Voici un article qui traite du discernement. Pour le faire, je me suis inspirée d’un excellent petit livre écrit par Sr Monique Lorrain : Discerner. Que se passe-t-il en nous. Dans la collection Vie chrétienne. Je vous recommande la lecture de ce livre simple et profond.
1ère partie : Il se passe des choses en nous
Comment vas-tu ? Question qu’on pose quand on rencontre quelqu’un. Question importante. Personnellement je suggère souvent de la poser au début d’un temps de prière. Entendre Dieu qui nous la pose. Pouvoir lui parler de ce qui nous habite. Descendre en soi, sonder son cœur. Passer de la superficie de soi à l’intérieur de soi. Pas si facile. D’autant plus si on a eu une éducation qui vous a dit :
" ne t’écoute pas" ( Cela a pu avoir du positif, un appel à un dépassement de soi. Mais cela comporte des aspects négatifs, se couper de soi-même)
En tout cas dans une retraite spirituelle telle que la conçoit Ignace de Loyola, il est important de s’y exercer : s’exercer à avoir accès à son cœur profond.
Il y a là une position théologique forte : le cœur profond c’est le lieu de Dieu, là où Il parle, donc le lieu d’une décision libre. Le discernement va se faire à partir de ce qu’on aura repéré comme mouvement dans son cœur profond.
Pas facile, donc il faut s'y exercer. Il va falloir que le texte biblique ne reste pas à l’extérieur à soi, donnant lieu seulement à des idées, une explication de texte, un commentaire, mais qu’il soit une parole qui nous rejoint au plus intime de nous.
Il va s’agir de repérer ce qui dans ce texte m’a réjoui-e, m’a rendu-e heureux-se, m’a donné du goût de vivre d’aller de l’avant, du courage, de la paix.
Repérer au contraire, ce qui a été lieu de lourdeur, de tristesse, de découragement.
Cela vaut pour la méditation d’un texte mais aussi au terme d’une journée, pouvoir repérer ce qui m’a dynamisé-e ou m’a déprimé-e.
Si je ne suis pas attentif-ve à cela, je risque de me laisser balloter, comme un navire qui n’aurait pas de gouvernail et qui irait selon le vent.
Il s’agit donc de prendre conscience de ces mouvements en nous, ne pas les nier : oui je suis en colère de… ; oui j’ai tel désir de… ; oui, cela me rend heureux-se
Je vais pouvoir repérer ce qui est générateur de vie pour l’accueillir.
Repérer ce qui contrarie la vie en moi pour m’en défendre.
Si je fais cela je tiens le gouvernail : j’utilise le bon vent, je vais dans son sens et je me défends de celui qui me fait dériver.
2ème partie : d’où ça vient ?
Après les avoir repérés, il s’agit d’en trouver l’origine, d’où ça vient
1-Des mouvements peuvent venir de nous, en ce que nous sommes créé-es à l’image de Dieu.
Donc ils viennent de notre cœur dans sa capacité de bonté, de beauté, vérité
2-ils peuvent venir de la part blessée en nous : les blessures de la vie, celles reçues des autres, de celles aussi dont nous sommes acteurs
3-ils peuvent venir de l’Esprit Saint
Le cœur bon en nous et l’Esprit Saint sont solidaires, ils s’entraident mutuellement.
L’Esprit Saint encourage la vie, la bonté, la vérité qui est en nous. Il va aider à nous ouvrir davantage aux autres, au monde, à lui. Il va favoriser la joie, la louange, la lumière, la vérité, le pardon, la force, le courage
Il va panser nos blessures.
4- ils peuvent venir aussi du mauvais esprit
Car un autre veut empêcher tout cela, combattre la relation à Dieu. Il s’oppose à cet élan de vie, il veut défaire ce qui est bon et beau en nous, il essaie de susciter des mouvements de mensonge, de secret, de mépris, de tentation, de doute, de division, de désordre, de peur, de séduction.
Il va utiliser nos blessures pour nous enfoncer davantage.
3ème partie : l’action opposé de l’Esprit Saint et du mauvais esprit
Je reproduis ici le tableau très éclairant de Monique Lorrain à la page 13
LE MAUVAIS ESPRIT
contraint, oblige, enchaîne
embrouille, trompe
décourage, affaiblit
trouble, met dans la peur
inquiète sur le passé et le futur
fait douter
plonge dans le désespoir
favorise égoïsme et repli sur soi
divise, accuse, rend malveillant
enferme dans l'orgueil
rend triste, amer
entraîne à la désolation
aveugle et endurcit le coeur
fait douter du pardon
LE BON ESPRIT
invite, respecte notre liberté
éclaire, fait la vérité
encourage, fortifie
apaise, met dans la confiance
aide à vivre le moment présent
fortifie la foi
enracine dans l'espérance
entretient l'amour, l'ouverture
construit l'unité, la fraternité
met dans l'humilité
éveille à la joie, la louange
donne le goût spirituel
invite à la conversion, à la reconnaissance de notre péché
ouvre à la miséricorde
4ème partie : où ça va ?
1-Quand nous sommes en situation de dynamisme qui nous pousse vers le haut :
*L’Esprit Saint donne force, courage, chasse nos peurs, donne l’ énergie pour aimer, servir, il soutient ce qui en nous veut aller vers la vie, il veut nous conduire vers la vie.
*le mauvais esprit décourage, met des obstacles « tu n’y arriveras jamais », il met l’inquiétude, le trouble, la méfiance en soi, en Dieu dans les autres, il veut nous nous faire changer de voie, quitter notre montée vers la vie et nous faire prendre la pente qui va vers la mort.
2-Quand nous sommes en situation de descente vers le bas
*l’Esprit Saint va nous dire : « attention », reprends –toi, rebrousse chemin, il suscite une légitime inquiétude, dérange notre somnolence, suscite une insatisfaction, il veut freiner et arrêter la descente qui nous mène à la mort.
*le mauvais esprit encourage la descente « vas-y , ne t’inquiète pas , tout le monde fait pareil, ne te pose pas de question », il endort la conscience.
5ème partie : consolation/ désolation
1-Consolation
Il y a des périodes de notre vie où nous vivons une consolation spirituelle.
Période de vitalité spirituelle
Cela peut se vivre de différentes façons :
*cœur tout brûlant qu’ont connu les disciples d’Emmaüs Lc 24/32
L’amour de Dieu est ressenti de manière forte. Situation de l’amoureux
*pas forcément ressenti mais plus fréquent : augmentation de foi, de confiance en Dieu, en soi, dans les autres ; force qui permet d’avancer, même dans l’épreuve, une paix qui fait vivre le quotidien
*mais aussi sous forme d’une découverte douloureuse de son péché qui me fait me jeter dans les bras de Dieu, vraie contrition (qui n’a rien à voir avec la fausse culpabilité, le remords qui est jugement terrible de soi par soi).
*consolation qui donne goût de Dieu, change notre regard.
Produit ce qui est décrit en Ga 5/22
Que faire en période de consolation ?
-puisque c’est un temps facile, en profiter pour mette en place dans ma vie des moyens pour structurer ma vie spirituelle.
-rendre grâce pour prendre conscience que c’est un don de Dieu, emplir ma mémoire de ce don, pour m’en souvenir quand ce sera plus difficile.
2-désolation
Plus rien ne va : obscurité, découragement, doute, tentation, Dieu semble loin
Manque de vitalité spirituelle, paresse, tiédeur, tristesse, comme une terre desséchée
Dans ces moments, nous somme fragiles et fragilisés et nous pouvons être plus sensibles au mauvais esprit qui veut nous détacher de Dieu.
Pourquoi peut-on passer de la consolation à la désolation ?
-à cause d’un manque de vigilance de notre part, de négligence. Le don de Dieu, on ne l’a pas alimenté comme un feu auquel on n’aurait plus donné de bois à brûler.
-mais , sans aucune faute de notre part, Dieu peut nous laisser sans secours particulier pour purifier notre cœur, pour l’aimer Lui-même et non pour ses dons ; mais Il ne nous enlève jamais la grâce qui suffit pour rester fidèle.
Que faire en période de désolation ?
-tenir le cap : ne pas changer les décisions prises, s’ancrer dans la prière même sèche et qui semble vide.
-ne pas s’affoler : je ne sens plus la présence de Dieu mais Il est là.
Ma grâce te suffit 2 Co 12/9
Je suis avec vous Mt 28/20
-en parler à quelqu’un de compétent en vie spirituelle.
-en profiter pour comprendre mieux mes points faibles qui favorisent la désolation et qui me fragilisent.
-faire mémoire des moments de consolation que j’ai pu avoir.
Le faire comme Israël : en exil où ils ont tout perdu (plus de roi, de terre, de temple) ils sont dans la désolation, ils se souviennent du temps où Dieu les a libérés de l’esclavage et conduits vers un pays de lait et de miel. S’appuyer là-dessus pour espérer.