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7 janvier 2025 2 07 /01 /janvier /2025 16:21
Homélie de Sr Michèle : Baptême du Christ en Luc 3,15-16 ; 21-22

En ce temps-là, le peuple venu auprès de Jean le Baptiste était en attente, et tous se demandaient en eux-mêmes si Jean n’était pas le Christ. Jean s’adressa alors à tous :
« Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. »

Comme tout le peuple se faisait baptiser et qu’après avoir été baptisé lui aussi, Jésus priait,
le ciel s’ouvrit. L’Esprit Saint, sous une apparence corporelle, comme une colombe,
descendit sur Jésus, et il y eut une voix venant du ciel :
« Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. »

Luc 3,15-16 et 21-22

 

Pourquoi Jésus est-il venu au Jourdain et a-t-il voulu recevoir le baptême de Jean ?

Il y a plein de réponses exégétiques à cette question mais en voici une : Jésus cherche Dieu et il est à la recherche de sa propre identité.

Répondre ainsi rend Jésus proche de nous qui sommes en recherche nous aussi de Dieu et de notre identité profonde.

Pour trouver ce qu’il cherche, Jésus s’est plongé dans l’eau dans un oui confiant, une plongée en Dieu et il s’est mis à prier. Dans sa version du baptême, Luc distingue bien ces deux moments.

La plongée dans l’eau et une fois sortie, sa prière. 

La plongée est une expérience de Dieu, un geste sans mot de confiance.

La prière est une expérience de Dieu dans l’écoute d’un autre que soi.

Les deux sont expériences de Dieu mais de manière différente.

La confiance prépare l’écoute mais il faut bien repérer que pour Luc, c’est l’acte de prière qui est lieu de révélation.

C’est dans l’expérience de Dieu dans la prière qu’il peut entendre cette phrase inouïe :

« Tu es mon fil bien aimé, je mets en toi toute ma joie »

C’est l’expérience de la prière qui fut pour lui, lieu de révélation de Dieu et de son identité profonde.

Révélation de Dieu : Dieu proche, source de vie, un Père/Mère

Révélation de son identité profonde : Fils bien-aimé.

Après la plongée dans l’eau de la confiance, la prière a été son lieu de révélation.

Lieu fondateur. Expérience fondamentale.

Venir d’un autre qui m’aime, c’est la raison d’être de Jésus.

Cela explique tout sa vie, ses choix, ses combats, ses joies, ses peines, ses colères, son dynamisme, sa force.

Cette révélation est également pour nous : nous aussi nous sommes filles bien-aimées, fils bien aimés !

Révélation d’un Dieu qui n’est qu’Amour et révélation de notre identité profonde.

A vivre à chaque fois qu’on se plonge dans les eaux de l’Evangile !

 

Image de :

www.evangile-et-peinture.org

bernadette.lopez@evangile-et-peinture.org

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28 mars 2024 4 28 /03 /mars /2024 11:34
Homélie de Maurice Zundel pour le Jeudi Saint

LE LAVEMENT DES PIEDS, RÉVÉLATION DE L’AMOUR INFINI DE DIEU

Homélie de Maurice Zundel à Beyrouth, en Notre-Dame des Anges, le jeudi Saint 30 mars 1972.

Edité dans « Vie, Mort et Résurrection » 

Être disciples de Jésus, c’est donc cela : c’est admettre, c’est expérimenter que le Règne de Dieu est au-dedans de nous, que Dieu est justement, la suprême intériorité, car ce qui nous distingue de Dieu, c’est justement que nous, nous sommes d’abord dehors. Comme dit Augustin : « Tu étais dedans ». Il le dit à Dieu : « Tu étais dedans. C’est moi qui étais dehors. » C’est moi qui étais étranger à moi-même, c’est moi qui n’arrivais jamais à joindre mon âme, c’est moi qui étais extérieur à ma propre intimité ; et c’est en toi qui étais dedans, que je suis devenu moi-même.

La dernière consigne de notre Seigneur en nous révélant nous-même à nous-mêmes, en nous donnant la possibilité de nous joindre les uns les autres, nous révèle tout d’un coup qui est Jésus, qui est Dieu comme la respiration de notre cœur, comme l’espace infini où notre liberté s’accomplit, comme ce trésor infini qui peut seul donner à la vie humaine un sens, qui peut seul donner à l’aventure humaine une dimension digne de nous.

Jésus, donc, nous donne rendez-vous dans l’humanité. Jésus nous attend au cœur de l’histoire humaine et cette consigne qu’il nous donne, il va l’illustrer de deux manières infiniment émouvantes et la première, c’est cette leçon de choses qu’il donne à ses disciples au Lavement des pieds.

Comment prouver mieux que le Royaume de Dieu est intérieur à nous-même, que le Royaume de Dieu, c’est nous quand nous l’accueillons, c’est nous quand nous nous vidons de nous-mêmes pour le recevoir, c’est nous quand nous devenons transparents à sa présence et à sa lumière ? Comment le prouver mieux qu’en s’agenouillant lui-même devant ses disciples et en leur lavant les pieds, en faisant à leur égard le geste de l’esclave, ce geste scandaleux, en apparence, ce geste miraculeux, ce geste qui opère la transmutation de toutes les valeurs, ce geste que Pierre d’abord décline : « Mais comment, mais ce n’est pas possible, Seigneur, ce n’est pas possible que tu me laves les pieds ! »

En effet, pour admettre ce geste, il faut renoncer à voir Dieu comme une grandeur extérieure. Pour admettre ce geste, il faut comprendre que la suprême grandeur de Dieu, c’est son humilité, c’est sa charité, c’est son dépouillement dans le mystère de la Trinité divine, c’est son amour illimité. Celui qui aime le plus, c’est celui-là le plus grand. Celui qui peut se donner à l’infini, c’est celui, celui-là qui est Dieu.

Jésus, à genoux, renverse toutes nos grandeurs pyramidales, toutes nos grandeurs de chair et d’orgueil et il nous conduit doucement, tendrement, il nous conduit par cette leçon de choses à l’apprentissage de la vraie grandeur. Il donne au plus petit la possibilité de devenir quelqu’un. Il introduit chacun dans cette aventure infinie qui a Dieu pour centre, pour origine et pour terme. Il supprime entre les hommes ces compétitions mortelles qui aboutissent à la haine et à la guerre parce que, il offre une grandeur qui est possible à tous, une grandeur qui peut être réalisée par chacun au plus intime de son cœur.

Davantage, elle ne peut pas l’être autrement. C’est une grandeur qui nous transforme jusqu’à la racine. C’est une grandeur que l’on devient. C’est une grandeur qui coïncide avec la vie. C’est une grandeur qui rayonne à travers notre présence.

Ce geste du Lavement des pieds qui a été commémoré dans la liturgie d’aujourd’hui, ce geste du lavement des pieds, il nous introduit de la manière la plus profonde au mystère de la Croix. Il nous donne de la comprendre ou à deviner, tout au moins, que la carrière de Jésus puisse se terminer par un échec, que cet échec soit aussi la plus haute révélation de Dieu, parce que ce qui importe à Dieu, c’est justement qu’il apparaisse toujours comme l’amour infini, c’est qu’il persévère dans son amour, même si nous le trahissons, même si nous le renions, même si nous l’abandonnons, même si nous n’opposons que notre indifférence à ses avances.

Son triomphe, c’est d’aimer toujours, d’aimer jusqu’à la mort de la Croix. Nous qui avons tant besoin de grandeur, nous qui, dans ce siècle doté d’une telle puissance sur la matière, nous qui nous demandons comment nous pouvons inscrire notre nom dans l’histoire, ce que signifie notre vie, qui paraît si vaine et si mesquine, nous apprenons ce soir justement que chacun de nous est appelé à une grandeur proprement divine, que la grandeur de Dieu n’est pas autre que celle-ci qui s’exprime dans l’agenouillement du Lavement des pieds.

On imagine Nietzsche. S’il avait compris, si au lieu de s’épuiser à poursuivre une grandeur où, il s’est tendu, où vers laquelle il s’est tendu jusqu’à la folie, s’il avait pu comprendre que justement la grandeur, c’est cela : devenir un espace illimité pour accueillir un amour infini qui se répand sur toute l’humanité et sur tout l’univers.

Nous voulons d’abord nous reposer un instant en faisant une pose, nous reposer un instant dans la contemplation du lavement des pieds en demandant au Seigneur de nous donner soif de cette grandeur authentique, de nous unir tous à nos frères humains, par cette ultime racine qui est lui-même, afin que notre charité ne soit pas simplement une consigne sur le papier, mais qu’elle devienne l’expression authentique et spontanée de notre vie dans cette reconnaissance du Royaume de Dieu intérieur à chacun.

Car là, justement, est le geste qui permet à l’homme de reconnaître l’homme : cette lumière adorable qui nous fait percevoir en toute conscience humaine le sanctuaire de Jésus-Christ qui nous attend et qui nous rassemble ce soir dans son amour.

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24 octobre 2021 7 24 /10 /octobre /2021 21:40
Homélie virtuelle sur l’évangile de Marc 10,46-52

Homélie virtuelle car comme femme, baptisée mais exclue des ministères ordonnés, il n’est pas possible d’en faire en réel. Mais les réseaux sociaux ont cet avantage qu’une homélie virtuelle atteigne plus de monde qu’une assemblée dominicale !

La voici donc :

Ce matin j’ai médité l’évangile de ce 30ème dimanche de l’année B et cette homélie est le fruit de ma prière.

Sommes-nous amoureuses, amoureux de l’Evangile ? En fait amoureux, amoureuse de Jésus ?

Car somme toute, c’est cela la foi vive : aimer Jésus et se laisser aimer par lui.

Ce récit sur Bartimée, tant de fois entendu par certain-es d’entre nous, ne peut que revivifier cet amour.

Aimer Jésus, celui qui marche, qui traverse les villes, qui n’attend pas qu’on vienne à lui et qui va vers les gens.

Aimer Jésus, attentif au cri d’un inconnu et qui s’arrête au lieu de passer son chemin.

Aimer Jésus, celui qui est capable de changer l’attitude hostile d’un groupe et de s’en faire un allié. C’est en fait le premier miracle de ce récit !

Aimer Jésus, celui est éveilleur de désir, qui pose de bonne question mais de donne pas de réponse à la place d’un autre.

L’aimer, c’est le regarder pour que quelque chose de sa belle humanité passe en nous, comme on s’expose au soleil : grandir en sortie de soi et en écoute profonde.

Récit de ce cri de Bartimée qui résonne aujourd’hui tout particulièrement sur fond du rapport de la CIASE. De ces cris qui ont été niés, déniés, étouffés, méprisés, pour garantir un système de prédation fondé sur une hiérarchie de domination.

Jésus, lui, a écouté ce CRI de Bartimée, face à ceux qui voulait le faire taire.

Alors on peut interpréter le geste de Bartimée de manière étonnement significative : il rejette son manteau. Quel manteau y-a-t-il donc à rejeter pour être une Eglise de frères et de sœurs prenant soin des uns des autres ? Une Eglise de l’écoute et pas des discours creux ?

Être une Eglise fondée sur une victime innocente à qui des bourreaux ont fait violence : Jésus.

Et qui en tire toutes les conséquences de libération, d’égalité, de service…

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17 octobre 2021 7 17 /10 /octobre /2021 12:39
Homélie de Sr Michèle sur Marc 10,35-45
Alors, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchent de Jésus et lui disent : « Maître, ce que nous allons te demander, nous voudrions que tu le fasses pour nous. » Il leur dit : « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? » Ils lui répondirent : « Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. » Jésus leur dit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, être baptisé du baptême dans lequel je vais être plongé ? » Ils lui dirent : « Nous le pouvons. » Jésus leur dit : « La coupe que je vais boire, vous la boirez ; et vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé. Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; il y a ceux pour qui cela est préparé. » Les dix autres, qui avaient entendu, se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean. Jésus les appela et leur dit : « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous : car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. »

 

 

D’abord, comprendre que le vrai sens du mot gloire, ce n’est pas ce qui nous vient immédiatement à l’esprit. Cela n’a rien à voir avec la renommée, le bruit qu’on peut faire autour d’un nom célèbre, la réussite, le prestige, les honneurs.

Dans la Bible, cela veut dire la richesse de l’être, sa plénitude, sa densité d’existence, son poids.

Puisque Dieu est amour et qu’il n’est que cela, la gloire de Dieu, c’est son poids d’amour.

La demande de Jacques et de Jean peut donc être prise positivement : siéger, habiter sa gloire, c’est nous enraciner dans l’amour, c’est une demande d’intimité, de proximité, être au plus près possible.

 

Que voudriez-vous que je fasse pour vous ?

Avec cette question, il nous est donné de voir la manière dont Jésus aime, dont justement, il vit de cette gloire.

Il est d’abord quelqu’un qui favorise l’expression du désir. Il leur permet de l’exprimer : « Que voudriez-vous que je fasse pour vous ? »

Il sait discerner, je dirai faire du tri dans cette demande, il sait y voir ce qu’il y a de bon : ce désir de proximité et ce qui demande à être purifié car il n’y a pas de fauteuil dans le Royaume de l’amour. Fauteuil au sens de privilège, hiérarchie, préséance, place d’honneur.

C’est pourquoi il ne fait pas de reproche. Il comprend qu’ils n’ont pas compris. Il accueille leur désir et va le purifier. Pas de fauteuil mais une coupe à boire et être plongé dans un baptême.

Sa réponse, on peut la comprendre comme cela : Vous avez raison de vouloir être associé à ma gloire, au sens fort de ce poids d’amour. Mais cela doit être un amour qui ne triche pas. Un vrai amour, donc humble et souffrant, car aimer amène forcément de la souffrance et c’est cela qu’ils n’ont pas compris.

Pouvez-vous être avec moi autant dans la souffrance que dans la joie ? Pouvez-vous me suivre autant au jour de la Passion qu’aux jours de la Résurrection ?

Pouvez-vous partager ma coupe et mon Baptême ?

Regardons comment Jésus aime dans la délicatesse de ce dialogue : accueillir le meilleur du désir et le purifier. Mais aussi les appeler à une configuration avec lui : « Même nourriture et même boisson, me suivant dans la peine et dans la victoire » dira Ignace de Loyola dans les Exercices spirituels.

 

Oui, nous le pouvons. C’est la réponse de Jean et de Jacques : « Oui, nous le pouvons ». C’est la leur mais c’est aussi la nôtre car personne n’est exclu de cette réponse. Si nous sommes baptisés, oui le pouvons puisque nous le faisons déjà. Nous avons été plongés dans les eaux du baptême et mieux, nous sommes baptisés, plongés en Christ, c’est du présent ! Et tous et tous nous la faisons, incroyant ou croyant dans la mesure exacte où nous aimons d’un amour humble qui forcément inclut de la souffrance. Mais aussi nous le pouvons en écoutant l’enseignement qui suit sur le service.

Boire à la coupe et être plongé dans son baptême, c’est aussi se faire serviteur, renoncer aux formes diverses de domination.

Sentons l’ambition que le Christ a pour nous dans cet enseignement sur le service. Il s’agit, oui de devenir grand, oui d’être le premier. Cette ambition est celle des saints : être premièr-e dans le don. Il y a bien de l’ambition mais pas à la manière habituelle.

Oui, nous pouvons boire à la coupe et être plongé dans son baptême en vivant toute fonction, toute charge, tout travail, toute responsabilité comme un service.

Il s’agit donc de regarder le Christ. Il n’est pas venu pour être servi mais pour servir. Oui nous le pouvons en le regardant, en nous imprégnant de ce qu’il est, de ce qu’il fait. Pour cela, laissons remonter à la mémoire la vie du Christ vu sous l’angle du service. Il est serviteur d’un bout à l’autre de sa vie.

Donner sa vie en rançon

Ce mot peut nous arrêter et nous scandaliser ! Il ne faut pas le prendre au sens moderne du terme. Car alors on tombe dans une fausse image de Dieu. La racine hébraïque de ce mot c’est le verbe délier, libérer. Il faudrait mieux traduire : donner sa vie pour nous libérer. Jésus en donnant sa vie pour nous sur la croix nous libère, en particulier de ces fausses images de Dieu. Sur la croix, Dieu se livre et veut nous désarmer, nous délier de toute peur.

Le don de sa vie sur la croix, c’est l’extrême du don.

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21 mars 2020 6 21 /03 /mars /2020 11:51
Homélie du 4ème dim de Carême: Aveugle-né ou l'obscurantisme dénoncé

Voilà bien un texte qui est une bonne nouvelle. Une bonne nouvelle pour nous. Pour vous, pour moi, pour chacun d’entre nous. Une bonne nouvelle à partager à celles et ceux qui ne la connaissent pas ! Mais c’est quoi, cette nouvelle qui est bonne ? Elle est bonne parce qu’elle nous libère. Alors, d’abord, voyons de quoi elle nous libère.

 

Au début du texte nous sommes en pleine ténèbre. Celle où est plongé un aveugle de naissance. Et Jésus va libérer cet homme de sa cécité. Oui, mais il y a une ténébre pire que la cécité, c’est celle des disciples. En effet, par la question qu’ils posent : « si cet homme est aveugle, c’est qu’il est pécheur ou que ses parents le sont » on se rend compte qu’ils sont plongés dans les ténèbres d’une religion qui explique la maladie par une faute commise. Combien on a besoin d’être libéré de cela, encore aujourd’hui ! Et encore plus en ce moment où des mentalités obscurantistes vous diront que la contagion du coronavirus est une punition de Dieu !

Et de manière plus courante ne dit-on pas quand il nous arrive une épreuve : « qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu pour qu’il m’arrive çà ! » Derrière cette explication se cache une ténèbre encore plus ténébreuse, celle qui nous fait imaginer un dieu qui punirait les fautes en envoyant des maladies. Quelle ténèbre ! Et aujourd’hui encore, ces fausses images de Dieu peuvent être en nous. Alors Jésus viens d’abord de nous libérer de cela. Il le fait par une parole forte : « Ni lui n’a péché, ni ses parents » Parole forte qui fait passer de la nuit au jour, de la ténèbre à la lumière, qui nous fait quitter nos fausses images de Dieu.

Encore faut-il que nous acceptions de les quitter pour nous ouvrir à un Dieu fondamentalement bon et que ne veut que du bon pour nous.

 

Mais le pire du pire, si c’est possible, est la ténèbre de la religion des pharisiens. Cette impossibilité qu’ils ont à sortir d’un système légaliste : selon eux une guérison faite le jour du sabbat ne peut pas venir de Dieu, celui qui l’accomplit ne peut être qu’un pécheur. C’est la ténèbre de l’exclusion de tous ceux qui ne rentrent pas dans leur système. C’est l’impossibilité à s’ouvrir à la nouveauté d’une parole, à l’inattendu d’une action. La culpabilisation qui enferme les gens dans la fatalité.

Et nous sommes forcés de constater que devant ce type de ténèbres, Jésus lui-même n’a rien pu faire.

La révolution spirituelle de Jésus, la libération qu’il apporte ne peut rejoindre des gens murés dans leur certitude, les privilèges que cela leur donne et pour certains le « fonds de commerce « que cela procure.

 

En contre-point, l’itinéraire de l’aveugle nous fait parcourir un chemin de lumière en lumière. Un cheminement d’une étonnante vérité. Il nous est donné de voir un homme vrai qui reste au plus près de son expérience, ni plus, ni moins. Il nous est donné de voir la progression dans une confession de foi. Car nous le savons d’expérience, la foi est un chemin et c’est autant le chemin que le but qui est important.

Sa première confession de foi est d’abord sans parole. Elle est d’abord de se laisser faire par un homme qu’il ne connait pas. Il se laisse enduire de boue les yeux et il écoute la parole qui lui dit d’aller se laver dans la piscine de Siloé.

Pour nous également, notre confession de foi, c’est d’être en confiance vis-à-vis de Jésus, d’écouter sa parole, c’est de témoigner de lui par notre vie et nos actes.

Nous sommes envoyés pour cela, être apôtre de cela.

 

Sa deuxième confession de foi, c’est tout simplement la confession de lui-même : « c’est moi » dit-il et il va être fidèle jusqu’au bout en répétant plusieurs fois dans le texte les événements qui lui sont arrivés dans l’exactitude de leur déroulement. Confession de foi sous forme de récit : « voilà ce que j’ai vécu, voilà ce que cela a transformé dans ma vie ». Et quand on lui demande des choses qu’il ne sait pas, il dit : « je ne sais pas ».

Pour nous également, notre confession de foi, c’est de partager tout simplement en quoi la rencontre avec le Christ change quelque chose dans notre vie. Et c’est cela que nos contemporains ont besoin pour être touché par l’Evangile.

Nous sommes envoyés pour cela, être apôtre de cela.

 

Confronté aux pharisiens, il va faire un pas de plus dans la compréhension de ce qui lui arrive et c’est sa 3ème confession de foi : « C’est un prophète ». Cette confession de foi il va la tenir contre l’opposition des pharisiens avec le simple bon sens qui comprend que seul celui qui vient de Dieu peut guérir un aveugle. Mais il va la payer au prix fort, celui d’être traité de pécheur-né et jeter dehors.

Pour nous également, notre confession de foi peut passer par l’épreuve de l’incompréhension, de l’opposition. Témoigner d’un Evangile qui libère bouscule trop les conformismes et les privilèges.

Nous sommes envoyés pour cela, être apôtre de cela.

Pendant tout ce temps, Jésus semble absent. Jésus ne réapparaît qu’à la fin et on a l’impression que Jésus l’a laissé seul témoigner et combattre. C’est peut-être le sentiment que l’on a quelque fois au cœur de nos combats. Mais n’est-ce pas preuve de respect pour nous, de foi en notre capacité de vérité et de justice ? N’est-ce pas foi en l’Esprit qui nous habite et nous habilite au témoignage ?

En tout cas, Jésus est là pour l’accueillir quand il est jeté dehors, exclu.

Devant Jésus, cet homme va garder cette même authenticité dont il a fait preuve depuis le début. Il ne sait pas qui est le fils de l’homme dont lui parle Jésus donc pas de raison d’y croire ! « Qui est-il pour que je croie en lui ?» Réponse étonnante ! Et oui, pour croire, il faut des raisons ! Jésus va lui en donner.

Le fils de l’homme, c’est celui qui t’a guéri, qui t’a donné capacité à le voir et c’est lui qui te parle.

 

Alors seulement peut jaillir sa 4ème confession de foi : « Je crois ». Nous sommes ici dans la lumière. Lumière qu’est Jésus lui-même, lumière d’un monde qui sort de l’exclusion, du mépris, de la fatalité. Lumière du royaume de Jésus à construire avec lui.

Nous sommes envoyés pour cela, être apôtre de cela par le simple fait de notre baptême.

 

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7 mars 2020 6 07 /03 /mars /2020 12:39
Homélie du 2ème dim. de Carême

Mt 17/1-9

Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les emmène à l’écart, sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux ; son visage devint brillant comme le soleil, et ses vêtements, blancs comme la lumière. Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui. Pierre alors prit la parole et dit à Jésus : « Seigneur, il est bon que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il parlait encore, lorsqu’une nuée lumineuse les couvrit de son ombre, et voici que, de la nuée, une voix disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! » Quand ils entendirent cela, les disciples tombèrent face contre terre et furent saisis d’une grande crainte. Jésus s’approcha, les toucha et leur dit : « Relevez-vous et soyez sans crainte ! » Levant les yeux, ils ne virent plus personne, sinon lui, Jésus, seul. En descendant de la montagne, Jésus leur donna cet ordre : « Ne parlez de cette vision à personne, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts.

 

Une histoire de tentes ?

Pierre demande d’en planter trois.

Il ne s’agit pas d’une simple affaire de camping !

Cela renvoie à la tente de la Rencontre dans le premier Testament, quand le peuple était dans le désert, il allait à la tente de la Rencontre, lieu de la présence de Dieu. Et la nuée qui les couve de son ombre (la même expression est utilisée pour l’Annonciation en Luc 1/35) montre bien que nous sommes là dans une expérience de rencontre avec Dieu. De plus, une voix leur demande d’écouter Jésus, le Fils et ils ne voient plus que Jésus seul.

Tout cela nous permet de comprendre qu’il n’est pas question de planter 3 tentes car il n’y a qu’une seule tente qui est la personne même de Jésus. La seule et unique tente de la rencontre, c’est le Christ dans la vérité de son humanité et de sa divinité.

Jésus seul : unique chemin, unique demeure, unique salut, unique lumière pour tous les temps et tous les peuples, unique pâque, unique passage de la mort à la plénitude de la vie.

Jésus, nouveau Moïse, nouvel Elie, nouvel Israël qui va accomplir un nouvel Exode, celui du passage de la mort à la résurrection.

1er né d’une multitude de frères et de sœurs, celui qui ouvre le passage pour que, à sa suite, nous entrions dans la vie éternelle.

Avec le récit des tentations, nous savons que sa victoire est notre victoire.

Avec la transfiguration, nous savons que sa résurrection est notre résurrection. Le Christ transformera, transfigurera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux (Ph 3/20)

Une victoire pour nous encore en germe, une résurrection encore en gestation mais bien réelle, déjà commencée et qui s’épanouira en vie éternelle.

Nous sommes déjà citoyen-nes des cieux.

Nous sommes déjà ressuscité-es.

 

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29 février 2020 6 29 /02 /février /2020 21:22
Homélie de Sr Michèle 1er dim. de Carême en poscast sur le site ohmygoddess

A écouter et à lire sur:

https://ohmygoddess.fr/2020-03-01/

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20 mai 2018 7 20 /05 /mai /2018 21:36
Homélie de l’évêque Michael Curry au mariage de Meghan Markle et du prince Harry

Une super homélie qui dit l’essentiel du christianisme et en montre le caractère révolutionnaire.

 

Traduction trouvée dans la revue Closer :

https://www.closermag.fr/royautes/document-mariage-de-meghan-et-harry-decouvrez-la-traduction-complete-des-13-minutes-du-serment-du-pretre-americain-michael-curry-814724

Nous venons d'entendre le canttique de Salomon : "Met moi comme un sceau sur ton cœur, comme un cachet sur ton bras, l'amour est fort comme la mort et la jalousie est inflexible comme les enfers". Leurs embrasements sont des embrasements de feu et une flamme de l'éternel. Beaucoup d'eau ne pourrait éteindre cet amour-là et les fleuves, même, ne pourraient pas le noyer.

Martin Luther King a dit un jour : "Nous devons découvrir les pouvoirs de l'amour et ses pouvoirs de rédemption. Lorsque nous découvrirons ce pouvoir, nous pourrons transformer ce monde pour en faire un nouveau. Un monde d'amour car l'amour est la seule voie". L'amour est plein de pouvoirs, ne sous-estimez pas le pouvoir de l'amour. Ne soyez pas trop sentimentales non plus. Oui, il y a du pouvoir dans l'amour. Si vous ne me croyez pas, pensez à la première fois où vous êtes tombés amoureux. Le monde entier est centré autour de vous et de votre bien-aimé. Du moins, vous en aviez l'impression. Il y a donc un véritable pouvoir de l'amour. Pas seulement dans ses formes romantiques mais surtout dans toutes ses formes.

Lorsqu'on sait que l'on est aimé, lorsque quelqu'un a de l'affection pour vous et que vous le savez, lorsqu'on est amoureux, lorsqu'on montre son amour, on se sent bien. Il y a ce petit quelque chose qui nous fait nous sentir bien. Il y a une bonne raison derrière tout ça. Tout cela est lié à la source de l'amour. Nous avons été créés par le pouvoir de l'amour. Nos vies doivent être menées en raison de cet amour. Voilà pourquoi nous sommes présents ici aujourd'hui.

Finalement, la source de l'amour, c'est Dieu, lui-même. La source de toute notre vie. Un vieux poème médiéval dit que lorsque l'on trouve le véritable amour, c'est Dieu qui est derrière cet amour. Dans le testament, il est écrit : "Aimons-nous les uns les autres car l'amour est Dieu et ceux qui sont amour sont les fils de Dieu. Ceux qui n'ont pas d'amour ne connaissent pas Dieu car Dieu est amour". Il y a du pouvoir dans l'amour... Le pouvoir de soigner, le pouvoir de libérer, un pouvoir unique. Il y a un pouvoir dans l'amour. Le pouvoir de nous montrer la voie. "Mets moi comme un sceau sur ton cœur, un sceau sur ton bras car l'amour est aussi fort que la mort."

Mais, l'amour, ce n'est pas seulement un jeune couple. Le pouvoir de l'amour est démontré par le fait que nous sommes tous réunis ici. Deux jeunes personnes sont tombées amoureuses et nous sommes tous réunis autour d'eux. Mais il ne s'agit pas que d'un jeune couple. Il y a plus que cela. À une occasion, Jésus devait résumer l'essence des leçons de Moïse. Il a utilisé les écrits hébreux et il a dit qu'il fallait aimer Dieu avec tout son cœur, toute son âme, tout son esprit, toute sa force.

Voilà le premier commandement, le deuxième est le suivant : 'Aimez votre voisin comme vous vous aimez vous-même'. Et ensuite, sur la base de ces deux commandements, l'amour de Dieu et l'amour de votre voisin, sur cette base dépendent tous les autres commandements, toutes les autres lois, tout ce qui a été dit par les prophètes, tout ce qui a été dit dans la Bible, tout ce que Dieu a voulu dire au monde. Aimez Dieu, aimez vos voisins et aimez-vous vous-même.

Quelqu'un a dit un jour que Jésus a commencé le mouvement le plus révolutionnaire de l'histoire. Un mouvement qui était fondé sur l'amour inconditionnel de Dieu pour le monde. Un mouvement qui demandait au peuple de vivre cet amour. Et ainsi, de changer, non seulement, leur propre vie mais aussi la vie du monde entier. Voilà le vrai pouvoir de l'amour, le pouvoir de changer le monde entier.

Si vous ne me croyez pas, des esclaves américains ont, eux-mêmes, expliqué la dynamique du pouvoir de l'amour, ce pouvoir de transformation de l'amour. Ils disaient, même pendant leur captivité, que la spiritualité pouvait les soigner, les réconforter. L'amour peut soigner toutes les âmes. Ils expliquaient d'ailleurs que si on ne peut pas prier, il suffit de raconter l'amour de Jésus, que Jésus est mort pour nous sauver. Voilà ce que signifie l'amour. Il est mort pour tous nous sauver. Il n'est pas mort pour se sauver lui-même. Jésus n'a pas reçu de doctorat pour sa mort. Il n'a reçu aucun honneur, il s'est sacrifié pour le bien des autres, pour le bien du monde, pour nous.

Voilà ce qu'est l'amour, l'amour n'est pas égoïste. L'amour, c'est aussi sacrificiel et ainsi, l'amour peut être rédemption. Cette générosité de l'amour rédempteur peut changer des vies. Il peut changer ce monde. Si vous ne me croyez pas, réfléchissez-y pendant quelques secondes. Imaginez un monde dans lequel l'amour est la voie à suivre. Imaginez nos familles dans un monde dans lequel l'amour serait la voie à suivre. Imaginez nos communautés dans un monde où l'amour serait la voie à suivre. Imaginez des gouvernements qui suivraient la voie de l'amour. Imaginez des entreprises qui suivraient la voie de l'amour. Imaginez ce vieux monde fatigué qui suivrait la voie de l'amour, de façon généreuse, sacrificielle, rédemptrice.

Si l'amour est la voie à suivre, aucun enfant ne devrait se coucher en ayant faim. Si nous suivions la voie de l'amour, on ne laisserait pas tomber la justice. Si l'amour était la voie à suivre, la pauvreté serait une chose du passé. La Terre serait un sanctuaire. Si l'amour était la voie à suivre, nous poserions nos armes pour comprendre le monde et arrêter de faire la guerre. Si l'amour est la voie à suivre, il y a beaucoup de bonnes choses à faire. Car si l'amour est la voie à suivre, nous pouvons nous traiter les uns les autres de la meilleure des façons comme si nous étions une famille. Si l'amour est la voie à suivre, nous savons que Dieu est notre source, que nous sommes des frères, des sœurs, des enfants de Dieu.

Mes frères, mes sœurs, il s'agit là d'un nouveau paradis, une nouvelle planète, un nouveau monde, une nouvelle famille. Permettez-moi de vous dire que Salomon avait raison dans l'Ancien Testament. Je vais maintenant m'arrêter là car nous devons continuer avec ce mariage.

L'un des plus grands esprits du 20e siècle, un prêtre catholique roumain, a notamment écrit, sur la base de son bagage scientifique et théologique, que l'invention du feu était une des inventions les plus importantes de l'histoire de l'humanité.

Le feu a permis d'ouvrir la voie à la civilisation humaine. Le feu a permis de cuire les aliments, d'avoir de bonnes conditions sanitaires, de limiter les maladies, de réchauffer l'environnement et de permettre la migration humaine aux quatre coins du monde. Il n'y aurait pas eu d'âge du bronze, ni d'âge du fer, ni de révolution industrielle sans le feu. Il n'y aurait pas eu toutes ces nouvelles technologies. Quelqu'un est venu en voiture aujourd'hui ? Veuillez lever la main. La voiture est possible grâce au moteur à combustion, grâce au feu. Jésus a marché sur l'eau mais moi, je n'ai pas marché sur l'océan Atlantique pour venir jusqu'ici. C'est l'avion qui me l'a permis. Le feu nous permet, aujourd'hui, d'utiliser Twitter, Facebook, Instagram, d'envoyer des e-mails... C'est le feu qui a rendu tout cela possible. C'est une des plus grandes découvertes de l'Histoire.

Si l'humanité peut apprivoiser et capturer l'énergie de l'amour alors, pour la seconde fois de notre Histoire, nous découvrirons le feu. Nous devons trouver le pouvoir rédempteur de l'amour et lorsque nous l'aurons découvert, nous rendrons ce vieux monde meilleur. Nous le transformerons.

Mon frère, ma sœur, que Dieu vous aime, que Dieu vous bénisse et que Dieu nous protège tous dans les mains puissantes de l'amour.

 

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