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5 septembre 2013 4 05 /09 /septembre /2013 21:59

Ce mot s’est répandu à grande vitesse en suscitant beaucoup de controverses. Ceci est mon premier article sur le sujet.

 

Les romans peuvent être de bons lieux de réflexion.

Voici quelques lignes écrites par Ken Follet dans Le vol du frelon (Livre de poche p 48)

L’action se passe en 1941 en Angleterre. Une femme, Hermia Mount, est membre des Renseignements britanniques le MI6, dirigeant la section danoise de l’espionnage. Elle rencontre un membre du gouvernement et voici un de leurs dialogues :

 

- On ne s’est pas trompés, lança-t-il en souriant, vous n’avez pas la langue dans votre poche.

- Que vous a-t-on appris d’autre ?

- Que vous êtes bilingue anglais et danois- ce qui, je présume, explique pourquoi vous dirigez le bureau danois.

- Non. La raison en est la guerre : autrefois aucune femme au sein du MI6 ne s’élevait jamais au-dessus du niveau d’assistante secrétaire.

Dépourvues d’esprit analytique, nous sommes mieux programmées pour tenir un intérieur et élever des enfants.

Mais depuis que la guerre est déclarée, notre cerveau a subi de remarquables modifications et nous sommes devenues capables de travaux qui précédemment relevaient des compétences d’un esprit masculin.

Il accueillit son ton sarcastique avec bonne humeur.

- Je l’ai remarqué aussi, dit-il, et cela ne cesse de m’émerveiller.

 

La question du genre se situe d’abord à ce niveau-là : des exclusions de certains rôles sociaux et professionnels (comme ici la responsabilité d’un réseau d’espionnage) relève d’une construction sociale qui se cache derrière une prétendue «  nature des choses »

( dépourvues d’esprit analytique, nous sommes mieux  programmées…).

Il faut des circonstances comme ici une guerre pour que la tromperie de cette construction soit démasquée. Hermia Mount se révèle capable «de travaux qui précédemment relevaient des compétences d’un esprit masculin.»

 

Parmi ceux et celles qui partent en guerre contre le genre y en a-t-il qui voudraient revenir aux temps où il était inimaginable qu’une femme soit médecin, chirurgien, enseignant, pilote d’avion, écrivain, chercheur etc… au nom d’une différenciation qui tiendrait à une

«  nature féminine » incapable de les exercer ou non-programmée pour cela par une volonté divine ?

Savent-ils que les arguments qui s’opposaient à l’accès des femmes à ces professions étaient les mêmes que ceux dont ils se servent : le maintien, le respect de la différence. « Si une femme devient chirurgien…elle va perdre sa féminité » disait-on.

 

Parmi celles et ceux qui partent en guerre contre le genre y en a-t-il, qui, par exemple signeraient ces déclarations :

« Depuis quand est-il d’usage de voir les femmes abandonner les soins pieux de leur ménage, le berceau de leurs enfants, pour venir sur la place publique…remplir des devoirs que la nature a départis à l’homme seul ? »

Procureur Chaumette, 1793

« Je ne crois pas qu’il faille s’occuper d’un régime d’instruction pour les jeunes filles…L’éducation publique ne leur convient pas puisqu’elles ne sont point appelées à vivre en public».

Napoléon

« L’homme tire sa dignité et sa sécurité de son emploi. La femme doit l’un et l’autre de son mariage».

 Jean Foyer, ministre de la Justice 1973

 

Il est sûrement légitime de s’interroger sur les positions les plus extrêmes de la question du genre. Mais il est malhonnête de la réduire à cela. Attention à ne pas être manipulé par ceux qui n’ont pas fait le deuil de leur perte de monopole, de leur position dominante et qui se lancent dans cette bataille pour essayer de récupérer du terrain perdu. Ou alors par ceux que cela arrange d’être les défenseurs acharnés de la différence pour justifier le non-accès de femmes à des responsabilités dans leur religion (des Eglises protestantes fondamentalistes, les tendances conservatrices de l’Islam et du Judaïsme, l’Eglise catholique romaine).

 

 

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commentaires

M
"Rien de tel que les débats parlementaires successifs où l'on a repoussé le droit de vote des femmes, alors que les anglaises, les américaines, les danoises, les australiennes, etc...jouissaient de<br /> cette capacité depuis longtemps, pour comprendre que si, il existe une théorie du genre, la théorie immuable et intemporelle de ceux qui ne veulent pas partager la direction des enjeux sociaux et<br /> politiques avec l'autre moitié de l'humanité!<br /> Et c'est toujours la même théorie qu'on nous ressert depuis deux siècles: à voter, aller sur un chantier, dans un prétoire ou une salle d'opération,nous allons PERDRE NOTRE FÉMINITÉ!<br /> Il ne faut pas confondre féminité et féminitude. La féminitude est le fait d'être une humaine de sexe féminin, et cela peut s'exprimer de manière plurielle.<br /> La féminité est une notion artificielle qui recoupe des concepts culturels et des codes sociaux.<br /> Nous ne perdons jamais notre féminitude, quoi que nous fassions, et quelle que soit notre orientation sexuelle.<br /> L'expression de la féminité a consisté en robes longues à tournure et en chapeaux à plateau, nous voici bien contentes d'en être débarassées....cependant, quelques godiches sacrifient actuellement<br /> à une mode absurde de talons si hauts qu'ils les déguisent en caricatures de femmes et les empêcheent de se déplacer normalement...<br /> La féminité serait elle simplement ce qui provoque le désir d'une catégorie d'hommes? qui auraient alors la peur de perdre leur objet de désir ?<br /> Je m'en remets à Sigmund! "<br /> MCD
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A
Merci, Michèle, pour ce texte sur ce thème si ardu. Et vous l'expliquait avec des exemples tout simples. Merci. Pour ma part, je pense qu'aucun argument théologique ne peut justifier une<br /> discrimination.<br /> Le pape François a lancé l'idée d'une théologie de la femme. Je dis: "non, merci! ce titre est déjà discriminatoire et avec saint Paul, nous , les femmes, on a déjà assez donné...
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F
Les fondamentalistes musulmans ne se sentent même pas concerné par les polémiques sur les théories du genre. Par ailleurs je me demande si le fondamentalisme musulman ne se nourrit pas entre autre<br /> de cette tendance occidentale qui cherche à nier et à gommer toutes les différences entre l’Homme et la Femme.<br /> Je trouve l’initiative de votre paroisse excellente .Il vous appartient en tant que paroissienne et membre de l’Eglise (au même titre que votre curé) de donner des propositions pour l’améliorer en<br /> y intégrant par exemple des garçons .Le rôle de l’Eglise c’est certes de prêcher la parole de Dieu mais c’est aussi aider et d’accompagner les hommes et les femmes (et si possible dès le plus jeune<br /> âge) à vivre dans l’Amour mais aussi dans la Vérité.
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C
En réponse à F.Sina<br /> Moi, je travaille dans un quartier où certains hommes fondamentalistes musulmans interdissent à leur femme de travailler, d'avoir accès aux livres, les petites filles n'ont pas le droit de chanter<br /> ou de partir en classe découverte, alors que pour leurs frères tout est permis.Il s'agit là, bien de certains fondamentalistes et non de toute une religion.<br /> De même sur ma paroisse, il est maintenant proposer aux petites filles, dès la 6ème de découvrir le fonctionnement de leur cycle...pourquoi pas aux garçons? Dans quel but, le rôle de la paroisse<br /> n'est-il pas plutôt de faire découvrir la parole de Dieu???
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F
Chère sœur pouvez-vous citer un seul exemple de ces personnes opposés aux théories du genre qui « voudraient revenir aux temps où il était inimaginable qu’une femme soit médecin, chirurgien,<br /> enseignant, pilote d’avion, écrivain, chercheur ». Honnêtement je vous avoue que moi je n’en connais pas.<br /> Par contre j’en connais beaucoup (même catholique) qui considèrent que tous les différences entre Homme et Femme sont des simples effets d'un conditionnement historique et culturel. Ainsi ils en<br /> viennent à la conclusion qu’un enfant ait deux Pères, deux mères ou un Père et une Mère c’est du pareil au même. Par ailleurs vous savez bien que dans l’Eglise catholique la difficulté qu’ont les<br /> femmes d’accéder aux postes de responsabilité n’est pas tant due à leur biologie mais au fait qu’elles ne peuvent pas accéder à l’ordination sacerdotale. De plus je me demande si JPII en déclarant<br /> que « l'Église n'a en aucune manière le pouvoir de conférer l'ordination sacerdotale à des femmes » n’affirme pas indirectement que la différenciation des tâches dans la société a quelque chose de<br /> voulue par Dieu.<br /> Comme je voulais dit je ne connais pas (du moins dans l’Eglise catho) les gens qui aimeraient revenir totalement en arrière par contre penser que la différentiation des tâches chez l’homme et la<br /> femme qui existent depuis que Monde est monde dans toutes les sociétés est une absurdité c’est tout simplement de l’orgueil .
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R
Le genre féminin existe malheureusement toujours au sein de l'institution "Eglise". Les paroles de Paul font encore des ravages :« que les femmes soient soumises...». Et si j'ai bien compris,<br /> prendre en compte le "genre féminin" n'est pas encore à l'ordre du jour de François.<br /> <br /> Rott
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