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14 juillet 2025 1 14 /07 /juillet /2025 15:13

Dans l’Evangile de Luc au chapitre 10 verset 38 à 42

[38] Comme ils faisaient route, il entra dans un village, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison.

[39] Celle-ci avait une sœur appelée Marie, qui, s'étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole.

[40] Marthe, elle, était absorbée par les multiples soins du service. Intervenant, elle dit : "Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur me laisse servir toute seule ? Dis-lui donc de m'aider."

[41] Mais le Seigneur lui répondit : "Marthe, Marthe, tu te soucies et t'agites pour beaucoup de choses ;

[42] pourtant il en faut peu, une seule même. C'est Marie qui a choisi la meilleure part ; elle ne lui sera pas enlevée."

 

Cet épisode de Marthe et Marie a été « lu » comme symbolique de la vie contemplative (Marie) et de la vie active (Marthe). C’était une lecture justificatrice de la supériorité de l’une sur l’autre.  C’est un bon exemple d’interprétation qui se fourvoie faute de connaissance du contexte historique mais aussi d’aveuglement plus ou moins conscient qui favorise des intérêts.  Comment se fait-il que la situation scandaleuse décrite dans ce texte, pour la société où vivait Jésus n’a pas été perçu ? Le scandale, c’est qu’une femme  ne peut pas être disciple d’un maître, un rabbi. Etre assise au pied d’un maitre et l’écouter,  est la position du disciple. Marie la prend et Jésus approuve son choix qui est une transgression du rôle dévolu aux femmes. La meilleure part est donc, pour les femmes, d’être disciple, une part à laquelle Jésus les autorise, les appelle, auquel il leur reconnaît le droit d’aspirer. Il ne s’agit donc pas dans ce texte d’opposer l’écoute de Jésus au service de la maison. C’est un texte fort pour dire que les femmes de la même manière que les hommes, peuvent être disciples. Jésus prend position ainsi contre les discriminations dont étaient victimes les femmes sur ce point à son époque.

Contemplons donc cette scène en nous attachant à cette relation étonnante entre Jésus et Marie.

Regardons Jésus. Comprenons que le désir de Son cœur, c’est qu’on prête attention à ce qu’Il dit, qu’on L’écoute. C’est cela dont Il a besoin, dont Il a soif.

Regardons Marie qui Lui offre ce que désire Son cœur. Elle lui offre un cœur qui écoute « elle restait à écouter Sa parole ». Regardons-la désirant cette place de disciple que seul Jésus à l’audace de lui accorder. Regardons-la briser les limites qu’on lui impose.

Laissons-nous étonner par la transgression qu’Il opère, similaire à tant d’autres qu’Il a accomplies pour faire éclater tout ce qui limite, tout ce qui enferme, tout ce qui exclut.

 

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6 mai 2025 2 06 /05 /mai /2025 11:08
Homélie de Sr Michèle pour un mariage

C’était le mariage du fils de ma nièce. Il m’avait demandé de commenter la première lecture de la célébration de son mariage. Voici le passage du livre de Michée qu’ils avaient choisi et le commentaire que j’ai donné.

 

Texte du livre de Michée. Traduction de l’hébreu en français dans la traduction de la Bible de Jérusalem. Edition Desclée de Brouwer

« Avec quoi me présenterai-je devant le Seigneur, me prosternerai-je devant le Dieu de là-haut ? Me présenterai-je avec des holocaustes, des veaux d’un an ? Prendra-t-il plaisir à des milliers de béliers, à des libations d’huile par torrents ? Faudra-t-il que j’offre mon ainé pour prix de mon forfait, le fruit de mes entrailles pour mon propre péché ?

 

On t’a fait savoir, homme, ce qui est bien, ce que Dieu réclame de toi :

Rien d’autre que d’accomplir la justice,

d’aimer avec tendresse

et de marcher humblement avec ton Dieu »

Bible, livre de Michée chapitre 6 verset 6 à 8

 

Homélie de Sr Michèle

Nous venons d’entendre quelques lignes d’un livre de la Bible. Un livre parmi les 73 livres qui constituent la Bible car la Bible n’est pas un livre mais une bibliothèque de livres, 73 mis ensemble. Parmi ces 73, il y a ce petit livre qui compte 7 chapitres

Qui est Michée ? C’ est un homme qui a vécu 7 siècles avant le Christ. Qu’est-ce qu’on découvre dans ce livre ? On découvre un homme épris de justice et qui pour cela dénonce les injustices de son temps, la violence des riches, la corruption, l’oppression des faibles…Rien de nouveau sous le soleil, n’est-ce pas ? Ça rejoint plein de situations d’aujourd’hui qui sont les nôtres et celles de tous les temps. J’aime bien ce livre de Michée car il montre bien que ces livres bibliques ne sont pas hors-sol mais nous parlent dans l’aujourd’hui de nos sociétés et de nos vies.

C’est aussi quelqu’un , et c’est la deuxième thématique de son livre, quelqu’un qui a compris qu’on peut se faire de fausses images de Dieu et qu’on peut reconnaitre ces fausses images si on se rend compte qu’elles pourrissent la vie , qu’elles exigent de choses impossibles et inhumaines. C’est le sens du début du chapitre 6 où il dit que ce dieu-là , il le refuse.

Puis vient le texte que je viens de lire où il dit le Dieu auquel il croit.

Le Dieu auquel il croit se dit sous la forme d’ un appel.

Oui Dieu comme un appel

Un triple appel

*un appel à aimer avec tendresse

*un appel à accomplir la justice

*un appel à marcher avec lui comme un ami marche avec son ami.

 

Alors premier appel : Rien d’autre que d’aimer avec tendresse

Ça c’est fabuleux, car c’est un appel qui concerne tout le monde. C’est un appel qui est universel. C’est pour chacun, chacune et ce n’est pas une question de foi ou de non-foi, de croyant ou d’incroyant, de religion ou pas.

C’est pour toutes et tous : aimer avec tendresse.

Cela rejoint une phrase que j’aime particulièrement qu’on trouve dans un autre livre de la Bible qui est la première lettre de Jean. L’auteur déclare : « quiconque aime est né de Dieu et connait Dieu » 1Jn4, 7 . Donc si on aime on est né de Dieu. Si on aime on connait Dieu.

Cela suffit. Rien d’autre n’est nécessaire.

Et c’est ce petit morceau de phrase qui est étonnant : rien d’autre.

Cela signifie qu’il y de l’essentiel à ne pas louper, de l’essentiel à privilégier, de l’essentiel à sauvegarder et de ne pas se laisser absorber par ce qui n’est pas l’essentiel.

Rien d’autre que d’aimer avec tendresse.

Et cela passe par le plus quotidien du quotidien, par les plus petites choses qui sont en fait des grandes choses : par exemple, vraiment écouter quelqu’un, s’intéresser à l’autre, jouer avec ses enfants, donner le biberon à Jeanne et changer sa couche!  Comme j’ai vu il n’y a pas longtemps chez Clara et Rob !

Se donner des moments de qualité pour son couple, partager les tâches du quotidien, faire la cuisine, mettre la table, réfléchir au cadeau qu’on va faire, faire tout simplement le travail qui est le sien, et aussi prendre soin de soi car il s’agit aussi de s’aimer avec tendresse…la liste est infinie , à chacun et chacune de la compléter. C’est le regard qu’on pose sur ce quotidien qui change tout. En tout cela c’est aimer avec tendresse. Rien d’autre.

 

2ème appel : Rien d’autre que d’accomplir la justice.

Là aussi nous sommes dans l’universel d’un essentiel qui peut parler à tout le monde car cela touche à nos engagements dans la société. Michée je vous l’ai précisé au début s’est battu contre les injustices de son temps.

Rien d’autre que d’accomplir la justice, cela nous invite à ne pas nous résigner devant l’inacceptable, à nous opposer aux dominations en tout genre. Là aussi un lieu essentiel à privilégier et qui donne là aussi du sens à nos vies.

Ces deux appels en bref, ce n’est rien d’autre que ce qui peut rendre profondément heureux, en soi et pour soi, autour de soi et de gouter chaque jour de sa vie comme un cadeau inouï.

 

Et j’ajouterai bien ce troisième « rien d’autre » de Michèle car Michée ou Michèle c’est la même racine en hébreu !

Rien d’autre oui de gouter la vie comme un cadeau, gouter tout ce qui est donné, non comme un dû mais comme un cadeau, les choses du quotidien qui sont belles et bonnes, les plus petites surtout, ne pas s’y habituer rester dans l’étonnement par exemple de la présence de l’autre, d’avoir une habitation, de pouvoir prendre une douche, d’avoir des amis…là aussi je vous laisse continuer la liste.

 

Chère Hélène, cher Hugo, donc :

Aimez avec tendresse

Accomplissez la justice.

Goutez la vie comme un cadeau

Rien d’autre

Pour marcher avec Dieu comme des amis avec un ami.

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26 avril 2025 6 26 /04 /avril /2025 17:28
Homélie du 2ème dimanche de Pâques: Jn 20,19-29

Dans l’évangile de Jean au chapitre 20 verset 19 à 28

Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. » Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! » Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! » Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. » Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.

 

Les évangiles ne sont pas faits pour être lu seulement mais pour qu’on y entre ! Y entrer et être là à regarder, écouter pour qu’ils nous communiquent la vie de Jésus.

Alors regardons et écoutons.

Regardons le lieu. Les disciples sont à l’intérieur d’une maison qu’ils ont verrouillée. Un lieu clos.

Et c’est la peur qui les a fait s’enfermer. On peut comprendre ! Disciples d’un condamné à mort, ils appartiennent au camp de la défaite, au parti de la défaite. En fait, ils sont comme leur maître : enfermés dans un tombeau.

Soyons avec eux dans ce lieu : lieu de la déception après tant d’espoir suscité par l’action de Jésus quand ils le suivaient , lieu de tristesse après tant de joie que sa parole avait éveillé en eux, lieu de la nuit après tant de lumière que sa présence leur donnait, lieu de mort après tant de vie qu’il donnait à qui le rencontrait !

Les rejoindre dans ce lieu là. Pourquoi ?

Parce que ce lieu c’est aussi le nôtre : notre vie aussi est traversée par des déceptions, des tristesses, des nuits, des morts.

Si nous consentons à les rejoindre dans le lieu là, ce texte va nous concerner, ce texte va pouvoir nous parler.

Il va nous dire que Jésus aujourd’hui vient nous rejoindre nous aussi.

Nous allons pouvoir accueillir la phrase étonnante : « Jésus vint et se tint au milieu d’eux ».

Cette bonne nouvelle va nous être dite à nous : Jésus nous rejoint au cœur même de ce qui peut faire mal dans notre vie, et aucun verrou au monde ne peut l’empêcher de nous rejoindre.

Même ceux que je me suis mis moi-même.

Mais pour cela, il vous sera nécessaire d’oser nommer ce qui en vous relève de la déception, de la tristesse, de la nuit, de la mort dans votre vie pour pouvoir ensuite regarder, étonné, ébloui, Jésus venir et se tenir là pour vous assurer de sa présence, et vous adresser sa parole de paix :

« Paix à vous », parole 3 fois dites dans ce passage.

Ecoutons une autre parole toute aussi étonnante :« Moi je vous envoie recevez l’Esprit Saint, remettez les péchés »

Ces paroles du Christ, s’adressent aux disciples, donc à chacun de nous.

Nous aussi sommes envoyés, recevant la force de l’Esprit Saint pour être signe du pardon offert.

Souvent, nous ne prenons pas assez au sérieux ce que nous dit Jésus, nous nous protégeons de ses paroles en nous disant : ce n’est pas à nous qu’il s’adresse.

Baptisés, donc disciples nous sommes envoyés :

Accueillons cet envoi en mission, c’est constitutif de notre être baptismal.

L’Esprit nous a été donné au baptême et à la confirmation.

Il nous a fait prêtre, prophète et roi.

-Roi pour gérer notre vie dans le sens de la justice, et ouvrer à un monde selon le cœur de Dieu

-Prêtre pour être des célébrants de son amour, devant lui pour le louer

-Prophète pour écouter sa parole et pouvoir en témoigner par nos actes et nos paroles

-Envoyés pour dire la miséricorde.

Ces mots de Jésus aux disciples sont donc pour nous.

Ecoutons une autre parole : « Nous avons vu le Seigneur » et mesurons l’extraordinaire de la joie des disciples : le vaincu, le rejeté, le condamné, le crucifié mort sur la croix, il est vivant et on l’a vu vivant.

La lumière après la nuit, la joie après la douleur.

Pesons ce poids de joie des disciples.

Pesons la force de cette joie, qui seule explique la force de leur témoignage, la transformation que cela va opérer en eux et qui ira jusqu'à donner leur vie pour témoigner de lui.

Cela voulait dire pour eux que tout dans la vie de Jésus est véridique, que tout est digne de foi.

Dieu a donné raison au crucifié contre ceux qui en avait fait un paria, un blasphémateur.

Notre foi repose sur leur témoignage.

Ils ont vu c’est pourquoi ils ont parlé.

Ce « voir » des disciples n’est pas le nôtre. Et pourtant, nous aussi d’une autre manière il nous est donné de voir ! Comment ? Une question que je laisse à votre réflexio priante !

Regardons Thomas.

Patron des douteurs dit-on, un modèle pour nous qui pouvons vivre le doute lancinant mais surtout le modèle positif de ceux qui veulent bâtir leur foi sur une expérience personnelle et non sur une rumeur.

Ecoutons une autre parole de Jésus

« Porte ton doigt ici : voici mes mains. Avance ta main et mets-la dans mon côté »

Entendre ces paroles de Jésus à Thomas. Elles sont l’exacte réponse à sa demande : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous…si je ne mets pas ma main à son côté… »

Prenons conscience de la délicatesse de Jésus : Jésus approuve Thomas dans son désir de toucher et de voir, il le rejoint au cœur de son incrédulité, comme il nous rejoint aussi là où nous sommes et comme nous sommes.

Regardons avec les yeux de la foi ce corps glorieux de Jésus, ce corps ressuscité qui porte à jamais et pour l’éternité les marques de sa passion.

Dans la foi, nous pouvons faire le même geste que Thomas et déposer en ses blessures, nos blessures, tristesses, déceptions, peurs, nuits…

Ecoutons la béatitude que Jésus exprime :

« Heureux ceux qui croiront sans avoir vu »

Il parle de nous.

Goûtons là encore la délicatesse de Jésus. Il pense à nous qui ne sommes pas les témoins directs, et qui croient sur le témoignage des disciples. Joie de croire.

Laissons-nous aller à cette joie

Ecoutons le cri de Thomas « Mon Seigneur et mon Dieu »

Un cri qu’on peut avoir après tant de nuit. Il est le seul à le pousser. Heureuse nuit qui lui a valu un tel cri de joie et de foi. Ce cri, on peut le faire nôtre pour laisser descendre en nous la réalité qu’elle signifie : « Mon Seigneur et mon Dieu »

 

Peinture de : evangiel-et-peinture.org 

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9 avril 2025 3 09 /04 /avril /2025 15:16
Evangile des Rameaux : la dénonciation de l'injustice.

Evangile des Rameaux : la dénonciation d’une injustice

 

Le dimanche des Rameaux nous nous remet devant ce récit de la mort de Jésus. Cette année, nous le lisons dans l’Evangile de Luc chapitre 26 et 23.

Ces récits de la passion dans les Evangiles restent d’une actualité brulante et de tous les temps.

Un homme est arrêté, jugé, condamné, exécuté et de plus il est innocent !

Victime de l’injustice comme l’ont été et le sont encore tant de gens. Il est l’innocent à qui tous les bourreaux font violence.

Entendre, lire ce récit c’est donc une plongée dans le monde de la violence et de l’injustice des pouvoirs politiques, religieux, claniques, qui continuent de sévir.

Ecouter la passion c’est écouter, regarder le sort de tant de femmes et d’hommes en ce moment.

C’est donc un récit dangereux pour tout pouvoir qui s’arroge le droit de tuer car ce récit est une dénonciation en montrant que Dieu est du côté de ceux qui souffrent.

Le Dieu crucifié, victime de l’injustice est jugement contre toute injustice.

En Jésus, Dieu est donc là, avec nous, non seulement un jour du temps quand il a hurlé de douleur sur la croix, mais aussi de tout temps. Il crie sa douleur pour tout ce qui dans ce monde pourtant si beau, est défiguré par l’injustice et par l’absurde.

Il est là avec nous, sans mots, mais il est là. Il nous prend la main, il nous prend dans ses bras pour que, de la douleur, puisse naître peu à peu une détermination, une force pour combattre, une force pour vivre et faire vivre.

« Ayant aimé les siens, il les aima jusqu’à l’extrême ». Jn 13,1

Voilà la raison de la croix : un amour en excès. Une fidélité de Dieu qui va jusqu’au bout. Il va jusqu’au bout de la non-violence et ne répond pas par la violence à la violence. Il fait jusqu’au bout ce qu’il a toujours fait et dit.

Reculer devant la croix, cela aurait décrédibiliser toute sa vie, toutes ses paroles, toute sa Bonne Nouvelle.

Malheureusement, ce n’est pas cette lecture qui a dominé la réflexion chrétienne. Une lecture a même atteint le summum des fausses images de Dieu en présentant les souffrances et la mort du Christ comme le prix à payer pour que Dieu pardonne ! On peut légitimement s’indigner devant ce Père qui aurait besoin de la mort de son Fils pour nous pardonner.

Le théologien Juan louis Segundo le fait en écrivant : « Un Dieu d’amour n’est pas compatible avec un être qui peut être offensé au point de devoir sacrifier son Fils pour rester en paix avec soi-même et se réconcilier avec l’offenseur » [1]

Malheureusement c’est cette conception qui domine dans la liturgie de la messe, dans la liturgie des Heures pour ne citer que c’est deux lieux qui imprègnent tellement les mentalités.

[1] Juan louis Segundo Qu’est-ce qu’un dogme, Cerf CF n°169 p 507

La peinture est de He Qi

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27 janvier 2025 1 27 /01 /janvier /2025 16:27
Homélie de Sr Michèle pour méditer Lc 2. 22- 40 : Siméon, Marie et Anne. 2 février.

 

Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse pour la purification, les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur,  selon ce qui est écrit dans la Loi : Tout premier-né de sexe masculin sera consacré au Seigneur. Ils venaient aussi offrir le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur : un couple de tourterelles ou deux petites colombes. Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon. C’était un homme juste et religieux, qui attendait la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui. Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur. Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple. Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait,  Syméon reçut l’enfant dans ses bras, et il bénit Dieu en disant :  « Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole.  Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »  Le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qui était dit de lui.  Syméon les bénit, puis il dit à Marie sa mère : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction 35 – et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. »  Il y avait aussi une femme prophète, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Elle était très avancée en âge ; après sept ans de mariage,  demeurée veuve, elle était arrivée à l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s’éloignait pas du Temple, servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. Survenant à cette heure même, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.  Lorsqu’ils eurent achevé tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth.  L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse, et la grâce de Dieu était sur lui.

 

Avec ce récit du début de l’Evangile de Luc, posons 3 regards et osons un geste.

 

Regardons Syméon.

Qui est-il ? On ne sait rien de lui, on sait simplement qu’il s’est rendu au temple ce jour-là poussé par l’Esprit. Ce même Esprit lui avait fait comprendre qu’il verrait le Christ avant de mourir. Le texte nous dit enfin que l’Esprit reposait sur lui. Il est de ceux  et celles qui se livrent sans réserve à l’action de l’Esprit à tel point que cela inspire leur action (ici se rendre au temple), éclaire leur intelligence (ici savoir qu’il verrait le Christ), et lui a fait discerner dans ce bébé, le Christ promis. Il n’est pas prêtre, ce n’est pas lui qui va sacrifier les deux colombes apportées par ses parents. Le texte ne dit pas qu’il est prophète. C’est un croyant qui a laissé l’Esprit habiter sa vie.

Ce regard sur Syméon, peut nous aider à réfléchir sur la place de l’Esprit Saint dans notre vie. Est-il Quelqu’un pour moi, à qui je peux parler ? Comment inspire-t-il mon action et éclaire-t-il mon intelligence ?

 

Regardons Marie

Elle rencontre Syméon qui ce jour-là se rend au temple. Elle accepte que cet homme prenne Jésus dans ces bras. Le connait-elle ? Rien ne nous renseigne là-dessus. Regarder Marie qui n’a plus Jésus, dont les mains sont vides. Elle a accepté de donner Jésus. Mains vides pour que celles de Siméon soient pleines.

Regardons ce transfert des mains de Marie à celles de Syméon. Réalisons le don que fait Marie. Ce don qu’elle nous fait car Syméon, c’est chacun, chacune de nous. Elle nous donne son enfant.

 

Osons faire le même geste que Siméon :

prendre Jésus dans nos bras et dire en le regardant la même prière que Syméon :

"Maintenant, Souverain Maître, tu peux, selon ta parole, laisser ton serviteur s'en aller en paix ; car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples, lumière pour éclairer les nations et gloire de ton peuple Israël."

Laissons cette prière devenir la nôtre, la laisser descendre en nous.

 

Regardons Anne.

Le texte, pour elle, nous dit explicitement qu’elle est prophète. Regardons comment elle l’est. On nous dit son service de Dieu, sa prière, sa louange de Dieu, et son annonce du Christ « elle parlait de l'enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem » Anne est prophète et apôtre du Christ sans que le Christ l’ait envoyée explicitement, puisqu’il n’est qu’un enfant sans parole. La seule venue du Christ est Parole, sa seule présence est envoi.

Chacun, chacune de nous est Anne. Nous aussi nous sommes et prophètes et apôtres par le service, la prière, la louange, l’annonce du Christ. Prendre conscience davantage de cela. Quelle joie est la nôtre de découvrir et vivre cela ? Mais aussi peut-être quelle difficulté ? Parlons en à Dieu comme un ami parle à son ami.

 

Origine de l’image :

https://www.evangile-et-peinture.org/presentation-de-jesus-au-temple-a-2020/

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22 janvier 2025 3 22 /01 /janvier /2025 17:52
Homélie de Sr Michèle sur Luc 1, 1-4 et 14-21: le projet de Jésus

Luc 1/1-4

01 CHER THEOPHILE, dans mon premier livre, j’ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné, depuis le moment où il commença, 02 jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel, après avoir, par l’Esprit Saint, donné ses instructions aux Apôtres qu’il avait choisis. 03 C’est à eux qu’il s’est présenté vivant après sa Passion ; il leur en a donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur est apparu et leur a parlé du royaume de Dieu. 04 Au cours d’un repas qu’il prenait avec eux, il leur donna l’ordre de ne pas quitter Jérusalem, mais d’y attendre que s’accomplisse la promesse du Père. Il déclara : « Cette promesse, vous l’avez entendue de ma bouche :

Luc 4/14-21

14 Lorsque Jésus, dans la puissance de l’Esprit, revint en Galilée, sa renommée se répandit dans toute la région. 15 Il enseignait dans les synagogues, et tout le monde faisait son éloge. 16 Il vint à Nazareth, où il avait été élevé. Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture. 17 On lui remit le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit : 18 L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, 19 annoncer une année favorable accordée par le Seigneur. 20 Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. 21 Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. »

 

Chacun de nous est Théophile, c’est à dire aimant Dieu et aimé de Dieu. On peut aimer de façon différente selon les étapes de notre vie spirituelle. On peut aimer en cherchant Dieu et d’une certaine manière nous sommes toujours en recherche, des chercheurs-euses de Dieu, en quête de Son visage, quête qui sera seulement comblée quand nous le verrons face à face. Mais plus profondément encore nous sommes des Théophiles parce que Dieu, Lui, nous a trouvé-es, Il a mis Son image en nous et Il a fait de notre vie Sa demeure.

Il habite notre cœur, Il est chez Lui chez nous.

Notre contemplation, ce peut être une plus grande attention à ce mystère de la Présence de Dieu en nous.

«Il s’est présenté vivant après sa Passion ; il leur en a donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur est apparu et leur a parlé du royaume de Dieu»

Quelques versets qui reprennent l’ensemble du mystère du Christ. Il y a dans la foi des alternances de lumières et de nuits. Nuit de Noël, enfouissement de Dieu dans l’humble quotidien de Nazareth. Lumière de ce qu’il a fait et enseigné qui est source de notre attachement au Christ, source de notre séduction. Nuit de la Passion, de la mort. Lumière de la Résurrection et pendant 40jours, cette lente sortie de la peur. Il en faut du temps pour croire que Dieu est plus fort que nos morts. Jésus, pendant 40 jours accompagne celles et ceux qu’il aime pour les faire sortir de leurs tombeaux. Dans sa résurrection, c’est eux qu’il ressuscite ! Sa résurrection est pour nous et c’est la nôtre. Il les apprivoise peu à peu à la vie.

Notre contemplation, ce peut être d’accueillir ces nuits et ces lumières qui sont autant de manières de Dieu d’être présent à notre cœur. 

Nous avons ensuite avec ce texte le projet de Jésus. Il veut que nos vies individuelles et nos sociétés soient restructurées selon les valeurs du cœur de Dieu. Que la volonté de Dieu se fasse sur terre comme elle se fait dans le ciel. Un projet qui demande notre collaboration. Il s’agit de chercher le royaume, d’entrer dans un chemin de transformation des cœurs et des sociétés. « Donner une Bonne Nouvelle aux pauvres…libérer les captifs, libérer ceux qui sont écrasés ».

Pourquoi est-ce une Bonne Nouvelle ? Quel est le contenu de cette nouvelle, de cette nouveauté ? De cette libération ?

En quoi est-ce une contestation ?

Pour bien entendre ce texte, on peut le rapprocher d’un autre en Luc 6 /22-23 : « Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres ; et heureux celui pour qui je ne serai pas occasion de chute »

Jésus montre quel changement est déjà à l’œuvre. Il nous appelle et nous associe à Son œuvre pour qu’il y ait dans notre monde, moins de mensonge et plus de vérité (guérison d’aveugle) ; plus de liberté pour que chacun-e puisse marcher librement (boiteux) ; un accès à la santé le plus large possible ( lépreux) ; entendre que Dieu nous aime ( sourds) ; travailler à ce que la vie soit plus forte que tout , combattre toute injustice qui écrase les gens (résurrection). Jésus a commencé ce règne. Il a besoin de nous pour le continuer (Celui qui croit en moi, fera lui aussi les œuvres que je fais, il en fera même de plus grandes parce que je vais au Père Jn 14/12).

Pour cela, il faut d’abord se mettre dans la foule de celles et ceux qui ont besoin de guérison : ce qui est aveugle, boiteux, lépreux, sourd en soi. Et se laisser guérir par le Christ. Alors, nous pourrons transmettre la vie reçue de Lui, autour de nous.

 

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14 janvier 2025 2 14 /01 /janvier /2025 11:06
Les noces de Cana Jn 2,1-12: Christ, un vin meilleur en abondance pour toutes et tous.

01 Le troisième jour, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. 02 Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. 03 Or, on manqua de vin. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. » 04 Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » 05 Sa mère dit à ceux qui servaient : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » 06 Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures, (c’est-à-dire environ cent litres).

07 Jésus dit à ceux qui servaient : « Remplissez d’eau les jarres. » Et ils les remplirent jusqu’au bord. 08 Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent. 09 Et celui-ci goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau. Alors le maître du repas appelle le marié 10 et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. » 11 Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.

Jn 2,1-12

Pistes commentées

1-Il y eut des noces.

L’écriture symbolique de Jean nous autorise à voir qu’à travers ces noces humaines, ce sont les Noces de Dieu avec nous dont il est question. Noces où nous sommes épousé-es et épousons. Ignace de Loyola dans sa contemplation en vue de l’amour (ES n°230) est bien dans cette tonalité.  Il est question d’un aimé et d’un aimant en réciprocité de don où chacun donne et reçoit ce que l’on a et ce que l’on est. La relation à Dieu se dit ici avec l’image de noces. Joie de l’union à Dieu. Dieu comme une épouse, un époux. Chacun de nous comme épousé-e et épousant-e. Mais pour entrer dans cette réciprocité de partage et d’abandon confiant, il me faut creuser une question : qui est Dieu pour moi ? Pour que je puisse l’accepter, il faut de l’apprivoisement, du respect. Il faut Dieu à hauteur humaine : le Très-Bas qui se fait aussi le Tout-Petit, celui de la crèche, le Tout-Vulnérable. Oui, celui-là, je peux l’accueillir. Le très-Respectueux, celui de la brise légère, celui qui humblement frappe à ma porte. Celui qui me loue, me respecte, me sert pour que je puisse consentir à son amitié. Expérimenter que l’amour

de Dieu pour moi n’est pas dévorant. Ces noces, c’est une relation intime mais qui reste respectueuse de l’un et de l’autre.

Comment je me situe par rapport à cela ?

2-Il n’y avait plus de vin, le vin des noces était épuisé.

« Ils n’ont plus de vin » Dans nos vies, certains jours, certaines périodes, le vin vient à manquer. Comme dans un couple où il n’y a plus d’amour, d’espérance, de foi. On a épuisé ses réserves, ce que l’on avait organisé, planifié. Vide. Plus rien. Qu’est-ce qui manque ? Peut-être que ce qui vient à manquer, c’est le vin qu’on avait acheté de ses propres forces, de ses propres deniers. Vient le moment où cela est épuisé, où s’est épuisé. Que faire ? Consentir à ce manque. Demeurer là. Et s’ouvrir à la Grâce qui ne peut être qu’un don gratuit.

Ai-je fait l’expérience de cela ?

3-La réponse de Jésus du verset 4 et l’action de Marie au verset 5

« Mon heure n’est pas encore arrivée ». Voici la réponse de Jésus à Marie. Et ensuite il dit : « Remplissez d’eau ces jarres ». Que s’est-il passé entre ces 2 paroles ? On peut interpréter que Jésus a modifié sa décision. Il est passé d’un non à un oui. Peut-être parce qu’il a continué à écouter la parole de Marie, il s’est laissé rejoindre par cette information du manque. Cela l’a touché au point de le faire changer de décision : « Ils n’ont plus de vin » cette phrase a fait son chemin en lui.

Admirer l’écoute dont a fait preuve Jésus, une écoute qui l’a fait bouger.

4-Les serviteurs ne boivent pas le vin mais ils le servent.

Nous pouvons être comme ces serviteurs : servir le bon vin mais ne pas profiter de la joie du vin.  Ils ont cependant une joie qui leur est propre, celle d’être unis-es au Christ par une union de volonté en faisant ce qu’il dit de faire : Remplir-Puiser-Porter.

Contempler leur joie d’être au service de cette noce

5-Les convives n’ont rien su de ce manque et de sa résolution.

Les convives eux, ont joui du vin, c’est tout, ne connaissant pas sa provenance. Qui n’est pas dans le secret de ce vin ? Les mariés, le maître du repas, les convives, c'est-à-dire la majorité des gens. C’est le don d’un vin en abondance (600 litres X 6= 3600 l) dont on ne connaît pas la provenance. N’est-ce pas le cas de toutes celles et ceux qui ne connaissent pas le Christ ? Et pourtant, en ce récit, cela ne semble pas préoccuper Jésus : l’essentiel, c’est que le vin ne manque pas. Absolue gratuité du donateur, discrétion, humilité de Dieu. La joie de Dieu, c’est la joie des convives. Car leur bonheur est sa joie. Sans le savoir, ils sont unis à Dieu, ils le sont car ils communient à sa vie dans l’acte même de boire le vin qui vient de lui, dans l’acte même de vivre. Est-ce donc si nécessaire de connaître la provenance ? Non ce n’est pas nécessaire. Mais c’est précieux. Il n’est pas nécessaire de croire mais c’est un cadeau précieux. Ce vin, c’est le Christ lui-même dans la surabondance du don. Vin qui est son sang versé, livré pour nous, sang jailli de son cœur transpercé. « Si tu savais le don de Dieu » dira Jésus à la samaritaine. Je regarde la profusion du don et je l’accueille en mon cœur.

6-Le vin est meilleur. Pourquoi est-il meilleur ?

Parce qu’il opère un changement radical. Il fait passer d’une religion de purification, où l’on pose des conditions pour accéder à Dieu, fait d’effort humain, il fait passer de cela au vin meilleur de la pure grâce, de l’absolue proximité sans condition préalable.

Ce vin meilleur, comment l’ai-je déjà expérimenté ?

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19 novembre 2024 2 19 /11 /novembre /2024 11:52
Fête du Christ Roi? Un fête qu'on peut questionner.

Peut-être êtes-vous comme moi :

J’ai du mal à voir Jésus comme un roi !

D’ailleurs lui-même refuse ce titre en Jean 6,15

Après la multiplication des pains, se rendant compte qu’on veut s’emparer de lui pour le faire roi, il s’enfuit dans la montagne.

Donc un refus net de sa part !

Alors pourquoi avoir eu l’idée de cette fête du Christ-Roi ?

Elle a été créée en 1925 par le Pape Pie XI dans une encyclique Quas primas. Elle avait pour but de combattre l’athéisme, la laïcité et la sécularisation de la société. C’était une volonté de contrecarrer la perte du pouvoir de l’Eglise sur la société, un combat contre les évolutions du monde moderne.

La réforme liturgique de Vatican II a voulu se dégager de ces conceptions et a modifié profondément le sens de cette fête en la changeant de date et en la plaçant à la fin de l’année liturgique, en l’appelant autrement : fête du Christ-Roi de l’univers, pour montrer que c’est la création tout entière qui est appelée à entrer dans la plénitude de la Vie.

Il reste que ce titre de Roi continue d’être dangereux pour l’Evangile. Il est témoin de l’alliance du « trône et de l’autel » qui a tant défigurée la foi au Christ dans l’histoire de l’Eglise.

Si Jésus a refusé ce titre de roi, par contre il a souvent parlé du Royaume.

Mais quel était ce royaume pour lui ?

Un projet de vie selon le cœur de Dieu fait de service, d’accueil, d’égalité, de liberté, de sororité et de fraternité.

Un projet de vie à bâtir ensemble avec tout homme toute femme éprise d’humanité, croyant ou pas.

Un projet de vie que Jésus a vécu et qui est la raison de sa mort.

Un projet de vie à vivre à sa suite.Fête

Fête du Christ-Roi ?

Fête plutôt du projet de vie de Jésus !

A vivre au quotidien.

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5 novembre 2024 2 05 /11 /novembre /2024 16:40
Homélie du 32ème dimanche TO année B: L'obole de la veuve à un temple discrédité par Jésus.

En ce temps-là, dans son enseignement, Jésus disait aux foules : « Méfiez vous des scribes, qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat et qui aiment les salutations sur les places publiques, les sièges d’honneur dans les synagogues, et les places d’honneur dans les dîners. Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières : ils seront d’autant plus sévèrement jugés. »

Jésus s’était assis dans le Temple en face de la salle du trésor, et regardait comment la foule y mettait de l’argent. Beaucoup de riches y mettaient de grosses sommes. Une pauvre veuve s’avança et mit deux petites pièces de monnaie.  Jésus appela ses disciples et leur déclara : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »

Mc 12, 38-44

Commentaire

Il est bon que le découpage liturgique n’ait pas isolé le récit de l’obole de la veuve de ce qui précède. En effet il est question de veuve dans ces 2 textes.

Pour entrer dans l’intelligence de ce récit il faut d’abord comprendre ce qu’est une veuve dans le monde biblique et au temps de Jésus. Une veuve c’est d’abord une femme qui est toujours sous la domination d’un homme : un père pour une fille, un mari pour une épouse. Si elle est veuve, elle n’hérite pas de son mari.  Et doit pour survivre se remettre sous la dépendance de sa belle-famille ou de sa famille. La veuve est donc l’exemple même de quelqu’un sans autonomie et à la merci de tous ceux qui la voleront et sans vraiment la possibilité de se défendre. La Bible a essayé de remédier à cette situation par le précepte de la dime : « Lorsque tu auras achevé de prendre toute la dime de tes revenus…tu la donnera aux lévites, à l’immigré, à l’orphelin et à la veuve » Dt26,16. Les scribes dont Jésus dit de se méfier ne le font pas, ils s’enrichissent sur elles de diverses manières : en ne donnant pas cette dime, en demandant une rémunération aux veuves pour toutes démarches et lors de procès. Cette critique des scribes se retrouve aussi en Luc 11,42-48. Ce passage est donc une forte critique sociale et religieuse.

Devant cette situation d’injustice faite aux veuves, on peut se demander si la remarque de Jésus concernant l’offrande de cette femme est vraiment de l’admiration. Prendre sur son indigence, mettre tout ce qu’on possède, tout ce qu’on a pour vivre…pour quoi ? Pour enrichir qui ?  Pour un temple qui s’est transformé en « repaire de brigand » Mc 11,17. Pour un temple qui sera détruit et dont il ne « restera pas pierre sur pierre » Mc 13, 2. Ce passage se situe au milieu de ces déclarations de Jésus concernant le temple. Comme quoi c’est dans un tout un ensemble de textes que peut se faire une interprétation.

Admiration certes de la générosité d’une offrande mais désolation d’une offrande mal placée pour un temple qui n’est plus une maison de prière mais repaire de brigand et pour un Temple qui va être détruit. D’autant plus que comme veuve elle n’avait aucune obligation de le faire et cela pouvait être utilisé autrement pour sa vie, pour celles de ses enfants. De l’argent pour le Temple ? Il y a mieux à faire !

De ce point de vue, ce texte peut nous interroger sur nos interprétations trop faciles, trop immédiates sans lien avec le contexte.

Ce passage peut être aussi une réflexion sur les choix que nous faisons quand on donne de l’argent. Le don est légitime mais pas forcément le receveur.

On peut se demander pourquoi ce don au Temple a semblé légitime à tant de commentateurs de ce passage sans s’interroger sur sa légitimité…

Cela dit ce n’est pas l’interprétation qui est la plus répandue sauf ces derniers temps où on devient plus sensible aux conditions socio-économiques des personnages des Evangiles.

L‘interprétation la plus répandue c’est de voir Jésus admiratif du don de cette femme et faisant la différence entre le don du superflu et le don de l’indigence.

L’autre interprétation également courante, c’est que Jésus voit, dans le geste de cette femme qui donne tout ce qu’elle a pour vivre, le propre don qu’il va faire de sa vie par amour pour nous.

J’aime beaucoup cette phrase de nos amis juifs qui disent que le judaïsme n’est pas une religion du livre mais de l’interprétation du livre. Faisons comme eux par une pluralité de lectures.

Pistes de méditation

1ère piste :

Regardons Jésus, son attention à ce qui se passe autour de lui. Son regard ne juge pas selon les apparences et déplore ces comportements d’orgueil et d’hypocrisie des scribes. Il ne se laisse pas éblouir par ce qui fait du bruit et sait voir ce dont personne ne fait attention, une femme dans un coin dont la pièce donnée n’a pas dû faire le moindre bruit.

Regarder Jésus et m’emplir les yeux de son regard.

2ème piste :

Le comportement des scribes est l’inverse du comportement de Jésus, doux et humble de cœur, qui choisit la dernière place, qui fait ce qu’il dit et dit ce qu’il fait.

Sentir la tristesse de Jésus devant ces comportements si diamétralement opposé à ce qu’il est

Sentir cette tristesse et la laisser me rejoindre

3ème piste

« Tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre » Interpréter cette phrase comme le geste même de Jésus : Il a donné tout ce qu’il possédait, tout ce qu’il avait pour vivre.

Sa vie. Mais pourquoi ? Pour qui ?

Entendre ces deux questions et y répondre

Vous pouvez retrouver cette peinture sur le site :www.evangile-et-peinture.org  

Et sur le site de la peintre : www.bernalopez.org

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11 mai 2024 6 11 /05 /mai /2024 17:37

29 Aussitôt sortis de la synagogue, ils allèrent, avec Jacques et Jean, dans la maison de Simon et d’André. 30 Or, la belle-mère de Simon était au lit, elle avait de la fièvre. Aussitôt, on parla à Jésus de la malade. 31 Jésus s’approcha, la saisit par la main et la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait. 32 Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous ceux qui étaient atteints d’un mal ou possédés par des démons. 33 La ville entière se pressait à la porte. 34 Il guérit beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies, et il expulsa beaucoup de démons ; il empêchait les démons de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était. 35 Le lendemain, Jésus se leva, bien avant l’aube. Il sortit et se rendit dans un endroit désert, et là il priait. 36 Simon et ceux qui étaient avec lui partirent à sa recherche. 37 Ils le trouvent et lui disent : « Tout le monde te cherche. » 38 Jésus leur dit : « Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti. » 39 Et il parcourut toute la Galilée, proclamant l’Évangile dans leurs synagogues, et expulsant les démons.

Mc 1,29,39

 

Au tout début de l’évangile selon St Marc, l’évangéliste, nous raconte, on pourrait dire son quotidien ordinaire. Jésus se rend à la synagogue, il est invité dans une maison, celle de Simon et d’André, les 2 frères qu’il a appelé au bord du lac. Une maison où vivent sûrement plusieurs générations : des couples, des enfants, des grands-parents. Cette maison deviendra sa maison à chaque fois qu’il reviendra à Capharnaüm car ce sera pour lui un lieu de paix et d’amitié. C’est bon pour nous de regarder cela car cela nous montre Jésus qui a vécu des choses comme nous, un quotidien comme le nôtre et qui comme nous a eu besoin de lieu d’amitié familiale, fraternelle et sororelle. C’est bon aussi car cela nous invite aussi à ne pas chercher Jésus ailleurs que dans notre quotidien car c’est là qu’il est présent.

Ensuite Marc raconte comment Jésus dans cette maison a eu le souci d’une femme qui était malade et alitée. Arrêtons-nous aux gestes qu’il fait pour elle : il s’approche, c’est-à-dire se fait proche, il l’aide à se lever en la prenant par la main. Goutons la délicatesse de ces gestes et prenons conscience de la symbolique de ces gestes. A travers cette femme, c’est toutes les femmes du monde qu’il rejoint et son refus qu’elles soit comme mortes, « étendues ». Il les veut debout, vivantes, agissantes. Ici pour le service des repas, mais ce sera aussi pour le service de la Parole, de l’évangélisation, de l’annonce de la résurrection comme d’autres femmes de l’Evangile le feront.

Comme cette femme qui s’est mise au service, Jésus aussi se met au service de tous ces gens qui lui apportent leurs maladies. Il est contagieux de santé psychique et spirituelle, c’est pourquoi il peut guérir.

Enfin, le lendemain, on le voit levé avant le jour pour un temps de solitude. Comme c’est précieux pour nous aussi de regarder cela. Il nous est bon de voir l’homme Jésus prier. Il s’autorise des moments de solitude, des moments à lui, pour se « retrouver », pour se « recentrer », pour ouvrir un espace de réflexion, de contemplation. C’est un besoin, c’est un droit, c’est une nécessité vitale pour lui…pour nous. Et il nous est donné comme le fruit de sa contemplation, sa décision. Il va décider d’aller ailleurs, d’élargir le champ de sa vie. Et pour cela partir de Capharnaüm et parcourir la Galilée. C’est le début d’un décloisonnement qui, avec la Pentecôte, ira jusqu’au monde entier. Ici Jésus pose les premières bases d’une sortie de tout particularisme ethnique, clanique, nationaliste.  Faisons comme lui.

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