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3 avril 2014 4 03 /04 /avril /2014 19:15

aveugle-ne-2.jpg

01 En passant, Jésus vit un homme aveugle de naissance.

02 Ses disciples l’interrogèrent : « Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ? »

03 Jésus répondit : « Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui.

04 Il nous faut travailler aux œuvres de Celui qui m’a envoyé, tant qu’il fait jour ; la nuit vient où personne ne pourra plus y travailler.

05 Aussi longtemps que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. »

06 Cela dit, il cracha à terre et, avec la salive, il fit de la boue ; puis il appliqua la boue sur les yeux de l’aveugle,

07 et lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » – ce nom se traduit : Envoyé. L’aveugle y alla donc, et il se lava ; quand il revint, il voyait.

08 Ses voisins, et ceux qui l’avaient observé auparavant – car il était mendiant – dirent alors : « N’est-ce pas celui qui se tenait là pour mendier ? »

09 Les uns disaient : « C’est lui. » Les autres disaient : « Pas du tout, c’est quelqu’un qui lui ressemble. » Mais lui disait : « C’est bien moi. »

10 Et on lui demandait : « Alors, comment tes yeux se sont-ils ouverts ? »

11 Il répondit : « L’homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, il me l’a appliquée sur les yeux et il m’a dit : “Va à Siloé et lave-toi.” J’y suis donc allé et je me suis lavé ; alors, j’ai vu. »

12 Ils lui dirent : « Et lui, où est-il ? » Il répondit : « Je ne sais pas. »

13 On l’amène aux pharisiens, lui, l’ancien aveugle.

14 Or, c’était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux.

15 À leur tour, les pharisiens lui demandaient comment il pouvait voir. Il leur répondit : « Il m’a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et je vois. »

16 Parmi les pharisiens, certains disaient : « Cet homme-là n’est pas de Dieu, puisqu’il n’observe pas le repos du sabbat. » D’autres disaient : « Comment un homme pécheur peut-il accomplir des signes pareils ? » Ainsi donc ils étaient divisés.

17 Alors ils s’adressent de nouveau à l’aveugle : « Et toi, que dis-tu de lui, puisqu’il t’a ouvert les yeux ? » Il dit : « C’est un prophète. »

18 Or, les Juifs ne voulaient pas croire que cet homme avait été aveugle et que maintenant il pouvait voir. C’est pourquoi ils convoquèrent ses parents

19 et leur demandèrent : « Cet homme est bien votre fils, et vous dites qu’il est né aveugle ? Comment se fait-il qu’à présent il voie ? »

20 Les parents répondirent : « Nous savons bien que c’est notre fils, et qu’il est né aveugle.

21 Mais comment peut-il voir maintenant, nous ne le savons pas ; et qui lui a ouvert les yeux, nous ne le savons pas non plus. Interrogez-le, il est assez grand pour s’expliquer. »

22 Ses parents parlaient ainsi parce qu’ils avaient peur des Juifs. En effet, ceux-ci s’étaient déjà mis d’accord pour exclure de leurs assemblées tous ceux qui déclareraient publiquement que Jésus est le Christ.

23 Voilà pourquoi les parents avaient dit : « Il est assez grand, interrogez-le ! »

24 Pour la seconde fois, les pharisiens convoquèrent l’homme qui avait été aveugle, et ils lui dirent : « Rends gloire à Dieu ! Nous savons, nous, que cet homme est un pécheur. »

25 Il répondit : « Est-ce un pécheur ? Je n’en sais rien. Mais il y a une chose que je sais : j’étais aveugle, et à présent je vois. »

26 Ils lui dirent alors : « Comment a-t-il fait pour t’ouvrir les yeux ? »

27 Il leur répondit : « Je vous l’ai déjà dit, et vous n’ave z pas écouté. Pourquoi voulez-vous m’entendre encore une fois ? Serait-ce que vous voulez, vous aussi, devenir ses disciples ? »

28 Ils se mirent à l’injurier : « C’est toi qui es son disciple ; nous, c’est de Moïse que nous sommes les disciples.

29 Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais celui-là, nous ne savons pas d’où il est. »

30 L’homme leur répondit : « Voilà bien ce qui est étonnant ! Vous ne savez pas d’où il est, et pourtant il m’a ouvert les yeux.

31 Dieu, nous le savons, n’exauce pas les pécheurs, mais si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, il l’exauce.

32 Jamais encore on n’avait entendu dire que quelqu’un ait ouvert les yeux à un aveugle de naissance.

33 Si lui n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. »

34 Ils répliquèrent : « Tu es tout entier dans le péché depuis ta naissance, et tu nous fais la leçon ? » Et ils le jetèrent dehors.

35 Jésus apprit qu’ils l’avaient jeté dehors. Il le retrouva et lui dit : « Crois-tu au Fils de l’homme ? »

36 Il répondit : « Et qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? »

37 Jésus lui dit : « Tu le vois, et c’est lui qui te parle. »

38 Il dit : « Je crois, Seigneur ! » Et il se prosterna devant lui.

 

Voilà bien un texte qui est une bonne nouvelle.

Une bonne nouvelle pour nous.

Pour vous, pour moi, pour chacun d’entre nous.

Une bonne nouvelle à partager à celles et ceux qui ne la connaissent pas !

Mais c’est quoi, cette nouvelle qui est bonne ?

Elle est bonne parce qu’elle nous libère.

Alors, d’abord, voyons de quoi elle nous libère.

 

Au début du texte nous sommes en pleine ténèbre. Celle où est plongé un aveugle de naissance. Et Jésus va libérer cet homme de sa cécité.

Oui, mais il y a une ténébre pire que la cécité,  c’est celle des disciples. En effet, par la question qu’ils posent :

« si cet homme est aveugle, c’est qu’il est pécheur ou que ses parents le sont ». On se rend compte qu’ils qui sont plongés dans les ténèbres d’une religion qui explique la maladie par une faute commise.

Combien on a besoin d’être libéré de cela, encore aujourd’hui !

Ne dit-on pas quand il nous arrive une épreuve : « qu’est-ce que j’ai fait au Bon Dieu pour qu’il m’arrive çà ! »

Et derrière cette explication se cache une ténèbre encore plus ténébreuse,  celle qui nous fait imaginer un dieu qui punirait les fautes en envoyant des maladies. Quelle ténèbre !

Et aujourd’hui encore, ces fausses images de Dieu peuvent être en nous

 

Alors Jésus viens d’abord de nous libérer de cela.

Il le fait par une parole forte : « Ni lui n’a péché, ni ses parents »

Parole forte qui fait passer de la nuit au jour, de la ténèbre à la lumière, qui nous fait quitter nos fausses images de Dieu.

Encore faut-il que nous acceptions de les quitter pour nous ouvrir à un Dieu fondamentalement bon et que ne veut que du bon pour nous.

 

Mais le pire du pire, si c’est possible, est la ténèbre de la religion des pharisiens. Cette impossibilité qu’ils ont à sortir d’un système légaliste : selon eux une guérison fait le jour du sabbat ne peut pas venir de Dieu, celui qui l’accomplit ne peut être qu’un pécheur.

C’est la  ténèbre de l’exclusion de tous ceux qui ne rentrent pas dans leur système.

C’est l’impossibilité à s’ouvrir à la nouveauté d’une parole, à l’inattendu d’une action. La culpabilisation qui enferme les gens dans la fatalité.

Et nous sommes forcés de constater que devant ce type de  ténèbres, Jésus lui même n’a rien pu faire.

La révolution spirituelle de Jésus, la libération qu’il apporte ne peut rejoindre des gens murés dans leur certitude, les privilèges que cela leur donne et pour certains le « fonds de commerce «  que cela procure.

 

En contre-point, l’itinéraire de l’aveugle nous fait parcourir un chemin de lumière en lumière.

Un cheminement d’une étonnante vérité. Il nous est donné de voir un homme vrai qui reste au plus près de son expérience, ni plus, ni moins. Il nous est donné de voir la progression dans une confession de foi. Car nous le savons d’expérience, la foi est un chemin et c’est autant le chemin que le but qui est important.

 

Sa première confession de foi est d’abord sans parole. Elle est d’abord de se laisser faire par un homme qu’il ne connait pas. Il se laisse enduire de boue les yeux et il écoute la parole qui lui dit d’aller se laver dans la piscine de Siloé.

Pour nous également, notre confession de foi, c’est d’être en confiance vis-à-vis de Jésus, d’écouter sa parole, c’est de témoigner de lui par notre vie et nos actes.

Nous sommes envoyés pour cela, être apôtre de cela.

 

Sa deuxième confession de foi, c’est tout simplement la confession de lui-même : « c’est moi » dit-il et il va être fidèle jusqu’au bout en répétant plusieurs  fois dans le texte les événements qui lui sont arrivés dans l’exactitude de leur déroulement. Confession de foi sous forme de récit : « voilà ce que j’ai vécu, voilà ce que cela a transformé dans ma vie ». Et quand on lui demande des choses qu’il ne sait pas, il dit : « je ne sais pas ».

Pour nous également, notre confession de foi, c’est de partager tout simplement en quoi la rencontre avec le Christ change quelque chose dans notre vie. Et c’est cela que nos contemporains ont besoin pour être touché par l’Evangile.

Nous sommes envoyés pour cela, être apôtre de cela.

 

 

Confronté aux pharisiens, il va faire un pas de plus dans la compréhension de ce qui lui arrive et c’est sa 3ème confession de foi : « C’est un prophète ». Cette confession de foi il va la tenir contre l’opposition des pharisiens avec le simple bon sens qui comprend que seul celui qui vient de Dieu peut guérir un aveugle.

Mais il va la payer au prix fort, celui d’être traité de pécheur-né et jeter dehors.

Pour nous également, notre confession de foi peut passer par l’épreuve de l’incompréhension, de l’opposition. Témoigner d’un Evangile qui libère bouscule trop les conformismes et les privilèges.

Nous sommes envoyés pour cela, être apôtre de cela.

 

 

Pendant tout ce temps, Jésus semble absent. Jésus ne réapparaît qu’à la fin et on a l’impression que Jésus l’a laissé seul témoigner et combattre.

C’est peut-être le sentiment que l’on a quelque fois au cœur de nos combats. Mais n’est-ce pas preuve de respect pour nous, de foi en notre capacité de vérité et de justice ? N’est-ce pas foi en l’Esprit qui nous habite et nous habilite au témoignage ?

En tout cas, Jésus est là pour l’accueillir quand il est jeté dehors, exclu.

Devant Jésus, cet homme va garder cette même authenticité dont il a fait preuve depuis le début. Il ne sait pas qui est le fils de l’homme dont lui parle Jésus donc pas de raison d’y croire ! « Qui est-il pour que je croie en lui ?» Réponse étonnante ! Et oui, pour croire, il faut des raisons ! Jésus va lui en donner.

Le fils de l’homme, c’est celui qui t’a guéri, qui t’a donner capacité à le voir et c’est lui qui te parle.

Alors seulement peut jaillir sa 4ème confession de foi : «  Je crois ». Nous sommes ici dans la lumière. Lumière qu’est Jésus lui-même, lumière d’un monde qui sort de l’exclusion, du mépris, de la fatalité. Lumière du royaume de Jésus à construire avec lui.

Nous sommes envoyés pour cela, être apôtre de cela par le simple fait de notre baptême.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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8 mars 2014 6 08 /03 /mars /2014 21:06

 

Mc 9/33-37

33 Ils arrivèrent à Capharnaüm, et, une fois à la maison, Jésus leur demanda : « De quoi discutiez-vous en chemin ? »

34 Ils se taisaient, car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand.

35 S’étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. »

36 Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d’eux, l’embrassa, et leur dit :

37 « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. »

 

Les disciples ont vraiment du mal à entrer dans l’esprit de Jésus.

Ils se disputent pour savoir qui est le plus grand.

Mais cette question est intéressante car elle est aussi la nôtre.

Nous aussi nous sommes travaillé-es par cette question : Qui est le plus grand ?

Cela interroge nos échelles de valeur.

Qu’est-ce qui est grand pour nous ? Qu’est-ce qui est le plus grand ?

C’est à chacun, chacune d’y répondre.

Mais encore plus intéressant, c’est de confronter nos réponses à la réponse de Jésus. Que dit-il ? Que répond-il ?

 

Sa réponse d’abord, c’est de changer  le contenu de la question.

Non pas le plus grand mais le premier. Non pas de l’ordre du quantitatif : le plus grand, mais de l’ordre de ce qui est prioritaire, le premier.

Le premier pour lui, c’est le dernier

Le premier pour lui, c’est le serviteur

Le premier pour lui, c’est l’enfant

 

Il nous faut saisir la révolution spirituelle que Jésus instaure par cette réponse en se rappelant qu’il va ainsi à contre-courant de la mentalité de son temps : dernier, serviteur et enfant sont dévalorisés dans la société qui est la sienne.

 

Et pour en saisir toute la portée, il faut aussi regarder le Christ.

Ce qu’il dit, c’est ce qu’il fait ! Ce qu’il dit c’est ce qu’il vit.

Ces trois réponses de Jésus sont en fait ses choix à lui, ce qu’il a choisi.

Il sera le dernier des derniers sur la Croix.

Il se définit comme celui qui sert.

Il s’est fait enfant dans son Incarnation.

 

C’est sa manière à Lui d’être premier. Son choix, Son ambition.

Car il s’agit bien d’être premier mais à la manière du Christ.

Contemplons donc Jésus : dernier, serviteur, enfant.

Contemplons Dieu ainsi.

Car regarder Jésus, c’est regarder l’image de Dieu, l’icône de son visage.

Entrons dans l’étonnement de la subversion que Jésus introduit ainsi dans l’image de Dieu.

Dieu dernier, Dieu serviteur, Dieu enfant.

 

Accueillons le Christ en accueillant ceux et celles que l’on dévalorise.

 

 

Accueillons-le qui va se donner dans la petitesse d’un morceau de pain.

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9 décembre 2013 1 09 /12 /décembre /2013 19:19

ble-et-ivraie-de-Van-Gogh.jpg

Van Gogh

 

Dans l’Évangile de Matthieu au chapitre 13 verset 24 à 30

Il en va du Royaume des Cieux comme d'un homme qui a semé du bon grain dans son champ.

Or, pendant que les gens dormaient, son ennemi est venu, il a semé à son tour de l'ivraie, au beau milieu du blé, et il s'en est allé.

Quand le blé est monté en herbe, puis en épis, alors l'ivraie est apparue aussi.

S'approchant, les serviteurs du propriétaire lui dirent :

« Maître, n'est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ ? D'où vient donc qu'il s'y trouve de l'ivraie ? »

Il leur dit :

« C'est quelque ennemi qui a fait cela ».

Les serviteurs lui disent :

« Veux-tu donc que nous allions la ramasser ?

Non, dit-il, vous risqueriez, en ramassant l'ivraie, d'arracher en même temps le blé.

Laissez l'un et l'autre croître ensemble jusqu'à la moisson ; et au moment de la moisson je dirai aux moissonneurs : Ramassez d'abord l'ivraie et liez-la en bottes que l'on fera brûler ; quant au blé, recueillez-le dans mon grenier."

 

Il est des titres qui sont trompeurs. Est-ce vraiment la parabole de l’ivraie ? Cette parabole est d’abord en continuité de celle du semeur. Le semeur a semé du bon grain dans un terrain qui est bon. S’il sème ce qui est bon, c’est que lui-même est bon. Une sainte,  Thérèse Couderc,  disait de lui : « il est bon, il est plus que bon, il est la bonté ». Bonté du grain, bonté de la terre, bonté du monde, bonté de l’homme qui sème, bonté de Dieu. Nous sommes dans le fondamental de la création : « Dieu vit que cela était bon » Gn 1. Et nous sommes dans le fondamental d’une création en histoire. Non pas un monde créé tout fait, statique, immobile. Ce qui est semé est pour une croissance, une création continuée : grain puis épi, puis blé. Entre semailles et moisson, il y a le temps de l’histoire, le temps de la liberté de veiller à la croissance de ce qui est bon. Responsabilité qui est nôtre. Etre veilleur pour que la vie semée par Dieu vienne à maturité. Ce n’est pas du tout fait de toute éternité, immobile mais c’est une semence riche d’avenir, un don à faire qui périrait s’il ne peut s’épanouir grâce à la bonne terre de nos vies, de nos réponses humaines, don et accueil qui vont ensemble porter à maturité la nouveauté de l’épi.

Ce titre trompeur est en cohérence avec la réaction des serviteurs qui se focalisent sur l’ivraie, leur question sur son origine et surtout leur doute : « N’est-ce pas du bon grain que tu as semé ? ». Leur doute qui frise le soupçon.  Mais leur question n’est-elle pas la nôtre ? Leur doute et leur soupçon ne sont-ils pas les nôtres ? Cette question du mal qui nous taraude tous, qui est souvent un obstacle à la foi. La réponse du propriétaire est la même que celle de la Genèse. C’est un ennemi qui a semé de l’ivraie. La Genèse parle d’un serpent qui insinue le doute sur le don qui est fait, qui insinue le doute sur la bonté du donateur.

Que faut-il donc faire ? Arracher au risque de détruire la bonté des épis de blé ? Ce serait faire le jeu de l’ennemi. Le propriétaire fait une autre option. Celle de la confiance dans le blé semé et dans la terre qui participe à la nouveauté de l’épi. Confiance dans l’épi assez fort pour ne pas se laisser étouffer par l’ivraie. Dans nos vies, il y a du bon grain et de l’ivraie. N’est-ce pas une erreur de se focaliser sur l’ivraie ? L’homme de cette parabole nous conseille un autre chemin. Croire en ce qui est bon en nous, croire que ce qui a été semé en nous par Dieu est bon et le développer au maximum, en y mettant toute notre énergie, notre créativité. C’est le développement de la bonté en nous, un « habitus » de bonté qui fera se dessécher l’ivraie. Et non un arrachage volontariste qui risque de dessécher la vie en nous.

 

 

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4 décembre 2013 3 04 /12 /décembre /2013 22:38

Dans l’Evangile de Matthieu au chapitre 14 verset 13 à 21

L'ayant appris, Jésus se retira en barque dans un lieu désert, à l'écart ; ce qu'apprenant, les foules partirent à sa suite, venant à pied des villes.

En débarquant, il vit une foule nombreuse et il en eut pitié ; et il guérit leurs infirmes.

Le soir venu, les disciples s'approchèrent et lui dirent : "L'endroit est désert et l'heure est déjà passée ; renvoie donc les foules afin qu'elles aillent dans les villages s'acheter de la nourriture."

Mais Jésus leur dit : "Il n'est pas besoin qu'elles y aillent ; donnez-leur vous-mêmes à manger" -

"Mais, lui disent-ils, nous n'avons ici que cinq pains et deux poissons." Il dit :

"Apportez-les-moi ici."

Et, ayant donné l'ordre de faire étendre les foules sur l'herbe, il prit les cinq pains et les deux poissons, leva les yeux au ciel, bénit, puis, rompant les pains, il les donna aux disciples, qui les donnèrent aux foules.

Tous mangèrent et furent rassasiés, et l'on emporta le reste des morceaux : douze pleins couffins !

Or ceux qui mangèrent étaient environ 5.000 hommes, sans compter les femmes et les enfants.

Et aussitôt il obligea les disciples à monter dans la barque et à le devancer sur l'autre rive, pendant qu'il renverrait les foules.

Et quand il eut renvoyé les foules, il gravit la montagne, à l'écart, pour prier. Le soir venu, il était là, seul.

 

Le texte débute par une information que Jésus apprend : l’arrestation de Jean-Baptiste. Cette notation est-elle importante ? Oui, parce que cela nous montre comment Jésus réagit à un événement : il monte dans une barque, il se retire dans un lieu désert pour être à l’écart. Un autre découpage liturgique de ce texte aurait davantage mis en valeur cela. En effet après que la foule eut été rassasié, le texte nous indique une réaction similaire de Jésus : il ordonne aux disciples de monter dans une barque sans lui, il renvoie la foule, il gravit la montagne, il se met à l’écart pour être seul et prier. Le point commun de ces 2 réactions est un choix de solitude. C’est une même réaction devant deux événements opposés. Le premier est l’événement tragique de l’arrestation de Jean, l’échec que cela représente, la tristesse de la mort d’un ami, le danger de mort qui se profile. Le second est l’événement heureux d’une foule rassasiée, donc une réussite.

Echec et réussite provoque en Jésus la même réaction, la même attitude, la même décision : solitude et prière. Regardons sa manière de réagir. Elle nous indique un chemin de vie. Nous avons besoin de temps de solitude pour nous laisser interroger par les événements, pesez les décisions à prendre, pour ne pas être déstabilisés par les échecs ou tromper par les réussites. Solitude et prière qui ouvre un chemin dans ce qui est obscur ou lumineux dans nos vies. Solitude habitée puisqu’elle est écoute, parole, dialogue avec un autre. En fait, tout bien considéré, espace pour aimer et se laisser aimer par Dieu. Ce faisant, Jésus, débarquant, vit du même amour. Il aime en n’étant pas aveugle sur cette foule en attente de lui. Il aime en étant bouleversé devant cette foule et en les guérissant. Il aime ses disciples en les faisant partenaires de son action, d’abord par l‘accueil de leurs pauvres 5 pains et 2 poissons et ensuite en les faisant serviteurs d’une abondance à partager. Il aime celui qu’il appelle Père et qu’il sait trouver au cœur de l’action par la bénédiction, source d’une telle fécondité qu’elle nourrit toute une foule. Arrêtons-nous à cette bénédiction. Bénédiction du pain ? Oui mais à travers ce pain, bénédiction de la pauvre offrande des disciples. C’est lui qui l’a suscité par sa question mais c’est eux qui en ont fait l’offrande. Et à l’instar de la pauvre veuve qui a donné tout ce qu’elle avait pour vivre, Jésus bénit ce pain de leur pauvreté. Pauvreté offerte et bénédiction de Jésus font le miracle de nourrir une foule. Quelles sont mes pauvretés à offrir à la bénédiction du Christ pour qu’il en fasse abondante nourriture ?

 

 

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30 juillet 2013 2 30 /07 /juillet /2013 20:32

bethanie12 Resur Lazare SC2

 

Dans l'Evangile de jean au chapitre 11 verset 20 à 27


[20] Quand Marthe apprit que Jésus arrivait, elle alla à sa rencontre, tandis que Marie restait assise à la maison.

[21] Marthe dit à Jésus : "Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort.

[22] Mais maintenant encore, je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l'accordera."

[23] Jésus lui dit : "Ton frère ressuscitera" -

[24] "Je sais, dit Marthe, qu'il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour."

[25] Jésus lui dit : "Je suis la résurrection. Qui croit en moi, même s'il meurt, vivra ;

[26] et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Le crois-tu ?"

 

[27] Elle lui dit : "Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui vient dans le monde."


Nous fêtons Marthe, une amie de Jésus

Puisqu’elle est son amie, elle peut un guide sûre pour grandir en amitié avec lui

 

Pour sa fête, l’Eglise nous propose 2 textes :

Le premier, bien connu, c’est l’épisode où elle fait un reproche à Jésus

Le deuxième qu’on vient d’entendre.

Il nous faut les prendre tous les deux car ils nous permettent de voir tout l’itinéraire de foi de cette femme.

 

Dans le premier, Marthe n’a pas encore eu accès au message libérateur de Jésus. Elle a intériorisé une exclusion : dans la société de son temps, une femme ne pouvait pas être disciple, à l’écoute d’un maitre.

Marie transgresse cette interdiction et Jésus l’approuve.

 

Dans le second texte, elle est devenue tellement disciple qu’elle nous offre une des plus belles confessions de foi de l’Evangile : « Je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui vient dans le monde. »

Aussi belle que celle de Pierre : « Tu es le messie, le Fils du Dieu vivant »

C’est sur la foi de Marthe et celle de Pierre que notre foi est bâtie.

 

Que s’est-il donc passé ?

Il me semble pouvoir répondre en disant qu’elle a vraiment entendu ce que lui disait Jésus.

A l’écoute du message libérateur de Jésus, elle a su quitter les fausses images infériorisantes d’elle-même pour oser être disciple, pour oser partager avec Marie cette meilleure part qui est celle de l’écoute de Dieu.

Elle l’a tellement écouté, tellement regardé, tellement aimé qu’elle a pu percevoir quelque chose de son mystère qui lui ont permis de faire cet acte de foi : « tu es le Christ »

C’est cette écoute et ce regard qui sont transformants.

 

 

N’est-ce pas ce qui se passe lors d’une retraite ? L’écouter, le regarder pour qu’il nous soit donné de quitter nos fausses images de nous-mêmes et de Dieu et pouvoir confesser que nous sommes des merveilles, et que Dieu est Seigneur de vie et de liberté.

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15 mai 2013 3 15 /05 /mai /2013 22:10

 

Dans l’Evangile selon  Luc au chapitre 14 verset 15 à 24

 

En entendant ces mots, un des convives dit à Jésus : « Heureux qui prendra part au repas dans le Royaume de Dieu ! » Il lui dit : « Un homme allait donner un grand dîner, et il invita beaucoup de monde. A l'heure du dîner, il envoya son serviteur dire aux invités : “Venez, maintenant c'est prêt.”

« Alors ils se mirent à s'excuser tous de la même façon. Le premier lui dit : “Je viens d'acheter un champ, et il faut que j'aille le voir ; je t'en prie, excuse-moi.” Un autre dit : “Je viens d'acheter cinq paires de bœufs et je pars pour les essayer ; je t'en prie, excuse-moi.” Un autre dit : “Je viens de me marier, et c'est pour cela que je ne puis venir.” A son retour, le serviteur rapporta ces réponses à son maître. Alors, pris de colère, le maître de maison dit à son serviteur : “Va-t'en vite par les places et les rues de la ville, et amène ici les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux.” Puis le serviteur vint dire : “Maître, on a fait ce que tu as ordonné, et il y a encore de la place.” Le maître dit alors au serviteur : “Va-t'en par les routes et les jardins, et force les gens à entrer, afin que ma maison soit remplie. Car, je vous le dis, aucun de ceux qui avaient été invités ne goûtera de mon dîner.”  »

 

 

Cette parabole demande une explication pour sortir des sentiers battus de l’interprétation courante.

On peut d’abord s’imprégner de ce qui tient au cœur de l’homme de la parabole : inviter le plus grand nombre à son repas, lieu de partage et de joie. Belle image de Dieu qui invite en abondance.

Il faut ensuite bien comprendre les trois excuses qui sont données pour ne pas y aller.

Que disent-ils pour s’excuser de ne pas venir et qui les empêchent de venir : l’achat d’un champ, l’achat de bœufs et le fait de s’être marié. Ces excuses sont-elles valables ? Ont-elles du poids ? Non. En aucun cas le fait d’avoir fait ces achats et le fait de s’être marié empêchent de venir à un repas.

On a souvent interprété cette parabole en disant que la possession des richesses et le mariage peuvent rendre difficile  la réponse à l’appel de Dieu.

Je risque une autre interprétation.

Cet homme, en les invitant à son festin savait bien qu’ils étaient propriétaires, qu’il venait de se marier. Cela ne l’a pas empêché de les inviter. Donc, de son point de vue, la possession et le mariage ne sont pas un empêchement à venir au festin.

L’empêchement, il est dans leur tête. Ils croient que posséder et se marier, cela n’est pas compatible avec leur venue au festin.

N’est-ce pas ce qui a été dit pendant des siècles (posséder et se marier seraient des difficultés à une radicale suite du Christ) et qui traîne encore dans nos têtes ?

Alors comment comprendre la suite de la parabole ?

Le maitre du repas est courroucé  et veut montrer qu’aucune situation humaine n’est obstacle à son repas, tous les humains sont appelés. Il va chercher tous ceux qui se sentent indignes, pauvres, estropiés, aveugles, boiteux. Pour bien montrer que personne ne peut se sentir exclu de son appel. Y compris avec une certaine persuasion (de force dit le texte) tellement une intériorisation de se sentir exclu peut être forte.

Avec cette interprétation, comment comprendre la dernière phrase : « Aucun de ces hommes qui avaient été invités ne goûtera de mon dîner » ?

Comment l’entendons-nous ? Comme une condamnation ?

Ou simplement comme un constat qui peut rendre triste cet homme généreux ? C’est intéressant de prendre conscience de la manière dont nous l’entendons.

Il me semble qu’on peut l’entendre comme un constat mais aussi comme un appel : cessez de considérez la juste possession des choses et le mariage comme  des empêchements à la suite du Christ.

En quoi cette originale interprétation de la parabole, ouvre-t-elle un nouveau chemin pour moi ?

 

 

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18 mars 2013 1 18 /03 /mars /2013 23:42

14-crucifixion

(oeuvre du peintre chinois He QE)

 

Jésus-Christ donne accès à Dieu au fil d’une histoire qui rejoint nos vies jusqu’au bout.

Ce jusqu’au bout est celui de la mort. Il est passé par la mort comme chacun de nous.

Il est donc  accès à Dieu passible et non impassible.

La proximité va jusqu’au bout de la relation, jusqu’à l’extrême de nos vies qu’est la mort. Rien de ce qui fait nos vies, la naissance et la mort, ne lui sont étrangers. Dieu d’infinie proximité. Dieu avec nous.

De plus la mort est violente et injuste.

Elle dénonce toute injustice.

Le Dieu crucifié est jugement contre toute injustice.

Dieu victime de l‘injustice, est dénonciation de toute injustice.

Par la Croix qui est le jusqu’au bout de la proximité, Dieu souffre.

S’il n’était pas ce Dieu-là Dieu resterait  distant, froid, silencieux.»

Pour Moltmann, il y a obligation  de découvrir Dieu Lui-même dans la Passion du Christ et la Passion du Christ en Dieu.

Penser la passivité active qui est libre ouverture à l’affliction d’autrui, souffrance de l’amour passionné parce que « si Dieu était à tout point  de vue incapable de souffrir, Il serait aussi incapable d’aimer…

Dieu ne souffre pas comme la créature par manque d’être. En ce sens Il est impassible.

Il souffre cependant par Son Amour qui est la surabondance de Son Etre. En ce sens Il est passible. »

Jésus par Sa Vie et Sa Mort donne accès à ce Dieu-là. Cela permet de mettre en question la doctrine de la toute puissance de Dieu. Doctrine non crédible pour l’homme d’aujourd’hui.

La toute puissance que Dieu possède et manifeste dans le Christ, est la toute puissance de l’amour souffrant.

 

 Le Dieu crucifié p 38 et 39

C.E. ROLT, The World’s Redemption, London 1913, p 95, cité par J.Moltmann, Trinité et royaume de Dieu, p 48

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13 mars 2013 3 13 /03 /mars /2013 13:02

femme adultère par He-Qi

 Dans l'evangile de Jean au chapitre 8 verset 1 à 11

(Reproduction d'une oeuvre du peintre chinois He QI)

 

[1] Quant à Jésus, il alla au mont des Oliviers.

[2] Mais, dès l'aurore, de nouveau il fut là dans le Temple, et tout le peuple venait à lui, et s'étant assis il les enseignait.

[3] Or les scribes et les Pharisiens amènent une femme surprise en adultère et, la plaçant au milieu,

[4] ils disent à Jésus : "Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d'adultère.

[5] Or dans la Loi Moïse nous a prescrit de lapider ces femmes-là. Toi donc, que dis-tu ?"

[6] Ils disaient cela pour le mettre à l'épreuve, afin d'avoir matière à l'accuser. Mais Jésus, se baissant, se mit à écrire avec son doigt sur le sol.

[7] Comme ils persistaient à l'interroger, il se redressa et leur dit : "Que celui d'entre vous qui est sans péché lui jette le premier une pierre !"

[8] Et se baissant de nouveau, il écrivait sur le sol.

[9] Mais eux, entendant cela, s'en allèrent un à un, à commencer par les plus vieux ; et il fut laissé seul, avec la femme toujours là au milieu.

[10] Alors, se redressant, Jésus lui dit : "Femme, où sont-ils ? Personne ne t'a condamnée ?"

[11] Elle dit : "Personne, Seigneur." Alors Jésus dit : "Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, désormais ne pèche plus."

 

Que s’est- il passé pour cette femme ?

Elle aurait dû mourir, elle est vivante.

Elle aurait dû être condamnée, elle est graciée.

Elle était prisonnière, elle est libre.

Au lieu de la condamnation et de la mort, elle a reçu la grâce, la liberté et la vie.

De  fait Jésus l’a sauvée de la mort.

 

Se faisant, il pose un acte fort d’opposition à une loi religieuse qui est encore en vigueur, malheureusement,  aujourd’hui dans certains pays.

Un acte fort de refus de l’injustice faite aux femmes qui sont souvent les seules victimes de cette barbarie.

 

Alors, on peut imaginer le soulagement de cette femme, elle a vu la mort de près.

Après l’angoisse, elle se retrouve vivante, libre et pardonnée.

Elle est sauvée mais encore plus, elle sait qui l’a sauvée !

Ce qu’elle a vécu a dû enraciner en elle, un amour immense, une reconnaissance infinie pour Celui qui l’avait sauvée de la mort.

 

La question que j’ai envie de poser, à vous, à moi :

Sommes-nous dans les mêmes sentiments que cette femme ?

Eperdus de gratitude ?

 

Pour cela, il nous ressentir très fort que nous aussi nous sommes des sauvés.

Pourquoi ?

Parce que Dieu continue toujours de croire en nous.

C’est Dieu Lui-même qui continue de nous espérer.

C’est Dieu Lui-même qui ne cesse pas de nous aimer.

 

En interprétant ainsi cet Evangile, à ce second niveau de lecture, on a, me semble-t-il, une bonne clé de compréhension.

Nous sommes souvent trop moralisants dans notre compréhension des Ecritures.

La pointe de cet Evangile n’est pas de dire que l’adultère est une faute et que Jésus a pardonné à celle qui l’avait commise.

Cet adultère conjugal est symbolique d’un autre, celui du cœur, et de celui là, tous et toutes, nous en sommes malades, car cet adultère, c’est le manque à aimer.

 

Ce faisant, on comprend bien le témoignage des saints

Un saint, c’est celui qui a laissé l’amour de Dieu envahir sa vie et qui, à cette lumière, découvre la médiocrité de sa réponse.

Ils se découvrent comme une vitre qu’illumine le soleil et ce faisant, en révèle également toute la poussière.

Pour le saint, la moindre infidélité est un adultère car c’est un manquement à l’amour infini de Dieu.

Il mesure l’écart qui sépare son amour de l’amour de Dieu mais  ne s’en décourage pas car il sait que Dieu, Lui, ne se décourage pas.

 

Le silence de Jésus permet à chacun-e de s’interroger.

La parole de Jésus  renvoie chacun-e à lui-même.

On comprend mieux alors que tous s’en vont l’un après l’autre.

Jésus leur a permis de comprendre qu’eux aussi étaient adultères de leur Dieu.

 

C’est la grâce que nous pouvons nous souhaiter mutuellement pour que nous puissions découvrir que nous sommes tous sauvés par Sa seule grâce.

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5 mars 2013 2 05 /03 /mars /2013 22:34

 

56.Fils.Prodigue

Dans l’Evangile de Luc au chapitre 15 verset 11 à 32

11] Il dit encore : "Un homme avait deux fils.

[12] Le plus jeune dit à son père : Père, donne-moi la part de fortune qui me revient. Et le père leur partagea son bien.

[13] Peu de jours après, rassemblant tout son avoir, le plus jeune fils partit pour un pays lointain et y dissipa son bien en vivant dans l'inconduite.

[14] "Quand il eut tout dépensé, une famine sévère survint en cette contrée et il commença à sentir la privation.

[15] Il alla se mettre au service d'un des habitants de cette contrée, qui l'envoya dans ses champs garder les cochons.

[16] Il aurait bien voulu se remplir le ventre des caroubes que mangeaient les cochons, et personne ne lui en donnait.

[17] Rentrant alors en lui-même, il se dit : Combien de mercenaires de mon père ont du pain en surabondance, et moi je suis ici à périr de faim !

[18] Je veux partir, aller vers mon père et lui dire : Père, j'ai péché contre le Ciel et envers toi ;

[19] je ne mérite plus d'être appelé ton fils, traite-moi comme l'un de tes mercenaires.

[20] Il partit donc et s'en alla vers son père. "Tandis qu'il était encore loin, son père l'aperçut et fut pris de pitié ; il courut se jeter à son cou et l'embrassa tendrement.

[21] Le fils alors lui dit : Père, j'ai péché contre le Ciel et envers toi, je ne mérite plus d'être appelé ton fils.

[22] Mais le père dit à ses serviteurs : Vite, apportez la plus belle robe et l'en revêtez, mettez-lui un anneau au doigt et des chaussures aux pieds.

[23] Amenez le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons,

[24] car mon fils que voilà était mort et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé ! Et ils se mirent à festoyer.

[25] "Son fils aîné était aux champs. Quand, à son retour, il fut près de la maison, il entendit de la musique et des danses.

[26] Appelant un des serviteurs, il s'enquérait de ce que cela pouvait bien être.

[27] Celui-ci lui dit : C'est ton frère qui est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu'il l'a recouvré en bonne santé.

[28] Il se mit alors en colère, et il refusait d'entrer. Son père sortit l'en prier.

[29] Mais il répondit à son père : Voilà tant d'années que je te sers, sans avoir jamais transgressé un seul de tes ordres, et jamais tu ne m'as donné un chevreau, à moi, pour festoyer avec mes amis ;

[30] et puis ton fils que voici revient-il, après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu fais tuer pour lui le veau gras !

[31] "Mais le père lui dit : Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi.

[32] Mais il fallait bien festoyer et se réjouir, puisque ton frère que voilà était mort et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé !"

 

Cette parabole, c’est notre histoire.

La rencontre de la misère avec la miséricorde.

Notre misère et la miséricorde de Dieu.

La misère de ces deux hommes, la miséricorde de Dieu.

Leur misère, c’est de se tromper sur Dieu et sur eux-mêmes.

-Le fils aîné se considère comme un serviteur :

« Il y a tant d’années que je suis à ton service » dit-il.

Il se considère comme serviteur, et son Dieu est seulement un employeur.

-Le fils cadet se considère comme un consommateur et son Dieu est une tirelire, un héritage ou un coffre-fort.

Ils sont tous les deux dans le registre de l’avoir :

Le cadet dira : « donne-moi la part d’héritage qui me revient ».

L’ainé : « jamais tu ne m’as donné un chevreau ».

En fait ils ne savent pas qui ils sont en vérité et ils ne savent pas qui est leur Dieu.

Ces deux choses sont intimement liées :

Si on se vit en serviteur, on prend Dieu pour un maître et on va vivre dans le ressentiment de ce Dieu qui n’est même pas fichu de nous donner un petit chevreau.

Si on se vit en consommateur, on prend Dieu pour un distributeur et on va vivre en dilapidant sa vie.

Tout le chemin de conversion de ces deux hommes qui nous ressemblent, c’est d’enfin découvrir qui ils sont et qui est Dieu :

Qui est Dieu :

Il est le Dieu qui fait bon accueil au pécheur.

Dieu qui s’use les yeux à attendre le retour de son fils et qui ne désespère jamais de lui.

Dieu qui court, qui embrasse, qui fait la fête.

Dieu qui se réjouit.

Un père plus père que Dieu, il n’y en a pas.

Qui ils sont :

Des fils de Dieu, pas moins que cela.

En Jésus qui est le Fils par excellence, par Lui et à Sa suite, nous sommes fils ou fille de Dieu, c’est cela notre identité profonde.

 

-Etre fille, fils, ça veut dire savoir mon origine : je viens de Dieu, ma source est en Lui, je ne proviens pas du hasard mais du désir aimant de Dieu.

-Etre fille, fils, ça veut dire que ma vie a du sens, qu’elle a une finalité, une destination, je ne vais pas vers le néant mais vers une éternité avec Dieu.

-Etre fille, fils de Dieu, ça veut dire, savoir que je ne suis pas seul-e, que Dieu est le compagnon de ma vie.

 

Là, nous ne sommes plus dans le registre de l’avoir ni même du faire mais dans le domaine de l’être. Et c’est cela qui peut pacifier ma vie. Je n’ai rien à prouver : la raison d’être de ma vie, je la reçois d’un autre qui me la donne gratuitement pour que j’en vive pleinement.

 

-Etre fille, fils, c’est entendre la parole du Père au fils aîné. Il lui dit :

« Mon enfant, tu es toujours avec moi et tout ce qui est à moi est à toi »

On peut recueillir précieusement cette parole que Dieu nous donne aujourd’hui, c’est elle qui peut nous convertir.

Tout ce qui est à Dieu est à nous : Tout, sa vie, sa bonté, son éternité. Il n’y a rien à prendre, puisque tout est donné ; il n’y a qu’à en vivre, dans l’émerveillement et la reconnaissance de ce Dieu qui est toujours Père même si nous lui tournons le dos.

Tout simplement parce que nous ne pouvons pas changer Dieu !

Il est Miséricorde pour l’éternité.

 

 

 

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27 février 2013 3 27 /02 /février /2013 21:02

 

Moise

Ce dimanche, ce sera la 1ère lecture qui va retenir notre attention : cette rencontre de Moïse avec Dieu.

Et il me semble qu’il nous faut retrouver l’étonnement devant ce qui nous est dit dans ce texte que nous connaissons bien.

Retrouver l’étonnement parce que  l’habitude risque de nous voiler l’inouï de ce qui est révélé.

Retrouvons des oreilles neuves, retrouvons des yeux étonnés devant l’image de Dieu qui nous est présentée.

Quoi ! Un Dieu qui prend l’initiative de la rencontre alors que nous pensons d'abord à  l’effort de l’homme à la recherche de Dieu.

Ici c’est le contraire : Dieu qui va au devant, c’est Lui qui provoque la rencontre,  Dieu en quête  d’un dialogue ; Dieu rejoint cet homme Moïse au cœur même de ce qui fait son travail ; Dieu qui se découvre dans la banalité du travail quotidien et qui déclare ce lieu de la vie des hommes comme une terre sainte.

Quoi !  Un Dieu qui nous connaît par notre nom, un Dieu pour quelqu’un et pour chacun-e et qui nous appelle.

Etre appelé-e, c’est être attendu-e, espéré-e, reconnu-e.

Et surtout l’étonnement est à son comble quand nous découvrons que non seulement Dieu nous parle mais qu’Il a des yeux pour voir et des oreilles pour entendre, enfin un cœur pour souffrir de notre souffrance, enfin une volonté de nous délivrer : « J’ai vu la misère de mon peuple, j’ai entendu ses cris. »

Mais ce n’est pas encore fini… d’étonnement en étonnement :

Il nous est donné de voir un Dieu qui associe l’homme à Son projet, un Dieu qui ne  fait pas tout, tout seul : « Tu feras sortir mon peuple » dit-il à Moïse.

Un Dieu qui a voulu avoir besoin de nous pour que nous soyons la visibilité de Son cœur, de Ses mains, de Son amour.

Et puis encore et encore, ce dialogue de Moïse avec  Dieu. Etonnant ! Un Dieu avec qui on peut discuter, auquel on peut poser des questions, qui autorise un questionnement : « s’ils demandent quel est son nom, que leur répondrai-je ? »

Et Marie sera bien fille d’Israël dans cette dignité et liberté qu’elle aura apprise de son Dieu quand elle demandera à L’Annonciation : « comment cela se fera-t-il ? »

Laissons-nous bouleverser, étonner ! Aucune autre religion ne dit cela.

Et j’ai envie de dire : soyons fiers de notre foi, pas au sens d’un mérite de notre part mais d’une fierté d’admiration : qu’elle est belle notre foi, qu’il est beau notre Dieu. Notre beau et grand Dieu comme dit St Paul.

Soyons fiers pour nourrir en nous un vrai désir de dire ce Dieu auquel nous croyons, pour faire partager la joie de Le connaître et de L’aimer.

Soyons fiers et surtout restons dans l’étonnement, ne nous habituons jamais.

Mais j’ai aussi envie de dire laissons-nous bousculer par Dieu, bousculer par cette image que Dieu donne de Lui-même, cette image belle et bonne qu’Il révèle à nos cœurs étonnés.

Laissons-nous convertir parce que la conversion la plus urgente du Carême, c’est la guérison de nos fausses images de Dieu.

Et nous en avons un exemple qui est dénoncé dans l’Evangile de ce jour :

Croire qu’un massacre est une punition de Dieu!

Croire qu’une tour qui s’effondre en faisant 18 victimes est une punition de Dieu!

Vous savez cette fameuse expression : « Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour qu’il m’arrive ce malheur ».

Image du dieu vengeur qui nous attend au coin de la rue pour nous punir et toutes les autres fausses images que nous traînons tous comme un fardeau et qui nous empêchent de nous abandonner dans la confiance comme un enfant dans les bras de ses parents, quand ceux-ci sont des parents aimants.

« Retire tes sandales » dit Dieu à Moïse.

Ces sandales à retirer, ce peut être pour nous, ces fausses images pour que nous puissions enfin nous approcher de la chaleur et de la lumière de ce Feu de l’amour de Dieu qui ne détruit rien ni jamais mais qui veut nous faire vivre en plénitude.

La conversion la plus urgente, la plus profonde, c’est la guérison de ces fausses images, car le péché a blessé notre intelligence de Dieu, a introduit son venin de suspicion.

C’est pourquoi nous avons tant besoin de nous laisser bousculer par Dieu, qu’Il vienne Lui-même contester nos fausses images. Il l’a fait, Il le fait par Sa Parole et Son Visage :

Parole de la 1ère Alliance comme ce texte de l’Exode.

Mais surtout Sa Parole et Son Visage qui est Jésus.

Notre prière dans ce temps de Carême peut se faire prière de reconnaissance et de gratitude :

« Merci Trinité toute sainte pour ce don de ce Visage révélé en Jésus, vérité sur Dieu que nous étions incapables d’imaginer ni d’espérer mais Visage  donné pour qu’enfin nos cœurs puissent contempler, adorer, aimer.

Beauté de Dieu qui seule peut nous combler. »

 

 

 

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