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15 décembre 2011 4 15 /12 /décembre /2011 23:58

Suite et fin de l'article qui présente l'interprétation de la bibliste Sandra Schneiders.

5-L'appropriation transformante

Le point culminant d'une herméneutique intégrale (c’est à dire non exclusive), c'est l'appropriation transformante.

Quel monde ce texte invite-t-il à habiter ?

Quel monde porteur de vie pour des femmes et des hommes?

Quelle action transformante sur le lecteur, la lectrice,  ce texte a-t-il ?

Non un changement volontariste d'attitude mais quel effet cela a d'interpréter ainsi ? C’est du même ordre que l'effet que peut produire une pièce de théâtre : Il se fait une transformation sur le-la spectateur-trice du fait même d'avoir regarder cette pièce.

Cette transformation après coup peut être explicitée et verbalisée et aboutir à des décisions.

Ici ce texte fait entrer dans un monde inclusif de l'autre :

Ceux-celles qui étaient rejeté-es comme hérétiques : les samaritains

Avec Jésus personne n'est exclu, c'est bien d'ailleurs la finale : « tu es le sauveur du monde ». Inclusif de l'autre aussi qu'est le féminin.

Cette femme est représentante universelle de l'autre méprisé-e, mis-e à l'écart, tout au long de l'histoire et partout dans le monde.

Elle est accueillie avec respect, elle est invitée à donner pour recevoir un don plus grand encore, elle est entendue dans ses interrogations et ses objections, elle est interlocutrice d'un dialogue profond de foi, elle devient disciple apôtre, associée à la mission d'évangélisation.

Le lecteur-la lectrice est donc initié-e à un monde inclusif.

La scène avec les disciples est là pour disqualifier « tout oui mais » qui voudrait justifier l'exclusion pour des raisons ethniques, morales ou sexuelles

Le-la lecteur -trice fait l'expérience aussi que ce nouveau monde n'existe pas encore.

Il-elle peut le voir dans l'expérience quotidienne mais aussi dans le texte même qui contient du déjà là de l'inclusion mais aussi du pas encore.

Le pas encore dans le texte même c'est le sexisme latent de la métaphore idolâtrie /adultère En effet cette métaphore joue toujours dans le sens d'une assimilation Dieu/masculin /fidèle et l’Humanité/féminin/infidèle.

Il y a interpénétration dans le texte même de 2 mondes : celui que Jésus inaugure et le monde dans un des sens de ce mot a en Jean : monde pécheur, non encore transformé.

Ou plutôt un seul monde , complexe qui est déjà là et pas encore.

C’est une manière de comprendre Jésus qui prie pour que nous ne soyons pas sorti-es du monde mais gardé-es du mauvais.

Le-la lecteur-trice participe à ce monde où l'inclusion est à l’œuvre mais où le mal sape le règne de Dieu.

L'oppression, la discrimination sont enracinées dans le langage et les métaphores les plus sacrées.

 

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commentaires

A
L'interprétation de la scène avec les disciples et tout ce qui est développé sur la manière de Jésus d'entrer en dialogue sous forme partenariale est riche d'ouverture et de réflexion. Il est vrai<br /> que la discrimination, l'exclusion se justifient si facilement... Jésus, visage du Père, manifeste constamment une telle liberté dans sa manière d'entrer en dialogue avec l'autre différent,<br /> n'enfermant jamais son interlocuteur-trice dans son image sociale.... Dans nos vies aussi, on rencontre de ces frères-soeurs auprès de qui un rayonnement de bienveillance inconditionnelle invite à<br /> retrouver le meilleur de nous-mêmes, qui n'est peut-être en fait rien d'autre que la ressemblance avec ce Dieu "riche en miséricorde" : c'est Lui qui nous apprend ce respect de l'autre - et qui dit<br /> apprentissage dit temps et pédagogie.
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