Ce dimanche, ce sera la 1ère lecture qui va retenir notre attention : cette rencontre de Moïse avec Dieu.
Et il me semble qu’il nous faut retrouver l’étonnement devant ce qui nous est dit dans ce texte que nous connaissons bien.
Retrouver l’étonnement parce que l’habitude risque de nous voiler l’inouï de ce qui est révélé.
Retrouvons des oreilles neuves, retrouvons des yeux étonnés devant l’image de Dieu qui nous est présentée.
Quoi ! Un Dieu qui prend l’initiative de la rencontre alors que nous pensons d'abord à l’effort de l’homme à la recherche de Dieu.
Ici c’est le contraire : Dieu qui va au devant, c’est Lui qui provoque la rencontre, Dieu en quête d’un dialogue ; Dieu rejoint cet homme Moïse au cœur même de ce qui fait son travail ; Dieu qui se découvre dans la banalité du travail quotidien et qui déclare ce lieu de la vie des hommes comme une terre sainte.
Quoi ! Un Dieu qui nous connaît par notre nom, un Dieu pour quelqu’un et pour chacun-e et qui nous appelle.
Etre appelé-e, c’est être attendu-e, espéré-e, reconnu-e.
Et surtout l’étonnement est à son comble quand nous découvrons que non seulement Dieu nous parle mais qu’Il a des yeux pour voir et des oreilles pour entendre, enfin un cœur pour souffrir de notre souffrance, enfin une volonté de nous délivrer : « J’ai vu la misère de mon peuple, j’ai entendu ses cris. »
Mais ce n’est pas encore fini… d’étonnement en étonnement :
Il nous est donné de voir un Dieu qui associe l’homme à Son projet, un Dieu qui ne fait pas tout, tout seul : « Tu feras sortir mon peuple » dit-il à Moïse.
Un Dieu qui a voulu avoir besoin de nous pour que nous soyons la visibilité de Son cœur, de Ses mains, de Son amour.
Et puis encore et encore, ce dialogue de Moïse avec Dieu. Etonnant ! Un Dieu avec qui on peut discuter, auquel on peut poser des questions, qui autorise un questionnement : « s’ils demandent quel est son nom, que leur répondrai-je ? »
Et Marie sera bien fille d’Israël dans cette dignité et liberté qu’elle aura apprise de son Dieu quand elle demandera à L’Annonciation : « comment cela se fera-t-il ? »
Laissons-nous bouleverser, étonner ! Aucune autre religion ne dit cela.
Et j’ai envie de dire : soyons fiers de notre foi, pas au sens d’un mérite de notre part mais d’une fierté d’admiration : qu’elle est belle notre foi, qu’il est beau notre Dieu. Notre beau et grand Dieu comme dit St Paul.
Soyons fiers pour nourrir en nous un vrai désir de dire ce Dieu auquel nous croyons, pour faire partager la joie de Le connaître et de L’aimer.
Soyons fiers et surtout restons dans l’étonnement, ne nous habituons jamais.
Mais j’ai aussi envie de dire laissons-nous bousculer par Dieu, bousculer par cette image que Dieu donne de Lui-même, cette image belle et bonne qu’Il révèle à nos cœurs étonnés.
Laissons-nous convertir parce que la conversion la plus urgente du Carême, c’est la guérison de nos fausses images de Dieu.
Et nous en avons un exemple qui est dénoncé dans l’Evangile de ce jour :
Croire qu’un massacre est une punition de Dieu!
Croire qu’une tour qui s’effondre en faisant 18 victimes est une punition de Dieu!
Vous savez cette fameuse expression : « Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour qu’il m’arrive ce malheur ».
Image du dieu vengeur qui nous attend au coin de la rue pour nous punir et toutes les autres fausses images que nous traînons tous comme un fardeau et qui nous empêchent de nous abandonner dans la confiance comme un enfant dans les bras de ses parents, quand ceux-ci sont des parents aimants.
« Retire tes sandales » dit Dieu à Moïse.
Ces sandales à retirer, ce peut être pour nous, ces fausses images pour que nous puissions enfin nous approcher de la chaleur et de la lumière de ce Feu de l’amour de Dieu qui ne détruit rien ni jamais mais qui veut nous faire vivre en plénitude.
La conversion la plus urgente, la plus profonde, c’est la guérison de ces fausses images, car le péché a blessé notre intelligence de Dieu, a introduit son venin de suspicion.
C’est pourquoi nous avons tant besoin de nous laisser bousculer par Dieu, qu’Il vienne Lui-même contester nos fausses images. Il l’a fait, Il le fait par Sa Parole et Son Visage :
Parole de la 1ère Alliance comme ce texte de l’Exode.
Mais surtout Sa Parole et Son Visage qui est Jésus.
Notre prière dans ce temps de Carême peut se faire prière de reconnaissance et de gratitude :
« Merci Trinité toute sainte pour ce don de ce Visage révélé en Jésus, vérité sur Dieu que nous étions incapables d’imaginer ni d’espérer mais Visage donné pour qu’enfin nos cœurs puissent contempler, adorer, aimer.
Beauté de Dieu qui seule peut nous combler. »