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19 janvier 2021 2 19 /01 /janvier /2021 17:21
Une réponse forte de Jacques Faucher à une demande des évêques

Loi de bioéthique : « Que nos yeux s’ouvrent ! » vraiment

 

Jacques Faucher est prêtre et médecin, délégué diocésain au monde de la santé à Bordeaux. Il nous propose cette tribune à la suite de la demande des évêques d’observer quatre jours de prière et de jeûne, à l’occasion de la deuxième lecture par le Sénat de la loi relative à la bioéthique.

Pour protester contre la loi relative à la bioéthique que les sénateurs examinent en 2e lecture début février, les évêques de France demandent quatre jours de jeûne et de prière pour « Que nos yeux s’ouvrent ! » Les yeux de qui ? et sur quoi ?

Oui nous allons prier et jeûner quatre jours, pour « Que nos yeux s’ouvrent » à la grandeur et la beauté, au dévouement et l’inventivité, au pluralisme et dialogue, à l’écoute et l’accompagnement de personnes en situation complexe, de soignants et d’usagers devant des dilemmes de diagnostic anténatal grave, de possibilités d’Interruption médicale de grossesse, de recours à des assistances médicales à la procréation, d’arrêt de traitement, de fins de vie difficiles.

Oui nous allons prier et jeûner pour que nous sortions de notre aveuglement sur le monde de la santé et de la science, sur le monde contemporain, son pluralisme, ses compétences, ses réalisations techniques, institutionnelles et financières, son souci du chemin de chacun avec d’autres, tout ce qu’il met en œuvre d’interrogation, de comité et d’espace de réflexion éthiques, de liberté et de responsabilité.

Oui nous allons prier et jeûner pour que nous sortions de notre aveuglement de ne nous adresser qu’à des groupes situés, qui ne parlent pas au nom de l’ensemble des catholiques et nous entraînent dans un clivage desservant la communion dans la société et dans l’Église entre les bons et les mauvais catholiques, ceux qui hurlent fort et ceux qui, affrontés à des questions difficiles dans leur vie et leur profession, n’auraient pour seule perspective que de se taire ou de quitter cette Église qui non seulement ne prierait pas pour eux mais les exclurait.
Oui nous allons prier et jeûner pour que nous sortions de notre aveuglement qui confisque le souffle de l’encyclique Fratelli tutti à des préoccupations bioéthiques partisanes. Voyons et écoutons que la plupart des personnes affrontées à des situations complexes ne sont pas d’abord dans l’égoïsme, l’individualisme, l’hédonisme, mais avant tout travaillées par la liberté et la responsabilité, le souci de l’autre et l’amour.

Quant aux procréations médicalement ou socialement assistées, ouvrons-nous aux perspectives évangéliques de Michel Serres, bienvenues en cette année saint Joseph, centrée sur l’adoption : « Dans la Sainte Famille, celle de la crèche de Noël, s’effacent, en partie, les deux premiers liens : ceux de la vie naturelle et de la loi civile, jusqu’à s’adoucir. Voici Joseph, père adoptif ; voici Jésus, fils adoptif ; voilà enfin Marie, dont la virginité douce, au-delà de la parturition dure, naturelle, charnelle, incarnée, renouvelle la généalogie de nature et de sang ».

« Lui-même sans fils ni fille, Jésus-Christ s’écarte de la généalogie de sang et de nature ; mourant comme un hors-la-loi, il se désengage des lois politiques et civiles ; il vient même de dire, au prétoire : mon royaume n’est pas de ce monde ».

« Or, cette dernière parole, adressée à Marie et à Jean, dit la Bonne Nouvelle. Laquelle ? Voici : à compter de cette annonce, il y aura filiation ou parenté si et seulement si le père et la mère adoptent le fils ou la fille, si la fille et le fils adoptent père et mère, c’est-à-dire s’ils se choisissent les uns les autres par amour et dilection. À partir de la naissance de Jésus comme fils adoptif, à partir de sa mort où il désigne un fils adoptif et une mère adoptive, vierge, une seconde fois, de cette nouvelle maternité, l’humanité, transcendant les liens de sang et ceux de la loi, faisant bifurquer du même coup les généalogies antiques, descendra moins de la nature ou des lois que de sa propre volonté, que de sa propre liberté, de son choix et de l’amour. »

Ouvrons nos yeux ! Sortons de notre enfumage religieux d’un autre temps ! En Jean 9, il est écrit que Jésus rencontre un « aveugle de naissance ». Nous pouvons traduire : « enfumé sur ses origines », alors qu’ils sont à la sortie du Temple, tout aveuglés des fumées des sacrifices religieux. Peu à peu, l’enfumé devient clairvoyant sur les peurs et les conformismes des voisins et parents, et sur l’aveuglement des pharisiens enfumés par les débats sur la loi. Au chapitre suivant, il fait partie du peuple de ceux qui marchent en avant, qui ont la liberté d’aller et sortir de l’enclos religieux et de rejoindre un autre groupe qui ne fait pas partie du premier et qui vit déjà de la liberté de l’Esprit.

Ouvrons nos yeux sur notre Église, sur toutes les pastorales de la santé, du social, des prisons, de l’enseignement, des familles, qui chaque jour accueillent, écoutent, accompagnent les personnes en situation difficile, et découvrent que l’Évangile ne passe pas d’abord par des prises de position péremptoires et clivantes, mais par un dialogue et même une remise en question de certaines positions magistérielles au nom de l’amour du frère : Fratelli tutti !

Ouvrons les yeux ! Pleins d’hommes et de femmes mettent leur compétence et leur dévouement au service public de la santé, du social, de la vie ensemble (caissières, éboueurs, enseignants, artistes, etc.). Il ne faudrait pas que notre aveuglement empêche ceux qui marchent en avant, dans l’Église et dans le monde, de se rencontrer, de se réjouir et de construire ensemble un monde au service de tous, et d’abord des plus fragiles, Fratelli tutti !

Article paru dans le Journal La Croix du lundi 18 Janvier 2021

https://www.la-croix.com/Debats/Loi-bioethique-yeux-souvrent-vraiment-2021-01-15-1201135129?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_content=20210117&utm_campaign=newsletter__crx_subscriber&utm_term=2714

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21 novembre 2020 6 21 /11 /novembre /2020 18:51
Célébrer …sans messe, c’est possible (3ème partie)

Voici donc le 3ème article pour aider à célébrer sans messe.

J’espère de tout cœur que ce 2ème confinement va permettre à certain-es (beaucoup ?) d’être inventif-ve et redécouvrir leur sacerdoce baptismal qui les a fait prêtre, prophète et roi-reine.

Voici un déroulement de liturgie que nous avons vécu en communauté cette semaine. Nous avons pris les lectures de la messe du jour du jeudi 19 novembre.

Je vous le présente en y ajoutant des notes pour en saisir le sens.( en vert dans le texte). 

(On est assis-e en silence)

Il s’agit d’entrer dans une liturgie par un moment de silence, de préparation du cœur pour se préparer à une rencontre

(Mot d’introduction par celle ou celui qui anime. Dans cet article , cela sera désigné par la lettre A)

Ce mot permet de se situer ensemble devant le Mystère de Dieu

A:

Jésus, tu nous dis que quand 2 ou 3 sont réunis en ton nom

Tu es présent, d’une présence inouïe et bien réelle.

Nous sommes là, réunies en ton nom et tu es là.

Nous le croyons dans le mystère de la foi

(On se mets debout pour chanter)

Se mettre debout c’est la posture du vivant, c’est un acte qui engage dans un mouvement

Chanter ensemble, c’est faire corps, c’est s’unir en unissant nos voix. La liturgie est un acte communautaire

(Chant)

Ecoute, écoute l’amour au fond de toi

Ecoute, écoute, il te parle tout bas

Demeures en sa présence ( 3 fois)

A:

Celle ou celui qui anime introduit le geste du signe de la croix, qui est un signe trinitaire. Nous sommes ensemble devant Dieu qui nous accueille.

Oui demeurons en la présence de la Trinité d’amour

Elle qui est volonté d’amour, comme une mère, un père qui serait plein de tendresse

Elle qui est parole d’amour, la parole d’amour qui a pris visage humain en Jésus

Elle qui est acte d’amour, Esprit d’audace et de liberté

Nous sommes réunies au nom du Père et du Fils et du saint Esprit

A:

Nous devant Dieu dans la vérité de notre amour qui a besoin de sa force. C’est pourquoi nous le prions d’affermir notre coeur

Ta présence, elle ne peut nous manquer, même dans la nuit tu es là.

Mais notre présence à toi, elle est fragile, inconstante ou négligente

Viens à notre secours

(Chant)

O Dieu saint, o Dieu fort, o o Dieu immortel

Prends pitié de nous ( 3 fois)

A:

Et donne-nous la grâce d’un cœur qui écoute, d’un cœur attentif.

(On s’assoit)

La posture assise st celle d l’écoute attentive

On aura eu le souci de savoir qui va lire

La-le lecteur-trice se lève, et va chercher le livre et lit en face du groupe

Lecture de Ap 5,1-10

Cantique du Nouveau Testament = NT9 chanté ou lu

J’ai choisi ce cantique car il reprend un passage du texte de l’apocalypse

(On se mets debout)

Ici la station debout signifie l’éminence de l’Evangile, l’Evangile est le cœur de la foi. C’est Jésus en sa parole.

Alleluia chanté

Le-la lecteur-trice = L

« Aujourd’hui ne fermons pas notre cœur mais écoutons la voix du Seigneur »

Lecture de l’Evangile Lc 19,41-44

L : Acclamons la Parole de Dieu

Tous : louange à toi Seigneur Jésus

(On s’assoit)

homélie

Quelqu’un fait une brève homélie

Voici celle que j’ai faite :

Si tu avais reconnu en ce jour ce qui peut te donner la paix

Mais hélas, cela est resté caché à tes yeux

Tu n’as pas reconnu le moment où Dieu te visitait

Sous ces 2 paroles négatives, nous pouvons entendre du positif :

Quelqu’un peut nous donner la paix.

Quelqu’un peut nous visiter.

Nous avons toutes fait l’expérience de cette paix donnée par Dieu

Nous avons toutes fait l’expérience des visites de Dieu.

Et nous en savons la joie.

Alors fortes de cette expérience, il nous est possible de nous désoler des moments où nous avons manqué des rendez-vous.

Quand nous le faisons, nous pouvons alors comprendre les pleurs de Jésus devant Jérusalem :

Les pleurs d’un amoureux éconduit.

(Silence)

C’est le silence de l’intériorisation. Se laisser rejoindre par ce qu’on a entendu, parler à Dieu dans le silence du cœur

Chant : Toi qui ravis le cœur de Dieu

A

Intro au Chant pour en faire saisir le lien avec les textes entendus

« Tu n’as pas reconnu le moment où Dieu te visitait » Demandons à Marie, elle qui a su reconnaitre les visites de Dieu et s’est fait elle-même visitation pour Elisabeth, demandons-lui son cœur large et généreux

(On se met debout)

Notre Père

A:

Prions ensemble

Silence pour permettre à chacun-e de le faire

A:

Prière de conclusion

Soit : chacun-e s’exprime

Soit l’animateur le fait seul-e

A:

Que Dieu nous bénisse : le Père, le Fils et le Saint Esprit

Allons dans la paix du Christ

Tous :

Nous rendons grâce à Dieu

 

 

 

 

 

 

 

 

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10 novembre 2020 2 10 /11 /novembre /2020 12:16
Célébrer sans messe, c’est possible ! ( 2ème partie)

Voici un autre exemple de célébration de la Parole et du Pain. Pour donner l’idée de le faire en famille…avec un petit groupe d’ami-es, de voisins. Et ceci, pas uniquement en temps de confinement mais pour retrouver le sens de l’Eglise domestique qui a été vécu pendant les premiers siècles de l’Eglise.

Il nous faut sortir d’une mentalité qui enferme la liturgie à un seul lieu : une église de pierre ; à un seul acteur qui serait indispensable : un prêtre.

Il nous faut nous réapproprier notre capacité à célébrer au titre de notre sacerdoce commun de baptisé-es.

Mais ceci n’est possible que si chacun-e a une vie de prière personnelle, nourrie de récits bibliques. Car là aussi il y a un chemin à faire ! Là aussi on peut déplorer que la prière se résume pour certain-e à la messe.

Soyons donc créatifs-ves.

Bonne liturgie domestique.

Introduction :

*Un lecteur lit Marc 1,14-20

*le ou la présidente introduit à la célébration :

Pourquoi entendre ce récit au début de notre célébration ? Parce nous met devant l'essentiel. D’abord il nous dit que Jésus nous apporte un Bonne Nouvelle et pas une mauvaise ! Combien de discours religieux sont des mauvaises nouvelles qui emprisonnent les gens.

Non, Jésus, lui, c’est une 

bonne nouvelle pour nos vies. Et la conversion dont il est question est un changement de regard sur Dieu, nous-mêmes, les autres dans le sens d’un accueil radical de tout ce qui est bon.

Ensuite parce qu’on le voit appeler des gens à être avec lui, c’est-à-dire que d’emblée pour Jésus désire une communauté.

Et ces gens, c’est nous aujourd’hui, nous ici, vous et moi.

Et cette communauté, c’est là ou 2 ou 3 sont réunis en son nom

Il est avec nous, d’une présence inouïe et bien réelle.

Nous pouvons faire l’expérience de sa présence de manière personnelle mais aussi de manière communautaire, c’est le sens de ce que nous allons vivre maintenant. C’est le sens de toutes célébrations, encore faut-il qu’elles ne soit pas figés dans un rituel obsolète.

Chant

Ecoute, écoute l’amour au fond de toi

Ecoute, écoute, il te parle tout bas

Demeures en sa présence

*Le-la président-e introduit au signe de la Croix

Oui demeurons en la présence de la Trinité d’amour

Elle qui est volonté d’amour, comme une mère, un père qui serait plein de tendresse

Elle qui est parole d’amour, la parole d’amour qui a pris visage humain en Jésus

Elle qui est acte d’amour, Esprit d’audace et de liberté

*tous font le signe de la croix

*la-la président-e invite à faire mémoire d’un bonheur d’une joie récente, ce qui nous a fait du bien : un événement, une personne, une chose.

*silence pour que chacun-e fasse cela, quelques minutes pour recueillir cette joie

*le- ma président-e invite à se mettre par 2 pour partager cela. Pour entrer dans une dynamique de partage

*partage pendant 15 mn

Liturgie de la Parole

*le-la présiedent-e introduit :

S’ouvrir à soi, à l’autre et s’ouvrir à Dieu qui lui aussi se donne, se partage, qui lui aussi nous parle

Ecoutons-le nous partager sa Bonne Nouvelle

*on chante un alléluia en se mettant debout

un-e lecteur-trice lit l’Evangile

Exemple possible : Lc 4.16-30 

*un-e participante introduit à l’écoute de cet Evangile et donne un papier où il y a des pistes pour le méditer

Qq mot d’éclaircissement et pistes pour méditer seul-e

Nous avons avec ce texte le projet de Jésus. Il veut que nos vies individuelles et nos sociétés soient restructurés selon les valeurs du cœur de Dieu. Que la volonté de Dieu se fasse sur terre comme elle se fait dans le ciel. Un projet qui demande notre collaboration. Il s’agit de chercher le royaume, d’entrer dans un chemin de transformation des cœurs et des sociétés.

Papier donné où il y a les pistes

1er point

« Donner une bonne nouvelle aux pauvres…libérer les captifs…libérer ceux qui sont écrasés ».

Pourquoi est-ce une bonne nouvelle ? Quel est le contenu de cette nouvelle, de cette nouveauté ? De cette libération ?

2ème point

Pour bien entendre cette parole, on peut la rapprocher d’une autre en Lc6 /22-23 : « Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la bonne nouvelle est annoncé aux pauvres ; et heureux celui pour qui je ne serai pas occasion de chute »

Jésus montre quel changement est déjà à l’œuvre. Il nous appelle et nous associe à son œuvre pour qu’il y ait dans notre monde, moins de mensonge et plus de vérité ( guérison d’aveugle) ; plus de liberté pour que chacun-e puisse marcher librement ( boiteux) ; un accès à la santé le plus large possible ( lépreux) ; entendre que Dieu nous aime ( sourds) ; travailler à ce que la vie soit plus forte que tout , combattre toute injustice qui écrase les gens (résurrection) . Jésus a commencé ce règne. Il a besoin de nous pour le continuer ( Celui qui croit en moi, fera lui aussi les œuvres que je fais, il en fera même de plus grandes parce que je vais au Père Jn 14/12 )

3ème point

Sentir la nuance de mépris qu’il y a dans la réflexion des gens de son village : il n’est que le fils de Joseph. C’est le choix de l’incarnation. Dieu n’a pas pris chair dans les sphères des puissants, des opulents, des gens connus qui font la une de l’Histoire. ( St Paul dira la même chose : « Ce qui dans le monde est sans naissance et que l’on méprise, voilà ce que Dieu a choisi » 1Co 1/28.) Le choix du Christ montre l’infinie dignité de chaque homme, chaque femme, simplement du fait de son humanité. C’est pourquoi personne ne doit être écrasé.

4ème point

La fin de son discours suscite la colère et la volonté de le tuer. Pourquoi cela ?

*Temps de silence de méditation environ 30 mn

*Partage à 2, les mêmes qu’au début

Liturgie du partage du pain

*introduction par le-la président-e

Jésus nous a donné le pain de sa parole, sa parole c’est comme du bon pain.

C’est pourquoi, nous pouvons la manger concrètement, comme signe du don que Jésus nous fait de sa parole, de sa vie jusqu’au bout par amour.

*Un des participants coupe le pain en petit morceau,

On fait passer la corbeille de pain et chacun-e prend un morceau de pain.

Chant

Silence

*le-la présidente :

Un jour, Jésus posa cette question : ses disciples : comprenez-vous ce que j’ai fait ? Et nous  ?

Nous avons mangé et bu le pain de sa parole. Cela fait de nous le Corps du Christ. Nous sommes les membres de son Corps, cela fait de nous, des sœurs, des frères et des ami-es.

Ce nous invite à vivre notre vie sous le signe de la fraternité, du partage, de l’accueil, à la suite de Jésus.

Peut-être que dans notre cœur, nous avons envie de dire quelque chose à Jésus : un merci ou autre chose…Nous le faisons dans le silence de notre cœur ou à haute voix

*Silence et puis partage de la prière spontanée

*Notre Père

*prière de de conclusion

Chant final

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11 juin 2020 4 11 /06 /juin /2020 17:39
Fr François Cassingena-revedy: intégrale des ses articles

Un lecteur de mon blog m'a demandé si je pouvais lui procurer l'intégrale des articles que le Frère François a publié. Jes voici en pièces jointes!

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24 mai 2020 7 24 /05 /mai /2020 13:51
A lire: articles du Fr François Cassingera-Trévedy,

Les propos lumineux du Frère François Cassingera-Trévedy, bénédictin.

“Ils s’aperçurent qu’ils étaient nus” (Gn 3, 7) De la sexualité en son site ecclésiastique. Quelques propos et propositions.

https://www.facebook.com/notes/fran%C3%A7ois-cassingena-tr%C3%A9vedy/ils-saper%C3%A7urent-quils-%C3%A9taient-nus-gn-3-7-de-la-sexualit%C3%A9-en-son-site-eccl%C3%A9siasti/3191774201047064/

 

De la fabrique du sacré à la révolution eucharistique - Quelques propos sur le retour à la messe.

https://www.facebook.com/notes/fran%C3%A7ois-cassingena-tr%C3%A9vedy/de-la-fabrique-du-sacr%C3%A9-%C3%A0-la-r%C3%A9volution-eucharistique-quelques-propos-sur-le-ret/3198309117060239/

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2 mars 2020 1 02 /03 /mars /2020 17:30

Unité et solidarité entre les femmes catholiques: l'égalité des sexes est l'ADN de notre Église!

En cette Journée internationale de la femme, des milliers de femmes catholiques à travers le monde prennent des mesures, unies dans leur lutte commune pour l'égalité dans leur Église, qui n'a pour la plupart pas été entendue et n'est pas reconnue par la hiérarchie catholique. Mais cette semaine, les échelles pencheront en leur faveur, alors que les femmes réalisent que le temps de demander est révolu, elles assument la responsabilité de l'avenir de leur Église - avec ou sans permission. Dans plus de 27 endroits dans le monde, les femmes catholiques se réuniront devant leurs églises à l'occasion de la Journée internationale de la femme et demanderont l'égalité des droits et la pleine participation des femmes à l'Église catholique. Avec des prières conjointes, des rassemblements et des actions artistiques, ils célébreront et exigeront une église équitable entre les sexes.

Cette action mondiale marque le début d'un processus de pèlerinage d'un an entrepris par le Conseil catholique des femmes (CWC). Le CWC est un groupe de coordination qui rassemble des associations de femmes, des initiatives, des ordres religieux de femmes, des organismes religieux et des théologiennes, qui n'attendent plus que les dirigeants actuels de l'Église apportent des changements significatifs. Ils se donnent les moyens de prendre leurs responsabilités et de diriger en travaillant ensemble vers une même vision - une Église de frères et sœurs égaux.«L'égalité des sexes est un problème mondial. Partout dans le monde, il y a des femmes et des hommes qui voient la dignité et l'égalité de chaque être humain comme une leçon fondamentale du christianisme, et ils ne peuvent plus accepter que cette leçon ne soit pas mise en pratique dans les structures de l'Église et dans sa vie quotidienne. Leur unité entre les différences, leur autonomisation et leur dévouement montrent que le changement est déjà en cours », explique Zuzanna Flisowska, directrice générale de Voices of Faith. 

Des événements de la Journée internationale de la femme sont prévus en Australie, Autriche, Canada, Croatie, Allemagne, Inde, Italie, Luxembourg, Kenya, Philippines, Afrique du Sud, Espagne, Suisse, Royaume-Uni et États-Unis par des groupes locaux se réunissant tous autour de la même thème «Dignité et égalité» et «Nous sommes le changement». 

Ces actions locales expriment l'extraordinaire unité et solidarité entre les femmes catholiques du monde entier et montrent que les droits des femmes doivent également être valables dans l'Église catholique romaine si elle veut être durable.

Pour voir où les événements ont lieu cette semaine, veuillez visiter notre site Web: www.voicesoffaith.org/iwd2020  

Pour des interviews, contactez: 

Zuzanna Flisowska, directrice générale, Voices of Faith 

zuzanna.flisowska@voicesoffaith.org 

+39 351 523 4217

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27 janvier 2020 1 27 /01 /janvier /2020 21:39
Des propos inadmissibles

Des mots peuvent faire mal en véhiculant une discrimination qui enferme les gens et les empêche de libérer leurs potentialités. Dans ces cas, il y a urgence à dire NON et ne pas « laisser courir » sous prétexte que ce ne sont que des mots.

Parmi plein d’autres, en voilà un récent : 

« Ce qui fonde la masculinité, c’est de donner, tandis que ce qui fonde la féminité, c’est de recevoir. »

Rappelons les faits

1er acte :

D’abord une déclaration de religieuses et religieux ignatiens dénonçant le fait que des curés n’appellent que des hommes pour donner la communion. Femmes interdites !

(pour lire l’article : https://www.la-croix.com/Debats/Forum-et-debats/Eglise-dernier-mot-revient-trop-souvent-pretres-2019-12-16-1201066765 )

2ème acte:

Une journaliste du journal la Croix se met en quête pour vérifier cette pratique. En particulier, elle interroge le curé de St Léon à Paris. Je la cite : « Quant au père Emmanuel Schwab, curé de Saint-Léon, importante paroisse du 15e arrondissement de Paris, il fait le choix de « ne demander qu’à des hommes de donner la communionpour souligner la masculinité du Christ, qui se donne à l’Église son épouse. Ce qui fonde la masculinité, c’est de donner, tandis que ce qui fonde la féminité, c’est de recevoir ».

(pour lire l’article : https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/France/Pourquoi-femmes-donnent-elles-pas-toujours-communion-2020-01-06-1201070025 )

 

Derrière cette déclaration et cette pratique, il y a une anthropologie du féminin et du masculin qui place celui-ci toujours en position haute d’initiative, de pouvoir, de responsabilité et le féminin du côté de la passivité.

Et une théologie qui oublie que le baptême configure au Christ autant les femmes que les hommes.

Ces curés et tous ceux qui adhèrent à de tels propos…dans quel monde vivent-ils ?

Fondement de la féminité, la réceptivité ?

Les mères qui donnent la vie. Toutes les femmes qui donnent de leur vie, de leur temps pour donner le meilleur d’elles-mêmes au service des sciences, de la politique, de l’éducation…Et tant et tant… Elles donnent et c’est plutôt les hommes qui reçoivent tant et tant d’elles !

Le philosophe Aristote pensait que seule la semence masculine donnait la vie, la femme n’étant qu’une sorte de couveuse. Et comme cette semence masculine pouvait produire des filles, la raison en était que cette semence était défectueuse ! Il a fallu attendre le 19ème siècle pour prouver scientifiquement que l’enfant résulte de la rencontre d’un ovule et d’un spermatozoïde : masculin et féminin qui donnent et se reçoivent pour donner la vie.

Les propos de ce curé laissent à penser qu’il en est resté à Aristote !

Il se trouve que ce curé est l’aumônier national d’une super association auprès des personnes prostituées et des sans domicile qui, justement, n’a pas le positionnement de ceux qui donnent à ceux qui reçoivent mais vont auprès des personnes en humble place, les mains nues.

Peut-être devait-il méditer cela.

Autres liens :

https://www.jesuites.com/contribution-ignatienne-au-debat-en-eglise-tribune-des-superieures-majeures-ignaciennes/

https://www.ndcenacle.org/debat-eglise-une-prise-position.html

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29 décembre 2019 7 29 /12 /décembre /2019 22:55
Oh My Goddess :  Des homélies en podcast…par des femmes

Une formidable initiative qui apporte sa pierre pour construire l'Eglise autrement, celle des disciples de Jésus, disciples égales et égaux, toutes et tous prêtres et prophètes .

Voici comment ce groupe de femmes à l’initiative de ce projet le présente :

« Nous sommes un groupe de femmes réunies autour du projet de participer à l’indispensable renouvellement des communautés catholiques en initiant des projets féministes audacieux et intersectionnels qui rassemblent et donnent voix à celles et ceux que l’Eglise invisibilise.

Nous lançons Bonne Nouv.elle, la parole inclusive du dimanche. Du premier dimanche de l’Avent au jour de Pâques, un.e invité.e nous donnera à entendre, chaque semaine, l’homélie.

Aussi disponible sur Spotify et Anchor.fm ou par flux RSS.

Nous nous appelons Anne, Lucie, Valentine et Claire. Nous sommes théologiennes, psychologues cliniciennes, philosophes, géographes ou artistes de spectacle, peut-être célibataires, peut-être en couple, peut-être mariées et peut-être pas seulement avec des hommes, nous sommes surtout des femmes révoltées par la manière dont l’Eglise trop souvent invisibilise une partie de ses membres, et fatiguées de devoir nous taire. 

Si notre projet vous touche vous pouvez parler de notre initiative et diffuser notre podcast d’homélies, vous pouvez vous former et encourager d’autres à se former, vous pourrez faire un don à notre association dans les semaines à venir. contact@ohmygoddess.fr "  

 

Pour écouter l’homélie du dimanche 29 décembre sur la Sainte famille de Magali C. Calise

https://ohmygoddess.fr/2019-12-29/

Lien à la source :

https://ohmygoddess.fr/

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19 décembre 2019 4 19 /12 /décembre /2019 23:02
Femmes dans l’Eglise…une prise de position des Religieux et Religieuses de spiritualité ignatienne

Les responsables d’Instituts religieux vivant de la spiritualité de St Ignace de Loyola, ont rédigé un texte publié dans le journal La Croix du lundi 16 décembre 2019. Ils représentent 32 Instituts religieux dont les jésuites, les Pères Blancs et les nombreux Instituts religieux de femmes.

Ce texte est leur contribution au débat sur l’Eglise concernant les relations de femmes et des hommes. La fin de cette l’article rappelle que Jésus a confié à une femme la première annonce de la résurrection et qu’il s’agit d’en tirer tous les enseignements concernant la place des femmes dans l’Eglise.

Il témoigne de la belle collaboration et le vivre ensemble qui se vit entre ces Instituts ignatiens quant à la formation et à la mission et combien cette collaboration homme-femme est essentielle à la fécondité de cette mission.

Ce texte constate aussi des difficultés rencontrées par les femmes dans l’Eglise :

-abus du dernier mot qui revient au prêtre quand ce n’est pas requis

-travail dans l’ombre des femmes

-plus de crédit de la parole du prêtre même s’il est moins compétent

-refus dans certaines paroisses que des femmes donnent la communion

-exclusion des filles comme servantes d’autel

Ceci ne montre pas une saine relation hommes-femmes mais montre malheureusement un espace sacré où seuls les hommes et les garçons ont droit d’accès.

 

Voici le texte intégral de leur déclaration :

 

Contribution de la vie religieuse Ignatienne au débat en Eglise

Religieux et religieuses ignatiens, nous essayons de vivre de l’esprit d’Ignace de Loyola qui recommandait de « sentir avec l’Eglise », c’est-à-dire d’avoir le sens de l’Eglise. A l’heure où notre Eglise traverse une crise importante, le pape François invite le peuple de Dieu à relever le défi, à lutter contre le cléricalisme qui fait le lit de « l’entre-soi » et d’une conception abusive de l’autorité. Encouragés par cette invitation du pape François, nous désirons apporter notre témoignage.

La vie religieuse ignatienne est constituée de communautés d’hommes (les jésuites, et les Pères blancs) et de communautés de femmes (très nombreuses). Nous nous sentons bénéficiaires d’un même héritage spirituel. Les novices, hommes et femmes, apprennent ainsi dès les premiers mois de leur vie religieuse à se rencontrer, à se connaître, à se former ensemble. Bien souvent nous nous retrouvons ensuite, avec des laïcs de spiritualité ignatienne, au service d’une même mission dans des centres spirituels, des revues, des lieux de formation, des propositions pour les jeunes… Depuis longtemps, et à l’origine grâce à des jésuites qui les y ont encouragées, des femmes parmi nous accompagnent les Exercices Spirituels, ces Exercices qui sont le cœur et la source de notre spiritualité, de notre vie religieuse et de notre mission. Elles forment et supervisent d’autres accompagnateurs, qu’ils soient laïcs ou prêtres. Sans vouloir prétendre que la collaboration entre hommes et femmes soit toujours simple entre nous, nous constatons cependant qu’elle est essentielle à la fécondité de notre mission.

La diversité de nos insertions nous donne aussi d’entendre des échos très divers de la vie de l’Eglise en France. Nous rendons grâce pour toutes les expériences de fraternité qui se vivent dans l’Eglise, à tous les niveaux : diocésain, paroissial, communautaire… Toutefois, nous ne pouvons taire le malaise et les difficultés grandes ou petites que vivent beaucoup d’entre nous, en particulier des religieuses qui exercent avec compétence une responsabilité pastorale, dans une Eglise où le dernier mot revient à un prêtre, y compris lorsqu’il n’est pas requis qu’il en soit ainsi.

Beaucoup de sœurs et de femmes laïques ont une mission de formation. Pourtant, leur travail (recherches, accompagnements, interventions…) reste souvent dans l’ombre tant il est habituel d’accorder plus de crédit à la parole d’un prêtre, fût-il moins compétent. Les directives canoniques (c.766) concernant l’homélie réservée aux ministres ordonnés n’empêchent pas de confier parfois la prédication à d’autres ; ne serait-il pas souhaitable d’avancer en ce sens lorsque les circonstances y invitent (fête de la vie consacrée ou fêtes auxquelles tel ou tel institut est, par charisme, plus sensible, ou en fonction des expériences ou compétences de telle ou tel) ?

Un autre point nous préoccupe encore : nous constatons que, dans certaines paroisses, non seulement les filles ne peuvent plus être servantes d’autel, mais les femmes elles-mêmes ne peuvent pas donner la communion. Aucun argument théologique ni liturgique ne fonde une telle pratique ; il est même paradoxal de constater que ce sont essentiellement des femmes qui portent la communion aux malades, dans le Service Evangélique des Malades ! Quelle image de l’assemblée est ainsi donnée à voir ? Quel symbole est mis en valeur avec de telles pratiques ? Est-ce celui d’une saine relation hommes-femmes, ou bien celui d’un espace sacré où seuls les hommes et les garçons auraient droit d’accès ? L’état baptismal ne donne-t-il pas accès à la plénitude de la vie chrétienne, que l’on soit homme ou femme ? Là où l’ordination n’est pas requise - comme c’est le cas pour la distribution du pain eucharistique -, pourquoi faire des différences entre hommes et femmes ?

De telles attitudes relèvent sans doute d’une peur, en large partie inconsciente. Certes, la peur d’un délitement des identités, dans notre société, existe bel et bien. Nous comprenons cette peur, et ne la condamnons pas. Mais n’est-il pas dommage de porter atteinte, à cause d’elle, à la nouveauté évangélique ?

Notre désir est de travailler à des relations plus évangéliques entre hommes et femmes dans l’Eglise. C’est à une femme, Marie de Magdala, que le Seigneur a confié la première annonce de sa Résurrection ; ne craignons pas d’en tirer tous les enseignements !

Les Supérieur(e)s Majeur(e) Ignacien(ne)s (SMI) de 31 Instituts Religieux comprenant plusieurs centaines de religieux(ses) s’inspirant de l’esprit de St Ignace de Loyola, fondateur des Jésuites

 

Liste des Instituts signataires :

Ancelles Sacré Cœur Jésus, Auxiliaires du Sacerdoce, Soeurs de Notre-Dame du Cénacle, Communauté Saint François-Xavier, Compagnie de Marie Notre Dame, Compagnie Ste-Ursule de Dole, Fidèles Compagnes de Jésus, Filles du Cœur de Marie, Sainte-Chrétienne, Institut des Sœurs de St Joseph, La Croix de Chavanod, La Retraite, La Xavière, Marie-Auxiliatrice, Oblates du Cœur de Jésus, Missionnaires d’Afrique, Petites Sœurs de l’Ouvrier, Province Jésuite d’Europe Occidentale Francophone, Religieuses du Sacré cœur de Jésus, Religieuses de Marie Immaculée, Saint Ursule de Tours, Sœurs Marie Réparatrice, Auxiliatrices Province France Belgique, Sœurs de la Doctrine Chrétienne de Nancy, Sœurs de Saint-André, Sœurs de Ste Clotilde, Sœurs du Christ, Sœurs de Saint Joseph d'Annecy, Sœurs de Saint Joseph de Lyon, Sœurs Missionnaire Notre Dame d’Afrique Province France, Ursulines du cœur de Jésus Lyon, Congrégation du Sacré Cœur de Jésus de St Aubin Les Elbeuf.

 

https://www.la-croix.com/Debats/Forum-et-debats/Eglise-dernier-mot-revient-trop-souvent-pretres-2019-12-16-1201066765 

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24 septembre 2019 2 24 /09 /septembre /2019 09:23
« Je n’irai pas manifester le 6 octobre » un article de Marc Durand

Cet article est paru le 23 septembre 2019 dans la revue Garrigues et Sentiers et je souhaite le partager sur mon blog car je suis en parfait accord avec lui. Profitez-en pour découvrir cet excellent blog !

  

« Je n’irai pas manifester le 6 octobre »

Cela ne signifie pas que j’approuve ou désapprouve le projet de loi, mais que je n’accepte pas d’être appelé à cette manifestation par la hiérarchie catholique.

Depuis quelques jours celle-ci se mobilise contre le projet de loi bioéthique, et tente de mobiliser les fidèles. Que penser ? Nous n’allons pas discuter ici de ces problèmes de bioéthique, ils sont très complexes et les aborder dépasserait de beaucoup le contenu d’un simple article. Par contre on peut se demander au nom de quoi, ou de qui, sont prises ses positions par la hiérarchie et sont effectués les appels à mobilisation.

Une première remarque est la justification donnée à cet émoi : le gouvernement ne tiendrait pas compte des remarques émises par les représentants de l’Église, les débats auraient été occultés, non transparents. On sait que les débats durent depuis plus d’un an, le comité d’éthique a travaillé longuement, et les représentants de l’Église y sont présents. Il semble que la hiérarchie a une forte propension à reprocher aux autorités (quelles qu’elles soient) de ne pas débattre honnêtement quand les décisions prises à la suite des discussions ne vont pas dans le sens souhaité. Il semble qu’elle n’a pas encore pris la mesure des exigences de la démocratie et de la place très minoritaire qu’occupe l’Eglise dans notre société sécularisée. Pourtant si l’on compte les invitations dans les médias, les places prises dans les diverses instances, il semble que l’Église est même sur-représentée quand on fait le décompte de ses fidèles (les sociologues considèrent comme « fidèles » les personnes qui vont à la messe au moins une fois par mois, ce n’est pas très exigeant !).

On dira que justement les évêques sont très prudents, disent qu’ils n’appellent pas à cette manifestation mais demandent aux fidèles de réfléchir et de s’engager. Mais qui peut le croire ? Cela semble être ce qu’on appelle des « éléments de langage ». On se retrouve au Collège des Bernardins pour mener un débat serein qui prétend ne rien imposer, mais à peine sortis un des leurs appelle à manifester. Dans les paroisses d’Aix on appelle en chaire à aller à la manifestation, cela est relayé par les feuilles paroissiales. Un représentant de l’épiscopat sur France-Inter tenait le 18 septembre un langage d’apaisement, manifestant un retrait devant ces positions va-t-en-guerre, mais au même moment d’autres évêques appelaient à la manifestation. On constate malheureusement un double langage qui fleure bon les vieilles techniques des vieux débats politiciens.

Soyons clairs, la hiérarchie catholique est vent debout contre le projet de loi et appelle ses fidèles à la soutenir et à manifester dans la rue le 6 octobre. Et elle veut ignorer que les meneurs de cette manifestation sont très marqués politiquement, la frange de la société française qui oscille entre François Fillon et Marine Le Pen. Ces groupes ont bien évidemment le droit de manifester, ce n’est pas le problème. Mais appeler à se joindre à eux n’est pas neutre, la hiérarchie n’est pas si naïve qu’elle ne se rendrait pas compte du signal qu’elle envoie : c’est dans ce milieu qu’elle a encore une certaine écoute, qu’elle recrute, elle semble avoir fait une croix sur le reste des catholiques… qui, eux aussi, font de plus en plus une croix sur une institution inféodée à une idéologie dans laquelle ils ne se reconnaissent pas.

Alors, sans entrer dans le débat de la loi, nous insistons là-dessus, on peut se demander au nom de quoi la hiérarchie ecclésiastique s’oppose au projet. Au nom de la foi ? Nous croyons que l’Esprit d’amour vit au fond de chaque être, appelé à en vivre dans une pleine liberté. La foi est un « suivre Jésus » dont le commandement est la conjonction des deux premières sentences du décalogue : amour de Dieu et des frères, les deux injonctions étant semblables. Jésus appelle chacun à se libérer de ses chaînes pour vivre totalement son humanité, sa vocation d’homme appelé à l’amour (de Dieu et de tout homme, c’est semblable). Chaque homme, grâce à l’Esprit qui réside au plus profond de lui, est appelé à vivre son espérance, solidaire des autres hommes, dans le Dieu de Jésus, source de vie, et à être sujet devant sa face. Cela ne donne pas une réponse concrète aux problèmes éthiques ou moraux. Dire que ce projet de loi s’attaque à l’humanité de l’homme ne peut être une conséquence directe de la foi en l’Amour, mais le résultat d’une réflexion philosophique, voire idéologique que les chrétiens peuvent partager ou non. Ils doivent mener cette réflexion, personne n’est habilité à leur donner la solution. 

Et si c’était au nom de la foi, donc au nom de Jésus-Christ, qu’on appelle ainsi à l’action, on peut s’interroger sur la méthode choisie : une grande manifestation destinée à faire pression sur les décideurs et sur la société. On ne peut dire que cela fait partie de la « mission » que nos évêques demandent constamment de mettre en avant, ce n’est ni une annonce de Jésus-Christ ni un témoignage de notre foi, mais une manifestation de puissance. Il semble que les moyens utilisés par Jésus étaient assez différents… qui l’ont mené sur la Croix et ont mené au sacrifice nombre de ceux qui l’ont suivi.

L’Église répond alors qu’elle a la charge du peuple de Dieu, et qu’à ce titre elle est gardienne de la morale à laquelle ce projet s’opposerait. Mais « qui fait la loi » ? Il est temps de reconnaître que ce sont les hommes qui font la loi, elle ne se déduit pas directement de ce qu’on appelle la Révélation. C’est bien parce que l’Esprit d’Amour vit au fond de chaque homme, que l’humanité est capable de construire une éthique valable pour tous les hommes. Sous toutes les latitudes sont reconnues des notions du bien et du mal, de l’amour et de la haine, etc. Mais la mise en musique de ces notions fondamentales est faite par les hommes, avec leurs différences historiques, culturelles. D’où des débats, des querelles, des divisions et des conjonctions. Il n’existe pas une morale universelle, aux mains d’une hiérarchie, qui résoudrait toutes les questions d’éthique. Le rôle dominant, en surplomb, que veut se donner la hiérarchie n’est-il pas un peu usurpé ?

Dans les positions des différents acteurs de ces débats, on trouve des obscurités, des contradictions. Cela est normal, construire une morale, c’est-à-dire une application concrète des notions de bien et de mal, d’une éthique, est une opération complexe qui ne peut trouver des solutions simples, évidentes. Quand on touche à l’humain, à la société des hommes, prétendre à la simplicité est se faire illusion, ou mentir, et se contenter d’une application simpliste d’une idéologie hors sol. On peut regretter que depuis quelques jours les arguments avancés par la hiérarchie soient d’une grande pauvreté et d’un grand simplisme (1). Elle s’applique à mobiliser et, comme tous ceux qui veulent mobiliser, elle simplifie, mélange les genres, utilise la peur de ce qui pourrait arriver après. Elle est entrée dans le combat, est-ce son rôle ? Combat au nom de qui ? Certainement pas de Jésus-Christ, tellement cela serait en contradiction avec toute son œuvre.        

Faut-il alors que les chrétiens renoncent à manifester ? Certainement pas. Comme tous les citoyens ils ont le droit, voire le devoir, d’exprimer leurs opinions et de rentrer dans les combats internes à la société. Mais ils ne le font pas au nom de leur foi, ils le font au nom de leur enracinement dans l’humanité (enracinement qui n’est évidemment pas étranger à leur foi). L’institution ecclésiale ne semble pas habilitée pour mener ce combat, sous quelque forme que ce soit, dans lequel elle est peu crédible. Son appel ne semble pas légitime.

 

                                                                                Marc Durand

                                                                              

 

1 – Il semble que sous ces arguments divers se cache une condamnation viscérale, sans appel, de l’homosexualité. Mais cette condamnation ne peut plus se dire, les événements récents détruisent la crédibilité de l’Église sur ce sujet.

 

Article paru dans le blog : Garrigues et sentiers : http://www.garriguesetsentiers.org/2019/09/je-n-irai-pas-manifester-le-6-octobre.html?utm_source=_ob_email&utm_medium=_ob_notification&utm_campaign=_ob_pushmail

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