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2 novembre 2025 7 02 /11 /novembre /2025 18:23
Homélie de Sr Lotte Webb: 30ᵉ semaine du Temps ordinaire, Lc 13, 22-30 ;

Homélie – 30 semaine du Temps ordinaire

(Lc 13, 22-30 ; Rm 8, 26-30 ; Ps 12 (13))

Je me souviens d’un temps passé dans un groupe ignatien, où l’on nous avait invités à réfléchir aux portes importantes que nous avions franchies dans notre vie.
Nous devions en choisir trois, et découper dans une feuille A4 une représentation de chacune d’elles.
Je me rappelle encore que l’un d’entre nous avait découpé une porte minuscule, dans un coin de sa page — comme une porte pour une souris.

Il nous a partagé combien cette porte avait été difficile à franchir, parce qu’il avait dû devenir petit pour y passer.
C’était la porte de l’acceptation de l’aide, à un moment difficile de sa vie.
Il avait dû laisser tomber son orgueil, son indépendance et sa peur pour la traverser.
Mais, parce qu’il sentait que Jésus l’invitait à franchir cette porte, il l’a fait — et elle s’est révélée être une porte qui menait à la vie et à la liberté.

Quand j’ai lu les lectures d’aujourd’hui, j’ai repensé à la porte de mon ami.

Dans l’Évangile, Jésus est en route vers Jérusalem, ce grand voyage qui traverse tout l’évangile.
Et nous savons bien, nous, où ce chemin le conduira.
Il traverse villes et villages, enseignant, partageant librement la Parole à ceux qui veulent l’écouter.
Quelqu’un lui demande :
« Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ? »
On devine que celui qui pose la question pense que la réponse est oui, très peu — mais qu’il fait partie du petit nombre.
Jésus ne répond pas directement.
En réalité, ce n’est pas la bonne question.
Il nous invite plutôt à changer de regard.

Il parle d’abord de la porte étroite — la porte du Royaume.
En ce temps de l’année liturgique où les lectures prennent un ton un peu apocalyptique, le message demeure clair : réveillez-vous !
Cette porte est là, maintenant, ouverte devant vous.
Il n’est pas trop tard pour la franchir.

Puis Jésus évoque un grand banquet : des hommes et des femmes viennent d’orient et d’occident, du nord et du midi, et s’assoient à la table de Dieu.
Ceux qu’on croyait exclus sont déjà là, en fête.
Voilà la surprise de la grâce : la porte que l’on croyait étroite                                      s’ouvre sur un festin sans murs.

 

Et, dans cette logique renversante de l’Évangile, les premiers seront derniers, et les derniers seront premiers.
Nous sommes invités à laisser tomber nos catégories, à cesser de nous étiqueter les uns les autres, pour apprendre à voir avec le regard de Dieu.
La porte étroite conduit à une table immense — mais seulement si nous venons comme invités, non comme gardiens du seuil.

Alors, comment passer par cette porte ?
Le mot grec pour « efforcez-vous » est agonizesthe — le même mot que agonie à Gethsémani.
Jésus nous prévient : ce n’est pas facile.
Ses auditeurs connaissaient les petites poternes des murailles : pour passer, il fallait descendre de sa monture, déposer ses fardeaux, et entrer les mains libres.
Et moi, qu’ai-je besoin de laisser tomber pour passer à mon tour ?

Les autres lectures d’aujourd’hui nous aident à répondre.

Le refrain du psaume d’abord :

« Moi, je prends appui sur ton amour, Seigneur. »
C’est un appel à la confiance.
Notre force ne vient pas de nous-mêmes, mais de l’amour de Dieu.
Notre attitude fondamentale est celle d’une confiance aimante.

Et la lecture de la lettre aux Romains nous le rappelle magnifiquement :

« L’Esprit Saint vient au secours de notre faiblesse. »
Notre faiblesse est réelle, mais elle n’est pas un obstacle.
Au contraire, elle devient un passage, une porte, pour l’Esprit.
C’est précisément lorsque nous ne savons plus prier, lorsque les mots nous manquent, que l’Esprit prie en nous.
Même lorsque nous ignorons ce qu’il y a dans les profondeurs de notre être, Dieu, qui scrute les cœurs, connaît ce qu’il y a de plus intime en nous.
Tout peut nous conduire à Dieu, si nous nous appuyons sur son amour.

Au bout du compte, la grâce nous surprend toujours.
Le salut est don, non réussite.
L’Esprit agit en nous, au-delà de nos rêves et de nos efforts.
Nous sommes invités à l’humilité et à la confiance, à la suite de Jésus, qui a lui-même traversé la porte étroite pour conduire toute la création vers la vie.

Alors, aujourd’hui, avec un cœur ouvert, prions ensemble :

« Seigneur, je prends appui sur ton amour. »
Amen.

Lotte Webb

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commentaires

T
Merci pour cette réflexion. Une belle lecture pour bien démarrer ma journée : une invitation à chercher la porte de mon temple intérieur et de l'ouvrir toute grande à Jésus.
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T
MERCI chère Soeur LOTTE, c'est bon de vous lire.<br /> Et je relève que si vous gardez toujours votre adorable accent, vous maniez la langue française à l'écrit avec maestria.
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L
Au bout du compte, ce que nous apporte sœur Michèle - que ce soient des textes, ses regards, les intellections sur lesquelles elle nous ouvre - nous surprend toujours. Un peu comme la grâce, dont elle montre beaucoup de la place qui lui est impartie derrière la porte apparemment étroite.
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A
Bonjour à toi. Petit rectificatif: ce texte n'est pas de moi. De temps en temps j'ouvre mon blog à d'autres!<br /> Sr Lotte fait partie de ma communauté.