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7 décembre 2024 6 07 /12 /décembre /2024 15:37

Des catholiques se sont exprimés dans la journal La Croix du 5 décembre 2024.  Voici le texte de la Tribune:

Dans le bruit et la fureur de l’actualité trépidante des dernières semaines, la COP29 est passée presque inaperçue. Une nouvelle n’a cependant pas échappé aux catholiques vigilants : lors du vote de la résolution pour l’adoption d’un nouveau programme de travail sur l’égalité des genres, qui doit courir de 2025 à 2035, le Vatican s’est opposé aux différentes occurrences du terme « genre » dans les textes des négociations, par crainte que le mot conduise à l’inclusion des personnes transgenres et des femmes homosexuelles.

Il ne s’agit pas ici de discuter de la pertinence théologique des réserves présentées par le magistère à ce sujet. Les théologiennes féministes et queer la mettent en question avec talent depuis plusieurs décennies. Nous laisserons aux spécialistes le soin d’exposer ces arguments qui restent inaudibles et même inouïs, au sens premier du terme, de l’institution. Attardons-nous plutôt sur les positions que le Vatican est prêt à adopter pour sauvegarder sa doctrine conservatrice sur les droits des femmes.

Femmes, premières victimes de la crise écologique

Les femmes sont à la fois les premières victimes du changement climatique et les détentrices de solutions efficaces pour lutter contre ses effets. Le fait est bien connu des scientifiques et amplement documenté (voir les articles du Monde et de la BBC). Pourtant, le Vatican a choisi de se ranger aux côtés de la Russie, de l’Arabie saoudite, de l’Iran et de l’Egypte pour manifester son opposition aux mentions du genre, de l’intersectionnalité et des « femmes dans toute leur diversité » dans les textes de travail de la COP29. Notre Eglise préfère donc s’associer à des pays oppressant les femmes plutôt que de s’ouvrir à un vocabulaire qui n’est pas le sien.

Au début de son pontificat, il y a un peu moins de dix ans, le pape François avait su faire preuve d’une audace prophétique en publiant Laudato Si. Il a ainsi ouvert le monde catholique à l’écologie, inscrivant la défense du vivant dans une spiritualité de la création.

Paralysie de la COP29

Il semble incapable aujourd’hui de la même vision en ce qui concerne les enjeux liés au genre et aux minorités sexuelles. En refusant de voir les « signes des temps » sur ce sujet, il en vient à tourner le dos à ses intuitions premières. Alors même qu’il a appelé le 13 novembre dernier les participants à la COP29 « à démontrer qu’il existe une communauté internationale prête à dépasser les particularismes et à placer au centre le bien de l’humanité et de notre maison commune », il a engagé le Vatican dans une coalition de pays qui a contribué à la paralysie de la COP 29, aboutissant à des résultats décevants.

Nous espérons, pour le bien des femmes comme pour celui de la terre, qu’il finira par ouvrir les oreilles, les yeux et le cœur.

Signataires

Des Femmes et un Dieu : Aurélie Austry, Alvina Gnagna, Mathilde Hallot-Charmasson, Lucie Moschetta
Comité de la jupe : Carmen Chaumet, Marie Dervin, Adeline Fermania (Comité de la jupe)
Collectif catholique pour un accueil inconditionnel dans l’Eglise P.A.I.X. :Olivier Perret, Ambre Guilloux, Laurène Merlant Anne-Claire Rutten, Thomas Mandroux, Manon Segur, Jean Fucher, Jean-Christophe Boucly, François Mandil, Marion Mazaleyrat, Emmanuelle Scourzic, Sarah Goupil, Mariza Buron-Ruiz
Collectif Anastasis : Anne Waeles-Amieux, Marie Leduc-Larivé, Camille Charrière
CCB des Monts du Forez : Sophie Millet-Trunel
Sophie Gourlet
Isabelle Cordier
Philippe Hazet
Charles Hazet
François Bouan
Adèle Bailly

https://www.la-croix.com/a-vif/par-antifeminisme-primaire-le-vatican-a-contribue-a-la-paralysie-de-la-cop-29-20241205

J'y ajoute ma siganture

Michèle Jeunet

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7 novembre 2024 4 07 /11 /novembre /2024 22:12

https://www.dignityusa.org/ 

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7 août 2024 3 07 /08 /août /2024 16:16
Merci d'une catholique à Thomas Jolly.

Les réactions négatives de certains catholiques sur la célébration d’ouverture des jeux olympiques sont désolantes. Quelle misère d’inculture et surtout misère de ne pas y avoir vu l’essentiel du christianisme. En fait Thomas Jolly nous a offert une page d’Evangile. Merci à lui.

 

Ceux qui semblent défendre le catholicisme en criant au scandale en sont en fait les fossoyeurs ! Ils ajoutent une page supplémentaire à tous les rendez-vous manqués du catholicisme avec la culture, la science, la démocratie, l’aspiration à la liberté, à l’égalité, la justice.

 

C’est pourquoi les gens ont cherché ailleurs ce qu’un catholicisme fermé leur refusait de vivre et lui ont très justement tourné le dos.

 

Heureusement l’Evangile de Jésus est vivant dans les cœurs et cette célébration le prouve par son hymne à la fraternité, la sororité, l’inclusivité : la reconnaissance des femmes, l’accueil de l’étranger et des exclus de toutes sortes…

 

Jésus disait à un scribe : « Tu n’es pas loin du Royaume de Dieu » (Marc 12, 34). Et bien Thomas Joly y est en plein ! Et on peut s’étonner que des catholiques même au plus haut niveau d’autorité n’y soit pas ! « Ils ont des yeux et ne voient pas » Marc 8,18.

 

Pourquoi cet aveuglement ? C’est faute d’avoir trahi la nouveauté de l’Evangile en en faisant une religion du salut après la mort au lieu d’en faire une expérience de libération pour toute homme toute femme dans l’aujourd’hui de la vie, à la suite de celui qui a inauguré ce chemin, Jésus de Nazareth.

 

Ceux qui crient au blasphème, ce sont les mêmes types d’esprits que ceux qui ont condamné Jésus comme blasphémateur car il inaugurait une voie de libération.

 

 

 

 

 

 

 

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5 juin 2024 3 05 /06 /juin /2024 18:14
Un monopole masculin

Le meilleur appui pour toutes les cultures qui considèrent les femmes inférieures, inaptes à la gouvernance.

Un soutien religieux au maintien de pratiques patriarcales encore si souvent  répandues dans le monde. 

Un positionnement qui empêche d'être crédible et de soutenir les combats des femmes.  

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5 juin 2024 3 05 /06 /juin /2024 12:43

Désolée, tout est en anglais

On behalf of all of us at Women’s Ordination Conference and FutureChurch, thank you so much for registering for “Diakonia & Determination!”

 

We hope you were able to join us live on Monday evening as we prayed to renew our hearts with the spirit of diakonia and determination so that we may transform our church into a beloved community, alive with the gifts, potential, and vocations of all its members.

 

We are so grateful to everyone who attended and everyone who participated, and especially to Rose Lue, Alyssa Pedicino, and Carmen Ramos, who blessed us with their powerful witnesses. It was a beautiful and sacred time of lament, hope, and determination because of all of you and your presence.

 

Link to the Video:

If you were unable to join us live, would like to rewatch, or share with others, the video can be accessed at https://youtu.be/yrd6RDNrBH4.

 

 

  • Learn and share! Education about the history of women deacons is still needed!  Consider hosting a study group on Women Deacons: Past, Present, Future by Phyllis Zagano, Gary Macy, and William Ditewig. Resources can be found at https://sites.hofstra.edu/phyllis-zagano/
  • Cultivate noisy, joyful solidarity! Hold a “Honk for Women Priests” or “Honk for Women Deacons” sign outside your cathedral, diocesan office, or symbolic place and you will be surprised by the support you find!
  • Attend a Listening Session! – Synod delegate, Dr. Cynthia Bailey Manns, will host a listening session on women in the Church on July 2 as she prepares to travel to Rome and participate (and VOTE!) in the October 2024 Synod Assembly. Visit https://futurechurch.org/event/?=363 for details and registration.
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19 mai 2024 7 19 /05 /mai /2024 13:49
Retrouver, dans l’Eglise catholique romaine, la capacité, pour des baptisé-es , de présider des célébrations liturgiques

Retrouver cela vaut dire que cela s’est perdue ?

Oui perdue.

Interrogeons-nous : combien de fois avons-nous participé à des célébrations présidées par des baptisé-es ? La plupart le sont présidées par des prêtres. A tel point que beaucoup d’entre nous pensons impossible de célébrer sans la présence d’un prêtre comme si lui seul aurait compétence et autorité pour le faire. Un monopole en fait !

J’entends célébration toute forme de prière communautaire, là où comme dit Jésus « deux ou trois sont réunis en son nom » Mt 18,20

Le concile Vatican II avait remis en valeur le sacerdoce de tous les baptisé-es qui fait de nous des prêtres, des rois, reines et des prophètes. [1] Mais, cela a-t-il modifié ce monopole de la présidence des célébrations ?

Cette présidence a toutefois été maintenue au long des siècles dans les monastères de femmes où c’est l’abbesse qui préside la liturgie des Heures (laudes, vêpres et autres offices). Et dans la vie religieuse apostolique où chaque sœur peut présider les moments de prière communautaires.

Sur ce sujet comme sur d’autres, c’est affaire de formation mais surtout affaire de « déformatage ».

Beaucoup n’ont pas conscience de la dignité de leur sacerdoce baptismal, de l’autorité et de la mission que cela confère.

Si l’un-e de vous qui me lisez, a besoin d’aide pour bâtir et présider une célébration, vous pouvez m’écrire via mon blog. Je serai heureuse d’être ainsi au service de l’exercice de votre sacerdoce baptismal !

 

[1] Vatican II, Constitution Lumen Gentium n° 10

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14 janvier 2024 7 14 /01 /janvier /2024 14:22
L’immobilité ou une manière pour certains de s’opposer au pape François.

Dans l’Eglise catholique en ce moment, il y a des réactions diverses et variées à la récente déclaration Fiducia supplicans. Elles vont de la franche opposition à la réelle satisfaction. Certains se désolaient qu’il n’y ait pas de culture du débat dans cette Eglise, et bien en voilà un ! Chacun y va de sa réaction, de sa compréhension du texte, des évêques aux journaux et à tout un chacun qui s’exprime sur les réseaux sociaux. On peut se désoler de cela ou s’en réjouir. Ce qui est le plus étonnant c’est le refus d’évêques mettre en pratique ce texte et donc de s’opposer au pape.

 

Mais il y a une autre manière de s’opposer dont on ne parle pas. Elle consiste, non pas à dire qu’on n’est pas d’accord mais à ne rien dire et à ne rien faire.

Voici un exemple d’un texte du pape François qui n’a reçu en France non seulement aucune réaction mais est restée lettre morte.

Il s’agit du Motu proprio Spiritus Domini, de janvier 2021. Il modifie le numéro 230 du Droit Canon qui réservait aux seuls hommes l'accès aux ministères d’acolyte et de lecteur. En ouvrant maintenant également aux femmes ces ministères pour le service de la parole et de l’autel, de manière institutionnelle et avec un mandat, cela met en évidence le fait que ces ministères ont pour fondement la condition commune du baptisé. Le Pape François, a voulu ainsi rendre officielle et institutionnelle cette présence des femmes près de l'autel.

 

Dans de nombreuses communautés à travers le monde des femmes qui lisent la Parole de Dieu pendant les célébrations liturgiques ou accomplissent un service à l'autel, ne sont bien sûr pas une nouveauté. Mais maintenant cela peut se faire avec un véritable mandat ministériel.

 

Alors pourquoi ce texte reste lettre morte ? Pourquoi aucune femme en France n’a reçu ces ministères ? Pourquoi de nombreuses paroisses continuent d’exclure les filles du service de l’autel, alors que maintenant le sexe féminin n’est plus un empêchement à ce ministère ? Cette immobilité est aussi une manière de s’opposer.

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3 octobre 2023 2 03 /10 /octobre /2023 20:08
photo de Aletiahttps://fr.aleteia.org/slideshow/en-images-sur-la-place-saint-pierre-une-foule-heteroclite-en-priere-pour-le-synode/

photo de Aletiahttps://fr.aleteia.org/slideshow/en-images-sur-la-place-saint-pierre-une-foule-heteroclite-en-priere-pour-le-synode/

Peux être que beaucoup ne se rendent pas compte de la révolution qui s’est produit ce samedi 30 septembre lors de la veillée œcuménique à Rome qui introduisait le synode sur la synodalité

Je vous invite à la regarder si vous ne l’avez pas fait

https://mailing.ktotv.com/emailing/27510/4218/r16svmoveobmmufhgzmauazhbzmbveyzfbu/emailing.aspx

Peux être que beaucoup ne se rende pas compte de la révolution que cela montre :

La Bible et une icône apporter par des Baptisé-es

C’est elles qui sont sous le dais et pas le pape ou d'autres dirigeants 

Ce sont 2 jeunes qui président la veillée et pas des clercs

L’une et l’autre ont des paroles fortes sur l’Eglise Peuple de Dieu

L'arrivée des responsables religieux, le pape un parmi d'autres.

L'évangile du samaritain lu par une femme

Les intercessions lues par tous les responsables religieux dont 2 femmes.

Et ce très beau geste de chacun et chacune pour saluer le pape comme une reconnaissance de primauté, je l'ai lu comme cela !

Voilà le pas œcuménique que l'on attendait depuis longtemps

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21 mars 2023 2 21 /03 /mars /2023 09:54
Le discours officiel de l’Eglise catholique romaine est néfaste pour les femmes-2

Voici la suite d’ extraits de mon livre : masculin-Féminin. Décryptage d’une encyclique.

J’ai analysé l’encyclique mulieris dignitatem de Jean-paul II en montant les quelques aspects positifs mais surtout en quoi cela reste un discours néfaste pour les femmes.

On peut se procurer mon livre en le commandant à la FNAC

https://www.fnac.com/a9912049/Michele-Jeunet-Masculin-Feminin-Ou-en-sommes-nous

Néfaste pour les femme de mettre le masculin du côté du divin et le féminin du côté de l’humain

La lettre encyclique met le masculin du côté du divin et le féminin du côté de la créature humaine. Pour étayer cette idée fondamentale, la lettre s’appuie sur la permanence biblique à présenter Dieu comme un époux et Israël comme son épouse dans l’Ancien Testament. Pour le Nouveau Testament, la lettre s’appuie sur la présentation que Jean-Baptiste fait du Christ comme époux et sur le fait que le Christ lui-même se présente ainsi en Marc, chapitre 2 versets 19 et 20. C’est un fait scripturaire indéniable. Mais il peut être interrogé et interprété…

Dans une société marquée par une « tradition qui était discriminatoire à l’égard des femmes »[1], Dieu créateur, sauveur, tout puissant ne pouvait être dit qu’au masculin de l’époux et la femme ne pouvait être pensée  que dans sa condition seconde, dépendante, pour dire la dépendance de l’humain à son Dieu.

Dans le cadre d’une nouvelle anthropologie qui rétablit l’égalité, il n’y a plus de raison de faire du féminin le symbole de l’épouse, ni d’assimiler Dieu à l’époux. Dans une anthropologie où hommes et femmes sont égaux, la symbolique du Christ-Epoux ne devrait plus être utilisée comme symbole du masculin face au féminin…

Continuons de regarder  avec précision le numéro 25 du chapitre 7 de la lettre encyclique qui se penche à nouveau sur Ephésiens 5.  Mais ici, c’est  pour en dégager des principes malheureux pour les femmes : l’amour de Dieu pour son peuple, semblable à celui d’un époux, exprimerait la qualité sponsale de cet amour qui ne pourrait être que masculine…

Quelle serait la caractéristique " féminine"  de l'épouse ? C’est le fait d’accueillir comme un don l’amour du Christ rédempteur…

Quelle serait la caractéristique de l’époux ? C’est le fait d’aimer le premier. Un époux qui, en s’incarnant, est devenu vrai homme au masculin. « Le symbole de l’époux est donc du genre masculin ».[2] C’est par ce symbole masculin que Dieu exprime son amour.

L’argumentation repose sur un présupposé non dit : une représentation de l'homme masculin comme celui qui aurait l’initiative, qui aimerait et donnerait  le premier, et une représentation du féminin qui reçevrait et ne pourrait donner qu’en réponse…

Mettre le masculin du côté de l’initiative et le féminin du côté de l’accueil, c’est revenir au vieux schéma du masculin premier et du féminin second..

Ce qui peut être questionné au niveau de la symbolique, ne peut l’être au niveau du réel de la masculinité de l’homme Jésus. Mais quel est le sens de cette masculinité ? Elle n’a pas un sens au niveau de la Révélation et de la Rédemption. Il n’est pas de nécessité de salut qu’il en soit ainsi. Et surtout, ce n’est pas  pertinent pour déterminer une identité, une vocation, des rôles différenciés du féminin et du masculin.[3]

Néfaste de faire de Marie l’« essence »  du féminin

Voici ce que dit la lettre encyclique :

La plénitude de grâce accordée à la Vierge de Nazareth, en vue de sa qualité de théotokos, signifie donc en même temps la  plénitude de la perfection de ce qui est caractéristique de la femme, de ce qui est féminin  [4]  En Marie « on retrouve la femme  telle qu'elle fut voulue dans la création et donc dans la pensée éternelle de Dieu, au sein de la très sainte Trinité. Marie est le nouveau commencement de la dignité et de la vocation de la femme, de toutes les femmes et de chacune d'elles… [5]

Faire de Marie le prototype de la femme, le commencement de sa dignité et de sa vocation, pose question sur plusieurs points.

D’abord en mettant ainsi Marie, de manière si forte du côté des femmes, c’est priver les hommes masculins de ce modèle comme modèle d’humanité.

Ensuite si Marie est l’archétype des femmes, c’est les priver du Christ comme archétype de leur humanité.

Et quel serait l’archétype des hommes masculins ? Le texte y répond de manière implicite en mettant le masculin du côté du Christ.

Néfaste de mettre le masculin mis uniquement du côté du Christ

Le Christ et Marie sont des modèles pour tout humain qu'il soit femme ou homme. Bien sûr le sexe de Marie est féminin et le sexe de Jésus en son humanité est masculin. Mais la foi a tenu que l'Incarnation assumait tout l'humain. C'est un enjeu de salut, selon l'adage classique que ce qui n'est pas assumé, n'est pas sauvé.[6] Le credo nous fait dire : homo factus est et non pas vir factus est. Il faut donc penser qu'en assumant la nature humaine sous sa limite inévitable d'un sexe et non de l'autre, ce sont les humains des deux sexes qu'il assumait et sauvait… 

Au n° 11 de la lettre, le fait de situer aussi Marie modèle du féminin, sans faire du Christ aussi le modèle des femmes, réintroduit une hiérarchie qui peut être légitimement contesté y compris au niveau de sa justesse doctrinale.

Par l'incarnation c’est la nature humaine qui est assumée, ce qui fait que les femmes, comme les hommes, sont uni-es à lui. Par le baptême, des êtres humains, hommes et femmes deviennent d'autres "Christ", sont configurés à lui.[7] On peut donc contesté fortement  que cette dimension baptismale qui configure au Christ les femmes comme les hommes soit  absente de cette lettre encyclique.


[1] MD 12

[2] MD 25

[3] A ce sujet, voir E.A.JOHNSON, "La masculinité du Christ", Concilium, n°238, p.148-151, article reproduit dans B.CHENU et M.NEUSCH, Théologiens d'aujourd'hui, vingt portraits, Paris, Ed.Bayard/Centurion, 1995, p 91-96.

[4] MD 5

[5] idem

[6] ST GREGOIRE DE NAZIANCE. Ep. Ad Clédonium, Ed Migne, Patrologie Grecque XXXVII, 181c.

[7] 1 Co 12, 13 ; Ga. 3, 19

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16 mars 2023 4 16 /03 /mars /2023 11:54
Le discours officiel de l’Eglise catholique romaine est néfaste pour les femmes-1

Voici des extraits de mon livre : Masculin-Féminin. Décryptage d’une encyclique.

J’ai analysé l’encyclique Mulieris dignitatem de Jean-Paul II en montant les quelques aspects positifs mais surtout en quoi cela reste un discours néfaste pour les femmes.

On peut se procurer mon livre en le commandant à la FNAC

https://www.fnac.com/a9912049/Michele-Jeunet-Masculin-Feminin-Ou-en-sommes-nous

Néfaste, une conception des femmes uniquement lié à la sexualité.

Le magistère romain a cru bon d’écrire une lettre encyclique sur la femme qui a pour titre Mulieris dignitatem. Mais il n’existe pas jusqu’à présent un document similaire qui aurait pour titre Viri dignitatem. Pourquoi ?

Parce que dans cette pensée, ce qui serait dit de l’homme masculin (viri), ne pourrait être que l’équivalent de l’humain (homo). Un texte sur la femme (mulier), devant l’absence d’un texte sur l’homme masculin, dit, de fait, que le masculin continue d’être pensé par le magistère romain comme générique de l’humain, sans particularité,  et que seul le féminin en comporte, la particularisant, l’incluant tout en le mettant à part et réduisant les femmes à être épouse, mère et vierge.

Viri dignitatem définirait-il l’homme comme époux, père et vierge ? Non, car pour cette pensée, la sponsalité, la paternité, le célibat n’ont pas le même poids identitaire chez l’homme que chez la femme. Son identité n’est pas d’être époux d’une femme, père d’enfants, et encore moins époux du Christ dans le célibat consacré. Son identité ne se limite pas à cela alors que Mulieris dignitatem le fait pour la femme. Il y a donc asymétrie. Le principe de cette asymétrie est que le féminin continue d’être pensé comme spécialement lié au sexuel et toujours référé au masculin.

Il y a dans cette lettre encyclique une contradiction entre l’affirmation de la femme voulue pour elle-même et la réduction de sa vocation à une relation d’épouse pour un mari, de mère pour des enfants (du mari) ou d’épouse consacrée pour le Christ.

Si la raison du féminin et sa vocation essentielle sont pensées uniquement comme épouse pour un époux, en vue d’être mère, elle n’est pas voulue pour elle-même. Elle continue d’être pensée et voulue pour l’homme masculin.

Néfaste, une conception d’une femme éternelle

La lettre encyclique commençait en voulant tenir compte des signes de temps.  Mais à la fin de la lettre, il est bien précisé que, face aux changements, il faut revenir aux fondements qui se trouvent dans le Christ, aux vérités et aux valeurs immuables dont le Christ est le témoin et qui est conforme au plan de Dieu qui a créé l’homme et la femme pour des vocations différentes. Ces vocations seraient inscrites dans le corps, et pour la femme, dans son corps fait pour la maternité.

Comme pour d’autres encycliques ayant pour thème la sexualité, le biologique[1] est considéré comme une donnée normative, donc statique. Il y aurait un ordre de la nature qui est destin pour la femme.

Pourtant la situation des femmes en France, par exemple, ne se réduit pas à être épouse et mère. Même si de grands progrès restent encore à réaliser dans de nombreux pays du monde, le changement de mentalité, le progrès technique ont permis  un plus équitable partage des tâches domestiques et d’éducation des enfants, l’investissement dans le travail professionnel, l’accession (en pratique, non sans difficultés et  sinon en théorie)  à tous les postes de responsabilités dans la société civile. La créativité des femmes n’est maintenant plus limitée à la seule maternité, elles peuvent (malgré d’énormes progrès encore à réaliser dans de nombreux pays) s’épanouir dans tous les domaines du politique, de l’économique, du social, du culturel …Tous ces domaines demandent autant de qualités d’initiative que de réceptivité, ils ne se vivent pas selon le schéma de la lettre encyclique fondée sur un don au masculin et l’accueil du don au féminin (initiative masculine et réceptivité féminine) mais selon une réciprocité où chacun donne et reçoit sans prééminence.

La soi-disante réceptivité féminine ne serait-elle alors signifiante que pour la symbolique ecclésiale ?  Dans ce cas, pourquoi y aurait-il posture d’initiative dans ce qui est de l’ordre humain et seulement posture de réceptivité dans le domaine ecclésial ?

Cela reviendrait à penser une double anthropologie contradictoire.  

D’autant plus, que même dans la réalité de la vie de l’Eglise, de plus en plus nombreuses sont des femmes en posture d’initiative, et même assumant des « munera » (fonctions) d’enseignement, de sanctification et de gouvernement.

Néfaste, une conception statique de la révélation

Il n’est pas légitime, à partir du donné de la foi d’un sauveur masculin né d’une femme, vierge et mère, d’en tirer une anthropologie du masculin et du féminin.

 Il fut un temps où l’on tirait de la Bible une cosmologie, ce qui, à l’époque moderne, a introduit le conflit entre science et foi. C’est la même contestable démarche qui anime cette Lettre encyclique dangereuse pour les femmes mais également pour la crédibilité du magistère romain. Le magistère romain a renoncé à fonder bibliquement une cosmologie. Le temps n’est plus à la défense d’une création en sept jours. L’accueil du principe de l’évolution des espèces inauguré par Darwin commence à être reconnu.

De même, il n’est plus possible de chercher dans la Bible une anthropologie révélée du masculin et du féminin, qui dirait de toute éternité ce qu’est une femme, ce qu’elle doit être et rester. La lettre encyclique relève de ce mode de pensée. Elle ne peut être reçue par les femmes qui luttent pour ne pas être enfermées dans des stéréotypes qui les empêchent de développer toutes leurs potentialités humaines.

La Révélation se situe au niveau du sens de l’existence, d’une anthropologie fondamentale, d’un être humain à l’image de Dieu, aimé et capable d’aimer, digne de respect. Cette anthropologie dit le sens de l’existence humaine et son orientation vers Dieu mais elle n’offre pas une anthropologie particulière, une science anthropologique révélée de ce que serait le féminin et le masculin. Cette anthropologie particulière est à bâtir par l’expérience de tous et de toutes, chrétiens ou non.

Néfaste, une symbolique allégorique

Pour cette lettre encyclique, l’économie de la Rédemption, un sauveur masculin né d’une femme, relèverait donc de la Révélation du plan de Dieu sur le féminin et le masculin. C’est une sotériologie (conception du salut) qui informerait une anthropologie du féminin et du masculin par une manière particulière de traiter le symbolique qu’on appelle symbolique allégorisante.

Il est légitime pour parler de Dieu d’utiliser des images. Nous avons trace dans l’Evangile de leur utilisation. Pour parler de Dieu miséricordieux, Jésus emploie l’image d’un berger à la recherche de sa brebis, d’une femme à la recherche d’une pièce de monnaie, d’un père en attente de son fils. Dieu est décrit comme un berger, comme une femme, comme un père. Ici nous sommes dans l’ordre du symbole. Cela donne à penser une attitude de Dieu qui ne cesse de nous chercher et de nous attendre. Mais si nous remplaçons le terme « comme » par une identification : Dieu est un berger, Dieu est une femme, Dieu est un père, nous sommes alors dans une symbolique allégorique où il y a identification terme à terme. La lecture que fait Mulieris dignitatem du Christ époux relève de la symbolique allégorisante : identification terme à terme du Christ à l’époux, donc à l’homme masculin et de l’Eglise à l’épouse, donc à la femme. Alors que la relation Epoux/Epouse devrait seulement permettre de penser à une notion de fidélité amoureuse.

Cette symbolique allégorisante se décline ainsi :

  • Christ = époux = principe masculin

= les hommes concrets ;

  • Marie = épouse et mère = principe féminin

= les femmes concrètes.

Avec cette symbolique allégorisante, le féminin et donc toutes les femmes, ne peuvent qu’être dans une position seconde, réceptrice, uniquement du côté de l’humain, tandis que le principe masculin et donc tous les hommes se voient attribuer la position première, initiatrice, ayant part à la dimension divine du Christ.

Cette symbolique allégorisante est illégitime et néfaste pour les femmes.

 

 

 

[1] Par exemple, Humanae Vitae, qui ne déclare morale que la régulation des naissances qui obéit aux processus naturels.

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