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4 mai 2022 3 04 /05 /mai /2022 18:40
Homélie du 3ème dimanche du Temps pascal Jn 21, 1-19

« Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord du lac de Tibériade » Jn21,1

Se manifesta. Qu’est-ce à dire ? Comment s’est-il manifesté ? Peut-on lire ce récit, ainsi que tous les récits d’apparitions du Ressuscité, comme le déroulé exact d’un événement ? Qu’est-ce que les disciples ont vu, entendu, ont fait ?

Voici une piste d’interprétation.

La certitude de la résurrection du Christ est venue peu à peu envahir le cœur des disciples. Dieu n’avait pas pu abandonner à la mort celui qui par tant de signes, de paroles et d’actes, leur avait ouvert un chemin de vie, de liberté et d’amour. Pendant les jours qui ont suivi la passion, ensemble, ils et elles se sont rappelés ses paroles, ses gestes, ses combats, ses choix…et peu à peu les disciples ont su qu’il était vivant. La certitude de la résurrection dans le cœur des disciples est une expérience spirituelle. Ils et elles ont vu d’une vision intérieure. L’Esprit Saint promis par le Christ leur ouvrait l’intelligence et le cœur et elles et ils se sont laissé enseigner par lui : une pentecôte intérieure à chacun-e, une pentecôte reçue ensemble et personnellement. « Notre cœur n’était-il pas tout brulant » disent les disciples d’Emmaüs. La véracité de leur vision intérieure, qui leur fait comprendre que ce n’est pas une illusion vient des fruits de paix, de joie, de force qui l’accompagne. « C’est le Seigneur » Oui, c’est bien lui car seule cette rencontre réelle avec lui a pu les transformer au point d’engager toute leur vie pour lui et pour la bonne nouvelle de l’Evangile.

Mais comment raconter une expérience spirituelle ? Comment transcrire une réalité inconcevable, inimaginable, inouïe ?

Elles et ils l’ont fait avec les mots de leur expérience de vie avec Jésus, le décrivant ressuscité avec ce qu’ils savaient de lui, ce qu’ils avaient vécu avec lui. Ici en Jn 21 avec la pêche étonnante raconté en Luc 5, 4, avec tant et tant de repas pris avec lui, avec les pains et les poissons qui ont nourri tant de gens, avec cette manière particulière de Jésus de poser des questions…

« Ils savaient que c’était le Seigneur »

En fait ce savoir est le nôtre. Et il ne peut y avoir de foi vraiment vivante si elle ne s’enracine pas dans une expérience spirituelle personnelle qui fait expérimenter Dieu.

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1 mai 2022 7 01 /05 /mai /2022 11:36
Homélie virtuelle : Luc 24,13-35, 2 disciples sur le chemin d'Emmaüs

Dans l’Evangile selon Luc au chapitre 24 verset 13 à 32

 Et voici que, ce même jour, deux d'entre eux faisaient route vers un village du nom d'Emmaüs, distant de Jérusalem de 60 stades, et ils conversaient entre eux de tout ce qui était arrivé. Et il advint, comme ils conversaient et discutaient ensemble, que Jésus en personne s'approcha, et il faisait route avec eux ; mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. Il Leur dit : "Quels sont donc ces propos que vous échangez en marchant ?" Et ils s'arrêtèrent, le visage sombre. Prenant la parole, l'un d'eux, nommé Cléophas, lui dit : "Tu es bien le seul habitant de Jérusalem à ignorer ce qui y est arrivé ces jours-ci" -"Quoi donc ?" Leur dit-il. Ils lui dirent : "Ce qui concerne Jésus le Nazarénien, qui s'est montré un prophète puissant en œuvres et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple, comment nos grands prêtres et nos chefs l'ont livré pour être condamné à mort et l'ont crucifié. Nous espérions, nous, que c'était lui qui allait délivrer Israël ; mais avec tout cela, voilà le troisième jour depuis que ces choses sont arrivées ! Quelques femmes qui sont des nôtres nous ont, il est vrai, stupéfiés. S'étant rendues de grand matin au tombeau et n'ayant pas trouvé son corps, elles sont revenues nous dire qu'elles ont même eu la vision d'anges qui le disent vivant. Quelques-uns des nôtres sont allés au tombeau et ont trouvé les choses tout comme les femmes avaient dit ; mais lui, ils ne l'ont pas vu !" Alors il leur dit : "O cœurs sans intelligence, lents à croire à tout ce qu'ont annoncé les Prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire ?" Et, commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes, il leur interpréta dans toutes les Ecritures ce qui le concernait. Quand ils furent près du village où ils se rendaient, il fit semblant d'aller plus loin. Mais ils le pressèrent en disant : "Reste avec nous, car le soir tombe et le jour déjà touche à son terme." Il entra donc pour rester avec eux. Et il advint, comme il était à table avec eux, qu'il prit le pain, dit la bénédiction, puis le rompit et le leur donna. Leurs yeux s'ouvrirent et ils le reconnurent... mais il avait disparu de devant eux. Et ils se dirent l'un à l'autre : "Notre cœur n'était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, quand il nous expliquait les Ecritures ?"

Ce texte nous apprend beaucoup de choses sur Dieu et sur nous-mêmes.

En regardant d’abord Jésus qui prend l’initiative de la rencontre et qui rejoint ces deux personnes sur leur chemin, cela nous permet de prendre conscience que Dieu nous précède.Bien avant de chercher Dieu, c’est lui qui nous cherche. Bien avant d’aimer Dieu, c’est lui qui nous aime et il nous rejoint au cœur même de notre vie. Il y a en Dieu un désir de relation, de communication avec nous, un désir d’amour. La foi, c’est prendre conscience de cela. Dieu me cherche, Dieu m’aime, chacun de nous est le désiré du cœur de Dieu, Dieu s’adresse à moi et me propose une relation d’amitié.

Une autre manière de le dire :

Dieu s’est engagé envers nous de manière définitive. Dieu est définitivement pour nous, de notre côté, à nos côtés. Il est le compagnon de nos vies, Il marche à nos côtés nous rejoint sur la route de notre vie.

En écoutant Jésus qui leur pose une question :

« De quoi discutiez-vous en chemin ?» Nous découvrons aussi quelque chose de Dieu. Dans l’Evangile, Jésus pose beaucoup de questions. Des questions ouvertes… Comme par exemple « Que veux-tu que je fasse pour toi ?» En Jésus Dieu se révèle « maître en communication. » Il nous révèle un Dieu qui donne la parole, un Dieu qui écoute. La question de Jésus va les faire sortir de leur détresse. Grâce à Lui ils vont pouvoir dire leur espérance déçue, leur découragement, leur révolte aussi, libérer une parole. Ils sont écoutés par Jésus dans ce qui fait leur vie. Du coup ils vont devenir disponibles pour écouter à leur tour une parole révélatrice de sens.

Oui Jésus est vraiment maître en communication. A tel point que cet inconnu qu’ils n’ont pas encore reconnu, ils vont l’inviter à rester avec eux, avides de continuer le dialogue.

Ce faisant, Jésus nous révèle un Dieu qui n’exclut personne. Tous sont invités, accueillis, attendus. Il nous prend tels que nous sommes, là où nous en sommes. L’essentiel pour nous, pour que la relation avec lui soit possible, c’est de désirer avancer avec lui, c’est d’avoir un désir au cœur de mieux le connaître, avoir un désir d’amitié.

Ce texte peut nous poser enfin une question impertinente (ou pertinente !), si nous consentons à penser…

Allons pas à pas :

1-Il nous est donné le nom de l’un des deux disciples : Cléophas.

2-Qui est le deuxième ? Toute l’iconographie nous a montré qu’ils étaient deux hommes. Mais rien ne prouve qu’il en soit ainsi. Ces deux pèlerins pouvaient être un couple, ou un frère et une sœur...

Donc le deuxième était peut-être une femme !

3-Comment reconnaissent-ils Jésus ? A la fraction du pain. Cela veut donc dire qu’ils étaient au dernier repas de Jésus, à la Cène.

4- Cela veut donc dire qu’à la Cène, il n’y avait pas que les 12 apôtres. Ils y avaient des disciples, comme Cléophas, des disciples, hommes et femmes.

5-Tous et toutes ont entendu ces paroles de Jésus : « Faites ceci en mémoire de moi ».

6-Je laisse chacun-e tirer les conséquences de cela.

7-Dans cette icône contemporaine, visiblement il s’agit d’un homme et d’une femme.

On peut la voir au monastère de Bose en Italie. Elle a été peinte par P.Riccomagno en style éthiopien

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20 avril 2022 3 20 /04 /avril /2022 14:39
Homélie virtuelle du 2ème dimanche de Pâques

Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. » Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! » Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! » Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. » Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.

Jean 20 verset 19 à 28

Les évangiles ne sont pas faits pour être lu seulement mais pour qu’on y entre ! Y entrer et être là à regarder, écouter pour qu’ils nous communiquent la vie de Jésus.

Alors regardons et écoutons.

Regardons le lieu.

Les disciples sont à l’intérieur d’une maison qu’on a verrouillée. Un lieu clos.

Et c’est la peur qui les a fait s’enfermer. On peut comprendre ! Disciples d’un condamné à mort, ils appartiennent au camp de la défaite.

Soyons avec eux, avec elles  dans ce lieu : lieu de la déception après tant d’espoir suscité par l’action de Jésus quand les disciples le suivaient , lieu de tristesse après tant de joie que sa parole avait éveillé, lieu de la nuit après tant de lumière que sa présence leur donnait, lieu de mort après tant de vie qu’il donnait à qui le rencontrait !

Les rejoindre dans ce lieu-là. Pourquoi ?

Parce que ce lieu c’est aussi le nôtre : notre vie aussi est traversée par des déceptions, des tristesses, des nuits, des morts.

Si nous consentons à les rejoindre dans le lieu là, ce texte va nous concerner, ce texte va pouvoir nous parler.

Il va nous dire que Jésus aujourd’hui vient nous rejoindre nous aussi.

Nous allons pouvoir accueillir la phrase étonnante : « Jésus vint et se tint au milieu d’eux ».

Cette bonne nouvelle va nous être dite à nous : Jésus nous rejoint au cœur même de ce qui peut faire mal dans notre vie, et aucun verrou au monde ne peut l’empêcher de le faire.

Même ceux que nous nous sommes mis à nous-même !

Mais pour cela, il est nécessaire d’oser nommer ce qui en nous relève de la déception, de la tristesse, de la nuit, de la mort dans notre vie pour pouvoir ensuite regarder, étonné-e, ébloui-e, Jésus venir et se tenir là pour nous assurer de sa présence, et nous adresser sa parole de paix :

« Paix à vous », parole 3 fois dites dans ce passage.

Ecoutons une autre parole toute aussi étonnante :

« Moi je vous envoie recevez l’Esprit Saint, remettez les péchés »

Ces paroles du Christ, s’adressent aux disciples, donc à chacun-e de nous.

Nous aussi sommes envoyé-es, recevant la force de l’Esprit Saint pour être signe du pardon offert.

Souvent, nous ne prenons pas assez au sérieux ce que nous dit Jésus, nous nous protégeons de ses paroles en nous disant : ce n’est pas à nous qu’il s’adresse.

Baptisé-es, donc disciples nous sommes envoyé-es :

Accueillons cet envoi en mission, c’est constitutif de notre être baptismal.

L’Esprit nous a été donné au baptême et à la confirmation.

Il nous a fait prêtre, prophète et roi.

-Roi pour gérer notre vie dans le sens de la justice, et œuvrer à un monde selon le cœur de Dieu

-Prêtre pour être des célébrant-es de son amour, devant lui pour le louer

-Prophète pour écouter sa parole et pouvoir en témoigner par nos actes et nos paroles

-Envoyé-es pour dire la miséricorde.

Ces mots de Jésus aux disciples sont donc pour nous.

Ecoutons une autre parole :

« Nous avons vu le Seigneur » et mesurons l’extraordinaire de la joie des disciples : le vaincu, le rejeté, le condamné, le crucifié mort sur la croix, il est vivant et on l’a vu vivant.

La lumière après la nuit, la joie après la douleur.

Pesons ce poids de joie des disciples.

Pesons la force de cette joie, qui seule explique la force de leur témoignage, la transformation que cela va opérer en eux et qui ira jusqu'à donner leur vie pour témoigner de lui.

Cela voulait dire pour elles et pour eux que tout dans la vie de Jésus est véridique, que tout est digne de foi.

Dieu a donné raison au crucifié contre ceux qui en avait fait un paria, un blasphémateur.

Notre foi repose sur leur témoignage.

Avoir vu pour pouvoir parlé.

Ce « voir » des disciples n’est pas le nôtre. Et pourtant, nous aussi d’une autre manière il nous est donné de voir ! Comment ? Une question que je laisse à votre réflexion priante !

Regardons Thomas.

Patron des douteurs dit-on, un modèle pour nous qui pouvons vivre le doute lancinant mais surtout le modèle positif de celles et ceux qui veulent bâtir leur foi sur une expérience personnelle et non sur une rumeur.

Ecoutons une autre parole de Jésus

« Porte ton doigt ici : voici mes mains. Avance ta main et mets-la dans mon côté »

Entendre ces paroles de Jésus à Thomas. Elles sont l’exacte réponse à sa demande : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous…si je ne mets pas ma main à son côté… »

Prenons conscience de la délicatesse de Jésus : Jésus approuve Thomas dans son désir de toucher et de voir, il le rejoint au cœur de son incrédulité, comme il nous rejoint aussi là où nous sommes et comme nous sommes.

Regardons avec les yeux de la foi ce corps glorieux de Jésus, ce corps ressuscité qui porte à jamais et pour l’éternité les marques de sa passion.

Dans la foi, nous pouvons faire le même geste que Thomas et déposer en ses blessures, nos blessures, tristesses, déceptions, peurs, nuits…

Ecoutons la béatitude que Jésus exprime :

« Heureux ceux qui croiront sans avoir vu »

Il parle de nous.

Goûtons là encore la délicatesse de Jésus. Il pense à nous qui ne sommes pas les témoins directs, et qui croient sur le témoignage des disciples.

Joie de croire.

Laissons-nous aller à cette joie

Ecoutons le cri de Thomas « Mon Seigneur et mon Dieu »

Un cri qu’on peut avoir après tant de nuit. Il est le seul à le pousser. Heureuse nuit qui lui a valu un tel cri de joie et de foi. Ce cri, on peut le faire nôtre pour laisser descendre en nous la réalité qu’elle signifie :

« Mon Seigneur et mon Dieu »

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16 avril 2022 6 16 /04 /avril /2022 15:44
Homélie virtuelle de Pâques

Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; C’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau.

Jn 20/1

Le tombeau était scellé. La mort semblait triompher. C’était à la fois la personne de Jésus mais aussi son message, le Royaume dont il témoignait qui étaient enterrés, celui qu’il avait commencé à instaurer par ses paroles et ses actes. Royaume fait de respect de toutes et de tous sans discrimination. Royaume de frères et sœurs dans l’égalité. Royaume de justice, de pardon, de partage, de joie. C’est tout cela qui se trouvait enfermé dans la nuit du tombeau.

Et l’inouï se produit : la tombe est ouverte et vide. Où est-il ? La vie a triomphé de la mort. Dieu a ouvert ce qui était fermé et c’est pour nous le gage de la victoire sur tout ce qui nous enferme, de tout ce qui est mortifère : Dieu est de notre côté dans l’Ouvert. Et c’est depuis toujours que Dieu a pris le parti de l’Ouvert : Créer, recréer, ressusciter, c’est ouvrir. Prendrons-nous le même parti ? Pour cela, une conversion est nécessaire : la résurrection du Christ n’est pas quelque chose à croire comme on récite une formule, c’est quelque chose à vivre. Vivre ce que l’on croit, c’est répondre à un appel à vivre autrement. La foi est un engagement, une prise de position, un combat pour faire gagner la vie, pour faire gagner le royaume inauguré par Jésus. C’est vivre dans l’ouvert.

Un des drames de l’histoire de l’Eglise, c’est de n’avoir pas su assez tirer les conséquences politiques et sociales de la résurrection. La résurrection donne raison à Jésus, donne raison à ce qu’il a fait contre ceux qui l’ont crucifié au nom de fausses conceptions de Dieu, parce que Jésus remettait en cause l’utilisation religieuse du pouvoir et qu’il voulait un royaume de justice. Au lieu d’en faire un formidable levier de résistance à l’injustice, elle a souvent servi à n’être qu’un article de foi qui renvoyait la justice à la vie après la mort, ne contestant aucun pouvoir, confortant la résignation. Rendant impossible une lecture sociale et politique de la résurrection.

Quel gâchis dans l’histoire de l’Eglise à chaque fois que l’orthodoxie d’un énoncé de foi a été inopérante pour changer les conditions de vie !

Quelle fécondité quand elle a pu le faire !

Pourtant la résurrection est bien l’espérance que Dieu ne se résigne pas à l’injustice, qu’il la combat à côté de celles et ceux qui la subissent et la combattent.

Comment faire pour que l’orthodoxie d’un énoncé de foi ne reste pas inopérante dans nos vies et nos sociétés ?

Pour cela, voir le Christ humilié et crucifié en tout personne humaine qui souffre, dans toutes les déshumanisations de notre monde.

Pour cela, voir la résurrection à l’œuvre en tout lieu, en toute action qui humanise notre monde, réalisée par toute personne croyante ou incroyante.

Croire en la résurrection, c’est sortir de ce qui est fermé pour ouvrir les chemins du possible…et de l’impossible.

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13 avril 2022 3 13 /04 /avril /2022 10:41
Homélie virtuelle du jeudi saint: une révolution spirituelle

Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. Au cours du repas, alors que le diable a déjà mis dans le cœur de Judas, fils de Simon l’Iscariote, l’intention de le livrer, Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu, se lève de table, dépose son vêtement, et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ; puis il verse de l’eau dans un bassin. Alors il se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture. Il arrive donc à Simon-Pierre, qui lui dit : « C’est toi, Seigneur, qui me laves les pieds ? » Jésus lui répondit : « Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu comprendras. » Pierre lui dit : « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! » Jésus lui répondit : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. » Simon-Pierre lui dit : « Alors, Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! » Jésus lui dit : « Quand on vient de prendre un bain, on n’a pas besoin de se laver, sinon les pieds : on est pur tout entier. Vous-mêmes, vous êtes purs, mais non pas tous. » Il savait bien qui allait le livrer ; et c’est pourquoi il disait : « Vous n’êtes pas tous purs. » Quand il leur eut lavé les pieds, il reprit son vêtement, se remit à table et leur dit : « Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ? Vous m’appelez “Maître” et “Seigneur”, et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. Amen, amen, je vous le dis : un serviteur n’est pas plus grand que son maître, ni un envoyé plus grand que celui qui l’envoie. Sachant cela, heureux êtes-vous, si vous le faites. Jn 13/1-17

Pourquoi sommes-nous là ? Pour regarder le Christ serviteur, regarder ce qu’il fait, ce qu’il dit, ce qu’il est. Le regarder et s’imprégner de lui. S’imprégner de sa manière d’aimer et nous laisser aimer par lui pour ensuite aimer à sa manière.

Jésus ne commence pas par parler mais il agit. Imprimons en notre cœur chacun de ces gestes:

Il se lève de table

Il quitte son manteau

Il met un linge autour de sa taille

Il verse de l’eau dans un bassin

Il se met à genoux

Il lave des pieds

Il est le Maitre, il est Seigneur

Il est Dieu et il est à genoux en serviteur.

Prenons conscience de l’inouï de ce geste.

Cela bouleverse nos idées sur Dieu.

Dieu n’est plus en haut, il est en bas, en humble place. Une révolution spirituelle !

Chacun-e de nous peut entrer dans cette scène, se mettre à table avec les disciples.

Jésus s’approche de chacun-e de nous

Il se met à genoux devant nous.

Il nous lave les pieds.

Comment je réagis à cela, à ce Dieu à genoux devant moi ?

Refuser comme Pierre tout d’abord ?

Accepter ensuite ?

Si j’accepte que Jésus me lave les pieds, j’accepte que Dieu m’aime, que Dieu prenne soin de moi, j’accepte de me laisser aimer par lui

Mais cela m’engage au même geste pour les autres.

Alors nous pourrons entendre sa parole : « un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. »

Entendre et comprendre la raison du geste du Christ tel qu’il est dit au début de ce texte 

« Sachant que l'heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'au bout »

Jésus donne sa vie jusqu’au bout, jusqu’à l’extrême de la croix. Il en donne le sens par ce geste du lavement des pieds.

Entendons son appel à le suivre : servir à sa manière.

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8 avril 2022 5 08 /04 /avril /2022 15:02
Homélie virtuelle de l' Evangile des Rameaux : la dénonciation d’une injustice

Le Dimanche des Rameaux nous remet devant le récit de la mort de Jésus. Cette année dans l’Evangile de Luc 22, 14 à 23,56. Ces récits de la Passion dans les Evangiles restent d’une actualité brulante et de tous les temps. 

Un homme est arrêté, jugé, condamné, exécuté et de plus il est innocent !

Victime de l’injustice comme l’ont été et le sont encore tant de gens. Il est l’innocent à qui tous les bourreaux font violence.

Entendre, lire ce récit c’est donc une plongée dans le monde de la violence et de l’injustice des pouvoirs politiques, religieux, claniques, qui continuent de sévir.

Ecouter la passion c’est écouter, regarder le sort de tant de femmes et d’hommes en ce moment.

C’est donc un récit dangereux pour tout pouvoir qui s’arroge le droit de tuer car ce récit est une dénonciation en montrant que Dieu est du côté de ceux qui souffrent.

Le Dieu crucifié, victime de l’injustice est jugement contre toute injustice.

En Jésus, Dieu est donc là, avec nous, non seulement un jour du temps quand il a hurlé de douleur sur la croix, mais aussi de tout temps. Il crie sa douleur pour tout ce qui dans ce monde pourtant si beau, est défiguré par l’injustice et par l’absurde.

Il est là avec nous, sans mots, mais il est là. Il nous prend la main, il nous prend dans ses bras pour que, de la douleur, puisse naître peu à peu une détermination, une force pour combattre, une force pour vivre et faire vivre.

« Ayant aimé les siens, il les aima jusqu’à l’extrême ».

Voilà la raison de la croix : un amour en excès. Une fidélité de Dieu qui va jusqu’au bout. Il fait jusqu’au bout ce qu’il a toujours fait et dit.

Reculer devant la croix, cela aurait décrédibiliser tout l‘Evangile.

Malheureusement, ce n’est pas cette lecture qui a dominé la réflexion chrétienne. Une lecture a même atteint le summum des fausses images de Dieu en présentant les souffrances et la mort du Christ comme le prix à payer pour que Dieu pardonne ! On peut légitimement s’indigner devant ce Père qui aurait besoin de la mort de son Fils pour nous pardonner.

Le théologien Juan louis Segundo le fait en écrivant :

« Un Dieu d’amour n’est pas compatible avec un être qui peut être offensé au point de devoir sacrifier son Fils pour rester en paix avec soi-même et se réconcilier avec l’offenseur » [1]

[1] Juan louis Segundo Qu’est-ce qu’un dogme, Cerf CF n°169 p 507

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1 avril 2022 5 01 /04 /avril /2022 11:26
Homélie virtuelle pour Marc 10,35-45

35 Alors, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchent de Jésus et lui disent : « Maître, ce que nous allons te demander, nous voudrions que tu le fasses pour nous. » 36 Il leur dit : « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? » 37 Ils lui répondirent : « Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. » 38 Jésus leur dit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, être baptisé du baptême dans lequel je vais être plongé ? » 39 Ils lui dirent : « Nous le pouvons. » Jésus leur dit : « La coupe que je vais boire, vous la boirez ; et vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé.40 Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; il y a ceux pour qui cela est préparé. »

41 Les dix autres, qui avaient entendu, se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean. 42 Jésus les appela et leur dit : « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir. 43 Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. 44 Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous :45 car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. »

Mc 10,35-45  

« Accorde-nous de siéger dans Ta gloire ».

Comprenons que le vrai sens du mot gloire ! Ce n’est pas ce qui nous vient immédiatement à l’esprit. Cela n’a rien à voir avec la renommée, le bruit qu’on peut faire autour d’un nom célèbre, la réussite, le prestige, les honneurs. Dans la Bible, cela veut dire la richesse de l’être, sa plénitude, sa densité d’existence, son poids. Puisque Dieu est amour et qu’Il n’est que cela, la gloire de Dieu, c’est son poids d’amour. La demande de Jacques et de Jean peut donc être prise positivement : siéger, habiter sa gloire, c’est nous enraciner dans l’amour, c’est une demande d’intimité, de proximité, être au plus près possible.

« Que voudriez-vous que je fasse pour vous ? »

On peut donc  voir la manière dont Jésus aime, dont justement, Il vit de cette gloire en prenant conscience qu’il favorise l’expression du désir. Il leur permet de l’exprimer : « Que voudriez-vous que je fasse pour vous ? » Il sait discerner, je dirais faire du tri dans cette demande, il sait y voir ce qu’il y a de bon : ce désir de proximité et ce qui demande à être purifié car il n’y a pas de fauteuil dans le Royaume de l’amour. Fauteuil au sens de privilège, hiérarchie, préséance, place d’honneur. C’est pourquoi il ne fait pas de reproche. Il comprend qu’ils n’ont pas compris. Il accueille leur désir et va le purifier. Pas de fauteuil mais une coupe à boire et être plongé dans un baptême. Sa réponse, on peut la comprendre comme cela : Vous avez raison de vouloir être associé à ma gloire, au sens fort de ce poids d’amour. Mais cela doit être un amour qui ne triche pas. Un vrai amour, donc humble et souffrant, car aimer amène forcément de la souffrance et c’est cela qu’ils n’ont pas compris. Pouvez-vous être avec moi autant dans la souffrance que dans la joie ? Pouvez-vous me suivre autant au jour de la Passion qu’aux jours de la Résurrection ?

« Oui, nous le pouvons ».

La réponse finale de Jean et de Jacques est : « Oui, nous le pouvons ».

Personne n’est exclu de cette réponse. Si nous sommes baptisés, oui, nous le pouvons puisque nous le faisons déjà. Nous avons été plongés dans les eaux du baptême et mieux, nous sommes baptisés, plongés en Christ, c’est du présent ! Et nous le faisons dans la mesure exacte où nous aimons d’un amour humble qui forcément inclut de la souffrance.

Se faire serviteur

Mais aussi nous le pouvons en écoutant l’enseignement qui suit sur le service. Boire à la coupe et être plongé-e dans son baptême, c’est aussi se faire serviteur, renoncer aux formes diverses de domination, c’est que chacun-e soit au service. Sentons l’ambition que le Christ a pour nous dans cet enseignement sur le service. Il s’agit, oui, de devenir grand-e, oui, d’être premier-e. Et cette ambition est celle des saint-es : être premier-e dans le don. Il y a bien de l’ambition mais pas à la manière habituelle.  Oui, nous pouvons boire à la coupe et être plongé-es dans son baptême en vivant toute fonction, toute charge, tout travail, toute responsabilité comme un service.

Regardons le Christ serviteur

Il s’agit donc de regarder le Christ. Il n’est pas venu pour être servi mais pour servir.

Oui nous le pouvons en le regardant, en nous imprégnant de ce qu’il est, de ce qu’il fait.

Pour cela, on peut laisser remonter à la mémoire la vie du Christ vue sous l’angle du service.

« Donner sa vie en rançon ». 

Ce mot peut nous arrêter et nous scandaliser ! Il ne faut pas le prendre au sens moderne du terme. Car alors on tombe dans une fausse image de Dieu.

La racine hébraïque de ce mot c’est le verbe délier, libérer. Il faudrait mieux traduire : donner sa vie pour nous libérer. Jésus en donnant sa vie pour nous sur la Croix nous libère, en particulier de ces fausses images de Dieu. Sur la Croix, Dieu se livre et veut nous désarmer de toute peur. Le don de sa vie sur la Croix, c’est l’extrême du don.

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26 mars 2022 6 26 /03 /mars /2022 16:18
Homélie virtuelle sur Mc 9.30 à 10.34

 

1-Deuxième annonce de la Passion 9/30-32.

Dans l’Evangile de Marc, il y a 3 annonces de la passion. Voici la deuxième. Pourquoi cette insistance ? Il s’agit de montrer la difficulté d’entrer dans cette perspective. Difficulté des disciples d’hier, difficulté d’aujourd’hui.

Pourquoi cette mort, pourquoi cet apparent échec ?

Parce que Jésus révèle un Dieu qui bouleverse les privilèges, les dominations pratiquées par les sociétés humaines. On découvre ainsi la raison de la mort de Jésus : cet homme est dangereux pour tous les pouvoirs politiques et religieux. Tous les textes qui suivent cette deuxième annonce vont nous montrer la subversion opérée par Jésus. C’est pourquoi, il faut ne pas les couper les uns des autres. Ils montrent comment doivent se comporter celles et ceux qui veulent vivre de son esprit.

 

2-Subversion de la hiérarchie :

Le premier est celui qui est au service. 9/33-37

Les disciples se demandent qui est le plus grand montrant ainsi la difficulté d’entrer dans le Royaume que Jésus annonce. Il rebondit sur le désir mais pour le purifier. Vous voulez être grand ? Alors soyez-le en vous faisant serviteur, en accueillant l’enfant, comme on accueille le Christ. Soyez grand en accueillant celui qui ne compte pas.

 

3-Subversion d’un monopole de salut 9/38-40

Encore tout faux, les disciples ! Ils se croient seuls dépositaires d’un pouvoir de salut, ils se considèrent comme des maîtres que l’on suit alors que c’est seulement le Christ qui peut être suivi. Jésus brise leur rêve de monopole. Toute personne qui fait le bien est artisan du royaume. Parce que pour Jésus, la seule chose qui compte, c’est le bien de la personne.

 

4- Quelle conduite des disciples pour maintenir vivante la subversion ? 9/42-50 et 10,1-34

 

*Une question de verre d’eau :

On maintient vivante la subversion du Christ avec un sens fort de l’appartenance au Christ serviteur, seul titre qui permet d’être accueilli par les autres.

 

*Mains, pieds et œil :

On maintient vivante la subversion du Christ en sachant dire non à ce qui fait obstacle à cette appartenance au Christ serviteur. Sous l’image de la main, du pied, de l’œil, il s’agit de se séparer de bonne chose si et seulement si elles m’empêchent d’être disciple du Christ serviteur.

Ce texte ne doit pas du tout être pris au sens littéral ! C’est une exagération pour dire les nécessaires ruptures avec ce qui empêche d’aimer. Oui, il y a des choses à quitter, à renoncer, à abandonner pour que la vie des uns et des autres soit plus belle, plus heureuse, plus aimante, plus libre, plus généreuse. 

 

*Du sel :

On maintient vivante la subversion du Christ en salant sa vie, c'est-à-dire en faisant de sa vie quelque chose qui a du goût pour soi et pour les autres.

 

*Du divorce inégalitaire :

On maintient vivante la subversion du Christ en ne traitant pas les femmes comme des objets qu’on peut prendre et jeter avec un divorce de convenance masculine.

 

*Des enfants :

On maintient vivante la subversion du Christ en accueillant ceux qu’on rejette, ici des enfants et en accueillant le Royaume comme un petit enfant, c'est-à-dire dans la confiance de celui qui sait recevoir.

 

*Du partage :

On maintient vivante la subversion du Christ en considérant les richesses comme des dons à partager et non à accaparer

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16 mars 2022 3 16 /03 /mars /2022 11:04
Homélie virtuelle du 3ème dimanche de Carême

À ce moment, des gens qui se trouvaient là rapportèrent à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer, mêlant leur sang à celui des sacrifices qu’ils offraient. Jésus leur répondit : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. » Jésus disait encore cette parabole : « Quelqu’un avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit sur ce figuier, et n’en trouva pas. Il dit alors à son vigneron : “Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. À quoi bon le laisser épuiser le sol ?” Mais le vigneron lui répondit : “Maître, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas.” »

Luc 13/1-9

 

Quelle conversion ?

Pour bien comprendre ce passage de l’évangile de Luc, la précision suivante est nécessaire :

Pour la culture religieuse au temps de Jésus, mourir de mort violente était considérée comme une punition de Dieu. Donc ces galiléens et ceux de la tour de Siloë avait mérité de mourir !

Jésus oppose à cela un non catégorique. La mort n’est pas une punition de Dieu. Il se positionnera de la même manière en Jean 9 en refusant le lien entre cécité de naissance et péché.

La position de Jésus est une rupture radicale vis à vis de la culture de son temps, rupture vis-à-vis d’une religion qui fait de Dieu un juge qui condamne et un bourreau qui exécute des sentences de mort.

Mais n’est-ce pas encore ce qui traine dans nos têtes quand on dit : « Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour qu’il m’arrive ce malheur ? »

Ce NON de Jésus a donc encore besoin de nous rejoindre pour nous libérer de ces fausses images de Dieu.

Mais alors comment comprendre la 2ème partie de la réponse de Jésus, lorsqu’il dit : « mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière ».

Jésus menacerait-il de mort les non-croyants, ceux qui refuseraient de se convertir ?

Après avoir nous avoir libéré d’un lien, il en réintroduirait un autre ?

Impossible, il nous faut donc comprendre autrement.

Pour cela, bien entendre ce que signifie la conversion : c’est un changement de regard sur Dieu, Jésus ne nous menace pas mais il nous supplie de changer notre regard sur Dieu pour ne pas mourir dans la terreur d’un Dieu bourreau et pour qu’on vive dans la joie d’un Dieu ami de notre humanité.

Cela permet de comprendre la parabole qui suit. Dieu est-il le propriétaire qui veut abattre le figuier ou Dieu est-il le vigneron qui veut continuer à apporter tout le soin possible au figuier ?

La conversion est théologale, il s’agit de quitter l’image d’un Dieu bourreau pour accueillir l’image d’un Dieu Ami de nos vies.

 

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10 mars 2022 4 10 /03 /mars /2022 19:19
Homélie virtuelle du 2ème dimanche de Carême

Je vous le dis en vérité : parmi ceux qui sont ici présents, certains ne connaîtront pas la mort avant d’avoir vu le règne de Dieu. » Environ huit jours après avoir prononcé ces paroles, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier. Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante. Voici que deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie, apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem. Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, restant éveillés, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés. Ces derniers s’éloignaient de lui, quand Pierre dit à Jésus : « Maître, il est bon que nous soyons ici ! Faisons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il ne savait pas ce qu’il disait. Pierre n’avait pas fini de parler, qu’une nuée survint et les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu’ils y pénétrèrent. Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! » Et pendant que la voix se faisait entendre, il n’y avait plus que Jésus, seul. Les disciples gardèrent le silence et, en ces jours-là, ils ne rapportèrent à personne rien de ce qu’ils avaient vu.

Luc 9, 27-36

Le sens de cet Evangile est bien connu. Jésus vient d’annoncer à ces disciples, sa mort prochaine. Par la transfiguration, il leur annonce sa Résurrection.

Cet Evangile doit être lu avec tout son arrière-fond biblique : le sommeil des apôtres ; la suggestion de Pierre concernant les 3 tentes ; la prière de Jésus.

Le sommeil des apôtres.

On nous dit : « Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil. » Ce n’est pas de la fatigue, ni du sommeil de la nuit : c’est une expérience de Dieu. Rappelons-nous, le récit symbolique du début de la Genèse quand Dieu plonge l’Humain dans un profond sommeil pour qu’advienne du féminin et du masculin et le sommeil mystérieux qui s’empare d’Abraham quand Dieu fait alliance avec lui.

Le sommeil ici est expérience spirituelle quand Dieu fait entrer dans son mystère. Il est arrachement à soi-même, oubli de soi, abandon confiant. Sommeil, là où Dieu agit secrètement et où nous nous laissons faire par Dieu. C’est l’expérience de la nuit, ces nuits que nous connaissons toutes et tous, nuit de la foi, nuit où Dieu semble absent, mais nuit où Dieu travaille en nous sans que nous en ayons conscience, nuit de purification pour habituer nos yeux à la lumière.

Passage par la nuit. Mais pour un réveil…comme les apôtres dont on nous dit que « se réveillant, ils virent la gloire de Jésus ». C’est pourquoi le découpage de la liturgie commet une erreur en ne commençant pas par le verset 27 : « Je vous le dis en vérité : parmi ceux qui sont ici présents, certains ne connaîtront pas la mort avant d’avoir vu le règne de Dieu »

La demande de Pierre de planter trois tentes.

Le texte nous dit qu’il ne savait pas ce qu’il disait. Cette tente, ce n’est une simple question de campement ! C’est la tente de la rencontre. Quand le peuple était dans le désert, il allait à la tente de la rencontre, lieu de la présence de Dieu. Mais pourquoi donc Pierre ne sait pas ce qu’il dit ? La réponse est dans la suite du texte. On nous dit : la nuée les couve de son ombre, (remarquez, c’est la même expression utilisée pour l’Annonciation.) Une voix leur demande d’écouter Jésus le Fils et ensuite ils ne voient plus que Jésus seul. Il n’est pas question de planter 3 tentes car il n’y a qu’une seule tente qui est la personne même de Jésus. La seule et unique tente de la rencontre, c’est Jésus : unique chemin, unique salut, unique lumière pour tous les temps et tous les peuples, unique pâque, unique passage de la mort à la plénitude de la vie. Jésus, nouveau Moïse, nouvel Elie, nouvel Israël qui va accomplir un nouvel Exode, celui du passage de la mort à la résurrection. Premier né d’une multitude de sœurs et de frères, celui qui ouvre le passage pour que, à sa suite nous entrions dans la Vie aujourd’hui et pour toujours.

Avec le récit des tentations, nous savons que sa victoire est notre victoire. Avec la transfiguration, nous savons que sa résurrection est notre résurrection. Le Christ nous prend dans sa transfiguration. (Ph 3/20). Une victoire pour nous encore en germe, une résurrection encore en gestation mais bien réelle, déjà commencée et qui s’épanouira en vie en plénitude. Nous sommes déjà citoyennes, citoyens des cieux comme nous l’assure St Paul. Nous sommes déjà ressuscité-es.

La prière de Jésus

Cet Evangile est d’une immense richesse, je termine seulement par un dernier point :

Nous sommes dans Luc, et Luc c’est l’Evangile de la prière. Matthieu et Marc ont aussi un récit de la transfiguration. Luc est le seul à dire :« Il alla sur la montagne pour prier. »

Et pendant qu’il priait, son visage apparut tout autre ». La prière, pour nous à la suite du Christ, est une rencontre transfigurante. C’est le lieu par excellence de la foi, puisqu’elle n’a de sens qu’en Dieu ; elle le lieu de notre identité profonde, là on s’affirme fils, fille du Père. Prière de l’oreille, puisqu’il s’agit d’écouter Jésus comme le Père nous le demande : « Ecoutez-le » Et j’entends cette demande de Dieu, non comme un ordre mais comme une supplication, une prière de Dieu : « Je vous en prie, écoutez-le ! » Ecoutez-le pour vivre vraiment et pas à moitié ! Prière du regard aussi, qui est souvent une prière sans parole, prière d’admiration, d’étonnement, de gratitude, prière de simple présence dans la sécheresse mais qui attend le jour de voir Dieu, prière du veilleur qui est sûr que se lèvera l’aurore où je connaîtrai comme je suis connu-e, où j’aimerai comme je suis aimé-e. Jour où la résurrection de Jésus deviendra la nôtre en plénitude.

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