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9 avril 2025 3 09 /04 /avril /2025 15:16
Evangile des Rameaux : la dénonciation de l'injustice.

Evangile des Rameaux : la dénonciation d’une injustice

 

Le dimanche des Rameaux nous nous remet devant ce récit de la mort de Jésus. Cette année, nous le lisons dans l’Evangile de Luc chapitre 26 et 23.

Ces récits de la passion dans les Evangiles restent d’une actualité brulante et de tous les temps.

Un homme est arrêté, jugé, condamné, exécuté et de plus il est innocent !

Victime de l’injustice comme l’ont été et le sont encore tant de gens. Il est l’innocent à qui tous les bourreaux font violence.

Entendre, lire ce récit c’est donc une plongée dans le monde de la violence et de l’injustice des pouvoirs politiques, religieux, claniques, qui continuent de sévir.

Ecouter la passion c’est écouter, regarder le sort de tant de femmes et d’hommes en ce moment.

C’est donc un récit dangereux pour tout pouvoir qui s’arroge le droit de tuer car ce récit est une dénonciation en montrant que Dieu est du côté de ceux qui souffrent.

Le Dieu crucifié, victime de l’injustice est jugement contre toute injustice.

En Jésus, Dieu est donc là, avec nous, non seulement un jour du temps quand il a hurlé de douleur sur la croix, mais aussi de tout temps. Il crie sa douleur pour tout ce qui dans ce monde pourtant si beau, est défiguré par l’injustice et par l’absurde.

Il est là avec nous, sans mots, mais il est là. Il nous prend la main, il nous prend dans ses bras pour que, de la douleur, puisse naître peu à peu une détermination, une force pour combattre, une force pour vivre et faire vivre.

« Ayant aimé les siens, il les aima jusqu’à l’extrême ». Jn 13,1

Voilà la raison de la croix : un amour en excès. Une fidélité de Dieu qui va jusqu’au bout. Il va jusqu’au bout de la non-violence et ne répond pas par la violence à la violence. Il fait jusqu’au bout ce qu’il a toujours fait et dit.

Reculer devant la croix, cela aurait décrédibiliser toute sa vie, toutes ses paroles, toute sa Bonne Nouvelle.

Malheureusement, ce n’est pas cette lecture qui a dominé la réflexion chrétienne. Une lecture a même atteint le summum des fausses images de Dieu en présentant les souffrances et la mort du Christ comme le prix à payer pour que Dieu pardonne ! On peut légitimement s’indigner devant ce Père qui aurait besoin de la mort de son Fils pour nous pardonner.

Le théologien Juan louis Segundo le fait en écrivant : « Un Dieu d’amour n’est pas compatible avec un être qui peut être offensé au point de devoir sacrifier son Fils pour rester en paix avec soi-même et se réconcilier avec l’offenseur » [1]

Malheureusement c’est cette conception qui domine dans la liturgie de la messe, dans la liturgie des Heures pour ne citer que c’est deux lieux qui imprègnent tellement les mentalités.

[1] Juan louis Segundo Qu’est-ce qu’un dogme, Cerf CF n°169 p 507

La peinture est de He Qi

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27 janvier 2025 1 27 /01 /janvier /2025 16:27
Homélie de Sr Michèle pour méditer Lc 2. 22- 40 : Siméon, Marie et Anne. 2 février.

 

Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur,  selon ce qui est écrit dans la Loi : Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur. Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes. Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C’était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui. Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur. Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple. Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait,  Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant :  « Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole.  Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »  Le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qui était dit de lui.  Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction 35 – et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. »  Il y avait aussi une femme prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Elle était très avancée en âge ; après sept ans de mariage,  demeurée veuve, elle était arrivée à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. Survenant à cette heure même, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.  Lorsqu’ils eurent achevé tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth.  L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.

 

Avec ce récit du début de l’Evangile de Luc, posons 3 regards et osons un geste.

 

Regardons Syméon.

Qui est-il ? On ne sait rien de lui, on sait simplement qu’il s’est rendu au temple ce jour-là poussé par l’Esprit. Ce même Esprit lui avait fait comprendre qu’il verrait le Christ avant de mourir. Le texte nous dit enfin que l’Esprit reposait sur lui. Il est de ceux  et celles qui se livrent sans réserve à l’action de l’Esprit à tel point que cela inspire leur action (ici se rendre au temple), éclaire leur intelligence (ici savoir qu’il verrait le Christ), et lui a fait discerner dans ce bébé, le Christ promis. Il n’est pas prêtre, ce n’est pas lui qui va sacrifier les deux colombes apportées par ses parents. Le texte ne dit pas qu’il est prophète. C’est un croyant qui a laissé l’Esprit habiter sa vie.

Ce regard sur Syméon, peut nous aider à réfléchir sur la place de l’Esprit Saint dans notre vie. Est-il Quelqu’un pour moi, à qui je peux parler ? Comment inspire-t-il mon action et éclaire-t-il mon intelligence ?

 

Regardons Marie

Elle rencontre Syméon qui ce jour-là se rend au temple. Elle accepte que cet homme prenne Jésus dans ces bras. Le connait-elle ? Rien ne nous renseigne là-dessus. Regarder Marie qui n’a plus Jésus, dont les mains sont vides. Elle a accepté de donner Jésus. Mains vides pour que celles de Siméon soient pleines.

Regardons ce transfert des mains de Marie à celles de Syméon. Réalisons le don que fait Marie. Ce don qu’elle nous fait car Syméon, c’est chacun, chacune de nous. Elle nous donne son enfant.

 

Osons faire le même geste que Siméon :

prendre Jésus dans nos bras et dire en le regardant la même prière que Syméon :

"Maintenant, Souverain Maître, tu peux, selon ta parole, laisser ton serviteur s'en aller en paix ; car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples, lumière pour éclairer les nations et gloire de ton peuple Israël."

Laissons cette prière devenir la nôtre, la laisser descendre en nous.

 

Regardons Anne.

Le texte, pour elle, nous dit explicitement qu’elle est prophète. Regardons comment elle l’est. On nous dit son service de Dieu, sa prière, sa louange de Dieu, et son annonce du Christ « elle parlait de l'enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem » Anne est prophète et apôtre du Christ sans que le Christ l’ait envoyée explicitement, puisqu’il n’est qu’un enfant sans parole. La seule venue du Christ est Parole, sa seule présence est envoi.

Chacun, chacune de nous est Anne. Nous aussi nous sommes et prophètes et apôtres par le service, la prière, la louange, l’annonce du Christ. Prendre conscience davantage de cela. Quelle joie est la nôtre de découvrir et vivre cela ? Mais aussi peut-être quelle difficulté ? Parlons en à Dieu comme un ami parle à son ami.

 

Origine de l’image :

https://www.evangile-et-peinture.org/presentation-de-jesus-au-temple-a-2020/

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22 janvier 2025 3 22 /01 /janvier /2025 17:52
Homélie de Sr Michèle sur Luc 1, 1-4 et 14-21: le projet de Jésus

Luc 1/1-4

01 CHER THEOPHILE, dans mon premier livre, j’ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné, depuis le moment où il commença, 02 jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel, après avoir, par l’Esprit Saint, donné ses instructions aux Apôtres qu’il avait choisis. 03 C’est à eux qu’il s’est présenté vivant après sa Passion ; il leur en a donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur est apparu et leur a parlé du royaume de Dieu. 04 Au cours d’un repas qu’il prenait avec eux, il leur donna l’ordre de ne pas quitter Jérusalem, mais d’y attendre que s’accomplisse la promesse du Père. Il déclara : « Cette promesse, vous l’avez entendue de ma bouche :

Luc 4/14-21

14 Lorsque Jésus, dans la puissance de l’Esprit, revint en Galilée, sa renommée se répandit dans toute la région. 15 Il enseignait dans les synagogues, et tout le monde faisait son éloge. 16 Il vint à Nazareth, où il avait été élevé. Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture. 17 On lui remit le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit : 18 L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, 19 annoncer une année favorable accordée par le Seigneur. 20 Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. 21 Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. »

 

Chacun de nous est Théophile, c’est à dire aimant Dieu et aimé de Dieu. On peut aimer de façon différente selon les étapes de notre vie spirituelle. On peut aimer en cherchant Dieu et d’une certaine manière nous sommes toujours en recherche, des chercheurs-euses de Dieu, en quête de Son visage, quête qui sera seulement comblée quand nous le verrons face à face. Mais plus profondément encore nous sommes des Théophiles parce que Dieu, Lui, nous a trouvé-es, Il a mis Son image en nous et Il a fait de notre vie Sa demeure.

Il habite notre cœur, Il est chez Lui chez nous.

Notre contemplation, ce peut être une plus grande attention à ce mystère de la Présence de Dieu en nous.

«Il s’est présenté vivant après sa Passion ; il leur en a donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur est apparu et leur a parlé du royaume de Dieu»

Quelques versets qui reprennent l’ensemble du mystère du Christ. Il y a dans la foi des alternances de lumières et de nuits. Nuit de Noël, enfouissement de Dieu dans l’humble quotidien de Nazareth. Lumière de ce qu’il a fait et enseigné qui est source de notre attachement au Christ, source de notre séduction. Nuit de la Passion, de la mort. Lumière de la Résurrection et pendant 40jours, cette lente sortie de la peur. Il en faut du temps pour croire que Dieu est plus fort que nos morts. Jésus, pendant 40 jours accompagne celles et ceux qu’il aime pour les faire sortir de leurs tombeaux. Dans sa résurrection, c’est eux qu’il ressuscite ! Sa résurrection est pour nous et c’est la nôtre. Il les apprivoise peu à peu à la vie.

Notre contemplation, ce peut être d’accueillir ces nuits et ces lumières qui sont autant de manières de Dieu d’être présent à notre cœur. 

Nous avons ensuite avec ce texte le projet de Jésus. Il veut que nos vies individuelles et nos sociétés soient restructurées selon les valeurs du cœur de Dieu. Que la volonté de Dieu se fasse sur terre comme elle se fait dans le ciel. Un projet qui demande notre collaboration. Il s’agit de chercher le royaume, d’entrer dans un chemin de transformation des cœurs et des sociétés. « Donner une Bonne Nouvelle aux pauvres…libérer les captifs, libérer ceux qui sont écrasés ».

Pourquoi est-ce une Bonne Nouvelle ? Quel est le contenu de cette nouvelle, de cette nouveauté ? De cette libération ?

En quoi est-ce une contestation ?

Pour bien entendre ce texte, on peut le rapprocher d’un autre en Luc 6 /22-23 : « Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres ; et heureux celui pour qui je ne serai pas occasion de chute »

Jésus montre quel changement est déjà à l’œuvre. Il nous appelle et nous associe à Son œuvre pour qu’il y ait dans notre monde, moins de mensonge et plus de vérité (guérison d’aveugle) ; plus de liberté pour que chacun-e puisse marcher librement (boiteux) ; un accès à la santé le plus large possible ( lépreux) ; entendre que Dieu nous aime ( sourds) ; travailler à ce que la vie soit plus forte que tout , combattre toute injustice qui écrase les gens (résurrection). Jésus a commencé ce règne. Il a besoin de nous pour le continuer (Celui qui croit en moi, fera lui aussi les œuvres que je fais, il en fera même de plus grandes parce que je vais au Père Jn 14/12).

Pour cela, il faut d’abord se mettre dans la foule de celles et ceux qui ont besoin de guérison : ce qui est aveugle, boiteux, lépreux, sourd en soi. Et se laisser guérir par le Christ. Alors, nous pourrons transmettre la vie reçue de Lui, autour de nous.

 

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14 janvier 2025 2 14 /01 /janvier /2025 11:06
Les noces de Cana Jn 2,1-12: Christ, un vin meilleur en abondance pour toutes et tous.

01 Le troisième jour, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. 02 Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. 03 Or, on manqua de vin. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. » 04 Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » 05 Sa mère dit à ceux qui servaient : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » 06 Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures, (c’est-à-dire environ cent litres).

07 Jésus dit à ceux qui servaient : « Remplissez d’eau les jarres. » Et ils les remplirent jusqu’au bord. 08 Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent. 09 Et celui-ci goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau. Alors le maître du repas appelle le marié 10 et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. » 11 Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.

Jn 2,1-12

Pistes commentées

1-Il y eut des noces.

L’écriture symbolique de Jean nous autorise à voir qu’à travers ces noces humaines, ce sont les Noces de Dieu avec nous dont il est question. Noces où nous sommes épousé-es et épousons. Ignace de Loyola dans sa contemplation en vue de l’amour (ES n°230) est bien dans cette tonalité.  Il est question d’un aimé et d’un aimant en réciprocité de don où chacun donne et reçoit ce que l’on a et ce que l’on est. La relation à Dieu se dit ici avec l’image de noces. Joie de l’union à Dieu. Dieu comme une épouse, un époux. Chacun de nous comme épousé-e et épousant-e. Mais pour entrer dans cette réciprocité de partage et d’abandon confiant, il me faut creuser une question : qui est Dieu pour moi ? Pour que je puisse l’accepter, il faut de l’apprivoisement, du respect. Il faut Dieu à hauteur humaine : le Très-Bas qui se fait aussi le Tout-Petit, celui de la crèche, le Tout-Vulnérable. Oui, celui-là, je peux l’accueillir. Le très-Respectueux, celui de la brise légère, celui qui humblement frappe à ma porte. Celui qui me loue, me respecte, me sert pour que je puisse consentir à son amitié. Expérimenter que l’amour

de Dieu pour moi n’est pas dévorant. Ces noces, c’est une relation intime mais qui reste respectueuse de l’un et de l’autre.

Comment je me situe par rapport à cela ?

2-Il n’y avait plus de vin, le vin des noces était épuisé.

« Ils n’ont plus de vin » Dans nos vies, certains jours, certaines périodes, le vin vient à manquer. Comme dans un couple où il n’y a plus d’amour, d’espérance, de foi. On a épuisé ses réserves, ce que l’on avait organisé, planifié. Vide. Plus rien. Qu’est-ce qui manque ? Peut-être que ce qui vient à manquer, c’est le vin qu’on avait acheté de ses propres forces, de ses propres deniers. Vient le moment où cela est épuisé, où s’est épuisé. Que faire ? Consentir à ce manque. Demeurer là. Et s’ouvrir à la Grâce qui ne peut être qu’un don gratuit.

Ai-je fait l’expérience de cela ?

3-La réponse de Jésus du verset 4 et l’action de Marie au verset 5

« Mon heure n’est pas encore arrivée ». Voici la réponse de Jésus à Marie. Et ensuite il dit : « Remplissez d’eau ces jarres ». Que s’est-il passé entre ces 2 paroles ? On peut interpréter que Jésus a modifié sa décision. Il est passé d’un non à un oui. Peut-être parce qu’il a continué à écouter la parole de Marie, il s’est laissé rejoindre par cette information du manque. Cela l’a touché au point de le faire changer de décision : « Ils n’ont plus de vin » cette phrase a fait son chemin en lui.

Admirer l’écoute dont a fait preuve Jésus, une écoute qui l’a fait bouger.

4-Les serviteurs ne boivent pas le vin mais ils le servent.

Nous pouvons être comme ces serviteurs : servir le bon vin mais ne pas profiter de la joie du vin.  Ils ont cependant une joie qui leur est propre, celle d’être unis-es au Christ par une union de volonté en faisant ce qu’il dit de faire : Remplir-Puiser-Porter.

Contempler leur joie d’être au service de cette noce

5-Les convives n’ont rien su de ce manque et de sa résolution.

Les convives eux, ont joui du vin, c’est tout, ne connaissant pas sa provenance. Qui n’est pas dans le secret de ce vin ? Les mariés, le maître du repas, les convives, c'est-à-dire la majorité des gens. C’est le don d’un vin en abondance (600 litres X 6= 3600 l) dont on ne connaît pas la provenance. N’est-ce pas le cas de toutes celles et ceux qui ne connaissent pas le Christ ? Et pourtant, en ce récit, cela ne semble pas préoccuper Jésus : l’essentiel, c’est que le vin ne manque pas. Absolue gratuité du donateur, discrétion, humilité de Dieu. La joie de Dieu, c’est la joie des convives. Car leur bonheur est sa joie. Sans le savoir, ils sont unis à Dieu, ils le sont car ils communient à sa vie dans l’acte même de boire le vin qui vient de lui, dans l’acte même de vivre. Est-ce donc si nécessaire de connaître la provenance ? Non ce n’est pas nécessaire. Mais c’est précieux. Il n’est pas nécessaire de croire mais c’est un cadeau précieux. Ce vin, c’est le Christ lui-même dans la surabondance du don. Vin qui est son sang versé, livré pour nous, sang jailli de son cœur transpercé. « Si tu savais le don de Dieu » dira Jésus à la samaritaine. Je regarde la profusion du don et je l’accueille en mon cœur.

6-Le vin est meilleur. Pourquoi est-il meilleur ?

Parce qu’il opère un changement radical. Il fait passer d’une religion de purification, où l’on pose des conditions pour accéder à Dieu, fait d’effort humain, il fait passer de cela au vin meilleur de la pure grâce, de l’absolue proximité sans condition préalable.

Ce vin meilleur, comment l’ai-je déjà expérimenté ?

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19 novembre 2024 2 19 /11 /novembre /2024 11:52
Fête du Christ Roi? Un fête qu'on peut questionner.

Peut-être êtes-vous comme moi :

J’ai du mal à voir Jésus comme un roi !

D’ailleurs lui-même refuse ce titre en Jean 6,15

Après la multiplication des pains, se rendant compte qu’on veut s’emparer de lui pour le faire roi, il s’enfuit dans la montagne.

Donc un refus net de sa part !

Alors pourquoi avoir eu l’idée de cette fête du Christ-Roi ?

Elle a été créée en 1925 par le Pape Pie XI dans une encyclique Quas primas. Elle avait pour but de combattre l’athéisme, la laïcité et la sécularisation de la société. C’était une volonté de contrecarrer la perte du pouvoir de l’Eglise sur la société, un combat contre les évolutions du monde moderne.

La réforme liturgique de Vatican II a voulu se dégager de ces conceptions et a modifié profondément le sens de cette fête en la changeant de date et en la plaçant à la fin de l’année liturgique, en l’appelant autrement : fête du Christ-Roi de l’univers, pour montrer que c’est la création tout entière qui est appelée à entrer dans la plénitude de la Vie.

Il reste que ce titre de Roi continue d’être dangereux pour l’Evangile. Il est témoin de l’alliance du « trône et de l’autel » qui a tant défigurée la foi au Christ dans l’histoire de l’Eglise.

Si Jésus a refusé ce titre de roi, par contre il a souvent parlé du Royaume.

Mais quel était ce royaume pour lui ?

Un projet de vie selon le cœur de Dieu fait de service, d’accueil, d’égalité, de liberté, de sororité et de fraternité.

Un projet de vie à bâtir ensemble avec tout homme toute femme éprise d’humanité, croyant ou pas.

Un projet de vie que Jésus a vécu et qui est la raison de sa mort.

Un projet de vie à vivre à sa suite.Fête

Fête du Christ-Roi ?

Fête plutôt du projet de vie de Jésus !

A vivre au quotidien.

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5 novembre 2024 2 05 /11 /novembre /2024 16:40
Homélie du 32ème dimanche TO année B: L'obole de la veuve à un temple discrédité par Jésus.

En ce temps-là, dans son enseignement, Jésus disait aux foules : « Méfiez vous des scribes, qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat et qui aiment les salutations sur les places publiques, les sièges d’honneur dans les synagogues, et les places d’honneur dans les dîners. Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières : ils seront d’autant plus sévèrement jugés. »

Jésus s’était assis dans le Temple en face de la salle du trésor, et regardait comment la foule y mettait de l’argent. Beaucoup de riches y mettaient de grosses sommes. Une pauvre veuve s’avança et mit deux petites pièces de monnaie.  Jésus appela ses disciples et leur déclara : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »

Mc 12, 38-44

Commentaire

Il est bon que le découpage liturgique n’ait pas isolé le récit de l’obole de la veuve de ce qui précède. En effet il est question de veuve dans ces 2 textes.

Pour entrer dans l’intelligence de ce récit il faut d’abord comprendre ce qu’est une veuve dans le monde biblique et au temps de Jésus. Une veuve c’est d’abord une femme qui est toujours sous la domination d’un homme : un père pour une fille, un mari pour une épouse. Si elle est veuve, elle n’hérite pas de son mari.  Et doit pour survivre se remettre sous la dépendance de sa belle-famille ou de sa famille. La veuve est donc l’exemple même de quelqu’un sans autonomie et à la merci de tous ceux qui la voleront et sans vraiment la possibilité de se défendre. La Bible a essayé de remédier à cette situation par le précepte de la dime : « Lorsque tu auras achevé de prendre toute la dime de tes revenus…tu la donnera aux lévites, à l’immigré, à l’orphelin et à la veuve » Dt26,16. Les scribes dont Jésus dit de se méfier ne le font pas, ils s’enrichissent sur elles de diverses manières : en ne donnant pas cette dime, en demandant une rémunération aux veuves pour toutes démarches et lors de procès. Cette critique des scribes se retrouve aussi en Luc 11,42-48. Ce passage est donc une forte critique sociale et religieuse.

Devant cette situation d’injustice faite aux veuves, on peut se demander si la remarque de Jésus concernant l’offrande de cette femme est vraiment de l’admiration. Prendre sur son indigence, mettre tout ce qu’on possède, tout ce qu’on a pour vivre…pour quoi ? Pour enrichir qui ?  Pour un temple qui s’est transformé en « repaire de brigand » Mc 11,17. Pour un temple qui sera détruit et dont il ne « restera pas pierre sur pierre » Mc 13, 2. Ce passage se situe au milieu de ces déclarations de Jésus concernant le temple. Comme quoi c’est dans un tout un ensemble de textes que peut se faire une interprétation.

Admiration certes de la générosité d’une offrande mais désolation d’une offrande mal placée pour un temple qui n’est plus une maison de prière mais repaire de brigand et pour un Temple qui va être détruit. D’autant plus que comme veuve elle n’avait aucune obligation de le faire et cela pouvait être utilisé autrement pour sa vie, pour celles de ses enfants. De l’argent pour le Temple ? Il y a mieux à faire !

De ce point de vue, ce texte peut nous interroger sur nos interprétations trop faciles, trop immédiates sans lien avec le contexte.

Ce passage peut être aussi une réflexion sur les choix que nous faisons quand on donne de l’argent. Le don est légitime mais pas forcément le receveur.

On peut se demander pourquoi ce don au Temple a semblé légitime à tant de commentateurs de ce passage sans s’interroger sur sa légitimité…

Cela dit ce n’est pas l’interprétation qui est la plus répandue sauf ces derniers temps où on devient plus sensible aux conditions socio-économiques des personnages des Evangiles.

L‘interprétation la plus répandue c’est de voir Jésus admiratif du don de cette femme et faisant la différence entre le don du superflu et le don de l’indigence.

L’autre interprétation également courante, c’est que Jésus voit, dans le geste de cette femme qui donne tout ce qu’elle a pour vivre, le propre don qu’il va faire de sa vie par amour pour nous.

J’aime beaucoup cette phrase de nos amis juifs qui disent que le judaïsme n’est pas une religion du livre mais de l’interprétation du livre. Faisons comme eux par une pluralité de lectures.

Pistes de méditation

1ère piste :

Regardons Jésus, son attention à ce qui se passe autour de lui. Son regard ne juge pas selon les apparences et déplore ces comportements d’orgueil et d’hypocrisie des scribes. Il ne se laisse pas éblouir par ce qui fait du bruit et sait voir ce dont personne ne fait attention, une femme dans un coin dont la pièce donnée n’a pas dû faire le moindre bruit.

Regarder Jésus et m’emplir les yeux de son regard.

2ème piste :

Le comportement des scribes est l’inverse du comportement de Jésus, doux et humble de cœur, qui choisit la dernière place, qui fait ce qu’il dit et dit ce qu’il fait.

Sentir la tristesse de Jésus devant ces comportements si diamétralement opposé à ce qu’il est

Sentir cette tristesse et la laisser me rejoindre

3ème piste

« Tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre » Interpréter cette phrase comme le geste même de Jésus : Il a donné tout ce qu’il possédait, tout ce qu’il avait pour vivre.

Sa vie. Mais pourquoi ? Pour qui ?

Entendre ces deux questions et y répondre

Vous pouvez retrouver cette peinture sur le site :www.evangile-et-peinture.org  

Et sur le site de la peintre : www.bernalopez.org

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11 mai 2024 6 11 /05 /mai /2024 17:37

29 Aussitôt sortis de la synagogue, ils allèrent, avec Jacques et Jean, dans la maison de Simon et d’André. 30 Or, la belle-mère de Simon était au lit, elle avait de la fièvre. Aussitôt, on parla à Jésus de la malade. 31 Jésus s’approcha, la saisit par la main et la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait. 32 Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons. 33 La ville entière se pressait à la porte. 34 Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons ; il empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était. 35 Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait. 36 Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche. 37 Ils le trouvent et lui disent : « Tout le monde te cherche. » 38 Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. » 39 Et il parcourut toute la Galilée, proclamant l’Évangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons.

Mc 1,29,39

 

Au tout début de l’évangile selon St Marc, l’évangéliste, nous raconte, on pourrait dire son quotidien ordinaire. Jésus se rend à la synagogue, il est invité dans une maison, celle de Simon et d’André, les 2 frères qu’il a appelé au bord du lac. Une maison où vivent sûrement plusieurs générations : des couples, des enfants, des grands-parents. Cette maison deviendra sa maison à chaque fois qu’il reviendra à Capharnaüm car ce sera pour lui un lieu de paix et d’amitié. C’est bon pour nous de regarder cela car cela nous montre Jésus qui a vécu des choses comme nous, un quotidien comme le nôtre et qui comme nous a eu besoin de lieu d’amitié familiale, fraternelle et sororelle. C’est bon aussi car cela nous invite aussi à ne pas chercher Jésus ailleurs que dans notre quotidien car c’est là qu’il est présent.

Ensuite Marc raconte comment Jésus dans cette maison a eu le souci d’une femme qui était malade et alitée. Arrêtons-nous aux gestes qu’il fait pour elle : il s’approche, c’est-à-dire se fait proche, il l’aide à se lever en la prenant par la main. Goutons la délicatesse de ces gestes et prenons conscience de la symbolique de ces gestes. A travers cette femme, c’est toutes les femmes du monde qu’il rejoint et son refus qu’elles soit comme mortes, « étendues ». Il les veut debout, vivantes, agissantes. Ici pour le service des repas, mais ce sera aussi pour le service de la Parole, de l’évangélisation, de l’annonce de la résurrection comme d’autres femmes de l’Evangile le feront.

Comme cette femme qui s’est mise au service, Jésus aussi se met au service de tous ces gens qui lui apportent leurs maladies. Il est contagieux de santé psychique et spirituelle, c’est pourquoi il peut guérir.

Enfin, le lendemain, on le voit levé avant le jour pour un temps de solitude. Comme c’est précieux pour nous aussi de regarder cela. Il nous est bon de voir l’homme Jésus prier. Il s’autorise des moments de solitude, des moments à lui, pour se « retrouver », pour se « recentrer », pour ouvrir un espace de réflexion, de contemplation. C’est un besoin, c’est un droit, c’est une nécessité vitale pour lui…pour nous. Et il nous est donné comme le fruit de sa contemplation, sa décision. Il va décider d’aller ailleurs, d’élargir le champ de sa vie. Et pour cela partir de Capharnaüm et parcourir la Galilée. C’est le début d’un décloisonnement qui, avec la Pentecôte, ira jusqu’au monde entier. Ici Jésus pose les premières bases d’une sortie de tout particularisme ethnique, clanique, nationaliste.  Faisons comme lui.

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25 mai 2023 4 25 /05 /mai /2023 15:52

« Rentrés en ville ils montèrent à la chambre haute où ils se tenaient habituellement »

Après l’Ascension, voilà ce que firent les disciples de Jésus. Je nous invite à faire comme eux, de monter à la chambre haute et de les regarder. Il nous est bon de regarder cela : ils sont ensemble. C’est une décision qu’ils ont prise, ne pas se séparer et faire communauté.

Une décision par ce que Jésus le leur a demandé mais une décision qui est bien aussi la leur.

Je vous invite à regarder cela parce que cette décision elle est aussi la nôtre à chaque fois que nous faisons des choix de communauté, le choix ne pas rester seul le choix de rejoindre des sœurs et frères quelques soit notre vocation.

Les récits de ce jour nous redisent donc de manière fort la dimension communautaire de notre foi.

Ils sont ensemble…mais que font-ils ?

J’ai envie de répondre qu’ils font une retraite comme nous à certains moments. Il me semble qu’on peut les imaginer se souvenant de tout ce que Jésus avait fait et enseigné comme nous le dit le début des Actes.

Et nous quand nous faisons retraite nous ouvrons le livre de leur mémoire, nous ouvrons l’Evangile pour que les paroles et les actes de Jésus irriguent notre vie, pour que ses yeux deviennent nos yeux, ses mains deviennent nos mains, son cœur devienne notre cœur…

On nous dit qu’ils sont dans l’attente de l’Esprit Saint.

Comme nous à chaque foisque nous ouvrons notre cœur pour laisser l’sprit Saint éclairer nos choix

Ils sont ensemble…mais combien sont-ils ?

Le texte nous dit les apôtres, des femmes, des frères et Marie

Et nous avons même dans ce texte une statistique : au verset 15 , on nous parle de 120 personnes présentes à l’élection de Matthias.

Ça fait beaucoup de monde dans cette chambre haute !

Et il y a Marie.

Et permettez-moi de ne pas la voir silencieuse.

 Marie déjà remplie de l’Esprit depuis l’Annonciation, permettez-moi de la voir aussi enseignant aux disciples les chemins de la foi, l’accès nouveau à Dieu inauguré par son Fils, le royaume de partage et de justice inauguré par lui et qu’elle avait déjà si bien chanté dans son magnificat.

Permettez-moi de l’entendre nous inviter à le contempler pour que nous devenions d’autres Christs

 

Avec cette fête de Notre Dame du Cénacle nous sommes donc au début de ces10 jours jusqu’à la Pentecôte. 10 jours comme un entrainement

à vivre davantage la dimension communautaire de notre fois,

à vivre davantage à l’écoute de l’Esprit,

et à prendre Marie comme maitresse  pour mieux aimer et suivre Jésus.

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4 avril 2023 2 04 /04 /avril /2023 19:17

Pour ce jeudi de la Semaine Sainte nous sommes invités à regarder un geste que Jésus pose avant d’être arrêté et d’être tué.

Au cours d’un repas avec ses disciples, son dernier repas,

il se lève de table, se mets à genoux devant ses disciples et leur lave les pieds. Quel est le sens de ce geste ?

Pourquoi fait-il cela ?

La réponse à cette question est affaire de regard, de contemplation. Regarder ce qu’il fait, écouter ce qu’il dit.  

Le regarder et s’imprégner de lui. S’imprégner de sa manière d’aimer et nous laisser aimer par lui pour ensuite aimer sa manière.

Jésus ne commence pas par parler mais il agit. Alors imprimons en notre cœur chacun de ces gestes :

Il se lève de table ; Il quitte son manteau ; Il met un linge autour de sa taille ; Il verse de l’eau dans un bassin

Il se met à genoux ; Il lave des pieds ; Il est le Maitre, il est Seigneur ; Il est visibilité de Dieu et il est à genoux en serviteur.

Prenons conscience de l’inouï de ce geste : Cela bouleverse nos idées sur Dieu.

Dieu n’est plus en haut, il est en bas, en humble place. Une révolution spirituelle !

Chacun-e de nous peut entrer dans cette scène, se mettre à table avec les disciples.

Jésus s’approche de chacun-e de nous ; Il se met à genoux devant nous. Il nous lave les pieds.

Comment je réagis à cela, à ce Dieu à genoux devant moi ? Refuser comme Pierre tout d’abord ?

Accepter ensuite ? Si j’accepte que Jésus me lave les pieds, j’accepte que Dieu m’aime, que Dieu prenne soin de moi, j’accepte de me laisser aimer par lui. Mais cela m’engage au même geste pour les autres.

La raison de son geste nous est donnée aussi au début du récit

« Sachant que l'heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'au bout »

Jésus donne sa vie jusqu’au bout, jusqu’à l’extrême de la croix. Il en donne le sens par ce geste du lavement des pieds.

Entendons son appel à le suivre : servir à sa manière.

 

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1 avril 2023 6 01 /04 /avril /2023 17:16

https://www.youtube.com/watch?v=nDiSdYMXCBQ

En ce dimanche des Rameaux nous lisons le récit de la mort de Jésus.

Cette année dans l’Evangile de Matthieu chapitre 26 et 27.

Ce récit de la passion reste d’une actualité brulante et de tous les temps.

 

Un homme est arrêté, jugé, condamné, exécuté et de plus il est innocent !

Victime de l’injustice comme l’ont été et le sont encore tant de gens.

Il est l’innocent à qui tous les bourreaux font violence.

Entendre, lire ce récit c’est donc une plongée dans le monde de la violence et de l’injustice des pouvoirs politiques, religieux, claniques, qui continuent de sévir.

Ecouter la passion c’est écouter, regarder le sort de tant de femmes et d’hommes en ce moment.

C’est donc un récit dangereux pour tout pouvoir qui s’arroge le droit de tuer car ce récit est une dénonciation en montrant que Dieu est du côté de ceux qui souffrent.

Le Dieu crucifié, victime de l’injustice est jugement contre toute injustice.

En Jésus, Dieu est donc là, avec nous, non seulement un jour du temps quand il a hurlé de douleur sur la croix, mais aussi de tout temps.

Il crie sa douleur pour tout ce qui dans ce monde pourtant si beau, est défiguré par l’injustice et par l’absurde.

Il est là avec nous, sans mots, mais il est là.

Il nous prend la main, il nous prend dans ses bras pour que, de la douleur, puisse naître peu à peu une détermination, une force pour combattre, une force pour vivre et faire vivre.

« Ayant aimé les siens, il les aima jusqu’à l’extrême ».

Voilà la raison de la croix : un amour en excès.

Une fidélité de Dieu qui va jusqu’au bout.

Il va jusqu’au bout de la non-violence et ne répond pas par la violence à la violence.

Il fait jusqu’au bout ce qu’il a toujours fait et dit.

Reculer devant la croix, cela aurait décrédibiliser tout l‘Evangile. 

Malheureusement, ce n’est pas cette lecture qui a dominé la réflexion chrétienne. Et cette lecture a même atteint le summum des fausses images de Dieu en présentant les souffrances et la mort du Christ comme le prix à payer pour que Dieu pardonne !

On peut légitimement s’indigner devant ce Père qui aurait besoin de la mort de son Fils pour nous pardonner.

« Un Dieu d’amour n’est pas compatible avec un être qui peut être offensé au point de devoir sacrifier son Fils pour rester en paix avec soi-même et se réconcilier avec l’offenseur » Juan louis Segundo [1] 

[1] Juan louis Segundo Qu’est-ce qu’un dogme, Cerf CF n°169 p 507

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