Le Comité de la Jupe demande aux évêques de se prononcer sur la discrimination des filles pendant la messe
Le Comité de la Jupe dénonce le rôle dévolu aux « servantes d’assemblée » durant l'eucharistie.
Les filles se trouvent ainsi éloignées de l’autel tandis que les garçons participent activement à la célébration.
Selon notre cartographie, plus de la moitié des paroisses en France excluent les filles de la proximité de l’autel. Sur 382 paroisses répertoriées au 6 mars 2023, dans 203 paroisses les filles ne servent pas régulièrement à l’autel
Ce n’est le cas ni en Belgique, ni en Allemagne, ni en Espagne, ni même en Inde ou au Vatican.
Existerait-il une interprétation différente du droit selon les lieux ?
En cette journée internationale des droits des femmes, le Comité de la Jupe appelle donc les évêques à se prononcer afin de ne pas laisser soupçonner une attitude misogyne, une soumission à une minorité conservatrice de fidèles ou une ignorance des textes du concile Vatican II (voir annexe).
Pourquoi une telle discrimination entre des enfants toutes et tous égaux par leur baptême ?
La situation des servantes d’assemblée nourrit une représentation dévalorisante des filles et futures femmes dans leur communauté, et perpétue une profonde inégalité entre les femmes et les hommes au sein de l’Église catholique. Sur cette situation, la responsabilité des évêques est double : ils doivent d’une part dire s’ils autorisent que dans leur diocèse, les filles soient admises au service de l’autel, et d’autre part fonder théologiquement leur décision, ce qui est l’une de leurs fonctions essentielles.
Le Comité de la jupe propose une lettre type que les fidèles peuvent adresser à leur évêque (voir lettre jointe) pour lui demander de prendre une position claire sur le sujet.
Le Comité de la Jupe
Ce que dit le Vatican II
« La Mère Église désire beaucoup que tous les fidèles soient amenés à cette participation pleine, consciente et active aux célébrations liturgiques, qui est demandée par la nature de la liturgie elle-même et qui, en vertu de son baptême, est un droit et un devoir pour le peuple chrétien, « race élue, sacerdoce royal, nation sainte, peuple racheté » Sacrosanctum concilium n°14
« Il est tout à fait louable que se maintienne la coutume insigne que soient présents des enfants ou des jeunes - dénommés habituellement «servants d’autel» ou «enfants de chœur» - qui servent à l’autel comme acolytes, (...) Les filles ou les femmes peuvent être admises à ce service de l’autel, au jugement de l’Évêque diocésain; dans ce cas, il faut suivre les normes établies à ce sujet. »
Redemptionis sacramentum, n° 47.
Lettre type à l’évêque
Frère évêque,
Nous, baptisé·es dans l’Église catholique, regrettons l’invisibilisation des femmes au cours des liturgies. Où sont les filles, les femmes, durant nos célébrations ? Pourquoi cette mode des « servantes d’assemblées » qui tient les jeunes filles à distance de l’autel ?
« Cachez ces femmes... » : serions-nous revenus à l’hypocrite Tartuffe dans ce vaste courant de repli identitaire qui refoule les laïcs à distance des clercs, et parmi ces laïcs, ostracise les femmes?
Pourtant, Vatican II avait supprimé la démarcation entre un espace sacré et le lieu où se tient le « profane » (voir annexe).
A l’heure où l’absence de responsabilités accordées aux femmes devient une préoccupation majeure du synode sur la synodalité ; quand le rapport de la CIASE diagnostique le caractère délétère de l’insistance sur la sacralité du prêtre, et que celle-ci dévoile ses effets pervers dans toutes les affaires qui déferlent ad nauseam, ne serait-il pas temps de réinterroger notre pratique ecclésiale et liturgique ?
Une cartographie des paroisses établie par le Comité de la Jupe montre que plus de la moitié des paroisses en France excluent les filles de la proximité de l’autel. Aucun argument scripturaire ne
justifie de discrimination corporelle dans une religion de l’Incarnation où chaque humain est aimé et sauvé dans son individualité. Le Christ n’a jamais hiérarchisé ses relations.
La multiplication des exclusions des filles ainsi que l’incompréhension sur ce qui les fonde, nous conduit à vous demander officiellement comment vous vous positionnez devant la liberté qui vous est donnée de décider si les filles, baptisées à l’identique des garçons, peuvent être admises au service de l’autel. Oui ou non, les y autorisez-vous ? Et pouvez-vous fonder, selon le droit del’Eglise, votre réponse ?
Tandis que Guy de Kerimel, archevêque de Toulouse et président du Conseil épiscopal pour la liturgie, assurait dans Famille Chrétienne que « Plus aucun texte du Magistère n’interdit aux filles de servir à l’autel » ( https://www.famillechretienne.fr/vie-chretienne/liturgie/servantes-de-messe-qu-en-dit-l-eglise-35879) , Laurent Jullien de Pommerol, responsable du département des servants d’autel au sein du service national de la pastorale liturgique et sacramentelle, rappelait que “Les servants d’autel apportent un signal très fort à la messe dans le face à face entre le prêtre et l’assemblée”. (https://eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/528959-le-service-de-lautel-un-service-gagnant/)
Il apparaît donc grave et injustifié d’exclure les filles de ce rôle majeur, d’où l’urgence d’une prise de position de votre part.
Nous vous remercions de nous lire et attendons votre réponse.
Avec notre respect sororal,
Le Comité de la Jupe