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15 février 2018 4 15 /02 /février /2018 17:02
De la possibilité de penser Dieu avec « ce qui passe »par Eberhard Jüngel (3)

De la possibilité de penser Dieu avec « ce qui passe » dans Dieu mystère du monde, de Eberhard Jüngel [i] 3ème partie.

 

12

Dieu n’est pas seulement l’identique à soi-même et pour soi-même. En tant qu’il est l’infiniment souffrant, Dieu est au contraire celui qui est pour les autres. C’est en étant pour les autres qu’il est identique à soi-même. Toute autodétermination en faveur des autres engendre cette dialectique de l’être et du non-être, vie et mort et s’appelle amour.

 

Donc le discours positif (chrétien, théologique) sur la mort de Dieu dévoile l’auto détermination originaire de Dieu à l’amour. Sur la croix de Jésus, Dieu s’est défini comme amour 1Jn 4/8. Dans l’événement particulier de l’identification de Dieu avec le crucifié, Dieu s’extériorise tel qu’il est déjà en soi même depuis toujours.

Dieu en soi est celui qui s’extériorise. Son intérieur est orientation vers l’extérieur. Dieu communie avec soi sans se dérober aux autres. L’identification avec l’homme Jésus est révélation de l’être éternel de Dieu.

« De toute éternité, Dieu est en soi-même tel, que c’est pour les hommes qu’il est » p 344

 

Cela préserve l’acte de passer de s’achever dans le néant. Cela revient à dire : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous » Rm8/31.

« Paul parle indéniablement, de l’être de Dieu concrètement nommé amour en identifiant : l’amour de Dieu est en Jésus-Christ. » p 344

Ainsi l’identification de Dieu avec le crucifié, le conflit de Dieu avec le néant ne défigure pas Dieu mais le définit. Dieu est celui qui s’engage dans le néant et, comme tel, est amour.

Pour cela il faut penser l’amour de Dieu comme liberté. Ne pas penser sa liberté autrement que comme amour car l’amour ne peut être contraint et se produit de soi-même. L’amour se réalise comme tel dans la liberté et la liberté tend vers l’amour en qui seule elle se maintient. L’être de Dieu n’est donc pas amour parce que l’amour est nécessaire pour agir contre le néant. Mais, parce que Dieu comme tel est amour, il agit contre le néant.

 

13

Pour dire cela on peut employer un ancien concept : Etre débordant. La richesse non comme une possession mais comme débordement : aller avec soi-même au-delà de soi. C’est dire que Dieu est communication de soi, acte de communication spontanée de soi à partir de rien. Il crée un vis-à-vis auquel il peut se donner en partage en tant qu’amour et auquel il s’est déjà communiqué de manière irrévocable dans l’acte de création. Dieu est créateur par amour et donc à partir du néant.

L’Acte créateur est l’être même de Dieu. Comme tel il est être qui crée. Il se réfère au néant en fonction de sa créativité et se différencie du néant. En tant qu’être débordant et créateur il réduit le néant. Le néant n’« est » que parce que Dieu se différencie de lui. La création est combat contre le néant. En créant, Dieu s’active se confirme en tant qu’amour

 

A la question : Pourquoi de l’étant plutôt que rien. La réponse est : Dieu est amour

Il s’agit de comprendre Dieu en tant qu’existence. Un exister de Dieu identique à son essence

Ce n’est pas parce qu’il crée qu’il est créateur, c’est déjà en soi-même que Dieu est éternellement être créateur

Si Dieu est pensé comme étant là dans le conflit entre le néant et l’être, on peut compter sur l’issue de ce conflit, au profit de ce qui est affirmatif dans ce qui passe.

 

 

 

[i] E.JÜNGEL, Dieu mystère du monde, tome 1 page 311 à 351

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11 février 2018 7 11 /02 /février /2018 12:23
De la possibilité de penser Dieu avec « ce qui passe » par Eberhard Jüngel (2)

 dans Dieu mystère du monde, de Eberhard Jüngel [i] 2ème partie.

 

7

Penser l’identité de Dieu avec le crucifié, donc la tache de concevoir Dieu avec ce qui passe,

cela donne un autre sens à la mort de Dieu :  un Dieu qui se confronte au néant, qui est là en tout ce qui passe, impérissable qu’en s’exposant à ce qui passe.

Pour cela, il faut mettre en question la qualification négative donné à ce qui passe.

 

8

Selon la métaphysique, la temporalité est négative. Pourtant, la temporalité peut être libéré de sa qualification négative, on peut donner une vraie dignité au temps, on peut donner de l’honneur, de la valeur, de la positivité au ce qui passe. « C’est insuffisant de définir la réalité qui passe par la seule tendance qui la menace » p 332. L’acte de passer a une positivité, c’est une limitation du réel mais ce n’est pas rien. La réponse à trouver est donc de donner du positif à ce qui passe.

 

9

Le positif de ce qui passe c’est la possibilité. L’erreur est de faire de l’intemporel l’unique réel.

Nous sommes en ce sens dépendant d’Aristote pour qui Dieu est acte pur de réalisation de soi, être depuis toujours réalisé soi-même.

Il s’agit donc de prendre congé de cette idée de Dieu. C’est la tache intellectuelle de la foi chrétienne. Cette tâche a une double raison de faire cela :

1-la parole de Dieu ;

2-les apories de cette idée de Dieu dans ce temps de l’athéisme. Penser Dieu en unité avec ce qui passe nécessite de contester la primauté de la réalité pure sur ce qui passe car cela n’accorde que du négatif à ce qui passe et d’affirmer que la possibilité est le « Plus » ontologique de l’être, la positivité de ce qui passe.

Jungel rend hommage à Kierkegaard d’avoir mis cela en évidence que la possibilité est la capacité du devenir.

 

10

Pour cela il y a à distinguer le néant avec ce qui passe.

Le néant est à comprendre comme totale impossibilité de l’être qui efface toute possibilité. Le néant est le pur et simple impossible, une incapacité à devenir : de lui rien ne devient par soi-même. Le néant en face de l’être et de ses possibilités « est » une place vide. Dans son incapacité, il est puissance de rendre impossible, tyrannie qui ne bâtit sur rien.

L’étant comme tel, même ce qui passe, ne tend donc pas de soi-même vers le néant, passer, est quelque chose d’autre que d’être anéanti, ce qui passe tend vers la possibilité d’où il est venu, il est arrivé à son terme mais n’est pas devenu rien. Le possible n’est pas seulement l’origine mais avant tout l’avenir, non comme déficience et souillure mais comme catégorie de la capacité et de la promesse. Il y a donc un conflit entre possibilité et néant, capacité du possible et aspiration vers le néant mais la possibilité est ontologiquement première.

 

11

Cela étant, comment penser Dieu dans l’unité avec ce qui passe ? Ce qui revient à faire un discours positif sur la mort de Dieu. Il est en plein dans ce conflit, son essence n’est pas en dehors de ce conflit. Il prend part au conflit entre aspiration vers le néant et capacité du possible.

Qui est Dieu s’il est tel qu’il est là dans ce conflit ?

Dieu est celui sans lequel le conflit n’existerait pas car il est le créateur sans qui rien n’existe.

Comme créateur n’est-il pas en dehors et au-dessus du conflit ?

Pour répondre il faut partir de la parole de la croix : ici, l’être de Dieu se révèle comme créateur dans le conflit avec le caractère anéantissant du néant.

Mais pour penser cela il ne faut pas partir des affirmations bibliques de la création et ensuite de la parole de la croix, il faut faire l’inverse : commencer par les affirmations du crucifié pour comprendre le Dieu créateur.

« Nous apprenons à comprendre qui est le Dieu créateur à partir des affirmations bibliques visant le crucifié » p 340.

 C’est la théologie du crucifié qui fonde un juste discours théologique sur Dieu créateur. (à l’image d’un autre retournement : c’est la profession de foi en Dieu libérateur de son peuple qui a mené ensuite Israël à réfléchir sur la création)

On doit donc faire de même, penser la création en fonction et à partir de l’histoire de l’homme Jésus qui va jusqu’à la mort.

Le discours positif sur la mort de Dieu est donc :

Dieu s’engage dans le néant, il introduit le néant en lui, il le combat donc ne l’abandonne pas à lui-même, en s’y engageant, il le détermine, en le déterminant, il contredit son pouvoir anéantissant.

En s’y engageant sous la forme d’un combat, en lui assignant un lieu, en le prenant sur soi : il a localisé le néant à l’intérieur de la vie divine et lui a enlevé son efficacité chaotique, l’endurant en soi, Dieu se manifeste comme vainqueur du néant, en étant vainqueur il se manifeste en toute vérité. Dieu est donc celui qui peut endurer et endure, qui peut souffrir et souffre la force anéantissante, la négation de la mort sans être anéanti.

Une fois assumé dans l’être de Dieu, le néant est transformé en fonction créatrice, force de différentiation.

 

[i] E.JÜNGEL, Dieu mystère du monde, tome 1 page 311 à 351

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5 février 2018 1 05 /02 /février /2018 14:50
De la possibilité de penser Dieu avec « ce qui passe » par Eberhard Jüngel (1)

Dans Dieu mystère du monde [i] 

1

S’il y a nécessité de penser Dieu dans l’unité avec ce qui passe, cela s’impose donc à la réflexion.

Mais cela ne devient possible et s’impose vraiment que si la pensée se met à la suite du mouvement de la foi, que si elle répond oui à la parole qui désigne Dieu en l’homme Jésus, car Dieu dans l’homme Jésus est lieu de cette possibilité. Et c’est une nécessité théologique car ici la pensée ne peut que concevoir Dieu uni à ce qui passe.

 

Mais cela doit se faire sans ignorer le contexte historique de la pensée qui globalement est une pensée athée.

Car si on veut changer l’esprit du temps, il faut d’abord l’avoir compris. La théologie ne peut se dispenser de cette compréhension. La théologie est dans cette histoire et pas hors d’elle. Tout en étant bien dans une théologie de la parole comme Barth, Jüngel critique celui-ci pour sa non prise en compte de la situation historique de la pensée, car cela menace tout progrès réel de la théologie.

Il faut donc tenir à la fois :

-la pensée qui se met à la suite de la foi, ne peut que se fonder sur elle-même, comme acte de penser, elle s’appuie sur la parole qui rend possible la foi.

-mais c’est l’homme qui pense car il ne peut être question d’oublier l’homme qui pense sous prétexte qu’on dirige son attention sur Dieu !

Donc penser Dieu avec ce qui passe ne peut se faire en passant à côté de la pensée moderne.

Cette unité est à chercher en discutant avec la situation historique des temps moderne, une discussion de la pensée avec son destin athée en se demandant si l’athéisme est le sort fatal de la pensée.

2

Cette question ramène à l’horizon du discours sur la mort de Dieu

Il y a confrontation entre 2 alternatives :

-du côté de la pensée qui se fonde elle-même, Dieu et la foi sont un passé révolu, l’athéisme est le destin de l’esprit

-du côté de la méditation qui reconnaît dans la parole de la croix, le lieu de la possibilité de penser Dieu. Cette 2ème alternative n’a pas été suffisamment pensé jusqu’à maintenant à la fois en ne négligeant pas la problématique de la pensée moderne et à la fois en ne négligeant pas la parole de la croix.

3

La mort de Dieu dans la conception athée, en fait, pense un Dieu impensable.

Donc, en même temps qu’elle le pense, elle le nie puisqu’il est impensable. C’est une pensée prisonnière de ce Dieu impensable. Elle continue à le penser comme « absoluité indépendante dans l’unité de l’essence et de l’existence ». Elle est incapable de concevoir que cette pensée de Dieu contredit la vraie divinité de Dieu.

4

La raison en est que cette métaphysique a une prémisse, c’est son estimation d’emblée négative de la condition passagère : ce qui passe ne peut que se réduire au néant, le devenir n’a pas dignité, ce qui passe n’est que malheur. On ne peut se réjouir de l’épanouissement d’une rose parce qu’elle flétrira. Ce qui passe est grevé de néant et ne mérite que le néant.

« Tout ce qui naît mérite d’être anéanti aussi vaudrait-il mieux que rien ne naisse »[1]

Dans cette conception, on ne peut penser Dieu avec ce qui passe. Il est impensable dans la solidarité avec l’ici-bas et sa condition passagère. Et on ne peut encore moins, par principe, penser une mort effective de Dieu. On ne peut penser son existence car elle est dangereuse pour l’essence de Dieu. Il y a incompatibilité entre ce qui passe et l’essence de Dieu

 

Mais la croix du Christ s’élève contre cette pensée négative du passager. La croix proteste contre le discrédit infligé à ce qui passe. Donc ce qui doit périr c’est ce Dieu métaphysiquement produit : essence suprême, sans déficience, parfaite, indépendante.

 

5

Nietzsche a refusé de penser l’unité de Dieu avec ce qui passe. Dans l’Antichrist, il découvre que Paul a créé un nouveau Dieu mais pour Nietzsche, ce Dieu ne mérita pas ce nom car il fait honte à la sagesse.

Paul (1Co1/18) essaie de penser Dieu et ce qui passe conjointement. Ce crucifié est bonne nouvelle, réalité réjouissante. Il montre l’impuissance comme manière selon laquelle la puissance de Dieu s’accomplit. Cette manière s’appelle l’amour où impuissance et puissance ne se contredisent pas, l’amour faisant l’unité des deux.

Nietzsche reconnaît qu’il y a là une nouvelle manière de comprendre Dieu. Mais pour lui ce qui fut révélé comme Dieu n’est pas divin mais pitoyable, absurde, honteux, une erreur et un attentat à la vie. Pour Jüngel, il a vu en partie juste : il y a incompatibilité entre la conception chrétienne de Dieu et la métaphysique : « Audace dans l’inversion…renversement de toutes les valeurs antiques »[2] Mais il n’a pas voulu voir là un point de départ d’une autre manière de comprendre Dieu comme « louange et justification de tout le périssable ». Pour quelle raison ?

Il voulait bien louer l’acte de passer à condition qu’il soit libéré de la souffrance et de la faiblesse.

Pour lui le Dieu souffrant ne pouvait qu’être attentat à la vie parce que Nietzsche pense de façon abstraite la condition passagère de la vie. Il ne voulait reconnaître la vie qu’au sommet de sa vitalité.

 

6

Paul pense Dieu de manière nouvelle. Il le conçoit dans l’unité avec ce qui passe. Dieu pensé à neuf, dans la pauvreté de l’existence de cet homme. Pour cela il y a à laisser derrière soi ce que le « je pense » a infligé au Dieu métaphysiquement pensé. Il faut penser l’existence de Dieu dans l’unité de son essence avec l’existence de l’homme Jésus. Donc son essence sera son existence sans distinction.

« Si l’on conçoit la divinité de Dieu à partir de l’unité avec la pauvreté de l’existence du crucifié, l’Etre de Dieu ne peut plus être pensé uniquement comme infini opposé à toute finitude, indépendance opposée à toute dépendance, pas davantage comme éternité excluant de soi le temps, ni non plus Etre suprême qui ignore le néant » p 327

Ce n’est plus un Dieu au ciel par ce qu’il ne peut être sur terre mais un Dieu qui est au ciel de telle manière que son royaume des cieux puisse très bien venir vers le monde. Au ciel de telle manière qu’en raison de cela même il peut s’identifier avec la pauvreté d’un homme sur la croix, amené de la vie à la mort.

 

[1] Goethe, Faust, I, 1339, collection bilingue 1937,44

[2] Nietsche, Jenseits von Gut und Böse

 

[i] E.JÜNGEL, Dieu mystère du monde, tome 1 page 311 à 351

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28 janvier 2018 7 28 /01 /janvier /2018 17:15
Evangile du 5ème dimanche ordinaire: Mc 1/29-39: le quotidien de Jésus

Aussitôt sortis de la synagogue, ils allèrent, avec Jacques et Jean, dans la maison de Simon et d’André. Or, la belle-mère de Simon était au lit, elle avait de la fièvre. Aussitôt, on parla à Jésus de la malade. Jésus s’approcha, la saisit par la main et la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait. Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons. La ville entière se pressait à la porte. Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons ; il empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était. Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait. Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche. Ils le trouvent et lui disent : « Tout le monde te cherche. » Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. » Et il parcourut toute la Galilée, proclamant l’Évangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons.

 Mc 1/29-39

 

1-le quotidien de Jésus

Regardons ce quotidien. Il est allé à la synagogue, il est invité dans une maison. C’est celle de Simon et André, les 2 frères qu’il a appelé au bord du lac. Une maison où vivent plusieurs générations : des couples, des enfants, des grands-parents : on nomme la belle-mère de Pierre.

Regarder cette scène. Jésus y est à l’aise. C’est son quotidien comme le nôtre. C’est là qu’il est. Ne le cherchons pas ailleurs que dans notre propre quotidien.

 

2-Une femme malade relevée

Regarder les 3 gestes de Jésus :

Il s’approche

Il la réveille

Il lui saisit la main

Goûter la délicatesse de ces gestes.

Prenons conscience de la volonté de Jésus : il ne veut pas que cette femme (toutes les femmes) soit comme mortes, « étendues ». Il les veut debout, vivantes, agissantes. Ici pour le service des repas (la diaconie des repas, la même diaconie que celle des anges en Mc 1/13 ) mais ce sera aussi pour le service de la Parole, de l’évangélisation, de l’annonce de la résurrection.

 

3-Le soir venu, il guérissait

Comme cette femme qui s’est mise au service, Jésus aussi se met au service de tous ces gens qui lui apportent leurs maladies. Il est contagieux de santé psychique et spirituelle, c’est pourquoi il peut guérir.

 

4-Pas de parole sans agir

Il ne laisse pas parler les démons car ils savent qui il est. Pourquoi imposer ce silence ? Parce que leur savoir est un refus. Ils savent mais ils rejettent, agissent contre.

Leur savoir est faux. Le vrai savoir est engagement à le vivre.

 

5-Il priait

Il nous est bon de voir l’homme Jésus prier. Il s’autorise des moments de solitude, des moments à lui, pour se « retrouver », pour se « recentrer », pour ouvrir un espace de réflexion, de contemplation. C’est un besoin, c’est un droit, c’est une nécessité vitale pour lui…pour nous.

 

6-Il élargit l’espace

Allons ailleurs, c’est pour cela que je suis sorti.

Entendre ce désir de Jésus d’aller ailleurs d’élargir le champ de sa vie : partant de Capharnaüm, il va parcourir la Galilée ; c’est le début d’un décloisonnement qui, avec la Pentecôte, ira jusqu’au monde entier.

Jésus nous fait sortir de tout particularisme. Il commence à briser les barrières d’une religion ethnique, clanique, nationaliste. Allons ailleurs, sortons comme lui.

 

 

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21 janvier 2018 7 21 /01 /janvier /2018 15:15
Evangile du 4ème dim TO: Mc1/21-28, Jésus fait ce qu'il dit.

Mc 1/21-28

Ils entrèrent à Capharnaüm. Aussitôt, le jour du sabbat, Jésus se rendit à la synagogue, et là, il enseignait.

On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes.

Or, il y avait dans leur synagogue un homme tourmenté par un esprit impur, qui se mit à crier :

« Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. »

Jésus l’interpella vivement : « Tais-toi ! Sors de cet homme. »

L’esprit impur le fit entrer en convulsions, puis, poussant un grand cri, sortit de lui.

Ils furent tous frappés de stupeur et se demandaient entre eux : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. »

Sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de la Galilée.

 1-Il enseigne

Il enseigne sans aucune autorisation institutionnelle. Il ne fait pas partie de la caste de ceux qui sont légitimes pour enseigner.

Il nous est donné 3 caractéristiques de son enseignement :

Ayant autorité, pas comme les scribes, neuf.

Quelle est cette autorité, quelle est cette nouveauté ? Pourquoi est-ce différent de l’enseignement des scribes ?

Les scribes sont dans la répétition et ils ne pratiquent pas forcément ce qu’il enseigne.

Jésus, lui, fait ce qu’il dit et dit ce qu’il fait.

Il parle de libération et il libère vraiment comme cet homme de ses démons.

La nouveauté de son enseignement en acte, c’est la libération.

Son autorité, c’est qu’il ne se contente pas d’en parler : il la réalise, il libère vraiment les gens de ce qui les entrave et les empêche de vivre.

 2-La parole sans les actes

« Tu es le Saint de Dieu » ; qui dit cette formule parfaitement orthodoxe ? Un croyant ? Non, un démon ! Il dit la vérité mais ne vit pas dans la vérité, n’agit pas selon cette vérité. C’est cela de ce genre de démon que Jésus vient nous délivrer.

 3-Aussitôt

L’évangile de Marc, c’est celui de la promptitude. Il est déjà aux versets : 10, 12, 18, 20, 21, 23, 28 et parcourra  tout l’évangile.

Une manière de nous dire : qu’attendons-nous de plus ? C’est maintenant, tout de suite…

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14 janvier 2018 7 14 /01 /janvier /2018 17:34
Méditer avec l'évangile du 2ème dim du TO: Jn1/35-42, Venir et voir

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 1/35-42

En ce temps-là, Jean le Baptiste se trouvait avec deux de ses disciples. Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu. » Les deux disciples entendirent ce qu’il disait, et ils suivirent Jésus. Se retournant, Jésus vit qu’ils le suivaient, et leur dit : « Que cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : « Rabbi – ce qui veut dire : Maître –, où demeures-tu ? » Il leur dit : « Venez, et vous verrez. » Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. C’était vers la dixième heure (environ quatre heures de l’après-midi). André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples qui avaient entendu la parole de Jean et qui avaient suivi Jésus. Il trouve d’abord Simon, son propre frère, et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie » – ce qui veut dire : Christ. André amena son frère à Jésus. Jésus posa son regard sur lui et dit : « Tu es Simon, fils de Jean  tu t’appelleras Kèphas » – ce qui veut dire : Pierre.

Fixant son regard sur Jésus :

Avec cette attitude de Jean-Baptiste nous avons déjà tout, tout de l’attitude spirituelle fondamentale. Ce que Dieu nous demande, c’est de fixer notre regard sur Jésus, ne pas le quitter des yeux, nous emplir de sa lumière.

A quel moment privilégié, il nous est donné de fixer notre regard sur lui ?

Voici l’agneau de Dieu :

Jésus est l’Agneau. En disant cela Jean-Baptiste, nous dit quelque chose d’essentiel de l’identité de Jésus. L’agneau n’appartient pas à l’ordre des prédateurs ! C’est l’agneau pascal des juifs que l’on mange en mémoire de la libération. Jésus est l’agneau qui se donne en nourriture pour que nos vies soient libérées. Jésus est le Dieu vulnérable, remis en nos mains.

Et moi, à la place de Jean-Baptiste, qu’est-ce que je dirai pour désigner Jésus ? « Voici… »

Les 2 disciples écoutèrent cette parole et suivirent Jésus :

Il nous est donné par ce verset les 2 attitudes fondamentales du disciple : écouter et suivre. C’est une décision qui prend tout l’être : ma vie ordonnée à Jésus, orientée vers lui. Ecouter et suivre, c’est une relation d’appartenance où on lie son destin à celui d’un autre. Seul Jésus peut être suivi de cette manière-là, absolue, inconditionnelle, car lui seul est complètement fiable, lui seul a un amour pour nous d’une indéfectible fidélité.

Se demander : pour moi, quelles sont mes raisons de l’écouter et de le suivre ?

Jésus se retournant

C’est Jésus qui prend l’initiative de la rencontre en se retournant. Au lieu de leur montrer son dos, il leur découvre son visage. Il leur est ainsi donner de voir la lumière qu’est Jésus, de la voir face à face. Dieu se donne à voir. Il nous est bon de nous mettre dans cette scène : Nous voyons la face de Jésus et nous sommes regardé-es par lui. Echange de regard. « Je l’avise et il m’avise » disait un des paroissiens du Curé d’Ars pour parler de son oraison.

Etre en sa présence, sous son regard, ne pas vouloir être ailleurs, car on y a trouvé le lieu de sa paix profonde.

Que cherchez-vous ?

Les questions de Jésus sont étonnantes. Elles nous disent Jésus comme éveilleur de désirs. Il est comme une sage-femme qui aide à mettre au monde la vie. Que veux-tu au plus profond de toi, qu’est-ce qui est vivant en toi et qui ne demande qu’à naître ? Un désir qui ne soit pas influencé de l’extérieur, mais celui profond, celui de vivre à plein.

Entendre cette question pour moi, dans l’aujourd’hui de ce que je suis et de ce que je vis.

Où demeures-tu ? Venez et vous verrez

Demeurer, venir et voir. La question des disciples est l’expression d’un désir : où demeures-tu pour demeurer avec toi. Sondez mon propre désir de demeurer avec le Christ.

Me demander quelle est la demeure de Jésus ? Ecouter la réponse qui peut venir en moi.

 

 

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5 janvier 2018 5 05 /01 /janvier /2018 13:26
Coup de cœur…dans le Nouveau Testament, quelques versets de la 1ère lettre de Jean : le cœur de la foi chrétienne.

Pendant l’octave de Noël, la liturgie de l’Eglise catholique romaine, nous fait lire la 1ère lettre de Jean. J’avais beau la connaître, ce matin, j’ai eu un coup de cœur : l’essentiel de la foi est contenu dans ces quelques lignes.

La vie éternelle demeure en nous, car la vie éternelle c’est d’aimer, car la vie éternelle, c’est Dieu lui-même.

Tout acte d’amour est naissance en nous de la vie de Dieu, naissance, fleuve de vie de Noël du quotidien.

Tout acte d’amour est Pâques du quotidien, passage de la mort à la vie.

Et ceci pour toutes et tous…depuis le début du monde, pour tous les peuples, pour tous les temps, pour incroyants ou toutes sortes de croyants. Toutes, tous passent de la mort à la vie, naissent à la vie éternelle en tout acte d’amour.

La-le disciple du Christ le sait : « Nous, nous savons » et c’est ce savoir qui fait sa joie et sa seule originalité.

Nous savons et nous avons reconnu l’amour sur un visage, celui de Jésus. Amour de Jésus jusqu’à donner sa vie.

La-le disciple de Jésus reçoit cet amour et le donne à la mesure de l’accueil qu’elle-il lui fait pour le donner à son tour.

Pas en paroles ni par des discours,
mais par des actes et en vérité
.

Avec Dieu qui apaise notre cœur car si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur et connaît toutes choses.

 

"Bien-aimés, tel est le message que vous avez entendu
depuis le commencement : aimons-nous les uns les autres…
Nous, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons nos frères.
Celui qui n’aime pas demeure dans la mort.
Quiconque a de la haine contre son frère est un meurtrier,
et vous savez que pas un meurtrier
n’a la vie éternelle demeurant en lui.

Voici comment nous avons reconnu l’amour :
lui, Jésus, a donné sa vie pour nous.
Nous aussi, nous devons donner notre vie pour nos frères.
Celui qui a de quoi vivre en ce monde,
s’il voit son frère dans le besoin sans faire preuve de compassion, comment l’amour de Dieu pourrait-il demeurer en lui ?

Petits enfants,
n’aimons pas en paroles ni par des discours,
mais par des actes et en vérité.
Voilà comment nous reconnaîtrons que nous appartenons à la vérité, et devant Dieu nous apaiserons notre cœur ;
car si notre cœur nous accuse,
Dieu est plus grand que notre cœur,
et il connaît toutes choses…"

1Jn3/11…21

 

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4 janvier 2018 4 04 /01 /janvier /2018 23:43
Méditation de l'Epiphanie: Mt 2/1-12 Un enfant pour toutes et tous en recherche de sens.

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand. Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. » En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé, et tout Jérusalem avec lui. Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple, pour leur demander où devait naître le Christ. Ils lui répondirent : « À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète : Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël. » Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant : « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. » Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait, jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant. Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie. Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui. Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.

1-Jésus étant né à Bethléem

Nous sommes à  la source de la foi : Jésus, Verbe fait chair, Dieu qui nait. Dieu qui entre dans le temps, qui entre dans un espace, qui entre dans une culture. Dieu comme nous, un humain.

Laissons-nous étonner par cela. Demandons-nous ce que cela change quant à notre image de Dieu et ce que cela change quant à notre perception de nous-mêmes.

Laissons-nous bousculer par cela.

2-Voici que des mages venus d’Orient

Ces mages orientaux, représentent tous les chercheurs, chercheuses de Dieu, de sens. Celles et ceux du monde entier qui reconnaîtront  en Jésus  Dieu venu nous rejoindre. C’est chacun-e de nous. Ils sont venus de loin, ils ont fait tout un chemin.

Et nous ? De quel orient sommes-nous venus : orient du doute, de l’incroyance, de la souffrance …

Par quel chemin sommes-nous venus au Christ ?

Par quels chemins venons-nous à lui ?

3-Où est le roi des juifs qui vient de naître ?

La question porte sur le lieu de la naissance.

Dans notre vie, quel sont les lieux où nous voyons naitre le Christ ? Quels sont les lieux de nativité aujourd’hui pour nous?

4-Hérode

Regarder ce qu’il fait, écouter ce qu’il dit. Le verset 13 nous donne la clé de son comportement. Actes et paroles sont motivés par la volonté de tuer l’enfant.

Pourquoi ? Pourquoi un enfant est-il dangereux pour lui ?

Pourquoi ce refus dès le début de la vie de Jésus ?

5-Grands prêtes et scribes

Ils ont la connaissance du lieu de la naissance mais ils ne bougent pas, ne vont pas voir. Leur connaissance de produit rien en eux. Leur connaissance n’est pas vitale pour eux, ce n’est pas le cœur de leur vie.

Et moi, qu’est-ce qui est vital pour moi et qui me fait me bouger ?

6-Entrant dans le logis, ils virent l’enfant avec Marie sa mère

Faire comme eux, regarder Jésus, contempler simplement Dieu dans la faiblesse, la vulnérabilité d’un enfant.

M’emplir les yeux de ce que je vois

7-Ouvrant leurs cassettes, ils lui offrirent en présents de l’or de l’encens et de la myrrhe

Cet enfant ne leur a rien demandé. Ce que nous offrons à Dieu n’est pas une commande de sa part, ce qu’il voudrait qu’on lui donne !  C’est simplement ce que par amitié, nous voulons lui donner.

Laissons-nous guérir de cette fausse image de ce que Dieu veut. Sa volonté est que nous vivions.

Quelle cassette de mon cœur je veux ouvrir ? Quel or et quel encens, quelle myrrhe je veux donner ?

8-Ils prirent une autre route pour rentrer dans leur pays

Avoir rencontré Jésus  "dé-route" , on ne fait plus comme avant ! Ils vont habiter le pays de leur vie autrement.

En quoi la rencontre avec Jésus m’a-t-elle fait prendre d’autres routes ?

 

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2 janvier 2018 2 02 /01 /janvier /2018 21:18
Pour donner envie de lire Tauler

D’abord une ligne de biographie dans wikipedia :

 

Jean Tauler (Taulerus), né vers 1300 à Strasbourg et mort le 16 juin 1361 dans la même ville, est un théologien, un mystique et un prédicateur alsacien influent, surnommé « le docteur illuminé »1. Il fut le disciple strasbourgeois de Maître Eckhart.

 

Et ensuite un extrait d’un article écrit par J. Legoëdec, paru dans la revue la vie spirituelle.

Quelques lignes pour donner envie de plonger !

« L’histoire du christianisme présente des phénomènes étonnants de déplacement de thématique, de résurgences puis d’oublis de langage comme autant de filons qui tantôt s’enfoncent dans le sous-sol et tantôt réapparaissent en surface…

Quand il parle de « l’homme déiforme », de la « naissance de Dieu », et de son lieu « en ce fond de l’être », Tauler participe à un mouvement important de son époque qui, par la voie mystique, renoue avec la tradition patristique d’une christologie liée à la déification de l’homme…

C’est dans ce même horizon d’une mystique de la « connaturalité de l’homme et de Dieu » que Tauler apparaît très contemporain, et cela explique la ferveur avec laquelle il est relu…

…C’et sous la pression d’une anthropocentrisme culturel et d’une positivité du monde et des sciences que la pensée chrétienne contemporaine a repris et renouvelé le thème de la divinisation de l’homme…Ce qui rapproche c’est la même importance accordée à l’homme, au temps et au monde comme lieux possibles de la présence de Dieu…

En quelles régions peut alors s’établir la rencontre entre ces sermons et des sensibilités modernes ?

On trouve une invitation à la différence, à l’éveil, au départ comme si le prédicateur emmenait ses auditeurs vers des régions nouvelles de leur être, de leur vie et du langage ; comme s’il leur ouvrait un itinéraire non fixé à l’avance mais simplement balisé. Il s’agit d’une mystique du départ et de la tentative loin des régions closes. »

J. Legoëdec

Dans la revue Vie spirituelle de janvier-février 1976, n°612, tome 130

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26 décembre 2017 2 26 /12 /décembre /2017 13:49
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