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28 octobre 2011 5 28 /10 /octobre /2011 20:24

Dans un article paru dans la revue Croire aujourd’hui[1],  A. Wenin traduit Adam par : « l’humain ». Actuellement, dans la langue française, c’est ce que nous avons trouvé de mieux pour inclure féminin et masculin dans un même mot. Si nous adoptons cette traduction pour Gn 2-3, cela permet, de décrire l’homme et la femme comme formé-es de la glèbe, recevant une haleine de vie, posé-es dans le jardin, entendant ensemble la parole d’ouverture à tous les arbres et celle de l’interdiction de l’arbre à connaître le bien et le mal.

Si nous suivons la lecture inclusive d’A.Wenin, le verset 18 du chapitre 2 peut cependant nous arrêter et rendre difficile l’inclusion du féminin et du masculin dans cet-te Adam

Même si on traduit par : "Le Seigneur dit: il n’est pas bon que l’humain soit seul", on peut se demander qui était-il cet humain seul ? La réponse de l’auteur est de considérer Adam comme l’Humain dont l’être n’est pas encore différencié sexuellement. L’interpréter ainsi (et non comme un Adam masculin) comporte un enjeu important. Pourquoi ? Parce que Dieu s’adresse à lui-elle, fait de lui-elle un-e interlocuteur-trice,  lui donne un pouvoir de nomination. Dieu l’associe donc  à son pouvoir. En donnant un nom, il-elle en devient maître-maîtresse.

Si Adam est toujours cet-te humain indifférencié-e sexuellement, ce pouvoir est celui des deux sexes.

Si c’est l’Adam uniquement masculin, une lecture fondamentaliste peut se servir, s'est servi et se sert encore de lui, pour introduire une image du masculin différente du féminin, dans le sens d’un pouvoir de gouvernement qui n’est donné qu’à l’Adam masculin.

C'est en tout cas une lecture non avertie des exigences critiques d'une éthique de l'égalité homme-femme. Cette interprétation a prévalu pendant des siècles au point d’oublier ou d’occulter l’Adam mâle et femelle de Gn 1.

Telle n’est pas l’interprétation que suggère la traduction d’ A.Wenin.

« Dans le récit, il n’est ni homme ni femme. Ou les deux à la fois. Mais pour le Seigneur Dieu, un tel isolement n’est pas bon. C’est la relation qui fait vivre. »

Très beau commentaire qui dit bien l’enjeu et le bienfait de cette différenciation voulue par Dieu et qu’il va opérer. La suite de son commentaire est encore plus novatrice :

« La torpeur fait perdre  connaissance  à l’humain. C’est la  manière de dire que ce qui constitue un être dans sa singularité échappe forcément…Dieu prend un côté de l’humain puis ferme la chair à sa place. Cette opération signifie que seul un manque, une perte ouvre un être à l’altérité et qu’une relation authentique n’est possible que si le moi accepte d’être blessé, altéré. » 

Dans une Bible traduite et commentée comme cela, nous pourrions avoir comme titre à partir du v.27 : « Le premier péché ». Il aurait pour premier auteur l’Adam masculin.

En effet ce qui est dit au v.23, à côté de son aspect positif, peut être questionné. Ce n’est pas une parole de dialogue, Adam ne dit pas : « Tu es os de mes os et chair de ma chair ». Il se parle à lui-même. La communication commence mal !  « Il en fait l’objet de son discours ». dit A.Wénin. Mais peut-être encore plus grave, il se donne comme l’origine de « issah » : « Car de ys a été prise celle –ci ». Il croit qu’elle vient de lui.

Cette déclaration se veut parole de savoir. Il croit savoir comment cela s’est passé et qu’elle vient de lui alors que le texte nous a bien dit que c’est Dieu qui est l’auteur de cette différenciation, que l’humain féminin comme l’humain masculin a été tiré comme lui de l’humain par séparation : lui, un côté, elle l’autre. Il croit savoir alors qu’il ignore tout puisque tout s’est passé dans un sommeil.

Quelle aurait dû être la parole juste ? Peut-être interroger Dieu sur ce qui vient de se passer, sur le mystère accompli, et s’adresser à cette autre maintenant devant lui ? Au contraire, poursuit A.Wénin :

« On le voit ainsi reprendre connaissance en gommant ce qu’il ignore, à savoir l’action divine qui a fait de la femme un être singulier, différent de lui. On le voit aussi prendre sur elle un pouvoir que Dieu avait donné à l’humain sur les animaux, le pouvoir de nommer. »

Si cette remarque est juste, elle devient un bon exemple de la manière dont une lecture biblique est toujours voilée par des présupposés. On va pointer le péché de la femme en Gn 3/6 et ne pas remarquer cet autre peut-être encore plus grave et qui n’a pas même besoin d’un tentateur extérieur !

Premier péché donc mais qui est aussi celui de la femme. Celui-là aussi a été voilé et combien il est nécessaire qu’il soit  dévoilé. Le péché, ici, au féminin, est le silence. Elle ne dit rien, se laisse dire. Se laisse prendre dans ce refus d’une vraie altérité, au profit du même. Elle se laisse nommer par un autre. Ce mutisme est autant refus de dialogue que le « parler à soi même » de l’humain masculin. Il dit un péché de soumission à l’injustice dont on est victime et donc une possible complicité avec son propre malheur. La femme ici le commet : par son silence elle accrédite la parole qui fait d’elle un objet dont on parle, au lieu d’être sujet parlant.

Le texte même à partir du verset 25 à l’air d’entériner cette situation. En effet pour parler de l’humain masculin, le texte va simplement dire l’humain (l’Adam ou le Glébeux, ou l’homme selon les traductions). Comme si le masculin était simplement l’humain à lui tout seul. Simplement  et c’est bien là la faute. Au lieu d’accueillir l’altérité comme un don, le manque comme l’espace d’une vraie rencontre, l’Adam masculin va se vivre comme le sexe premier, parfait, exemplaire et le féminin comme dérivé de lui. Ceci est au fondement de toute l’anthropologie classiquediscriminente qui va s’élaborer à partir d’une interprétation de l’Adam au masculin.

A.WENIN, « Une rencontre manquée », Croire aujourd’hui, n°159 du 1er septembre 2003

G.VON RAD, La Genèse, Genève,Labor et Fides 1968

A. WENIN, déjà cité

A.WENIN, déjà cité

A. WENIN, déjà cité

Une lecture psychologique pourrait y voir trace d’un « désir de maternité » que l’on peut constater chez certains  humains masculins. Désir de maternité ou revanche sur la dépendance maternelle ?

A.WENIN, déjà cité

Le glébeux et sa femme Gn2/24 et 3/8 

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17 septembre 2011 6 17 /09 /septembre /2011 23:20

Dans l'Evangile de Matthieu au chapitre 20 verset 1 à 16 

 

[1] "Car il en va du Royaume des Cieux comme d'un propriétaire qui sortit au point du jour afin d'embaucher des ouvriers pour sa vigne.

[2] Il convint avec les ouvriers d'un denier pour la journée et les envoya à sa vigne.

[3] Sorti vers la troisième heure, il en vit d'autres qui se tenaient, désoeuvrés, sur la place,

[4] et à ceux-là il dit : Allez, vous aussi, à la vigne, et je vous donnerai un salaire équitable.

[5] Et ils y allèrent. Sorti de nouveau vers la sixième heure, puis vers la neuvième heure, il fit de même.

[6] Vers la onzième heure, il sortit encore, en trouva d'autres qui se tenaient là et leur dit : Pourquoi restez-vous ici tout le jour sans travailler ? -

[7] C'est que, lui disent-ils, personne ne nous a embauchés ; Il leur dit : Allez, vous aussi, à la vigne.

[8] Le soir venu, le maître de la vigne dit à son intendant : Appelle les ouvriers et remets à chacun son salaire, en remontant des derniers aux premiers.

[9] Ceux de la onzième heure vinrent donc et touchèrent un denier chacun.

[10] Les premiers, venant à leur tour, pensèrent qu'ils allaient toucher davantage ; mais c'est un denier chacun qu'ils touchèrent, eux aussi.

[11] Tout en le recevant, ils murmuraient contre le propriétaire :

[12] Ces derniers venus n'ont fait qu'une heure, et tu les as traités comme nous, qui avons porté le fardeau de la journée, avec sa chaleur.

[13] Alors il répliqua en disant à l'un d'eux : Mon ami, je ne te lèse en rien : n'est-ce pas d'un denier que nous sommes convenus ?

[14] Prends ce qui te revient et va-t'en. Il me plaît de donner à ce dernier venu autant qu'à toi :

[15] n'ai-je pas le droit de disposer de mes biens comme il me plaît ? Ou faut-il que tu sois jaloux parce que je suis bon ?

[16] Voilà comment les derniers seront premiers, et les premiers seront derniers."

 

Voici une parabole difficile à comprendre si nous commettons l’erreur de la prendre au premier degré. Mais une parabole est toujours à déchiffrer en un sens symbolique.

Un maitre d’une vigne sort au petit jour. Quel est ce maitre, que représente cette sortie au matin ? C’est celle de la création. En créant, Dieu sort de lui-même. C’est aussi celle de l’incarnation où Dieu est sorti pour nous rejoindre au plus près de nous.

Il sort pour sa vigne. Quelle est cette vigne ? C’est la vigne du monde, de notre histoire, vigne que nous sommes chacun-e. Et s’il sort, c’est qu’il est habité par une passion, un désir. « Que n’ai-je fait pour ma vigne » disait déjà Dieu en Isaïe 5/4. Passion du monde, passion de notre histoire, passion de nous. Passion qu’il veut nous partager et à laquelle il veut nous associer. Embaucher des ouvriers pour participer à la même passion de Dieu

De ce fait, qu’importe l’heure de l’embauche. Il n’y a plus d’heure. Toute heure est bonne pour entrer dans la passion de Dieu pour sa vigne.

Mais pourquoi une même pièce d’argent pour tous et toutes ? Parce que le don qui est fait n’est pas de l’ordre du nombre. Il y a donc aussi une symbolique de cette pièce d’argent. Elle est donnée comme signe de l’amour de Dieu. C’est pourquoi tous la reçoivent. Et ce n’est pas une récompense, c’est une grâce, un don toujours offert.

Contemplons donc Dieu.

Regardons sa patience, sa persévérance pour embaucher à sa vigne.

Ecoutons ce qu’il dit : « Allez-vous aussi à ma vigne » , la vigne qui est devant nous. Il nous y appelle.  Parlons lui de telle ou telle portion de cette vigne qu’il nous a confié.

Ecoutons aussi « Moi, je suis bon »

Laissez en nous résonner cette parole sur fond de celle d’une mystique, Thérèse Couderc, qui disait «  Il est bon, il est plus que bon, il est la Bonté » Et s’imprégner de cette bonté
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20 août 2011 6 20 /08 /août /2011 22:06

Dans l'Ancien Testament, dans le livre du prophète Isaïe chapitre  28 verset 23 à 29

Nous sommes devant celui qu’on nomme Dieu, mystère d’une Présence au delà de toute pensée, de toute image, de toute représentation et pourtant très proche, au plus intime de soi.

L’écouter par l'expérience spirituelle du prophète Isaïe :

 « Prêtez l'oreille et entendez ma voix ; soyez attentifs, entendez ma parole. Le laboureur passe-t-il tout son temps à labourer pour semer, à défoncer et herser son coin de terre ? Après avoir aplani la surface, ne jette-t-il pas la nigelle, ne répand-il pas le cumin ? Puis il met le blé, le millet, l'orge... et l'épeautre en bordure. »

Nous sommes devant  une demande que Dieu fait et c'est comme une prière qu’il nous adresse, l’expression de son désir.

Mais Dieu a-t-il besoin qu’on l’écoute ? Oui, car l’amitié est une écoute réciproque…et nous sommes ses amis.


Il nous dit : Le laboureur passe-t-il tout son temps à labourer ? Dieu ici est à l’image d’un laboureur  qui laboure notre vie, qui la travaille pour la rendre meuble à sa Parole, pour que la terre de nos vies y soit accueillante, réceptrice. Moment qui peut être douloureux, blessure de la terre, mais blessure comme ouverture à la vie.

Et ce travail de Dieu ne se fait jamais sans nous, sans notre consentement.


Cependant, il ne passe pas tout son temps à labourer, vient ensuite le temps des semailles pour la moisson. Quelle expérience de cela au-je dans ma vie ?

 

Ce laboureur est également chacun de nous dans la mesure où nous prenons soin du champ de la vie à nous confié. Le laboureur  sème de bonnes choses : condiment et aromates qui donne goût aux aliments, céréales dont on fera du pain.

Qu'est-ce  qui donne goût à ma vie et  qui la nourrit?  Quel est le cumin ou les cumins de ma vie?. Comment j'en parfume ma vie pour mon bonheur et celui des autres? 

 

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19 août 2011 5 19 /08 /août /2011 10:54

Dans l'Evangile selon Luc au chapitre 10 verset 38 à 42

 

Cet épisode de Marthe et Marie a été « lu » pendant des siècles comme symbolique de la vie contemplative (Marie) et de la vie active (Marthe). C’était une lecture justificatrice de la supériorité de l’une sur l’autre.  C’est un bon exemple d’interprétation partiale sinon partielle,  faute de connaissance du contexte historique mais aussi d’aveuglement plus ou moins conscient qui favorise des intérêts.  Comment se fait-il que la situation décrite dans ce texte, qui était scandaleuse pour la société où vivait Jésus n’a pas été perçu ?

 

Le scandale dans cette société, c’était qu’une femme  puisse être disciple d’un maître, un rabbi. Etre assise au pied d’un maitre et l’écouter,  était la position du disciple. Marie la prends et Jésus approuve son choix qui est une transgression du rôle dévolue aux femmes.

La meilleure part est donc, pour les femmes, d’être disciple, une part à laquelle Jésus les autorise, les appelle, auquel il leur reconnait le droit d’aspirer.

Il ne s’agit donc pas dans ce texte d’opposer l’écoute de Jésus au service de la maison.

C’est un texte fort pour dire le rôle, la vocation, la nature des femmes n'est pas à enfermer dans les limites de la maison. mais que, de la même manière que les hommes, elles peuvent être disciple. Jésus prend position ainsi contre les discriminations dont étaient victimes les femmes sur ce point à son époque.

 

Contemplons donc cette scène en nous attachant à cette relation étonnante entre Jésus et Marie.

 

Regardons Jésus. Comprenons que le désir de son cœur, c’est qu’on prête attention à ce qu’il dit, qu’on l’écoute. C’est cela dont il a besoin, dont il a soif.

 

Regardons Marie qui lui offre ce que désire son cœur. Elle lui offre un cœur qui écoute « elle restait à écouter sa parole ».

Regardons-la désirant cette place de disciple que seul Jésus à l’audace de lui accorder. Regardons-la briser les limites qu’on lui impose.

 

Laissons-nous étonner par la transgression que Jésus opère, similaire à tant d’autres qu’il a accomplit pour faire éclater tout ce qui limite, tout ce qui enferme, tout ce qui exclut.

 

 

 

 

 

 

 

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28 juillet 2011 4 28 /07 /juillet /2011 20:38

 

La foi chrétienne nous parle de Dieu qui n'est qu'Amour,  donc pas un Dieu solitaire.

Amour qui est Dieu c'est-à-dire Dieu en relation à l’intérieur de lui-même, car pour aimer il faut qu’il y ait de l’autre, de la différence et en même temps de l’unité.

Il y a bien de l’unité, un seul Dieu mais:

Il y a Dieu source de l’amour et c’est le Père 

Il y a Dieu parole de l’amour et c’est le Fils

Il y a Dieu souffle vivifiant de l’amour et c’est l’Esprit


Unité qui est union, communication, communication d’amour en elle-même, en Dieu même.

 

Et parce que c’est un amour véritable, il n’y a aucune trace dans la Trinité, aucune trace d’inégalité, aucune trace en Elle de supérieur et d’inférieur.

 

En Elle c’est un infini et divin respect de l’altérité, sans confusion ni séparation. C’est une relation faite de don et d’accueil du don dans la réciprocité.

 

Ignace de Loyola le dis magnifiquement quand il définit l’amour  : «  L’amour consiste en une communication réciproque, c'est-à-dire que celui qui aime donne et communique ce qu’il a à celui qu’il aime et de même à l’inverse celui qui est aimé à celui qui l’aime »

 

Mais la Trinité est communication d’amour en dehors d’Elle-même, c'est-à-dire aussi pour nous, vers nous, tournée vers nous. C’est un amour diffusif de soi qui nous façonne à son image et à sa ressemblance.

 

Alors la Trinité d’amour qui est Dieu, nous invite à vivre entre nous, ce qu’Elle vit en Elle-même.

Donc nous invite  à nouer entre nous le même type de relation qu’il y a en Dieu, faite d’égalité, de respect, de réciprocité.

 

De ce fait la Trinité dit notre vocation, et cette vocation c’est une existence fraternelle.

Il y a un lien fort entre la manière de vivre entre nous et la vie trinitaire. L’amitié entre nous, la justice entre nous, l’égalité entre nous, le respect entre nous, dit quelque chose de l’amitié trinitaire.

 Et l’amitié trinitaire est source et modèle des relations justes et fraternelles entre nous.

 

De ce fait , nous pouvons nous rendre compte que les affirmations de la foi ne nous laissent pas tranquilles. Elles ne sont pas là comme des formules qu’il suffirait de répéter. Non, les affirmations de notre foi interrogent nos manières de vivre en société. Les interrogent et même peuvent les contester.

Affirmer, confesser Dieu-Trinité est un engagement.

C’est s’engager à une vie qui promeut l’égalité, l’amitié, le respect, la réciprocité pour chacun, chacune à l’image de l’amour qui est Dieu.

 

C’est une grâce à désirer, une grâce à demander pour que notre foi s’incarne davantage , s’incarne vraiment dans nos vies et dans nos sociétés.


 

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22 juillet 2011 5 22 /07 /juillet /2011 00:10

Dans l’Evangile de Luc au chapitre 10 verset 29 à 37  

[25] Et voici qu'un légiste se leva, et lui dit pour l'éprouver : Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ?"

[26] Il lui dit : "Dans la Loi, qu'y-a-t-il d'écrit ? Comment lis-tu ?"

[27] Celui-ci répondit : "Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de tout ton esprit ; et ton prochain comme toi-même" -

[28] "Tu as bien répondu, lui dit Jésus ; fais cela et tu vivras."

[29] Mais lui, voulant se justifier, dit à Jésus : "Et qui est mon prochain ?"

[30] Jésus reprit : "Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho, et il tomba au milieu de brigands

qui, après l'avoir dépouillé et roué de coups, s'en allèrent, le laissant à demi mort.

[31] Un prêtre vint à descendre par ce chemin-là ; il le vit et passa outre.

[32] Pareillement un lévite, survenant en ce lieu, le vit et passa outre.

[33] Mais un Samaritain, qui était en voyage, arriva près de lui, le vit et fut pris de pitié.

[34] Il s'approcha, banda ses plaies, y versant de l'huile et du vin, puis le chargea sur sa propre monture, le mena à l'hôtellerie et prit soin de lui.

[35] Le lendemain, il tira deux deniers et les donna à l'hôtelier, en disant : Prends soin de lui, et ce que tu auras dépensé en plus, je te le rembourserai, moi, à mon retour.

[36] Lequel de ces trois, à ton avis, s'est montré le prochain de l'homme tombé aux mains des brigands ?"

[37] Il dit : "Celui-là qui a exercé la miséricorde envers lui." Et Jésus lui dit : "Va, et toi aussi, fais de même."

 

Dans cet Evangile, nous avons 2 personnages principaux : un homme qui quitte Jérusalem et tombe sur des bandits ; un autre originaire de Samarie qui le découvre et s’occupe de lui.

« Il prit soin de lui » nous dit le texte. Mais qui est « il », qui est « lui » ?

On peut interpréter ce texte de plusieurs manières différentes :

Une première manière, qui n’est pas habituelle, est de voir le Christ sous les traits de ce samaritain. Jésus en racontant cette histoire s’identifie à ce samaritain méprisé qui fait du bien. On peut en le regardant prendre soin du blessé, passer dans notre mémoire tous les gestes de guérisons dont l’Evangile est rempli.

Il est celui qui est en voyage ; et ce voyage n’est-il pas le chemin de Dieu pour nous rejoindre, pour unir sa vie à la nôtre dans l’Incarnation ?

Il s’agit ensuite de voir le blessé et d’accepter de s’identifier à ce blessé. Pas si facile que cela ! Car cela suppose de reconnaître en nous notre part d’ombre, de blessures, de souffrances, de les nommer et d’accepter que le Christ s’en occupe. Accepter la libération que Jésus me propose. Accepter de me laisser aimer. Laisser Dieu prendre soin de moi.

1ère lecture

1ère piste :

Ecouter la question du légiste : « Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? »

Le texte nous dit que c’est pour l’éprouver. Au moins a-t-elle l’avantage d’ouvrir un dialogue, de se situer en état de demande, d’être ouvert à une réponse. Et moi qu’est-ce que j’ai envie de demander au Christ, pour ouvrir un dialogue avec lui ?

2ème piste :

Entendre la réponse de Jésus. Elle mérite qu’on s’y arrête. Jésus ne donne pas de réponse. Il le renvoie à sa propre connaissance des Ecritures, à sa propre expérience de Dieu. Jésus fait confiance à cet homme, il croit que de lui-même, il peut trouver ce qu’il cherche.

Rester à regarder cela, regarder en fait la confiance que Dieu me fait aussi, la foi qu’il a en moi, il croit qu’il y a en moi la capacité de trouver ce que je cherche.

3ème piste :

Entendre la citation de l’Ecriture que fait le légiste : « Tu aimeras » C’est un commandement

Pour y entrer, je vous propose ce texte écrit par K.Rahner : « Tu m’a ordonné de t’aimer…Mais en me commandant de T’aimer, Tu m’imposes ce que je n’aurais jamais eu l’audace de faire sans Ton ordre : T’aimer Toi-même, intimement, aimer Ta vie, me perdre en Toi, certain que Tu me reçois dans Ton cœur et que je puis te dire « Tu » à Toi qui est l’insondable secret de mon cœur. Oui, c’est dans l’amour que je puis Te trouver, Toi mon Dieu »

4ème piste :

Regarder le blessé sur le chemin, on nous dit qu’il  tombe au milieu de brigands, dépouillé, roué de coups, à demi-mort. Regarder cet homme comme image de notre humanité blessée.

5ème piste :

Regarder le Samaritain, image du Christ, celui qui est en voyage, celui du chemin de Dieu vers nous, le voyage de son Incarnation, pour nous rejoindre au cœur même de notre pauvreté comme de nos richesses. Regarder ses gestes. « Il voit », cela veut dire qu’il a de l’attention pour chacun et donc pour moi ; il est pris de pitié cela veut dire qu’il m’entoure de sa miséricorde ; il s’approche cela veut dire qu’il se fait mon prochain ; il soigne les plaies, verse de l’huile et du vin, on peut voir là, la préfiguration des sacrements, huile du baptême, vin de l’eucharistie ; il le chargea sur sa propre monture et le conduit à l’hôtellerie et prit soin de lui. On peut rester longtemps à regarder le Christ prendre soin de nous, de moi. Et surtout le laisser prendre soin de moi.

2ème lecture :

L’homme qui descend de Jérusalem, c’est le Christ, car il est celui qui de la crèche au crucifiement comme le dit un cantique ancien est celui qui s’est remis entre nos mains. Des mains qui l’ont fait tomber, dépouillé, roué de coups, mais aussi des mains qui ont pris soin de lui, les mains de Marie s’occupant de lui dans la nuit de Noël, lui apprenant à marcher quand il grandissait.

Regarder ce Christ bléssé, sur la croix. Et devant une telle amitié qui a été jusque là pour me dire son amour. Prendre soin de Dieu. Qu’est-ce que cela veut dire concrètement dans ma vie ?

3ème lecture :

Le samaritain, c’est chacun de nous. Faire mémoire dans ma vie de moments où j’ai pris soin des autres, où je prends soin des autres.

4ème lecture :

Le prêtre et le lévite, les brigands, c’est aussi chacun de nous. Faire mémoire de ce qui dans le monde, le pays où je vis, et ma propre vie ressemblent à ce qu’ils font ou ne font pas.

 

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20 juillet 2011 3 20 /07 /juillet /2011 19:01

Dans l’Evangile selon Luc,  chapitre 4 verset 16 à 30 


[16] Il vint à Nazara où il avait été élevé, entra, selon sa coutume le jour du sabbat, dans la synagogue, et se leva pour faire la lecture.

[17] On lui remit le livre du prophète Isaïe et, déroulant le livre, il trouva le passage où il était écrit :

[18] L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a consacré par l'onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m'a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés,

[19] proclamer une année de grâce du Seigneur.

[20] Il replia le livre, le rendit au servant et s'assit. Tous dans la synagogue tenaient les yeux fixés sur lui.

[21] Alors il se mit à leur dire : "Aujourd'hui s'accomplit à vos oreilles ce passage de l'Ecriture."

[22] Et tous lui rendaient témoignage et étaient en admiration devant les paroles pleines de grâce qui sortaient de sa bouche. Et ils disaient : "N'est-il pas le fils de Joseph, celui-là ?"

[23] Et il leur dit : "A coup sûr, vous allez me citer ce dicton : Médecin, guéris-toi toi-même. Tout ce qu'on nous a dit être arrivé à Capharnaüm, fais-le de même ici dans ta patrie."

[24] Et il dit : "En vérité, je vous le dis, aucun prophète n'est bien reçu dans sa patrie.

[25] "Assurément, je vous le dis, il y avait beaucoup de veuves en Israël aux jours d'Elie, lorsque le ciel fut fermé pour trois ans et six mois, quand survint une grande famine sur tout le pays ;

[26] et ce n'est à aucune d'elles que fut envoyé Elie, mais bien à une veuve de Sarepta, au pays de Sidon.

[27] Il y avait aussi beaucoup de lépreux en Israël au temps du prophète Elisée ; et aucun d'eux ne fut purifié, mais bien Naaman, le Syrien."

[28] Entendant cela, tous dans la synagogue furent remplis de fureur.

[29] Et, se levant, ils le poussèrent hors de la ville et le menèrent jusqu'à un escarpement de la colline sur laquelle leur ville était bâtie, pour l'en précipiter.

[30] Mais lui, passant au milieu d'eux, allait son chemin..

Nous avons avec ce texte le projet de Jésus. Il veut que nos vies individuelles et nos sociétés soient fondés selon les valeurs du cœur de Dieu. Que la volonté de Dieu se fasse sur terre comme elle se fait dans le ciel. Un projet qui demande notre collaboration. Il s’agit de chercher le royaume,  d’entrer dans un chemin de transformation des cœurs et des sociétés.

1er point :

« Donner une bonne nouvelle aux pauvres…libérer les captifs…libérer ceux qui sont écrasés ». Pour bien entendre cette parole, on peut la rapprocher d’une autre dans l’Evangile de Luc au chapitre 6 verset 22 à 23 :

« Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la bonne nouvelle est annoncé aux pauvres ; et heureux celui pour qui je ne serai pas occasion de chute »

Jésus montre quel changement est déjà à l’œuvre. Les guérisons qu’il opère ont une signification symbolique. Elles disent le monde que Jésus construit et qu’il nous appelle à construire avec lui. Il nous appelle et nous associe à son œuvre pour qu’il y ait dans notre monde, moins de mensonge et plus de vérité ( guérison d’aveugles) ; plus de liberté pour que chacun-e puisse marcher librement ( guérison de boiteux) ; un accès à la santé le plus large possible ( guérison de lépreux) ; entendre que Dieu nous aime ( guérison de sourds) ; travailler à ce que la vie soit plus forte que tout , combattre toute injustice qui écrase les gens (des résurrections) . Jésus a commencé ce règne. Il a besoin de nous pour le continuer. Et il nous dit : « Celui qui croit en moi, fera lui aussi les œuvres que je fais, il en fera même de plus grandes parce que je vais au Père » (Dans l’Evangile de Jean au chapitre 14 verset 12

3ème point

Sentir la nuance de mépris qu’il y a dans la réflexion des gens de son village : il n’est que le fils de Joseph. C’est le choix de l’incarnation. Dieu n’a pas pris chair dans les sphères des puissants, des opulents, des gens connus qui font la une de l’Histoire. ( St Paul dira la même chose : « Ce qui dans le monde est sans naissance et que l’on méprise, voilà ce que Dieu a choisi » 1ère lettre aux Corinthiens chapitre 1 verset 28.) Le choix du Christ montre l’infinie dignité de chaque homme, chaque femme, simplement du fait de son humanité. C’est pourquoi personne ne doit être écrasé. Cet infini respect inauguré par le Christ est libération du mépris, cela nous invite à inventer d’autres types de relation entre nous et dans nos sociétés.

4ème point

La fin de son discours suscite la colère et la volonté de le tuer. Se poser la question : pourquoi cela ?

 

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17 juillet 2011 7 17 /07 /juillet /2011 23:02

Pour commencer un seul verset. Il se trouve dansle dernier livre de  la Bible: l'Apocalypse. Ce mot vient du grec et veut dire Révélation. Ai Capitre 3 verset 20 

 

 "Voici, je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi."

 

1er point :

Regarder celui qui se tient à la porte. Il est en attente, Il est sur le palier de ma porte. Mais en aucun cas il ne va la forcer. Tant que je ne lui aurais pas dit d’entrer, il n’entrera pas. Il est dépendant de ma réponse.


2ème point :

Entendre les petits coups sur ma porte. Ils sont audibles mais discrets. Cela n’a rien à voir avec le martellement d’une descente de police ! Ce sont de petits coups d’un amoureux qui dit avec respect son désir d’entrer.


3ème point :

Regarder ce qui se passe si on lui ouvre : il entre, il est près de moi et moi près de lui, nous prenons le repas ensemble. Gouter la proximité de cette relation, sa réciprocité, son égalité.

Ecouter le partage de ces 2 ami-es.


4ème point :

Regarder ce qui a permis que cela se passe ainsi. Un acte de liberté : avoir décidé d’entendre, avoir décidé d’ouvrir. Un acte de liberté de notre côté. Un acte de liberté du côté de Dieu. C’est son choix de vouloir nous rejoindre.

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16 juillet 2011 6 16 /07 /juillet /2011 23:23

Mt 25/14-30

[14] "C'est comme un homme qui, partant en voyage, appela ses serviteurs et leur remit sa fortune.

[15] A l'un il donna cinq talents, deux à un autre, un seul à un troisième, à chacun selon ses capacités, et puis il partit. Aussitôt

[16] celui qui avait reçu les cinq talents alla les faire produire et en gagna cinq autres.

[17] De même celui qui en avait reçu deux en gagna deux autres.

[18] Mais celui qui n'en avait reçu qu'un s'en alla faire un trou en terre et enfouit l'argent de son maître.

[19] Après un long temps, le maître de ces serviteurs arrive et il règle ses comptes avec eux.

[20] Celui qui avait reçu les cinq talents s'avança et présenta cinq autres talents : Seigneur, dit-il, tu m'as remis cinq talents : voici cinq autres talents que j'ai gagnés. -

[21] C'est bien, serviteur bon et fidèle, lui dit son maître, en peu de choses tu as été fidèle, sur beaucoup je t'établirai ; entre dans la joie de ton seigneur.

[22] Vint ensuite celui qui avait reçu deux talents : Seigneur, dit-il, tu m'as remis deux talents : voici deux autres talents que j'ai gagnés. -

[23] C'est bien, serviteur bon et fidèle, lui dit son maître, en peu de choses tu as été fidèle, sur beaucoup je t'établirai ; entre dans la joie de ton seigneur.

[24] Vint enfin celui qui détenait un seul talent : Seigneur, dit-il, j'ai appris à te connaître pour un homme âpre au gain : tu moissonnes où tu n'as point semé, et tu ramasses où tu n'as rien répandu.

[25] Aussi, pris de peur, je suis allé enfouir ton talent dans la terre : le voici, tu as ton bien.

[26] Mais son maître lui répondit : Serviteur mauvais et paresseux ! tu savais que je moissonne où je n'ai pas semé, et que je ramasse où je n'ai rien répandu ?

[27] Eh bien ! tu aurais dû placer mon argent chez les banquiers, et à mon retour j'aurais recouvré mon bien avec un intérêt.

[28] Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui a les dix talents.

[29] Car à tout homme qui a, l'on donnera et il aura du surplus ; mais à celui qui n'a pas, on enlèvera ce qu'il a.

[30] Et ce propre-à-rien de serviteur, jetez-le dehors, dans les ténèbres : là seront les pleurs et les grincements de dents.

 

Petit précision de départ de notre recherche

1  talent  est l’équivalent de 100 pièces d'or,  un poids de 20 kg et 17 années de travail.

2 talents à  200 pièces  à 34 années de travail.

5 talents à  500 pièces d'or à 85 années de travail

C’est donc bien une fortune qui est confié à ces 3 hommes : 17+34+85=136 années de travail

Le texte le dit bien : « il leur confie sa fortune » Les 3 reçoivent une somme énorme, même celui qui n’en reçoit qu’un. 17 années de travail, ou 34 ou 85 cela nous donne déjà une indication : il s’agit de l‘œuvre d’une vie.

Comment entendre cela. Est-ce un don, est-ce un prêt ? Est-ce un dépôt ? En tout cas c’est une confiance qui leur est faite.

La différence entre les 2 premiers et le 3ème  se joue d’ailleurs là. Comment ont-ils entendu compris ce geste de cet homme qui confie sa fortune ? Comment ont-ils accueilli ce geste à leur égard ?

De manière complètement différente.

On le découvre dans la manière de réagir quand l’homme revient. Les deux premiers font d’abord un acte de reconnaissance : « tu m’as confié 5 talents, 2 talents ». Acte de reconnaissance, ils reconnaissent que ces 5 ou 2 talents c’est bien cet homme qui leur a donné, et donner pas n’importe comment, comme une confiance qui leur était faite. Ils n’auraient rien pu faire s’il n’y avait pas eu cet acte d’initiative de confier sa fortune. Un don premier dont ils ont été bénéficiaires. Mais il faut remarquer qu’il y a une 2ème reconnaissance. Ils ajoutent « voilà 5 autres, 2 autres que j’ai gagnés » ; Il y a la reconnaissance qu’à partir du don premier, il y a leur travail, c’est bien grâce à eux que la mise a été doublé. Aucune fausse humilité chez eux. Et ce travail qui a été le leur, est loué par l’homme qui avait confié sa fortune

Tout autre est la réaction du 3ème, il ne commence pas son discours comme les autres. Il ne dit pas : tu m’as confié, il dit « le voici, tu as ton bien ». Il reconnait bien que ce talent vient de cet homme mais il ne l’a pas entendu comme un bien donné, un bien qui devenait le sien, un bien confié, et à travers lui, la confiance qui lui était faite, un bien dont il devenait responsable. Il lui rend comme quelque chose dont il n’avait rien à faire et d’ailleurs dont il n’a rien fait.

Faisons une 1ère interprétation de cette parabole. En quoi dit-elle quelque chose qui nous concerne, qui concerne notre vie. Peut-être d’abord que notre vie est un don de Dieu. Et cela peut être une première question à se poser. Comment j’accueille ce don ?  Est-ce que je vis ma vie comme un cadeau qui me vient de Dieu. Un cadeau dont je suis responsable. Oui, responsable de ma vie. Comment j’entends le don qui m’est fait. Comme les 2 premiers ou comme le 3ème ? Ma vie comme quelque chose d’infiniment précieux, dont il faut prendre soin et qui n’est pas à gâcher. Un cadeau qui n’est pas à rester tel quel mais qui est là pour une œuvre à accomplir, un don à faire fructifier. Ensuite ces talents de pièces d’or, c’est aussi nos talents personnels. C’est le même mot en français. Les accueillir d’abord comme un don, c’est d’abord en prendre conscience, reconnaitre qu’il sont bien là, dans leur diversité, leur richesse, leur particularité, leur complémentarité (celui de l’un n’est pas celui de l’autre, mais tous sont nécessaires).  Ensuite les faire fructifier. Ils sont comme des grains semés pour prendre une comparaison d’’une autre parabole. Ils ont besoin de la bonne terre, c'est-à-dire des soins du jardinier de nos vies que nous sommes. Un talent d’artiste s’il n’est pas cultivé, ne fera pas de lui un pianiste renommé. Cela demande des heures de travail, de persévérance, de courage. Cela demande surtout de croire que ce monde nous est confié pour le bâtir selon le cœur de Dieu. Ce monde n’est pas donné tout fait, et où il n’y aurait plus rien à faire. Non, ce monde est à faire. Dieu nous fait co-créateur. Une création à continuer, à perfectionner. Cela se joue dans toutes les dimensions de l’existence. On pourrait résumer en disant : avoir une vie féconde pour ce monde. Il y a la fécondité de la parentalité mais aussi tant d’autres fécondités qui se vit dans le travail, les relations, la vie sociale etc… Pourquoi je dis une création à continuer ? Revenons au début de la parabole. L’homme confie sa fortune et s’en va. Il faut s’arrêter sue le sens de ce départ. Jésus dira aussi : il est bon que je m’en aille. Ce départ, c’est une manière de dire : «  A vous de jouer » à vous de continuer de construire, de bâtir, j’ai posé les fondements, c’est à vous maintenant de faire la maison. Laisser jaillir votre créativité. Je m’en vais pour que vous puissiez inventer, créer, innover dans le sens d’un monde plus juste et d’une vie toujours plus humaine. Pa d’autres repères que cela mais ils sont fondamentaux. C’est pourquoi, remarquons le, l’homme de la parabole ne donne aucune consigne, il ne dit pas faites ceci, ne faites pas cela, faites fructifier en faisant ceci ou cela. Non. Rien. Il confie sa fortune. Et c’est cet acte de confiance qu’il ya à recevoir, à comprendre comme une confiance sans limite. Une confiance qui est faites à chacun, à chacune. C’est à vous d’inventer votre réponse pour répondre à ma confiance. C’est un risque à prendre, des risques à poser.  Cela nous permet d’avancer dans notre recherche sur cette parabole car elle est révélation d’une image de Dieu. Dieu se révèle comme celui qui nous fait confiance. Il confie toute sa fortune, ce qu’il a, ce qu’il est. A travers ces talents, c’est lui-même aussi qui se remet  entre nos mains, ce qu’il est et son projet de vie pour le monde.  Alors, ce qu’il y a de superbe dans cette parabole c’est de voir les fruits que cela porte d’avoir cette belle image de Dieu. C’est celle qu’ont les 2 premiers. Sûr de la confiance qu’ils ont reçu de Dieu et qu’ils ont su entendre, ils peuvent tout oser, tout risquer, parce que même s’ils connaissent  des échecs, c’est l’acte même de s’engager pour Dieu qui est la réussite de leur vie.  Personnellement j’irai même jusqu’à dire : ils auraient pu tout perdre de l’argent confié, ils auraient gagné la joie d’avoir engagé leur vie pour Dieu. Et ils auraient entendu pareillement l’appel à entrer dans la joie de leur maître puisque déjà elle les habitait.

La contre-épreuve, c’est justement le comportement du 3ème. C’est sa mauvaise image de Dieu qui l’a conduit à un tout autre comportement. Il n’a pas entendu, compris, la confiance qui lui était faite. Nous l’avons déjà noté. Le talent reçu, il ne l’a pas reçu comme sien, il est resté celui de l’autre « tu as ton bien » qui n’est pas devenu le sien. Il n’a pas pu entendre la confiance car il a une idée de Dieu qui n’est pas celle que Jésus révèle mais celle d’un Dieu sévère, exigent, dur. Le pire peut-être est de croire que l’on sait : « J’ai appris à te connaître ainsi… » Cette mauvaise image produit un comportement où il va s’agir seulement de conserver intact, enfouir pour protéger. Ce comportement est en cohérence avec sa fausse image. Sévère, exigent, dur, cette fausse image ne peut que susciter la peur. Il le dit : « Pris de peur ». Cette fausse image, c’est celle du fond religieux humain.

Ne pensons pas trop vite que nous sommes indemnes de cela.

Jésus déclare au début de l’Evangile de Marc : « Convertissez-vous et croyez à la bonne nouvelle » Cette conversion n’est pas de l’ordre moral mais de l’ordre théologale. C'est-à-dire concerne l’idée qu’on se fait de Dieu. Convertissez-vous, c’est dire échanger vos fausses images contre la véritable image, véritable icône de Dieu qu’est Jésus. Et c’est cela qui aura des conséquences dans votre manière de mener votre vie.

Nous le voyons bien dans cette parabole. Cela a une importance primordiale  d’accueillir les bonnes images et de démasquer les autres. Nous voyons bien ici qu’une bonne image de Dieu ou une fausse  produit des comportements radicalement différents.  Les paraboles sont là pour nous indiquer des chemins de vie et nous alerter sur ceux qui ne mènent qu’à des impasses. Alors entrons dans la joie de ceux et celles qui réalisent qu’il y a bien un don, que ce don est bien pour eux, pour elles, un don à vivre à faire fructifier,

 

Reprise du topo sous forme de pistes pour la prière

Mt 25/14-30  des talents à faire fructifier

Nous le savons, il y a des images vraies de Dieu et il y a des défigurations, de fausses images. Cet Evangile en est un bon exemple. Ne pensons pas trop vite que cela n’a pas trop d’importance d’accueillir les bonnes images et de démasquer les autres. Nous voyons bien ici qu’une bonne image de Dieu ou une fausse  produit des comportements radicalement différents.

1er point : Regarder l’image de Dieu que nous donne cette parabole. C’est celle d’un Dieu qui confie toute sa fortune, ce qu’il a, ce qu’il est. Dans les Exercices, Ignace dit que l’amour consiste en une communication mutuelle où chacun donne ce qu’il a et ce qu’il est ( Exercices n°230) . Un Dieu qui se remet entre nos mains, ce qu’il est et son projet de vie pour le monde. Aucune consigne, pas de : « faites ceci, ne faites pas cela » Non. Confiance qui  laisse  à notre créativité d’inventer les moyens pour que cette richesse qui est Dieu même soit communiquée.

2ème point : Regarder ce que cette vraie et bonne image de Dieu provoque chez les 2 premiers serviteurs

Ils peuvent tout oser, tout risquer, parce que même s’ils connaissent  des échecs, c’est l’acte même de s’engager pour Dieu qui est la réussite de notre vie. Les deux premiers serviteurs auraient pu tout perdre de l’argent confié, ils auraient gagné la joie d’avoir engagé leur vie pour Dieu. Et ils auraient entendu pareillement l’appel à entrer dans la joie de leur maître puisque déjà elle les habitait.

3ème point :Ecoutez le dialogue entre le maître et ces 2 serviteurs

Ils ont la conscience aigüe  du don qui leur est fait : « tu m’as confié » disent-ils et voilà ce que j’ai gagné. Quelle alliance ! Alliance du don de Dieu et de notre réponse, de notre travail qui est bien le nôtre ! « Ce que j’ai gagné »

4ème point :Regarder la fausse image qui habite le troisième serviteur et qui est en complet contraste : celle d’un Dieu sévère, exigent, dur. Le pire peut-être est de croire que l’on sait : « J’ai appris à te connaître ainsi… » Et du coup, le don de ce talent n’a pas été reconnu comme donné : « Je suis allé enfouir ton talent : le voici tu as ton bien. Il n’a pas réalisé qu’il était bénéficiaire d’un cadeau, que c’était bien pour lui.

5ème point : Les paraboles sont là pour nous indiquer des chemins de vie et nous alerter sur ceux qui ne mènent qu’à des impasses. Alors entrons dans la joie de ceux et celles qui réalisent qu’il y a bien un don, que ce don est bien pour eux, pour elles, un don à vivre.                                                                              

 

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15 juillet 2011 5 15 /07 /juillet /2011 00:01

Dans l’Evangile de Matthieu au chapitre  3 verset 11 à 17

« Pour moi, je vous baptise dans de l'eau en vue du repentir ; mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, dont je ne suis pas digne d'enlever les sandales ; lui vous baptisera dans l'Esprit Saint et le feu. Il tient en sa main la pelle à vanner et va nettoyer son aire ; il recueillera son blé dans le grenier ; quant aux bales, il les consumera au feu qui ne s'éteint pas."

Alors Jésus arrive de la Galilée au Jourdain, vers Jean, pour être baptisé par lui.

Celui-ci l'en détournait, en disant : "C'est moi qui ai besoin d'être baptisé par toi, et toi, tu viens à moi !"

Mais Jésus lui répondit : "Laisse faire pour l'instant : car c'est ainsi qu'il nous convient d'accomplir toute justice." Alors il le laisse faire.

Ayant été baptisé, Jésus aussitôt remonta de l'eau ; et voici que les cieux s'ouvrirent : il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui.

Et voici qu'une voix venue des cieux disait : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur »

 

1ère piste :

Regarder Jean. Il a conscience qu’avec Jésus arrive un dépassement de son horizon. Jésus le dira aussi. Pas de plus grand que Jean mais il est le plus petit dans le Royaume. Quelle est cette petitesse par rapport au Royaume inauguré par Jésus ? La petitesse d’être encore dans sous le régime d’un baptême d’eau pour le repentir alors que Jésus va introduire un baptême d’Esprit qui est pure grâce de Dieu. C’est la grâce de se recevoir comme fille ou fils du Père qui nous change et non une démarche volontariste.

Faire mémoire de mon itinéraire de foi. Quel chemin parcouru de Jean à Jésus, de la férule de la loi à la liberté de l’Esprit ?

2ème piste :

Continuer à regarder Jean. Au contact de Jésus, il va opérer une vraie conversion de son image de Dieu.

Dieu n’est pas celui à qui on vient mais celui qui vient vers nous. La conversion n’est pas d’abord morale, elle est accueil de Dieu qui vient à nous , elle est dans l’attitude de se laisser aimer, de le laisser faire.

Profiter de ce moment, maintenant pour me laisser aimer par Dieu, m’abandonner, le laisser faire.

3ème piste :

Regarder Jésus au milieu de la foule qui attend son tour. Le regarder attendant comme tout le monde sans privilège.

Un homme au milieu d’autres. Regarder Jésus qui rentre dans l’eau jusqu’au cou, entièrement enseveli par l’eau. Il descend dans cette eau à l’image de l’incarnation. Dieu Très-Haut qui se fait Très-Bas pour nous nous rejoindre.  Il n’a pas besoin de baptême, mais rentrant dans l’eau, il sanctifie toute la matière de nos vies. Il  rend saint le plus quotidien de nos vies.

Me laisser étonner par ce que je vois, le Très-Haut qui se fait Très-Bas. Laisser parler mon cœur devant l’inouï de ce qui m’est donné à voir. Contempler l’humilité du Verbe qui s’est fait l’un de nous sans revendiquer aucun privilège. « Lui de condition divine ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait  à Dieu… » Ph2/6

 

4ème piste :

Voir ce que Jésus voit : il vit l'Esprit de Dieu. Entendre ce qu’il entend : «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur » C’est l’identité du Christ qui se dit là mais c’est aussi la nôtre .Nous sommes filles et fils avec le Fils. Il est l’ainé d’une multitude de frères et de sœurs. L’Esprit qui repose sur lui repose aussi sur nous et nous établit prêtre du Très-haut qui s’est fait le Très-Bas pour que chacun se retourne vers Dieu et pour être les célébrants de son amour. Il nous établit prophète du salut pour écouter sa parole, pouvoir en témoigner par nos actes, nos paroles et pour dire partout les merveilles de Dieu. Il nous établit roi et reine pour être au monde justice de Dieu et ainsi œuvrer à un monde selon le cœur de Dieu.

 

Laissez cette parole descendre au plus profond de nous : je suis sa fille, son fils bien-aimé. Comme le Christ, par mon baptême, je suis prêtre, prophète et roi. Regarder ma vie et voir quelle ma manière personnelle de l’être. Comment je suis prêtre ? Comment je suis prophète ? Comment je suis roi ? Et nous le sommes !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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