01 Le troisième jour, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. 02 Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. 03 Or, on manqua de vin. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. » 04 Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » 05 Sa mère dit à ceux qui servaient : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » 06 Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures, (c’est-à-dire environ cent litres).
07 Jésus dit à ceux qui servaient : « Remplissez d’eau les jarres. » Et ils les remplirent jusqu’au bord. 08 Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent. 09 Et celui-ci goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau. Alors le maître du repas appelle le marié 10 et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. » 11 Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.
Jn 2,1-12
Pistes commentées
1-Il y eut des noces.
L’écriture symbolique de Jean nous autorise à voir qu’à travers ces noces humaines, ce sont les Noces de Dieu avec nous dont il est question. Noces où nous sommes épousé-es et épousons. Ignace de Loyola dans sa contemplation en vue de l’amour (ES n°230) est bien dans cette tonalité. Il est question d’un aimé et d’un aimant en réciprocité de don où chacun donne et reçoit ce que l’on a et ce que l’on est. La relation à Dieu se dit ici avec l’image de noces. Joie de l’union à Dieu. Dieu comme une épouse, un époux. Chacun de nous comme épousé-e et épousant-e. Mais pour entrer dans cette réciprocité de partage et d’abandon confiant, il me faut creuser une question : qui est Dieu pour moi ? Pour que je puisse l’accepter, il faut de l’apprivoisement, du respect. Il faut Dieu à hauteur humaine : le Très-Bas qui se fait aussi le Tout-Petit, celui de la crèche, le Tout-Vulnérable. Oui, celui-là, je peux l’accueillir. Le très-Respectueux, celui de la brise légère, celui qui humblement frappe à ma porte. Celui qui me loue, me respecte, me sert pour que je puisse consentir à son amitié. Expérimenter que l’amour
de Dieu pour moi n’est pas dévorant. Ces noces, c’est une relation intime mais qui reste respectueuse de l’un et de l’autre.
Comment je me situe par rapport à cela ?
2-Il n’y avait plus de vin, le vin des noces était épuisé.
« Ils n’ont plus de vin » Dans nos vies, certains jours, certaines périodes, le vin vient à manquer. Comme dans un couple où il n’y a plus d’amour, d’espérance, de foi. On a épuisé ses réserves, ce que l’on avait organisé, planifié. Vide. Plus rien. Qu’est-ce qui manque ? Peut-être que ce qui vient à manquer, c’est le vin qu’on avait acheté de ses propres forces, de ses propres deniers. Vient le moment où cela est épuisé, où s’est épuisé. Que faire ? Consentir à ce manque. Demeurer là. Et s’ouvrir à la Grâce qui ne peut être qu’un don gratuit.
Ai-je fait l’expérience de cela ?
3-La réponse de Jésus du verset 4 et l’action de Marie au verset 5
« Mon heure n’est pas encore arrivée ». Voici la réponse de Jésus à Marie. Et ensuite il dit : « Remplissez d’eau ces jarres ». Que s’est-il passé entre ces 2 paroles ? On peut interpréter que Jésus a modifié sa décision. Il est passé d’un non à un oui. Peut-être parce qu’il a continué à écouter la parole de Marie, il s’est laissé rejoindre par cette information du manque. Cela l’a touché au point de le faire changer de décision : « Ils n’ont plus de vin » cette phrase a fait son chemin en lui.
Admirer l’écoute dont a fait preuve Jésus, une écoute qui l’a fait bouger.
4-Les serviteurs ne boivent pas le vin mais ils le servent.
Nous pouvons être comme ces serviteurs : servir le bon vin mais ne pas profiter de la joie du vin. Ils ont cependant une joie qui leur est propre, celle d’être unis-es au Christ par une union de volonté en faisant ce qu’il dit de faire : Remplir-Puiser-Porter.
Contempler leur joie d’être au service de cette noce
5-Les convives n’ont rien su de ce manque et de sa résolution.
Les convives eux, ont joui du vin, c’est tout, ne connaissant pas sa provenance. Qui n’est pas dans le secret de ce vin ? Les mariés, le maître du repas, les convives, c'est-à-dire la majorité des gens. C’est le don d’un vin en abondance (600 litres X 6= 3600 l) dont on ne connaît pas la provenance. N’est-ce pas le cas de toutes celles et ceux qui ne connaissent pas le Christ ? Et pourtant, en ce récit, cela ne semble pas préoccuper Jésus : l’essentiel, c’est que le vin ne manque pas. Absolue gratuité du donateur, discrétion, humilité de Dieu. La joie de Dieu, c’est la joie des convives. Car leur bonheur est sa joie. Sans le savoir, ils sont unis à Dieu, ils le sont car ils communient à sa vie dans l’acte même de boire le vin qui vient de lui, dans l’acte même de vivre. Est-ce donc si nécessaire de connaître la provenance ? Non ce n’est pas nécessaire. Mais c’est précieux. Il n’est pas nécessaire de croire mais c’est un cadeau précieux. Ce vin, c’est le Christ lui-même dans la surabondance du don. Vin qui est son sang versé, livré pour nous, sang jailli de son cœur transpercé. « Si tu savais le don de Dieu » dira Jésus à la samaritaine. Je regarde la profusion du don et je l’accueille en mon cœur.
6-Le vin est meilleur. Pourquoi est-il meilleur ?
Parce qu’il opère un changement radical. Il fait passer d’une religion de purification, où l’on pose des conditions pour accéder à Dieu, fait d’effort humain, il fait passer de cela au vin meilleur de la pure grâce, de l’absolue proximité sans condition préalable.
Ce vin meilleur, comment l’ai-je déjà expérimenté ?