novembre dernier les participants à la COP29 « à démontrer qu’il existe une communauté internationale prête à dépasser les particularismes et à placer au centre le bien de l’humanité et de notre maison commune », il a engagé le Vatican dans une coalition de pays qui a contribué à la paralysie de la COP 29, aboutissant à des résultats décevants.
Nous espérons, pour le bien des femmes comme pour celui de la terre, qu’il finira par ouvrir les oreilles, les yeux et le cœur.
Signataires
Des Femmes et un Dieu : Aurélie Austry, Alvina Gnagna, Mathilde Hallot-Charmasson, Lucie Moschetta
Comité de la jupe : Carmen Chaumet, Marie Dervin, Adeline Fermania (Comité de la jupe)
Collectif catholique pour un accueil inconditionnel dans l’Eglise P.A.I.X. :Olivier Perret, Ambre Guilloux, Laurène Merlant Anne-Claire Rutten, Thomas Mandroux, Manon Segur, Jean Fucher, Jean-Christophe Boucly, François Mandil, Marion Mazaleyrat, Emmanuelle Scourzic, Sarah Goupil, Mariza Buron-Ruiz
Collectif Anastasis : Anne Waeles-Amieux, Marie Leduc-Larivé, Camille Charrière
CCB des Monts du Forez : Sophie Millet-Trunel
Sophie Gourlet
Isabelle Cordier
Philippe Hazet
Charles Hazet
François Bouan
Adèle Bailly
J'y ajoute ma siganture
Michèle Jeunet