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24 août 2019 6 24 /08 /août /2019 19:07
Débora : la juge était une femme…inconnue de la liturgie catholique
Débora : la juge était une femme…inconnue de la liturgie catholique

Débora :la juge était une femme, ce n’est pas le titre d’un nouveau feuilleton ! Mais un récit biblique au livre des Juges.

Mais ce récit les catholiques qui vont à la messe ne l’entendent jamais. Il n’est ni dans le lectionnaire de semaine, ni dans celui des dimanches, ni dans le sanctoral.

Depuis le Concile Vatican II, un nombre plus important de textes sont entrés dans la Liturgie des messes.

Mais pas tous. Les catholiques romains n’entendent jamais le chapitre 4 du Livre des Juges. Cet « oubli »  me semble significatif :  c’est un texte de la Bible où l’on voit une femme, Débora, en position d’autorité civile et religieuse.

La Bible fait mémoire d’elle non pas en tant que mère et non pas en tant qu’épouse.

Non, on fait mémoire d’elle en tant que personne ayant exercé un gouvernement efficace, reconnu par le siens. Nous avons donc avec ce texte, un exemple de la capacité des femmes à gouverner. Cas unique retenu mais qui peut faire penser qu’il n’a pas été le seul.

Et bien ce texte, les catholiques ne l’entendent jamais ! Vous le trouverez uniquement dans le tome 3 de la Liturgie des Heures (page 170) que, normalement prêtres et diacres doivent prier.

 

Pourquoi est-il occulté dans les Eucharisties catholiques-romaines ?

 

Parce qu’il donnerait à penser que des femmes pourraient très bien, dans l’Eglise, avoir des charges de gouvernement !

 

  

 

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29 décembre 2015 2 29 /12 /décembre /2015 23:14
Judge and Prophetess Deborah - Adriene Cruz

Judge and Prophetess Deborah - Adriene Cruz

Dans l’Eglise catholique romaine, des textes de la Bible sont lus durant des célébrations liturgiques. Pour tous les jours de l’année et pour les messes des dimanches.

Depuis le Concile Vatican II, un nombre plus important de textes sont entrés dans la Liturgie.

Mais pas tous.

Les catholiques romains n’entendent jamais le chapitre 4 du Livre des Juges.

Cet « oubli » de l’un d’entre eux me semble significatif. Parce que c’est un texte de la Bible où l’on voit une femme, Débora, en position d’autorité civile et religieuse.

La Bible en parle non pas en tant que mère, non pas en tant qu’épouse.

Non, elle en parle en tant que personne ayant exercé un gouvernement efficace, reconnu par le siens.

Nous avons donc dans la Bible, un exemple de la réalité d'un gouvernement exercé par une femme, de sa capacité à le faire et de sa réussite. Cas unique retenu mais qui peut faire penser qu’il n’a pas été le seul.

Pourquoi est-il occulté dans la liturgie catholique-romaine ?

Parce qu’il donnerait à penser que des femmes pourraient très bien, dans l’Eglise, avoir des charges de gouvernement au plus haut niveau !

Article déjà paru sur le blog :

http://christine-amina-esther-andco.eklablog.com/un-texte-de-la-bible-occulte-et-obture-a60947207

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2 août 2015 7 02 /08 /août /2015 14:38

Un commentaire du bibliste José Antonio Pagola

Sur son blog

http://blogs.periodistadigital.com/buenas-noticias.php/2015/07/27/el-corazon-del-cristianismo

 

et traduit en anglais sur le blog de Iglesia Descalza

http://iglesiadescalza.blogspot.fr/2015/07/the-heart-of-christianity.html

 

El corazón del cristianismo

 

La gente necesita a Jesús y lo busca. Hay algo en él que los atrae, pero todavía no saben exactamente por qué lo buscan ni para qué. Según el evangelista, muchos lo hacen porque el día anterior les ha distribuido pan para saciar su hambre.

Jesús comienza a conversar con ellos. Hay cosas que conviene aclarar desde el principio. El pan material es muy importante. Él mismo les ha enseñado a pedir a Dios «el pan de cada día» para todos. Pero el ser humano necesita algo más. Jesús quiere ofrecerles un alimento que puede saciar para siempre su hambre de vida.

La gente intuye que Jesús les está abriendo un horizonte nuevo, pero no saben qué hacer, ni por dónde empezar. El evangelista resume sus interrogantes con estas palabras: «y ¿qué obras tenemos que hacer para trabajar en lo que Dios quiere?». Hay en ellos un deseo sincero de acertar. Quieren trabajar en lo que Dios quiere, pero, acostumbrados a pensarlo todo desde la Ley, preguntan a Jesús qué obras, prácticas y observancias nuevas tienen que tener en cuenta.

La respuesta de Jesús toca el corazón del cristianismo: «la obra (¡en singular!) que Dios quiere es esta: que creáis en el que él ha enviado». Dios solo quiere que crean en Jesucristo pues es el gran regalo que él ha enviado al mundo. Esta es la nueva exigencia. En esto han de trabajar. Lo demás es secundario.

Después de veinte siglos de cristianismo, ¿no necesitamos descubrir de nuevo que toda la fuerza y la originalidad de la Iglesia está en creer en Jesucristo y seguirlo?¿No necesitamos pasar de la actitud de adeptos de una religión de «creencias» y de «prácticas» a vivir como discípulos de Jesús?

La fe cristiana no consiste primordialmente en ir cumpliendo correctamente un código de prácticas y observancias nuevas, superiores a las del antiguo testamento. No. La identidad cristiana está en aprender a vivir un estilo de vida que nace de la relación viva y confiada en Jesús el Cristo. Nos vamos haciendo cristianos en la medida en que aprendemos a pensar, sentir, amar, trabajar, sufrir y vivir como Jesús.

Ser cristiano exige hoy una experiencia de Jesús y una identificación con su proyecto que no se requería hace unos años para ser un buen practicante. Para subsistir en medio de la sociedad laica, las comunidades cristianas necesitan cuidar más que nunca la adhesión yel contacto vital con Jesús el Cristo.

18 Tiempo Ordinario - B
(Juan 6,24-35)
02 de agosto 2015
José Antonio Pagola

 

The heart of Christianity

 

by José Antonio Pagola (English translation by Rebel Girl)
Buenas Noticias: Blog de Jose Antonio Pagola
August 2, 2015

John 6:24-35

The people need Jesus and look for him. There's something in him that attracts them but they still don't know why they're looking for him or to what end. According to the evangelist, many are doing it because the day before, he had distributed bread to them to satisfy their hunger.

Jesus starts to talk with them. There are things that should be clarified from the beginning. Material bread is very important. He himself has taught them to ask God for "daily bread" for everyone. But human beings need something more. Jesus wants to offer food that can satiate their hunger for life forever.

The people sense that Jesus is opening a new vista, but they don't know what to do or where to start. The evangelist summarizes their questions with these words: "What can we do to accomplish the works of God?". In them, there is a sincere desire to get it right. They want to work on what God wants but, used to thinking about everything based on the Law, they ask Jesus what new works, practices, and observances they must take into consideration.

Jesus' response touches the heart of Christianity: "The work (singular!) God wants is this: that you believe in the one he sent." God only wants them to believe in Jesus Christ since he is the great gift He has sent into the world. This is the new requirement. This is what they are to work on. Everything else is secondary.

After twenty centuries of Christianity, don't we need to rediscover that the full force and originality of the Church is in believing in Jesus and following him? Don't we need to move beyond the attitude of followers of a religion of "beliefs" and "practices" to live as disciples of Jesus?

Christian faith is not primarily properly fulfilling a code of new practices and observances, superior to those of the Old Testament. No. Christian identity is in learning to live a lifestyle that is born of a living and trusting relationship with Jesus Christ. We become Christians in the measure that we learn to think, feel, love, work, suffer and live like Jesus.

Being a Christian today requires an experience of Jesus and identification with his plan that wasn't required a few years ago to be a good practitioner. To survive in the midst of secular society, Christian communities need to take greater care than ever of their vital adherence to and contact with J
esus Christ.

 

 

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8 juillet 2012 7 08 /07 /juillet /2012 23:31

 

Dans l'Evangile selon St Matthieu chapitre 9 verset 10 à 13


[9] Etant sorti, Jésus vit, en passant, un homme assis au bureau de la douane, appelé Matthieu, et il lui dit : "Suis-moi !" Et, se levant, il le suivit.

[10] Comme il était à table dans la maison, voici que beaucoup de publicains et de pécheurs vinrent se mettre à table avec Jésus et ses disciples.

[11] Ce qu'ayant vu, les Pharisiens disaient à ses disciples : "Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ?"

[12] Mais lui, qui avait entendu, dit : "Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades.

[13] Allez donc apprendre ce que signifie : C'est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice. En effet, je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs."

Suis-moi dit Jésus à Matthieu

Il se lève et le suit

A la suite de quoi, beaucoup de publicains viennent pour partager le repas avec Jésus.

 

Suis-moi dit Jésus à Matthieu

Il se lève et le suit.

A la suite de quoi, beaucoup de publicains viennent pour partager le repas avec Jésus.

 

Deux questions :

Pourquoi cette immédiateté de la réponse de Matthieu ?

Pourquoi cette attirance vers Jésus de ces publicains ?

 

Questions qui peuvent être aussi les nôtres.

Pour quoi, nous aussi le suivre ?

Pourquoi venir à la table de son repas ce soir ?

Pourquoi l’attirance que nous avons pour Lui ? 

 

Mais aussi, comme en contraste, pourquoi la méfiance des pharisiens, leur suspicion, leur refus qui va aller jusqu’à vouloir le faire mourir. ?

 

On sent bien avec ce texte et tout l’Evangile même qu’il y a une décision à prendre.

Dire un oui ou un non à la nouveauté que Jésus apporte.

Oui, une nouveauté, une rupture.

 

Nouveauté et rupture que constitue cet accès à Dieu auquel Jésus nous introduit :

 

-Un accès à Dieu ouvert à toutes et toutes sans exclusive et qui est bien montré dans l’Evangile d’aujourd’hui : un appel et un repas pour des publicains et des pécheurs.

-Un accès à Dieu qui rend possible à des hommes et des femmes un avenir différent.

-Un accès à Dieu qui rend la parole à ceux qui en étaient dépossédés et leur redonne leur dignité.

-Un accès à  Dieu qui s’invite à notre table en ami, pour échanger avec nous à égalité, recevant de nous comme nous recevons de Lui.

-Un accès à Dieu qui nous invite au même type de relation les uns avec les autres, à égalité, recevant de nous comme nous recevons des autres.

-Un accès à Dieu parce qu’il  dit un oui inconditionnel sur nos vies.

Inconditionnel c'est-à-dire sans condition préalable.

 

 

Et s’il y en a quand même une, de condition, ce serait un renoncement. Le renoncement au jugement de soi par soi qui peut tellement pourrir nos vies.

Renoncement à ce jugement pour accueillir le «  je t’aime » de Dieu. Je t’aime tel que tu es, comme tu es.

C’est ce qu’il fait en nous à chaque Eucharistie quand il nous fait hôte de Sa vie.

 

 

 

 

 

 

 

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16 juin 2012 6 16 /06 /juin /2012 07:23

 

Evangile de Jésus Christ selon saint Marc  8, 27-33

 

27 Jésus s'en alla avec ses disciples vers les villages voisins de Césarée de Philippe. En chemin, il interrogeait ses disciples: " Qui suis-je, au dire des hommes ? " 28 Ils lui dirent: " Jean le Baptiste ; pour d'autres, Elie ; pour d'autres, l'un des prophètes. " 29 Et lui leur demandait : " Et vous, qui dites-vous que je suis ? " Prenant la parole, Pierre lui répond: " Tu es le Christ. " 30 Et il leur commanda sévèrement de ne parler de lui à personne. 31 Puis il commença à leur enseigner qu'il fallait que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu'il soit mis à mort et que, trois jours après, il ressuscite. 32 Il tenait ouvertement ce langage. Pierre, le tirant à part, se mit à le réprimander. 33 Mais lui, se retournant et voyant ses disciples, réprimanda Pierre; il lui dit: " Retire-toi! Derrière moi, Satan, car tes vues ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. "

 

Pour tout texte de l’Evangile, il est bon de voir ce qui se passe avant :

une guérison progressive d’un aveugle par Jésus, et avant encore un discours où Jésus dit à ses disciples qu’ils ne comprennent pas, qu’ils ne saisissent pas,  qu’ils ont des yeux mais ne voient pas, des oreilles mais n’entendent pas.

 

Et c’est vrai ! Le dialogue avec Pierre  le montre amplement. Pierre dit bien les mots de la foi : « tu es le Messie » Mais il les dit faussement. Et oui, on peut être correct dans l’énoncé et derrière les mots dire le contraire. Il dit Messie en pensant victoire sur les romains, messie politique. C’est ce qui explique la réaction de Jésus qui demande de ne pas divulguer ce titre ambigu et ce qui explique la réaction de Pierre qui refuse le discours sur la Passion.

 

Ainsi donc l’orthodoxie d’un énoncé ne suffit pas. Que mettons-nous derrière les mots de la foi que nous disons ?

Messie ? Un victorieux par les armes, la violence, ou un doux et humble de cœur ?

Dieu ? Dieu de contrainte, ou Dieu de liberté ?

Evangile ? Un texte figé, ou la rencontre avec la bonne nouvelle libératrice  de Jésus ?

La croix ? Le prix à payer à Dieu pour qu’il consente à pardonner, ou le don d’un amour plus fort que nos refus ?

Le salut ? Avoir une place au paradis, ou l’offre pour tout être humain d’humaniser sa vie dès maintenant et pour l’éternité ?

 

Pierre par sa réaction montre qu’il n’est pas encore entré dans le Royaume de Jésus au sens de pas encore entré dans l’esprit de Jésus.

« Passe derrière moi » dit Jésus à Pierre. C'est-à-dire mets-toi à mon école. Comme un disciple, continue à écouter, pour qu’arrive le jour où il te sera donné d’entendre vraiment

la nouveauté de ma parole,

la révolution de ma révélation,

qui est subversion de toutes les images perverties de Dieu.

 

Demandons cette grâce d’avoir vraiment des oreilles pour entendre, d’avoir vraiment des yeux pour voir !

 

 

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26 mai 2012 6 26 /05 /mai /2012 00:23

Pentecote-GhP.JPG

 

Peinture sur bois peinte par Sr Ghislaine Pauquet, rc

Pentecôte

On peut la voir au centre spirituel du céancle de Versailles

(France 20ème siècle)

 

 

Le Cénacle entre Ascension et Pentecôte.

Ou le consentement à une absence pour une autre présence.

« Une nuée vint les soustraire à leur regard » Ac 1/9.

Entre Ascension et Pentecôte, ce temps du Cénacle est éducation à voir le Christ d’une autre manière, se familiariser à un autre forme de présence.

 

1- « Ils montèrent à la chambre haute, où ils se tenaient habituellement » Ac 1/13

On y voit cette première communauté, d’hommes et de femmes réunis ensemble.

Cela nous indique une première attitude spirituelle à garder précieusement, à cultiver.

Viser la communion. Se donner, se trouver, des lieux de partage. Et pas seulement en avoir mais aussi en estimer la valeur, s’y investir.

En saisir le sens profond : Il s’agit de faire l’expérience d’une présence du Christ, selon la promesse faite : «  Que deux ou trois soient réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux » Mt 18/20.

La communauté est lieu de présence du Christ, au milieu d’elle, en elle. Corps du Christ.

 

2-« Tous d’un même cœur, étaient assidus à la prière » Ac 1/14

Il y a tellement de choses à dire

Des raisons pour prier :

-Devenir d’autres Christ.

C’est tout l’enjeu de la prière avec l’Evangile. En contemplant le Christ, en fait, je me mets en situation de suite du Christ, comme les disciples qui l’ont suivi sur les routes de Palestine. Le fréquenter pour lui devenir semblable. Le regarder, L’écouter pour regarder comme Il regarde, saisir de l’intérieur les grandes options de Son existence pour que peu à peu elles imprègnent mes décisions. Saisir Sa manière particulière d’aimer, me laisser aimer par Lui pour qu’Il puisse me transformer pour aimer à mon tour.

 « Dans les actes du Christ, aussi bien que dans Ses paroles, se révèlent les principes qui inspirent Son action, les jugements de valeur qui dictent Son attitude, et commandent Ses réactions. C’est cela que nous devons faire nôtre, incorporer progressivement à la substance de notre être. Plus nous le ferons, plus nous agirons spontanément comme le Christ…Nous serons d’autres Christ, c’est à dire des chrétiens. C’est pourquoi, la méditation de l’Evangile n’est pas un exercice facultatif pour ceux qui veulent vivre leur incorporation au Christ. C’est là qu’ils en puiseront les moyens »

Y de Montcheuil, Problèmes de vie spirituelle, Epi, 1947, p98)

 

-Etre animé par l’Esprit.

Mais cela ne se fait pas à la force du poignet, de manière volontariste. C’est de l’ordre d’un abandon, d’un « laisser-faire » de l’accueil d’un don. Ces 10 jours entre Ascension et Pentecôte sont symboliques  d’un Espace. Faire de la place à Dieu, ne pas se précipiter dans l’action. Entrer dans un discernement avant d’agir pour que notre action qui reste bien la nôtre, soit aussi celle de Dieu. Que notre action soit animée par l’Esprit. C’est le sens de cette expression si audacieuse qu’on trouve dans les Actes : « L’Esprit Saint et nous mêmes avons décidé… » Ac 15/28

C’est notre aventure : celle d’être configuré-e au Christ, dans le consentement à Lui devenir semblable et par  l’espace que nous offrons à l’Esprit pour discerner ce qui est selon Dieu. Chacun-e de nous peut devenir   présence du Christ dans ce monde : un-e Autre Christ.

Pour cela il est nécessaire de garder des espaces de recul dans son emploi du temps, des temps pour soi, temps de solitude, de silence, d’intériorité, de relecture du vécu . Descendre au plus profond de soi pour reconnaître ce qui est source de paix, de joie, d’élan paisible, source de plus grande confiance en soi, dans les autres, en Dieu, source de plus d’espérance et d’amour. Car ce sont des signes de l’Esprit. Un désir, une pensée, un sentiment, des idées qui sont portés par ce climat, on peut y discerner l’Esprit du Christ. On peut les accueillir et les réaliser. Au contraire, un désir, une pensée, une idée, un sentiment porté par un climat de peur, de méfiance, d’agitation, de découragement, de tristesse, de ressentiment sont plutôt indicateurs d’un mauvais esprit et l’indication d’un combat spirituel à mener.

 

3-« Vous serez mes témoins à Jérusalem et dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux confins de la terre » Ac1/8.

Il s’agit maintenant de chercher et de trouver le Christ au cœur même de l’action.

Le monde comme lieu pour trouver Dieu, le monde comme lieu de Dieu.

Cela ouvre un accès à Dieu par la médiation du monde : tout ce qui est bon, juste, vrai, beau, en moi dans les autres, dans les choses est Présence de Dieu. Présence à  adorer, à contempler.

L’apostolat n’est pas d’apporter Jésus mais de le découvrir à l’œuvre dans ce monde, révéler sa présence au cœur de ce que nous vivons.

« Je vis, écrit comme en lettres d’or, ce mot de bonté…je le vis, écrit sur toutes les créatures…toutes portaient ce nom de bonté, je le voyais même sur la chaise qui me servait de prie-Dieu. Je compris alors que tout ce que ces créatures ont de bon …est un bienfait que nous devons à la  bonté infinie de notre Dieu,

afin que nous la rencontrions en tout et partout ».

Lettre de Ste Thérèse Couderc du 10 août 1866

Cela rejoint la phrase attribuée à Ignace de Loyola : « Chercher et trouver Dieu en toutes choses ».

J’y ajoute ce commentaire d’un jésuite d’aujourd’hui :

« Dieu n’est cherché en Lui-même que pour être trouvé en toutes chose…Le désir de voir Dieu trouve son repos en Dieu trouvé ici et maintenant dans l’humilité du quotidien ».

P.Philippe Charru sj,  homélie de la fête de Thérèse Couderc, sept 2007.

 

Ensemble, dans la contemplation du Christ et l’écoute de l’Esprit, pour être apôtre.

Voici ce temps du cénacle entre Ascension et Pentecôte.

Un temps et un espace dont on ne peut faire l’impasse si l’on veut que notre vie chrétienne devienne de plus en plus vivante.

 

4- « Tous d’un même cœur étaient assidus à la prière avec quelques femmes dont Marie mère de Jésus et avec ses frères ».

Pesez le « tous ». Il s’agit de l’Eglise entière ! Femmes et hommes. Tous et toutes disciples. Il est vraiment dommage que tant de peintures, d’icônes de la Pentecôte ne représentent que des hommes avec Marie. ( Et même quelquefois sans elle !). Dans notre Centre spirituel, il y a une peinture de la Pentecôte sur bois où l’on voit  Marie et des disciples femmes et hommes recevoir l’Esprit et partir en joyeux-ses messagères et messagers de la Bonne Nouvelle. Je me souviens de l’étonnement d’un prêtre d’y voir des femmes : « Mais il n’y avait pas de femmes au Cénacle quand les apôtres ont reçu l’Esprit Saint ! » me dit-il. Je lui ai ouvert Ac 1/14 : « avec quelques femmes dont Marie ». Comme quoi les représentations mentales et picturales sont plus fortes que l’objectivité d’un texte.

 

Regarder Marie. Quel est son rôle ici ? Pourquoi la pensons-nous uniquement silencieuse ? Elle qui est remplie de l’Esprit depuis l’Annonciation , elle qui retenait toutes ces choses dans son cœur ( Lc 2/19)…Pourquoi ne pas la voir enseignant, à tous et toutes ,les chemins de la foi, l’accès nouveau à Dieu inauguré par le Christ ? Faire comprendre son absence comme une chance : désormais Le découvrir, Le reconnaître à l’œuvre par nos mains. Donner goût à Le contempler pour que quelque chose de Ses yeux, de Son cœur deviennent les nôtres pour devenir Christ pour les autres . Regarder Marie transmettant ainsi son expérience du Christ son Fils et son Sauveur.

 

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23 mai 2012 3 23 /05 /mai /2012 21:21

 


Le Cénacle de Pâques à l’Ascension ou le passage de la peur à la foi.

 

De Pâques à l’Ascension c’est un  temps qu’on peut appeler « de la peur à la foi ».

On voit les disciples dans l’Evangile enfermé-es dans le lieu où ils et elles ont l’habitude de se retrouver, le lieu où Jésus avait célébré la dernière Cène et que la tradition nomme le Cénacle.

La peur les a fait s’enfermer. On peut comprendre ! Disciples d’un condamné à mort, ils et elles appartiennent au camp de la défaite, au parti de la défaite. En fait, comme leur maître : enfermé-es dans un tombeau,  lieu de la déception après tant d’espoir suscité par l’action de Jésus quand ils le suivaient , lieu de tristesse après tant de joie que sa parole avait éveillée en eux, lieu de la nuit après tant de lumière que sa présence leur donnait, lieu de mort après tant de vie qu’il donnait à qui le rencontrait !

Au Cénacle à ce moment- là, ils et elles  sont dans la peur et l’enfermement.

N’est-ce pas à certains moments de notre vie, un lieu connu de nous et dont nous avons eu l’expérience ?

 

Mais voilà que ce lieu va devenir un lieu d’expérience de Dieu. En effet Jésus va venir les rejoindre dans ce lieu-là. Ils et elles  vont faire l’expérience qu’aucun verrou au monde ne peut empêcher Jésus de nous rejoindre. Verrou de la déception, de la tristesse, de la nuit, de la mort.

Et ils et elles vont regarder éblouis, Jésus se tenir là pour les assurer de sa présence,

Ecoutons, étonné-es, Jésus leur adresser cette parole qui dit et fait la paix en eux, en elles.

Donc ce 2ème lieu du Cénacle va être peu à peu le lieu d’un passage : de la peur à la foi, de la peur à la paix, de la peur à la joie.

N’est-ce pas aussi à certains moments, un passage connu de nous et dont nous avons déjà fait l’expérience ?


Cela nous donne 3 signes de la présence active de Dieu dans nos vies : la foi, la paix, la joie.

Et ce sont des dons à la fois du Père, du Fils et de l’Esprit, signe de leur victoire en nous, de la victoire de la vie sur la mort.

 

Le vaincu, le rejeté, le condamné, le crucifié mort sur la croix. Il est vivant et on l’a vu vivant.

La lumière après la nuit, la joie après la douleur.

Il nous faut peser la force de cette joie, qui seule explique la force de leur témoignage, la transformation que cela va opérer et qui ira jusqu'à donner leur vie pour témoigner de Lui.

Cela voulait dire aussi que tout dans la vie de Jésus est véridique, que tout est digne de foi.

Dieu a donné raison au crucifié contre ceux qui en avaient fait un paria, un blasphémateur.

Notre foi repose sur leur témoignage.

Ils et elles ont vu c’est pourquoi ils et elles ont parlé.

Peser ce poids de joie des disciples.

N’est-ce pas aussi à certains moments, une force connue de nous et dont nous avons déjà fait l’expérience ?

 

Il y a donc dans ce lieu de passage de la peur à la foi, une expérience spirituelle profonde. Expérience spirituelle qui est expérience de l’Esprit Saint.

Dans le texte, il est indiqué un signe de l’Esprit qui est le pardon des péchés : « Remettez les péchés »

Pour bien profiter de ces paroles du Christ, remarquons qu’elles s’adressent aux disciples, donc à chacun-e de nous. Nous sommes envoyé-es, pour cela nous recevons la force de l’Esprit Saint , et la mission confiée est d’être signe du pardon offert.

Souvent, nous ne prenons pas assez au sérieux ce que nous dit Jésus, nous nous protégeons de ses paroles en nous disant : ce n’est pas à nous qu’il s’adresse.

Baptisé-es, donc disciples, nous sommes envoyé-es :

Accueillons cet appel au pardon, c’est constitutif de notre être baptismal.

Envoyé-es pour dire la miséricorde.

Ces mots de Jésus aux disciples sont pour nous.

N’est-ce pas aussi à certains moments, une expérience de l’Esprit  connue de nous et dont nous avons déjà fait l’expérience ?

 

 

 

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21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 13:55

Le centre spirituel du Cénacle de versailles est animé par une famille spirituelle qui a choisi un lieu biblique comme fondement de sa vie spirituelle : un lieu qui s’appelle « Cénacle »

Un nom qui n’est pas facile à porter pour 2 raisons :

-le langage courant du dictionnaire, le définit comme « Petit groupe fermé sur lui-même » ! Dur à porter !

-la prédication courante des homélies l’assimile à la seule peur des disciples enfermés.

 

Nous allons essayer de déconstruire ces images !

 

1-Le premier lieu du Cénacle, c’est le lieu de la Cène, le lieu du dernier repas de Jésus.

C’est donc le lieu du don de sa vie que fait Jésus, par amour pour nous, pour aller jusqu’au bout de la fidélité à Sa mission.  Geste du pain et du vin qui signifie qu’Il entre librement dans Sa passion, qu’Il Se livre totalement. Thérèse Couderc, fondatrice de la Famille spirituelle du Cénacle a tellement contemplé ce mystère de la Cène au Cénacle, qu’elle a fait de ce mot «  se livrer » l’expression ultime de la réponse d’amour qu’on peut faire au Christ : se livrer au Christ en réponse au don qu’Il nous fait.

 

2-le deuxième lieu du Cénacle, entre Pâques et Ascension commence bien par la peur et l’enfermement.

Par exemple : « Le soir de ce même jour…toutes portes closes par peur…là où se trouvaient les disciples, Jésus vint… » Jn 20/19

Ce lieu est important. Il ne s’agit pas de le traiter à la légère, du genre : allez ! dehors !

Car c’est un lieu de passage, un temps de passage de la peur à la foi. Et bien, cela prend du temps ! C’est un lieu où l’on se laisse éduquer par Jésus, où on Le laisse nous pacifier.

 

3-Mais il y a un 3ème temps

Ce 3ème temps est méconnu par beaucoup de chrétiens et d’homélies !

c’est le temps du Cénacle entre Ascension et Pentecôte.

Nous lisons cela en Ac1/1…13

01  Mon cher Théophile, dans mon premier livre j'ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné depuis le commencement,
02  jusqu'au jour où Il fut enlevé au ciel après avoir, dans l'Esprit Saint, donné Ses instructions aux Apôtres qu'Il avait choisis.
03  C'est à eux qu'Il S'était montré vivant après Sa Passion : Il leur en avait donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, Il leur était apparu, et leur avait parlé du royaume de Dieu.
04  Au cours d'un repas qu'Il prenait avec eux, Il leur donna l'ordre de ne pas quitter Jérusalem, mais d'y attendre ce que le Père avait promis. Il leur disait : « C'est la promesse que vous avez entendue de ma bouche.
08  Mais vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit, qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre. »
09  Après ces paroles, ils Le virent s'élever et disparaître à leurs yeux dans une nuée.
12  Alors, ils retournèrent du mont des Oliviers à Jérusalem,
13  Arrivés dans la ville, ils montèrent à l'étage de la maison.

.

et en Lc 24/50-52

50  Puis Il les emmena jusque vers Béthanie et, levant les mains, Il les bénit.
51  Tandis qu'Il les bénissait, Il se sépara d'eux et fut emporté au ciel.
52  Ils se prosternèrent devant Lui, puis ils retournèrent à Jérusalem, remplis de joie.

 

Ce temps est situé entre l’Ascension et la Pentecôte.

-Ils sont réunis ensemble : c’est dire l’importance de la dimension communautaire de toute vie chrétienne.

-Ils sont en prière dans l’attente du don promis qui est l’Esprit Saint : c’est dire l’importance de la prière pour recevoir de l’Esprit le dynamisme de sa vie chrétienne.

-Ils vont, grâce à cette expérience de communauté et de prière, devenir témoins.

 

Et cela sur ordre de Jésus et dans un climat de joie.

Donc entre Ascension et Pentecôte, il n’est plus question de peur.

Ils sont dans ce lieu sur ordre de Jésus, dans la joie et l’attente du don promis.

Car ce mystère du Cénacle de la Cène à la Pentecôte, n’est pas réservé à la famille spirituelle du Cénacle. C’est un trésor à partager.

Les articles qui vont suivre vont développer  le 2ème et le 3ème temps du Cénacle.

 

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6 mai 2012 7 06 /05 /mai /2012 00:24

Le livre d’Esther est un des rares livres de la Bible qui porte le nom d’une femme.

Dans un livre qui a pour titre « les subversives", le bibliste André Lacoque présentent 5 femmes qui jouent un rôle central : la Shulamite du Cantique, Ruth, Esther, Suzanne et Judith. Les livres ou partie de livre qui en parlent, font tous partie d’une littérature biblique non conformiste. Ils appartiennent à la littérature contestataire du second Temple. Ils ont eu des difficultés  à entrer dans le canon juif, de ce fait ils portent trace par leur existence même de la difficile conversion quant à la situation des femmes et au regard posé sur elles.

Ils sont contestataires de la dégradation de la situation des femmes depuis le retour de l’Exil, en particulier par le refus des mariages mixtes et le renvoi des femmes étrangères ( ce qui fait porter implicitement la faute aux femmes)

 

Attachons-nous plus particulièrement à l’un d’entre eux : Le livre d’Esther. Voilà donc un livre qui porte le nom d’une femme, une femme en est l’actrice principale et sa présence et son action sont décisives pour le salut de son peuple.

1-Ce faisant, cela montre qu’une femme peut être choisie comme instrument de salut.

Dieu choisit aussi des femmes pour sauver son peuple.

2-Par le risque qu’elle prend pour sauver son peuple, le risque de perdre sa vie, elle réalise la figure du serviteur souffrant d’Isaïe 53 et de ce fait préfigure le Christ qui donne sa vie.

3-Elle est une illustration du renversement de situation qui est une des trames essentielles des livres bibliques : les esclaves qui se libèrent (Exode) ; l’esclave qui devient le bras droit du pharaon ( Joseph) ; une femme sauve son peuple au péril de sa vie ( Esther mais aussi Judith).

Esclave et femme, des choix exemplaires de Dieu, pour contester un désordre établi et montrer dans la victoire de ce qui est sans puissance humaine, la victoire de Dieu.

Quand les chances de réussite sont nulles, la victoire remportée par un-e exclu-e,  apparaît d’autant plus miraculeuse.

4-Le vis-à-vis masculin d’Esther c’est Mardochée.

Le texte nous montre une relation de communion pour le salut où aucun des deux ne domine  l’autre, mais une relation qui se vit dans l’écoute mutuelle et la réciproque « obéissance » :

-Esther obéit à Mardochée en ne révélant pas son origine 2/10.

-Mardochée obéit à Esther quand elle lui demande de justifier son attitude 4/5-7.

-Elle obéit à son ordre d’aller voir le roi 4/8.

-Il obéit à Esther en suivant ses instructions 4/16-17.

Nous avons là une réelle mixité sans domination, ce qui réalise le projet de Gn 1 et contredit la malédiction de Gn3/16c.

5-Il y a dans l’éloge de la désobéissance contenu dans ce livre, un appel à résister à l’injustice.

Mardochée et Esther, tous les 2 s’opposent à un édit royal ou le bravent  ( celui de fléchir le genou devant un simple humain ou de se présenter devant le roi sans avoir été convoqué .).

Esther réussit là où Vashti, la première reine a échoué, mais ce faisant, elle lui donne raison.

Vashti avait raison de s’opposer à un ordre injuste du roi. Elle l’a payé cher. Esther réussit là où Vashti a échoué mais elle montre qu’il est juste de refuser d’être traitée en objet qu’on exhibe lors d’un banquet.

6-Le texte hébreu d’Esther ne fait aucune mention de Dieu. Il ne contient aucune prière d’Esther. Il ne fait pas mention d’une intervention de Dieu. Le salut dépend uniquement de la décision d’Esther d’aller voir le roi.

Comme le dit R.M.Halls dans The theology of the book of Ruth, cité par Lacoque :

“Une histoire peut-être éminemment théologique dans son intention sans que l’auteur  parle explicitement de Dieu, si l’auteur choisit de laisser ses personnages ou les événements parler pour Lui-Elle.»

L’événement ici, c’est une histoire de salut, le cours de l’histoire qu’une femme a pu changer. Une lutte à main nue contre le mal.

Auteur-es du mal, homme et femme le sont. Victimes aussi mais il existe des injustices qui touchent les femmes en tant que femmes.

L’action d’Esther est décisive pour sauver son peuple. Et ceci sans apparente action divine.

C’est à celles qui sont au point le plus crucial du mal qu’il appartient de lutter contre lui.

Le combat contre le mal est témoignage de Dieu, est engagement pour Lui-Elle, même si son nom n’est pas prononcé.

7- Esther est aussi une belle illustration de la possibilité d’être juif-ve en dehors de la terre d’Israël. Ce faisant, ce livre est bien également dans la ligne des écrits contestataires du 2ème temple.

Contre un judaïsme qui se referme, qui veut protéger l’identité juive contre toute contamination étrangère, il montre qu’on peut ne pas pécher contre son identité en vivant dans un pays étranger. Qu’on peut y devenir reine et accéder à la plus haute responsabilité sans renier sa foi, être intégré-e sans perdre son identité, y vivre un judaïsme ouvert, créateur, autonome vis-à-vis de Jérusalem.

8-Il présente une autre forme de figure  de salut que l’Exode. Le salut ici, n’est pas de quitter un pays étranger mais au contraire de pouvoir y rester, de continuer à y vivre dans la paix et la prospérité. Vivre d’une tradition, non sous la forme d’une répétition mais dans une interprétation qui la renouvelle en fonction d’une situation nouvelle.

De ce point de vue aussi, le fait qu’une femme soit héroïne de ce salut, a du sens.

Une tradition figée ne peut que légitimer des stéréotypes où sont enfermé-es les femmes comme les hommes d’ailleurs. Etre confronté-e à des situations nouvelles, pouvoir ouvrir des chemins nouveaux peut libérer aussi un autre type de relation entre les hommes et les femmes.

 

Ce livre a reçu un accueil mitigé dans les mouvements féministes.

Cela tient à l’extrême sensibilité que certaines d’entre nous peuvent avoir à tout ce qui peut paraître dévalorisant pour les femmes.

Une lecture superficielle peut prêter le flanc à cette critique : une histoire qui commence par une répudiation arbitraire à cause du refus d’être traitée de faire-valoir lors d’une beuverie : femme objet qu’on exhibe ; le choix d’une nouvelle reine parmi celles, vierges et belles  qu’on aura ramassées dans tout le pays, et qui se soumettront à un régime de beauté pour satisfaire les besoins sexuels du roi ; ensuite reléguées au harem jusqu’à un hypothétique désir de sa part…

Le point de départ est rude et on comprend qu’on puisse arrêter là la lecture.

Si on en reste là, avec une lecture au premier degré, cela peut légitimer soit un refus de ce livre, soit une justification de comportement machiste.

 

Une lecture attentive montre que ce récit sensé qui se passe au 5ème siècle sous le règne Xerxès 1er est en fait un conte qui manie l’ironie à outrance : une satire pleine d’humour d’un roi sans personnalité, ce qui tranche avec la force de détermination d’Esther et de Mardochée.

Et même ce point de départ rude n’est-il pas figure de réalités d’hier et d’aujourd’hui ?

Des femmes traitées comme des objets, c’est encore malheureusement une réalité.

 

La pointe, me semble-t-il, est à chercher dans l’attitude d’Esther : son courage, sa détermination, son audace et son réalisme pour changer ce qui paraît impossible à changer en utilisant la situation qui est la sienne. Sa fragilité même, son hésitation qui nous la rend plus proche et qui montre une peur surmontée par une générosité plus grande encore.

De ce point de vue, ce livre est « pascal », passage de la nuit à la lumière, de l’esclavage à la liberté, du péché au salut. Passage totalement don de Dieu et totalement œuvre humaine, comme le dit si bien St Thomas d’Aquin :

« Il est clair qu’un même effet n’est pas attribué à sa cause naturelle et à Dieu comme si une partie était à Dieu et une partie à l’autre. Il est tout entier de l’un-e et de l’autre, mais suivant des modalités diverses » (2)

(1) LACOQUE, André. Subversives. Un pentateuque de femmes, traduction française de Claude Veugelen. [ The Feminine Unconventional] Paris, Cerf 1992.

(2) St THOMAS D’AQUIN, 3 SCG 70

 

 

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13 avril 2012 5 13 /04 /avril /2012 22:03

Dans l’Evangile selon Luc au chapitre 24 verset 13 à 32

[13] Et voici que, ce même jour, deux d'entre eux faisaient route vers un village du nom d'Emmaüs, distant de Jérusalem de 60 stades,

[14] et ils conversaient entre eux de tout ce qui était arrivé.

[15] Et il advint, comme ils conversaient et discutaient ensemble, que Jésus en personne s'approcha, et il faisait route avec eux ;

[16] mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.

[17] Il Leur dit : "Quels sont donc ces propos que vous échangez en marchant ?" Et ils s'arrêtèrent, le visage sombre.

[18] Prenant la parole, l'un d'eux, nommé Cléophas, lui dit : "Tu es bien le seul habitant de Jérusalem à ignorer ce qui y est arrivé ces jours-ci" -

[19] "Quoi donc ?" Leur dit-il. Ils lui dirent : "Ce qui concerne Jésus le Nazarénien, qui s'est montré un prophète puissant en œuvres et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple,

[20] comment nos grands prêtres et nos chefs l'ont livré pour être condamné à mort et l'ont crucifié.

[21] Nous espérions, nous, que c'était lui qui allait délivrer Israël ; mais avec tout cela, voilà le troisième jour depuis que ces choses sont arrivées !

[22] Quelques femmes qui sont des nôtres nous ont, il est vrai, stupéfiés. S'étant rendues de grand matin au tombeau

[23] et n'ayant pas trouvé son corps, elles sont revenues nous dire qu'elles ont même eu la vision d'anges qui le disent vivant.

[24] Quelques-uns des nôtres sont allés au tombeau et ont trouvé les choses tout comme les femmes avaient dit ; mais lui, ils ne l'ont pas vu !"

[25] Alors il leur dit : "O cœurs sans intelligence, lents à croire à tout ce qu'ont annoncé les Prophètes !

[26] Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire ?"

[27] Et, commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes, il leur interpréta dans toutes les Ecritures ce qui le concernait.

[28] Quand ils furent près du village où ils se rendaient, il fit semblant d'aller plus loin.

[29] Mais ils le pressèrent en disant : "Reste avec nous, car le soir tombe et le jour déjà touche à son terme." Il entra donc pour rester avec eux.

[30] Et il advint, comme il était à table avec eux, qu'il prit le pain, dit la bénédiction, puis le rompit et le leur donna.

[31] Leurs yeux s'ouvrirent et ils le reconnurent... mais il avait disparu de devant eux.

[32] Et ils se dirent l'un à l'autre : "Notre cœur n'était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, quand il nous expliquait les Ecritures ?"

 

Ce texte nous apprend beaucoup de choses sur Dieu et sur nous-mêmes.

En regardant d’abord Jésus qui prend l’initiative de la rencontre et qui rejoint ces deux personnes sur leur chemin, cela nous permet de prendre conscience que Dieu nous précède.

Bien avant de chercher Dieu, c’est Lui qui nous cherche. Bien avant d’aimer Dieu, c’est Lui qui nous aime et Il nous rejoint au cœur même de notre vie.

Il y a en Dieu un désir de relation, de communication avec nous, un désir d’amour. La foi, c’est prendre conscience de cela. Dieu me cherche, Dieu m’aime, chacun de nous est le désiré du cœur de Dieu, Dieu s’adresse à moi et me propose une relation d’amitié.

Une autre manière de le dire :

Dieu s’est engagé envers nous de manière définitive.

Dieu est définitivement pour nous, de notre côté, à nos côtés.

Il est le compagnon de nos vies, Il marche à nos côtés nous rejoint sur la route de notre vie.

 

En écoutant Jésus qui leur pose une question : «de quoi discutiez-vous en chemin ?» Nous découvrons aussi quelque chose de Dieu.

Dans l’Evangile, Jésus pose beaucoup de questions. Des questions ouvertes… Comme par exemple «Que veux-tu que je fasse pour toi ?»

En Jésus Dieu se révèle « maître en communication. » Il nous révèle un Dieu qui donne la parole, un Dieu qui écoute. La question de Jésus va les faire sortir de leur détresse. Grâce à Lui ils vont pouvoir dire leur espérance déçue, leur découragement, leur révolte aussi, libérer une parole. Ils sont écoutés par Jésus dans ce qui fait leur vie. Du coup ils vont devenir disponibles pour écouter à leur tour une parole révélatrice de sens.

Oui Jésus est vraiment maître ès communication.

A tel point que cet inconnu qu’ils n’ont pas encore reconnu, ils vont l’inviter à rester avec eux, avides de continuer le dialogue.

Ce faisant, Jésus nous révèle un Dieu qui n’exclut personne. Tous sont invités, accueillis, attendus. Il nous prend tels que nous sommes, là où nous en sommes. L’essentiel pour nous, pour que la relation avec Lui soit possible, c’est de désirer avancer avec Lui, c’est d’avoir un désir au cœur de mieux Le connaître, avoir un désir d’amitié.

 

Ce texte peut nous poser enfin une question impertinente (ou pertinente ! ), si nous consentons à penser…

Allons pas à pas :

1-Il nous est donné le nom de l’un des deux disciples : Cléophas.

2-Qui est le deuxième ? Toute l’iconographie nous a montré qu’ils étaient deux hommes. Mais rien ne prouve qu’il en soit ainsi. Ces deux pèlerins pouvaient être un couple, ou un frère et une sœur...

Donc le deuxième était peut-être une femme !

3-Comment reconnaissent-ils Jésus ? A la fraction du pain. Cela veut donc dire qu’ils étaient au dernier repas de Jésus, à la Cène.

4- Cela veut donc dire qu’à la Cène, il n’y avait pas que les 12 apôtres. Ils y avaient des disciples, comme Cléophas, des disciples, hommes et femmes.

5-Tous et toutes ont entendu ces paroles de Jésus : «Faites ceci en mémoire de moi».

6-Je laisse chacun-e tirer les conséquences de cela.

7-Voici ci-dessous une icône contemporaine où visiblement il s’agit d’un homme et d’une femme.

On peut la voir au monastère de Bose en Italie. Elle a été peinte par P.Riccomagno en style éthiopien

Emmaus-copie-1

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