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21 octobre 2019 1 21 /10 /octobre /2019 16:19
L'interdit de l'image de Dieu

« Tu ne te feras aucune image sculptée, rien qui ressemble à ce qui est dans les cieux là-haut ou sur la terre ici-bas ou dans les eaux au-dessous de la terre » Ex 20/4

C’est une phrase qu’on trouve dans la Bible au livre de l’Exode  chapitre 20 verset 4. Ne pas se faire d’image cela concerne Dieu.

Dans ce texte, il s’agit d’image sculptée mais plus profondément, il s’agit d’images mentales aussi, nos idées sur Dieu, nos représentations. Car toutes sont réductrices, le fruit de notre imagination, de notre psychologie, et pire de nos idéologies. Je pense par exemple à cette peinture du vieillard barbu couronné d’une tiare au plafond de la basilique du Sacré-Cœur de Paris et à celui de la Chapelle sixtine de Rome : Dieu à l’image masculine et royale qui range Dieu du côté du masculin et de la puissance politique.

Donc ce verset a vocation libératrice, purificatrice. Aucune image, Dieu n’est pas « représentable » n’est pas « concevable ».

Mais ce mot Dieu demeure comme une question, une ouverture à une altérité, de l’ « autre » sur lequel nous ne pouvons mettre la main et réduire en concept.

Si je continue à dire Dieu ainsi, je sors de l’isolement du moi avec moi, du nous avec nous pour ouvrir de l’espace pour l’autre, pour l’Autre.

Pas d’image…mais un visage, celui de l’homme Jésus.

Et c’est l’inouï du christianisme : l’image de Dieu est celle de notre humanité. Aimer, servir Dieu c’est s’engager sur tout chemin d’humanisation. Et le voir, le toucher !

L’évangile de Matthieu le dit magnifiquement au chapitre 25 verset 31 à 40

« -quand nous est-il arrivé de te voir affamé et de te nourrir, assoiffé et de te désaltérer, étranger et de t’accueillir, nu et de te vêtir, malade ou prisonnier et te venir te voir ?

Et Jésus de répondre :

- Dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ses petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait »

 

 

 

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8 août 2019 4 08 /08 /août /2019 17:25
Penser, écrire, dire…Dieu ?

Quand on fait cela, on le fait forcément avec des représentations, des images qui ne peuvent être que des projections de ce que nous sommes, de ce que nous connaissons, de ce qui relève de notre expérience dans ce qu’il y a de meilleur et de pire : Dieu bon ou menaçant par exemple. Dans la manière de le nommer et de le concevoir, ce peut être aussi projection de nos besoins : besoin de protection, de puissance…Ce peut être aussi utilisation politique : Dieu souverain, Seigneur, roi qui justifient un type de gouvernement ; Dieu au masculin qui exclue le féminin du divin…

A chacun de continuer : qu’est-ce que je mets derrière ce mot ?

Aller jusqu’au bout de cette critique est un chemin de purification car toutes nos images même les plus positives et les plus belles ne peuvent que réduire Dieu à notre mesure.

Dieu est im-pensable et ce qui peut être pensé par nous, n’est pas Dieu.

Dieu im-pensable est Dieu qui me permet de croire car indemne de nos projections.

Reste le nom comme Dieu in-connu. Et ce nom inscrit dans nos cœurs, nos pensées, Dieu comme une intuition qui cherche à se dire.

C’est ainsi qu’on peut comprendre tous les textes religieux du monde entier : une intuition de Dieu aux multiples visages issus du meilleur et du pire de notre humanité : de l’image d’un dieu qui demande des sacrifices humains au visage d’une mère qui prends soin de ses enfants (Is 49/14-15)

Tous les textes religieux y compris la Bible. La Bible n’est pas « parole de Dieu en direct », elle est la trace d’un long cheminement humain pour penser Dieu en le pensant de plus en plus avec le meilleur de nous-même, passant peu à peu d’un Dieu qui génocide l’humanité (le mythe du déluge en Gn 6 à 8) à un Dieu qu’on dit « ami de la vie » (Sg 11/26)

Mais Dieu ne fait-il rien dans ce long cheminement ?

Poser la question est encore de l’ordre de la représentation : nous « faisons » mais Dieu fait-il comme nous faisons ?

Non, Dieu ne "fait" pas.

Comme il n’"est" pas car c’est encore penser avec notre représentation de l’être.

C’est là où nous pouvons admirer la plus haute intuition de Dieu, celle qu’on trouve dans la tradition juive : « tu ne te feras aucune image… » Ex20/4 qu’elle soit sculptée ou mentale.

C’est ce que nous trouvons aussi chez des penseurs chrétiens qui ont développé une théologie « apophatique ».[1]

Mais alors que dire ?

 

C’est dans le fait même qu’il y a une recherche de Dieu que nous pouvons percevoir trace du divin en nous.

Dieu comme compagnon, compagne de route qui se révèle dans le meilleur de nous-même comme origine de tout ce qui est vie et amour.

Encore une image, mais peut-on s’en passer ?

Mais une image qui se concrétise dans un visage, celui de Jésus : l’humain dans sa plénitude qui dit Dieu de vie et d’amour, Dieu en relation, Dieu livré, vulnérable, remis dans nos mains.

Non pas un discours mais une vie à contempler pour éveiller, réveiller, susciter le meilleur de nous-même.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[1] « La fonction négative ou apophatique de la théologie consiste à mettre en évidence l’inadéquation foncière de nos représentations et de nos énoncés par rapport au mystère de Dieu » Charles Wackenheim cf : https://www.persee.fr/doc/rscir_0035-2217_1985_num_59_2_3033

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6 janvier 2019 7 06 /01 /janvier /2019 12:42

En ce jour où nous fêtons l'Epiphanie: des savants éclairés par leur recherche scientifique: une étoile et qui se laisse éclairer par ce que dit la Bible sur le lieu où va naitre le Messie. Deux sources de connaissances qui se complètent à condition de distinguer leur domaine de compétence.

Merci aux frères dominicains de ces videos  pleine d'intelligence...et d'humour!

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23 septembre 2018 7 23 /09 /septembre /2018 17:34
La Bible est-elle Parole de Dieu ? 2ème partie

Dans la 1ère partie nous avons vu que la Bible n’est pas une « dictée » de Dieu, ce sont des hommes qui en sont les vrais auteurs et ils ont, dans le meilleur des cas, laissé Dieu peu à peu les éduquer, transformer leur mentalité pour s’ouvrir à son vrai visage, vrai visage de Dieu et vrai visage de notre humanité. Cependant, dans d’autres cas, ils se sont laissés enfermer dans leur ignorance et leurs préjugés.

 

Nous, lecteur-trices aujourd’hui, sommes dans la même position : sommes-nous dans une écoute de ce que Dieu murmure à nos cœurs et qui nous rejoint dans le meilleur de nous-même ou sommes-nous aveuglés dans notre manière d’interpréter ces textes ?

 

Mais comment discerner que nous avons la bonne oreille, que nous écoutons selon le cœur de Dieu et le meilleur de nous-même ?

 

On peut retenir 3 critères de bonne oreille

 

1-Le critère de la libération

« Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? »[1]

Cette question est une demande de discernement. Sur quel critère, reconnaitre celui qui vient de Dieu ? La réponse de Jésus se situe au niveau de la libération :

« Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu, les aveugles voient, les boiteux marchent, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la Bonne nouvelle est annoncée aux pauvres » [2]

La libération de l’humain est le signe digne de foi et suffisant pour discerner la présence de Dieu. C’est un discernement qui est confié à la responsabilité humaine. Mais qui va pouvoir faire ce discernement selon ce critère de libération ? Ceux qui ont condamné Jésus n’ont pas été sensibles à ce critère. Seule la femme, seul l’homme qui est déjà accordé aux priorités du cœur de Dieu pourra y discerner la présence de Dieu. Le discernement de ce qui est présence ou révélation de Dieu dans l’histoire d’Israël ou de Jésus n’est donc pas le fait de Dieu, c’est à nous qu’est donnée   la responsabilité d’opérer un tel discernement en découvrant les priorités de Dieu.

 

2-Le critère de la bonté de la nouvelle : Est-ce une bonne nouvelle ?

Tel texte biblique, telle ou telle interprétation du texte biblique : est-ce vraiment un Evangile, une bonne nouvelle ?

Prenons l’exemple de la mort du Christ. Jésus est mort sur la croix par amour pour obtenir le pardon. Cette donnée de la foi est une bonne nouvelle si on l’interprète comme l’amour que Dieu a pour l’humain, l’importance que nous avons aux yeux de Dieu. Mais cela a donné lieu au cours de l’histoire du christianisme à d’autres conclusions : un péché  tellement monstrueux qu’il ne pourrait être pardonné que par la mort du Christ. Ici il s’agit d’une double mauvaise nouvelle. Non seulement cela montre une liberté humaine qui conduit au désastre mais aussi un Dieu qui ne peut pardonner qu’au prix du sang de son Fils.

« Un Dieu d’amour n’est pas compatible avec un être qui peut être offensé au point de devoir sacrifié son Fils pour rester en paix avec soi-même et se réconcilier avec l’offenseur sans manquer à la justice »[3]

 

3-Discernement existentiel : est-ce humanisant ?

Le discernement qui a fait la Bible et le discernement pour la lire, concerne aussi toutes les expressions de la foi.

Prenons l’exemple de cette oraison :

« Dieu éternel et tout puissant, qui régis l’univers du ciel et de la terre : exauce, en ta bonté, les prières de ton peuple et fais à notre temps la grâce de la paix »[4]

Cette oraison contient l’affirmation que Dieu règne sur le ciel et sur la terre. Cette affirmation est fausse : Il ne règne pas sur la terre. La terre telle qu’elle est actuellement ne reflète pas ce que Dieu veut mais plutôt ce qu’il déteste.[5] Ce qui est étonnant…c’est que cela ne nous choque pas. Cela ne choque pas celui, celle pour qui la foi n’est pas la joie, la raison, le sens de sa vie. Elle choque celui, celle que l’Evangile a rejoint, qui a fait de lui les critères de ses choix et qui est conscient de l’écart entre la réalité vécue et ce que Dieu veut. Cela choque celle, celui qui vit sérieusement l’aventure de Jésus percevant la contradiction que comporte cette oraison, donc en faire l’occasion d’une crise qui aboutit à une compréhension plus profonde, plus riche du message chrétien. Entrer en crise quand on se rend compte du caractère pré-chrétien de cette oraison selon laquelle Dieu gouvernerait la terre. Mais pour cela, il faut être convaincu que Dieu est loin de régner sur la terre, que bien des aspects de ce qui s’y passe est bien plutôt objet de sa colère que de son approbation. Pour cela encore, il est nécessaire d’être en accord avec cette critique de situations déshumanisantes qui règnent sur notre terre, sensible à leur caractère intolérable. Si l’on pense, pour ne prendre qu’un exemple parmi des millions d’autres, que l’avortement sélectif des filles en certains pays d’Asie est normal[6], on ne sera pas choqué par cette oraison.

Le discernement est donc partie prenante d’une conversion.

Pour cela il faut comprendre la bonne nouvelle de l’Evangile comme vitale, liée à l’expérience et inscrire dans notre monde des projets au service de l’amour et de l’humanisation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[1] Lc7/20

[2] Lc 7/21-23

[3] Juan Luis SEGUNDO Qu’est-ce qu’un dogme ? Cerf, Cogitatio fidei 169, p 507

[4] Prière d’ouverture du missel romain au 2ème dimanche ordinaire

[5] Dans le texte du Notre Père, il s’agit, non d’une affirmation mais de la demande que sa volonté se fasse enfin sur la terre comme elle se fait déjà dans le ciel

[6] B.MANIER, Quand les femmes auront disparus. L’élimination des filles en Inde et en Asie, Ed La découverte, Paris, 2006

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19 septembre 2018 3 19 /09 /septembre /2018 22:47
La Bible est-elle Parole de Dieu ? 1ère partie

Dans l’Eglise catholique romaine, un grand progrès s’est produit dans la compréhension de ce qu’est la Bible, quand le pape Pie XII a publié l’encyclique Divino afflante Spiritu qui demandait de tenir compte de l’auteur humain du texte biblique.[1]

 

Celui-ci n’était plus considéré comme un secrétaire qui écrirait sous la dictée de Dieu mais un vrai écrivain limité par les connaissances et les instruments culturel de son époque.

 

Cet enseignement a été repris lors du Concile Vatican II dans la constitution Dei Verbum. Elle prend acte qu’il faut parler d’auteurs bibliques comme de « vrais auteurs » [2] qui ont écrit selon des genres littéraires différents, « en des circonstances déterminées, dans les conditions de son temps, et l’état de sa culture » et selon « soit des manières natives de sentir, de parler…soit de celles que l’on utilisait çà et là à cette époque dans les rapports humains »[3]

 

Cela libérait d’une lecture littérale de la Bible qui voudrait trouver des vérités qu’on pourrait désigner du doigt, de l’ordre d’un dépôt. Cela libérait l’idée d’un Dieu qui aurait déposé dans un contenant qui serait la Bible, des vérités à croire et des normes à pratiquer. Cela libérait de l'idée de vérités et normes qu’il suffirait d’extraire de cette « carrière » biblique. Cela libérait de l'idée que la  Bible serait  une information correcte une fois pour toutes, et pour toutes les questions, dans tous les contextes. 

 

Cela permettait de lire la Bible en tenant compte des codes d’écriture que sont les genres littéraires.

Par exemple :

Le livre de Jonas est un conte qui a dit un sens mais qui n‘est pas un récit d’évènements réels.

La création en 7 jours donne une théologie et une anthropologie mais n’est pas une étude scientifique.

 

Cela permettait de comprendre pourquoi il y a des positions contradictoires et des divergences inconciliables. 

-Pour le Premier Testament, il suffit de rappeler la foi ou la non-foi en la vie éternelle. Deux théologies qui s’affrontaient encore au temps de Jésus et dont on a trace dans l’opposition entre pharisien et sadducéens[4].

-Également le conflit doctrinal sur la question de la rétribution. La richesse, la longue vie, la santé, le bonheur sont-ils des marques de bénédiction de Dieu en récompense d’une vie vertueuse ? Oui pour certains textes. Non pour d’autres[5]. Le refus le plus violent à cette conception étant la révolte de Job qui proclame son innocence au cœur même de sa souffrance morale et physique.

-Également le problème à la fois politique et religieux de la royauté. Est-ce une institution voulue par Dieu ou au contraire une offense à Dieu qui est le seul roi d’Israël ? Sur ce point les textes bibliques s’opposent entre monarchistes et antimonarchistes.[6] 

-Dans un registre moins conflictuel, les deux textes de la création en Genèse comportent deux anthropologies qui sont loin d’être conciliables.

 

Mais alors, si ce sont des hommes qui en sont les auteurs, que fait Dieu ?

 

Le concile parle du rôle de Dieu comme celle d’un pédagogue :

« Ces livres, bien qu’ils contiennent de l’imparfait et du caduc, sont pourtant les témoins d’une véritable pédagogie divine »[7]

L’image du pédagogue suggère l’idée d’une éducation progressive : Dieu éduquant peu à peu vers une révélation de plus en plus juste de ce qu’est Dieu et de ce qui est vraiment humain et humanisant.

 

Cela introduit pour le lecteur, la lectrice d’aujourd’hui, la nécessité d’un discernement et d’une interprétation car en fait, dans ces livres de la première alliance, qu’est-ce qui est imparfait et caduc et au nom de quoi, le déclarer ainsi ?

Prenons l’exemple de ce texte du Lévitique 24/13-16

13 Le Seigneur parla à Moïse et dit :

14 Fais sortir hors du camp l’auteur de la malédiction. Tous ceux qui l’ont entendu poseront leurs mains sur sa tête, et toute la communauté le lapidera.

15 Puis tu parleras ainsi aux fils d’Israël : Quiconque maudit son Dieu portera le poids de son péché.

16 Qui blasphème le nom du Seigneur sera mis à mort ; toute la communauté le lapidera. Qu’il soit immigré ou israélite de souche, s’il blasphème le nom du Seigneur, il mourra.

 

« Le Seigneur parla à Moïse et lui dit… »

Dieu a-t-il dit cela ? Pourquoi l’écrivain biblique a écrit cela ? L'écrivain n'avait pas de ligne directe avec Dieu.

Comment y-a-t-il une pédagogie divine là-dedans ?

Ne faut-il pas mieux comprendre que certains textes bibliques font dire à Dieu ce qui pouvait servir des intérêts humains, comme par exemple, pour ce texte, des intérêts de cohésion d’un peuple. On attribue à Dieu des paroles qui justifie une cohésion sociale par la peine de mort. 

La liturgie catholique n’a d’ailleurs pas retenu ce texte comme lecture de messe. En effet, difficile au lecteur de notre époque de dire : « Acclamons la parole de Dieu ». Au lecteur de notre époque…mais pas à l’époque où l’on brulait vif des hérétiques !

 

L’image d’un Dieu pédagogue et l’idée de pédagogie, dont parle Dei Verbum, peuvent être comprise ainsi : la Bible est une œuvre humaine dans laquelle, Dieu, peu à peu, éclaire, fait progresser, accompagne, mais ne dicte pas ! Et surtout pas des paroles comme celles du Lévitique.

 

L’épisode où Abraham va sacrifier son fils (Gn 22) peut aussi se voir ainsi. Dans ce récit, Dieu a des paroles qui nous révulse le cœur aujourd’hui : « Tu l’offriras en holocauste ». En fait ce récit existe pour rendre caduc ce genre de comportement qui se pratiquait à cette époque. Il montre qu'on peut se tromper sur ce que Dieu veut.

L’auteur biblique a fait l’expérience intime que Dieu n’est pas celui qui demande de tuer, c’est pourquoi l’enfant est remplacé par un animal. Il s’est laissé éduquer au point d’écrire ce récit pour nous montrer cela. Il a laissé le Pédagogue l’instruire.

 

Ce qui vient d’être dit de la Bible de la première alliance, peut aussi être dit du Nouveau Testament. La Pédagogie divine continue au cœur de ces livres dont les auteurs sont des hommes, eux aussi marqués par les faiblesses, des conditionnements, des préjugés. Jésus n’a rien écrit ! Ce qui nous reste de sa vie nous vient des 4 regards, certes inspirés, mais aussi partiels, partiaux. On peut cependant dire que la force de la révolution spirituelle inaugurée par Jésus était telle, qu’il y a de beaux restes de cela dans les Evangiles que nous avons.

 

Et la pédagogie a continué avec les autres livres du Nouveau Testament mais sûrement avec plus d’imperfections.

 

Cette pédagogie continue pour nous dans l’interprétation que nous faisons de ces textes bibliques. Laissons-nous le Pédagogue nous inspirer ou laissons nos intérêts, nos préjugés, nos conditionnements altérer notre lecture ?

 

Auteur et lecteur sont dans la même position d’écoute du cœur profond pour se laisser éduquer par Dieu…ou pas. Belle écoute de ce que Dieu murmure à nos cœurs et qui rejoint le meilleur de nous-même ou écoute faussée par nos intérêts, nos peurs, nos préjugés…

Cela vaut pour l’écrivain et pour le lecteur biblique.

Mais comment discerner que nous avons la bonne oreille ? Que nous écoutons selon le cœur de Dieu et le meilleur de nous-même ?

 

Ce sera l’objet du prochain article.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[1] Divino afflante Spiritu de Pie XII en 1943. On peut trouver ce texte dans la compilation des documents romains : https://www.editionsducerf.fr/librairie/livre/1029/symboles-et-definitions-de-la-foi-catholique DZ 2294 . Ceci en rupture avec le concile de Trente : DZ 783

[2] Vatican II : Constitution Dei Verbum  11

[3] Dei Verbum  12

[4] Mt 22/23…34

[5] Si 1/13 s’oppose à la proclamation d’innocence de Job, Jb 13/18

[6] Par exemple 1S 8 et 2S 7

[7] DV 15

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21 juin 2018 4 21 /06 /juin /2018 11:53
Lire la Bible selon Juan Luis Segundo ( 3ème partie)

Dans l’article précédent nous en étions restées à l’affirmation du Concile de Vatican II dans la constitution Dei Verbum: l’Ancien Testament comporte des choses provisoires et imparfaites.

Et avec la question : Ceci ne concerne-il que l’Ancien Testament ?

Cela veut-il dire que le Nouveau en est exempt ?

 

Si nous répondons par l’affirmative, cela veut dire que Dieu aurait changé de méthode nous dit Segundo. Nous n’aurions plus avec le Nouveau Testament une pédagogie mais des informations parfaites, invariables mettant fin au processus de recherche pourtant inhérent à l’expérience humaine. Parce qu’avec Jésus nous aurions un accès à la révélation immédiat et personnel de la vérité, que pourrait-il y avoir de nouveau, après lui, qui justifierais encore une recherche ? [1]

 

Face à cette question, deux conceptions s’opposent.

La première dit oui, il n’y a plus rien à chercher, il y a seulement à conserver et à propager la vérité possédée, seulement à mieux l’expliquer, à en donner des définitions plus précises. L’incarnation, dans cette conception est conçue comme fin effective de l’histoire.[2]

 

La deuxième dit non, et c’est l’option de Segundo, pour deux raisons. D’abord l’incarnation ne fait pas interrompre le processus qui pousse l’homme à chercher. Ensuite comment la plus haute auto-communication de Dieu qu’est le Christ nous ferait cesser de penser, nous ferait abandonner notre aventure créatrice en quête de vérité ? Cette recherche de la vérité fait partie de la maturité dont nous parle Paul. Les hommes de la maturité sont des héritiers capables de construire du neuf, d’avoir des projets de liberté. Pour cela la réalité histoire ne doit pas être parvenue à son terme. Il y a donc dans la manière de recevoir le Nouveau Testament une façon d’avancer aussi, à travers et grâce à des crises, vers des données encore inconnues.

Ce processus vers la vérité qui continue après Jésus peut s’appuyer sur Jn16/7 :

« Il vaut mieux pour vous que je parte ; car si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas à vous »

et sur Jn 16/12-13 :

« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter maintenant. Quand il viendra, l’esprit de vérité, il vous conduira vers la vérité toute entière ; car il ne parlera pas de lui-même ; mais tout ce qu’il entendra, il le dira, et il vous annoncera les choses à venir. »

 

La Vérité incarnée qu’est le Christ continue de se dire après sa manifestation historique. Elle ne s’arrête pas à cette manifestation historique. Segundo cite pour cela St Augustin qui commente ces versets de Jean en écrivant : « Même le Seigneur en personne, en tant qu’il a daigné être notre chemin, n’a pas voulu nous retenir mais passer »[3]

La vérité qu’est le Christ nous met en chemin vers la vérité. La pédagogie divine continue donc tout au long de l’histoire humaine avec l’Esprit Saint pour guide dans sa fonction éducatrice.

Le Christ n’a pas voulu nous retenir mais passer. Il est donc passé dans cette culture qui aujourd’hui n’est plus la nôtre. La manière dont le Nouveau Testament en rend témoignage relève donc, comme pour l’Ancien Testament, de la faiblesse humaine qui produit de l’imparfait et du provisoire (Dei Verbum 15). Mais loin de s’en désoler, il nous faut l’accueillir comme une marque du sérieux de l’incarnation de la vérité dans le temps.

 

Cette fonction éducatrice et créatrice de l’Esprit Saint, se découvre déjà à l’intérieur même du Nouveau Testament par la variété des langages de la foi. La reconnaissance de cette pluralité a d’importantes conséquences. Si cette pluralité existe dans le Nouveau Testament, cela légitime la pluralité des théologies dans l’histoire et pour aujourd’hui. On peut donc sortir légitimement d’une conception de la vérité monolithe et intemporelle.

Paul, par exemple, ne fait référence à aucun acte de Jésus, à aucune de ses paroles, il en parle de manière complètement nouvelle. Il n’invente pas mais il crée une théologie qui le fait découvrir d’une tout autre manière. Il en a lui-même conscience quand il écrit : « Même si nous avons connu le Christ selon la chair, nous ne le connaissons plus ainsi à présent » ( 2 Co 5/16). Ce faisant il applique ici son principe de la suprématie de l’esprit sur la lettre.

De même l’auteur de l’Epître aux Hébreux, prendra lui aussi la liberté d’en parler avec un vocabulaire encore différent en disant par exemple que le Christ est l’unique grand-prêtre, un titre que les Evangiles ignorent complètement.

Les communautés primitives, auteures des Evangiles sont aussi des créatrices, puisqu’elles vont écrire les Evangiles à la lumière de la résurrection.

Enfin l’annonce de la foi, telle que relatée dans les Actes, va opérer un déplacement significatif, qu’on peut résumer ainsi : déplacement du royaume à la personne de Jésus, de la thématique du royaume à la thématique de Jésus-sauveur, de l’histoire à l’eschatologie imminente.

L’Evangile de Jean est aussi un bon exemple de créativité. Il raconte Jésus avec les mots, les concepts, les problématiques de ceux à qui il s’adresse.

Il nous faut à notre tour faire preuve de la même créativité en répondant à d’autres problématiques. Continuer le processus avec lequel il a pensé, c'est-à-dire à partir de lui, apprendre à apprendre. Ce dialogue de Jean avec la culture de son temps a beaucoup à nous apprendre. Mais il faut l’interpréter à l’intérieur de ses limites, les dépasser et aller vers l’aujourd’hui de notre histoire et de nos cultures.

 

 

[1] L’interprétation du choix par le Christ de 12 hommes  (viri)  comme apôtres à l’exclusion de femmes , relève de cette conception d’une  vérité éternelle, anhistorique, monolithe, absolutisée.  Sur la question du choix des 12, voir J.MOINGT, Sur un débat clos, Revue de Sciences Religieuses, 83/3, 1994.

 

[2] « L’histoire…a une fin…le christianisme est cette fin : le Christ s’est présenté comme venant à la fin des temps et comme introduisant le monde définitif…L’histoire n’est plus qu’en sursis » dans Jean DANIELOU, Essai sur le mystère de l’histoire, Cerf, 1982, p 14 et 23. Cité et critiqué par J.L. SEGUNDO , dans Qu’est-ce qu’un dogme, Cerf, 1992, collection Cogitation fidéi n°169, p 237, pour donner un exemple d’une théologie qui clôt l’histoire avec la venue du Christ. 

[3] St AUGUSTIN,  De doctrina christiana I,1 ch 34; Œuvres, DDB,  vol XI p 226 ; cité par J.L. SEGUNDO p241 et 308 dans Qu’est-ce qu’un dogme ?).

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14 juin 2018 4 14 /06 /juin /2018 10:48
Lire la Bible selon Juan Luis Segundo ( 2ème partie)

Le concile Vatican II s’approche du modèle iconique dont parle le théologien Segundo.

La constitution conciliaire Dei Verbum parle de pédagogie divine, d’aspect provisoire et incomplet de la première alliance :

« Ces livres, bien qu’ils contiennent de l’imparfait et du caduc, sont pourtant les témoins d’une véritable pédagogie divine ». (DV 15)

De ce fait, on ne peut plus parler de Dieu comme « unique auteur » de la Bible, contrairement à la position du Concile de Trente ( cf dans Symboles et Définitions de la Foi Catholique Denzinger DZ 783)

Car comment Dieu pourrait-il parler de manière imparfaite et caduque ? 

Déjà Divino afflante Spiritu de Pie XII en 1943 avait rompu avec cette conception en demandant de tenir compte de l’auteur humain (DZ 2294) qui n’est plus un secrétaire qui écrit sous la dictée mais qui est libre, créateur et limité par les connaissances et les instruments de son époque , limité et conditionné.

La constitution Dei Verbum prend donc acte qu’il faut parler d’auteurs bibliques comme de « vrais auteurs » (DV 11) qui ont écrit selon des genres littéraires différents, «  en des circonstances déterminées, dans les conditions de son temps, et l’état de sa culture » et selon «  soit des manières natives de sentir, de parler…soit de celles que l’on utilisait ça et là à cette époque dans les rapports humains » ( DV 12)

 

Mais Segundo va plus loin dans la compréhension de cette pédagogie divine. Mettre la pédagogie divine à la place de Dieu comme auteur, c’est comprendre Dieu comme auteur d’un processus éducatif à travers les méandres humaines.

Les Livres bibliques relatent ce processus éducatif. L’existence dans les textes de « choses provisoires et imparfaites » et contradictoires ne fait plus d’eux la dictée d’une vérité absolue. Ces faiblesses portent sur des capacités intellectuelles, des conditionnements des ignorances venant de leur société de leur culture et touchant à des facteurs décisifs de l’existence, sources d’attitudes et d’actions.

Mais ce côté provisoire et imparfait est considéré par Segundo comme positif. C’est la part d’erreurs de ce provisoire et de cet imparfait qui peut faire entrer en crise la connaissance antérieure. Parce que l’erreur et sa rectification font partie intégrante du processus de connaissance

profonde et mûre de la vérité. De ce fait, il est possible de créer des hypothèses qui permettent de trouver des réponses plus adaptées.

Le plan divin ne consiste pas à distribuer une information correcte une fois pour toutes, mais à faire avancer un processus éducatif où l’on apprend à apprendre à partir d’affirmation provisoire.

 

Segundo nous montre ainsi une profonde conception de la vérité et de l’erreur. L’erreur fait partie de la manière humaine d’accéder à la vérité, vérité capable d’affronter des crises. Les crises permettant d’élaborer de nouvelle hypothèse, posant un problème nouveau qui remet en chemin de recherche. Les crises sont génératrices de découvertes nouvelles.  Chercher la vérité passe par la découverte du non-vrai, du non totalement vrai, de l’insuffisamment vrai, du partiellement erroné face à une réalité qui pousse vers une vérité plus grande. La recherche de la vérité passe par l’essai et l’erreur. Une erreur expérimentée, reconnue, rectifiée. Ce passage est le composant d’un processus d’intériorisation de la vérité.

Sur le chemin, donc, jalonné de choses imparfaites et provisoires (comme pour tout processus éducatif), nous pouvons avoir accès à une vérité toujours plus grande et une richesse de sens toujours plus profonde pour notre existence.

Pour Dei Verbum, ces choses provisoires et imparfaites de la Bible ne concernent que l’Ancien Testament. Cela veut-il dire que le Nouveau en est exempt ?

Réponse à cette question dans le prochain article

 

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10 juin 2018 7 10 /06 /juin /2018 15:06
Lire la Bible selon Juan Luis Segundo ( 1ère partie)

Dans son livre, Qu'est-ce qu'un dogme ?, Juan Luis Segundo, sj, distingue deux modèles différent pour penser la Bible

 

D’abord le modèle iconique qui expose en récits, en image, renvoyant à des questions existentielles, donnant à penser, est un processus de recherche.

Le second est digital. Digital au sens d’une vérité que l’on peut désigner du doigt, de l’ordre d’un dépôt. Il supposerait que Dieu aurait déposé dans un contenant qui serait la Bible des vérités à croire et des normes à pratiquer. Vérités et normes qu’il suffirait d’extraire de cette « carrière » biblique. Ce travail d’extraction étant le fait de la Tradition qui au long de 20 siècles aurait peu à peu mis à découvert ce qui y était contenu, c'est-à-dire une information correcte une fois pour toutes, et pour toutes les questions, dans tous les contextes.

Ce modèle digital se heurte à une difficulté majeure : la divergence dans la Bible de théologies, leurs variétés qui n’est pas toujours conciliables, leurs diversités qui évitent d’enclore dans une seule perspective, dans le domaine de la foi comme dans celui de la morale.

 

Pour le premier Testament. Il suffit de rappeler la foi ou la non-foi en la vie éternelle. Deux théologies qui s’affrontaient encore au temps de Jésus et dont on a trace dans l’opposition entre pharisien et sadducéens (Matthieu 22/23-33) 

Egalement le conflit doctrinal sur la question de la rétribution. La richesse, la longue vie, la santé, le bonheur sont-ils des marques de bénédiction de Dieu en récompense d’une vie vertueuse ? Oui pour certains textes. Non pour d’autres (Si1/13 s’oppose à la proclamation d’innocence de Job, Jb13/18). Le non le plus violent étant la révolte de Job qui proclame son innocence au cœur même de sa souffrance morale et physique. )

Egalement le problème à la fois politique et religieux de la royauté. Est-ce une institution voulue par Dieu ou au contraire une offense à Dieu qui est le seul roi d’Israël ? Sur ce point les textes bibliques s’opposent entre monarchistes et antimonarchistes. (1S 8 et 2S 7

Dans un registre moins conflictuel, les deux textes de la création en Genèse comportent, deux anthropologies qui sont loin d’être conciliables.

 

Devant ce constat de divergences, de théologies différentes, une question se pose. Qu’est-ce qui est vrai ? Qu’est-ce qui est parole de Dieu, inspiré par lui ? Mais surtout pourquoi dans cette Bible, y-a-t-il cette juxtaposition de position inconciliables. Pourquoi, in fine, les rédacteurs n’ont-ils pas pris position en ne gardant qu’une des positions ? On peut répondre par le respect de récits plus anciens mais un respect qui n’empêche pas d’en ajouter d’autres qui les corrigent ou même les contestent.

Mais surtout, nous avons là le signe d’une conception particulière de la vérité pour les auteurs de la Bible: non pas une vérité éternelle, anhistorique, monolithe, absolutisée, mais une vérité qui se cherche dans les méandres de l’histoire humaine, qui s’approfondit grâce à des crises, quand les réponses anciennes ne sont plus audibles, quand l’expérience vient les contredire de telle sorte qu’elles ne sont plus satisfaisantes. Une vérité qui se cherche et qui ne s’arrête pas à un moment donné. Les réponses anciennes et nouvelles sont gardées comme mémoire d’un cheminement de pensée, comme anamnèse d’une résolution d’une crise. Elles sont là toutes deux pour « apprendre à penser ». Apprendre à penser est un des concepts- clé de la théologie de la révélation que développe Segundo.

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23 avril 2018 1 23 /04 /avril /2018 13:39
Penser le christianisme sous le mode de la gratuité, liberté et bonheur (3)

Une des notions du christianisme à revisiter pour le monde d’aujourd’hui, est celle du salut. Comme je l’ai déjà écrit sur ce blog, le discours chrétien a véhiculé une image du salut qui se réduisait le salut à l’accès à un paradis. Sauvé, vous allez au paradis. Perdu, vous allez en enfer. Par exemple, tout le débat au 16ème siècle entre Luther et Rome portait sur ce salut-là: sauvé grâce à la foi ou grâce aux œuvres?

Réduire ainsi le salut à cette question est déjà problématique en soi car cela sous-entend une image de Dieu qui met à l’épreuve l’humain : la vie sur terre comme un examen qui se termine par la réussite ou l’échec.

Dieu n’est-il pas plus grand que cela ?

Ne peut-on pas penser qu’au-delà de l’énigme qu’il y ait de l’être plutôt que rien, Dieu est le garant d’une réussite totale de tout ce qui est, par un processus d’enfantement tel que Paul le découvre ( Rm 8/22) et qui ne peut que réussir ?

 

Cette réduction, également, a eu pour conséquence un désintérêt du monde alors que le salut concerne d’abord le présent des vies humaines. Jésus, dans sa vie a sauvé des vies bien concrètement et aujourd’hui, le seul salut qui soit requis c’est de faire comme lui : guérir, faire grandir, nourrir, pacifier, avoir de l’estime, relever, …en un mot humaniser. C’est un salut qui est entre nos mains, quelque soit nos croyances ou nos incroyances religieuses, nos convictions diverses.

Jésus nous sauve donc en nous indiquant un chemin de vie pour nous et pour les autres. Et nous avons besoin de la révélation de ce chemin. Beaucoup le vivent sans le connaitre mais le connaitre est infiniment précieux.

 

Mais le salut, c’est aussi

1-Se découvrir aimé-e

Quand je dis cela, pour moi, c’est l’essentiel du christianisme.

La découverte que Dieu nous aime et qu’ainsi nous sommes aimé-es.

Je ne sais pas comment l’exprimer, cela a mis au cœur de ma vie, comme une sorte de sécurité : beaucoup de choses peuvent s’écrouler autour de moi, mais Son amour pour moi, ça c’est solide, ça tient, même si je n’en ai plus conscience : Il continue de m’aimer comme Il le fait pour chacun de nous.

Dieu est un ami qui ne vous manquera jamais.

Si on se sait aimé-es tel-le qu’on est avec ses qualités et ses défauts, avec son passé et son présent, on va pouvoir peu à peu s’accepter soi-même.

Déjà, tel-les que nous sommes, nous sommes aimables aux yeux de Dieu.

On va peu à peu être délivré-es de la sévérité avec soi-même, de la mauvaise culpabilité, de la jalousie, du ressentiment, du jugement des autres.

 En disant cela, je ne dis pas qu’on vit toujours « cui-cui, les petits oiseaux », ni que cela nous protège des souffrances de la vie, mais qu’on les vivra autrement.

Se savoir aimé-es par Dieu, n’est pas une assurance contre la souffrance, mais on n’est pas seul, l’amitié de Dieu est là, à la fois, cela ne change rien et cela change tout, car on n’est pas seul.

 

2- Vivre une vie qui a du sens

J’ai connu les deux situations : sans la foi et avec la foi.

Sans la foi : ça veut dire que notre vie est un instant dans l’immensité du temps, une poussière dans l’immensité de l’espace, le fruit du hasard et que nous allons vers le néant.

Il y a une angoisse profonde qui nous habite toutes et tous, souvent cachée.

La foi nous dit autre chose que ça :

Elle nous dit que ne sommes pas le fruit du hasard et que notre destination finale n’est pas le néant.

Elle nous dit que nous sommes le fruit d’une volonté aimante de Dieu et que nous sommes faits pour une vie éternelle.

Notre origine est divine et faite pour un  amour qui n’aura pas de fin.

Vivre sa vie en sachant cela, nous établit dans la paix : nous sommes depuis toujours et pour toujours dans les mains aimantes de Dieu.

Cela ne veut pas dire encore une fois que tout est facile ; le croyant connaît aussi des peurs, des angoisses, mais en s’appuyant sur sa foi, il est délivré de l’angoisse du néant qui est à l’opposé de la paix.

 

3-Se réjouir de soi

En accueillant la foi qui m’était proposée par le christianisme, j’ai appris que chacun-e de nous a une valeur infinie, ce qui change son regard sur soi et sur les autres.

La foi me dit que nous sommes capables de bonté, de vérité, de justice, de liberté, parce que Dieu nous a faits comme Lui, à Sa ressemblance. Ça change profondément l’image que j’ai de moi.

Dieu a d’abord une image positive de moi, d’abord, surtout et j’ai envie de dire toujours. De moi et donc des autres.

« Merveille que je suis » dit le psaume 139.

Assez étonnant tout de même ! Grâce à Dieu, je peux m’accueillir comme un cadeau, m’accueillir dans la confiance, sûre de moi grâce au regard positif de Dieu sur moi.

C’est comme un contre poison du mépris de soi.

Mais cela fonde aussi la lutte contre toute forme d’injustice, de discrimination, de pauvreté, de racisme, de sexisme, parce que tout homme, toute femme a valeur infinie.

 

 4-Expériementer une amitié

Il y a dans notre vie un allié, toujours de notre côté, jamais contre nous, toujours pour nous. Cette amitié que Dieu nous porte, elle nous est prouvée dans l’existence de Jésus. Cela est facteur de paix. Cela m’établit dans la paix en me montrant un Dieu avec nous pour lutter contre le mal, avec nous pour que la vie l’emporte.

Dieu connaît nos peurs, c’est pourquoi, il y a comme un refrain qui parcourt toute la Bible et que Jésus reprend : « n’ayez pas peur…la paix soit avec vous ».

Ne pas s’habituer à l’inouï de notre foi chrétienne.

 

5-Guérir des fausses images de Dieu

Grâce à Jésus, je peux guérir peur à peu de fausses images de Dieu. Par exemple : Le dieu qui se cache au coin de la rue pour me prendre en flagrant délit de faute ; Le dieu voyeur à qui rien n’échappe pour mieux m’accuser ; Le dieu fatalité qui a écrit sur son grand livre ce que je dois faire, sinon ce sera le malheur pour moi ; Le dieu paratonnerre, qui moyennant quelques sacrifices, me protégera des souffrances de la vie ; Ce dieu puissant qui impose sa loi de fer etc…

On peut allonger la liste, les exemples donnés sont des caricatures, mais nous n’en sommes pas indemnes et elles peuvent s’insinuer en nous sans qu’on y prenne garde.

Le Christ guérit peu à peu de ces fausses images, en le regardant :

ce vrai visage de Dieu qui Se donne à voir dans la fragilité de l’enfant de Noël, dans la charité, le respect, la liberté, la miséricorde de cet homme Jésus, le vrai visage de Dieu qui Se dit par la Croix : Dieu souffrant, et aimant jusqu’au bout. 

L’Eternel qui est Dieu entre dans notre histoire en se faisant petit enfant et connaît la souffrance et la mort sur la Croix.

C’est une révolution de l’image de Dieu, c’est une subversion, une contestation radicale de nos images spontanées, de nos fausses images. Dieu qui nous aime le premier, qui nous rejoint dans notre histoire, qui se fait petit, vulnérable, à la merci de tous, ayant besoin de tous, qu’on peut prendre dans ses mains, dont on peut faire n’importe quoi, fragile.

 

6-Agir selon des chemins de vie

En regardant Jésus et en mettant nos pas dans ses pas, j’ai l’assurance d’un chemin de lumière, de vérité et de vie qui se décline dans une très longue liste :

Amour, pardon, miséricorde, confiance, espérance, don, fidélité, liberté etc.

En Jésus, je possède l’image réussie de notre humanité, l’image accomplie, la plénitude de notre humanité, l’homme dans sa vérité donc ce vers quoi je peux tendre si je veux réussir ma vie, mais donc aussi l’assurance que c’est possible, parce que Jésus a inauguré une autre logique qui est vrai chemin d’humanité. Avec la force qu’Il nous donne, c’est possible de vivre comme Lui.

 

 

  

 

 

 

 

 

 

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2 avril 2018 1 02 /04 /avril /2018 15:53
Faut-il encore parler de sacrifice aujourd’hui ? Un article de Evangile et Vie.

Voici un excellent article de L. M. Chauvet, trouvé sur le site du Service biblique catholique: Evangile et Vie. Vous avez ci-dessous les premières lignes qui sont très éclairantes. Le nouveau modèle ne me semble pas, malheureusement, avoir donné toute sa capacité de libération dans les mentalités, les expressions de la foi et de la liturgie!

La suite de l'article, essaie de montrer comment la notion de sacrifice peut être réinterprétée correctement. Cependant l'auteur termine en disant " que l'histoire a tellement surchargé cette notion de connotations doloristes, intérioristes, expiatrices, qu'il convient de demeurer prudent dans son emploi."

Vous aurez l'intégralité de 'article en cliquant sur: https://www.bible-service.net/extranet/current/pages/200152.html 

 

Parmi les termes appartenant au vocabulaire catholique traditionnel, celui de sacrifice est probablement l'un des plus soupçonnés aujourd'hui. À lui seul, il symbolise tout un monde du passé, bien vivant encore voici quelques décennies. Qu'on se souvienne du « Catéchisme à l'usage des diocèses de France » de 1947. La mort de Jésus y est présentée de manière presque exclusivement sacrificielle : Jésus est venu pour souffrir et mourir, afin de payer à Dieu la rançon expiatrice qui nous délivre du péché. Ce Dieu apparaît comme un justicier réclamant de son Fils, à notre place, la réparation de l'offense qui lui a été faite. Aussi souligne-t-on fortement la cruauté des souffrances que Jésus a dû et voulu subir comme châtiment à notre place pour nous mériter le salut en satisfaisant à la justice divine.

Dans cette perspective, la messe est exprimée essentiellement comme l'actualisation du sacrifice « propitiatoire » par lequel Dieu est « apaisé » (concile de Trente), et donc comme moyen d'application des mérites du Christ aux vivants et aux défunts. Le ministère du prêtre, défini de manière presque exclusive comme « pouvoir de consacrer, d'offrir et de distribuer le corps et le sang du Christ, ainsi que celui de remettre ou de retenir les péchés » (concile de Trente), est compris de manière englobante comme un « sacerdoce », c'est-à-dire comme activité d'offrande du « Saint Sacrifice » de la messe. « Sacrifice et sacerdoce ont été si liés ensemble par la disposition de Dieu que l'un et l'autre ont existé sous les deux lois (Ancien et Nouveau Testament) » : ainsi débute, contre les Réformateurs, la Doctrine sur le sacrement de l'Ordre du concile de Trente.

En même temps qu'on insiste sur la valeur méritoire et expiatrice de la mort de Jésus et du sacrifice de la messe, on tend à valoriser un modèle de vie chrétienne où les « sacrifices », comme souffrance offerte avec celle de Jésus par amour pour Dieu, tiennent une place centrale. On n'oublie certes pas généralement de souligner que leur valeur tient à l'amour et non à la souffrance comme telle. Il n'en demeure pas moins que l'idéal chrétien ainsi proposé a une indéniable coloration doloriste.

 

Un nouveau modèle

C'est l'évidence : un nouveau modèle de christianisme est né depuis quelques décennies. Du même coup, l'insistance du modèle antérieur sur le sacrifice, l'expiation, la réparation – que ce soit à propos de la mort de Jésus, de la messe ou de la vie chrétienne – a été fortement critiquée. Si fortement que le soupçon porté sur ces termes est allé parfois jusqu'à leur disqualification. Que pouvons-nous penser de ce mouvement de rejet ? Un jugement nuancé s'impose, selon nous. Tout en tenant compte des lourdes ambiguïtés de la notion de sacrifice, il faut souligner son statut tout à fait particulier en christianisme.

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