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26 mars 2022 6 26 /03 /mars /2022 16:18
Homélie virtuelle sur Mc 9.30 à 10.34

 

1-Deuxième annonce de la Passion 9/30-32.

Dans l’Evangile de Marc, il y a 3 annonces de la passion. Voici la deuxième. Pourquoi cette insistance ? Il s’agit de montrer la difficulté d’entrer dans cette perspective. Difficulté des disciples d’hier, difficulté d’aujourd’hui.

Pourquoi cette mort, pourquoi cet apparent échec ?

Parce que Jésus révèle un Dieu qui bouleverse les privilèges, les dominations pratiquées par les sociétés humaines. On découvre ainsi la raison de la mort de Jésus : cet homme est dangereux pour tous les pouvoirs politiques et religieux. Tous les textes qui suivent cette deuxième annonce vont nous montrer la subversion opérée par Jésus. C’est pourquoi, il faut ne pas les couper les uns des autres. Ils montrent comment doivent se comporter celles et ceux qui veulent vivre de son esprit.

 

2-Subversion de la hiérarchie :

Le premier est celui qui est au service. 9/33-37

Les disciples se demandent qui est le plus grand montrant ainsi la difficulté d’entrer dans le Royaume que Jésus annonce. Il rebondit sur le désir mais pour le purifier. Vous voulez être grand ? Alors soyez-le en vous faisant serviteur, en accueillant l’enfant, comme on accueille le Christ. Soyez grand en accueillant celui qui ne compte pas.

 

3-Subversion d’un monopole de salut 9/38-40

Encore tout faux, les disciples ! Ils se croient seuls dépositaires d’un pouvoir de salut, ils se considèrent comme des maîtres que l’on suit alors que c’est seulement le Christ qui peut être suivi. Jésus brise leur rêve de monopole. Toute personne qui fait le bien est artisan du royaume. Parce que pour Jésus, la seule chose qui compte, c’est le bien de la personne.

 

4- Quelle conduite des disciples pour maintenir vivante la subversion ? 9/42-50 et 10,1-34

 

*Une question de verre d’eau :

On maintient vivante la subversion du Christ avec un sens fort de l’appartenance au Christ serviteur, seul titre qui permet d’être accueilli par les autres.

 

*Mains, pieds et œil :

On maintient vivante la subversion du Christ en sachant dire non à ce qui fait obstacle à cette appartenance au Christ serviteur. Sous l’image de la main, du pied, de l’œil, il s’agit de se séparer de bonne chose si et seulement si elles m’empêchent d’être disciple du Christ serviteur.

Ce texte ne doit pas du tout être pris au sens littéral ! C’est une exagération pour dire les nécessaires ruptures avec ce qui empêche d’aimer. Oui, il y a des choses à quitter, à renoncer, à abandonner pour que la vie des uns et des autres soit plus belle, plus heureuse, plus aimante, plus libre, plus généreuse. 

 

*Du sel :

On maintient vivante la subversion du Christ en salant sa vie, c'est-à-dire en faisant de sa vie quelque chose qui a du goût pour soi et pour les autres.

 

*Du divorce inégalitaire :

On maintient vivante la subversion du Christ en ne traitant pas les femmes comme des objets qu’on peut prendre et jeter avec un divorce de convenance masculine.

 

*Des enfants :

On maintient vivante la subversion du Christ en accueillant ceux qu’on rejette, ici des enfants et en accueillant le Royaume comme un petit enfant, c'est-à-dire dans la confiance de celui qui sait recevoir.

 

*Du partage :

On maintient vivante la subversion du Christ en considérant les richesses comme des dons à partager et non à accaparer

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16 mars 2022 3 16 /03 /mars /2022 11:04
Homélie virtuelle du 3ème dimanche de Carême

À ce moment, des gens qui se trouvaient là rapportèrent à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer, mêlant leur sang à celui des sacrifices qu’ils offraient. Jésus leur répondit : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. » Jésus disait encore cette parabole : « Quelqu’un avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit sur ce figuier, et n’en trouva pas. Il dit alors à son vigneron : “Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. À quoi bon le laisser épuiser le sol ?” Mais le vigneron lui répondit : “Maître, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas.” »

Luc 13/1-9

 

Quelle conversion ?

Pour bien comprendre ce passage de l’évangile de Luc, la précision suivante est nécessaire :

Pour la culture religieuse au temps de Jésus, mourir de mort violente était considérée comme une punition de Dieu. Donc ces galiléens et ceux de la tour de Siloë avait mérité de mourir !

Jésus oppose à cela un non catégorique. La mort n’est pas une punition de Dieu. Il se positionnera de la même manière en Jean 9 en refusant le lien entre cécité de naissance et péché.

La position de Jésus est une rupture radicale vis à vis de la culture de son temps, rupture vis-à-vis d’une religion qui fait de Dieu un juge qui condamne et un bourreau qui exécute des sentences de mort.

Mais n’est-ce pas encore ce qui traine dans nos têtes quand on dit : « Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour qu’il m’arrive ce malheur ? »

Ce NON de Jésus a donc encore besoin de nous rejoindre pour nous libérer de ces fausses images de Dieu.

Mais alors comment comprendre la 2ème partie de la réponse de Jésus, lorsqu’il dit : « mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière ».

Jésus menacerait-il de mort les non-croyants, ceux qui refuseraient de se convertir ?

Après avoir nous avoir libéré d’un lien, il en réintroduirait un autre ?

Impossible, il nous faut donc comprendre autrement.

Pour cela, bien entendre ce que signifie la conversion : c’est un changement de regard sur Dieu, Jésus ne nous menace pas mais il nous supplie de changer notre regard sur Dieu pour ne pas mourir dans la terreur d’un Dieu bourreau et pour qu’on vive dans la joie d’un Dieu ami de notre humanité.

Cela permet de comprendre la parabole qui suit. Dieu est-il le propriétaire qui veut abattre le figuier ou Dieu est-il le vigneron qui veut continuer à apporter tout le soin possible au figuier ?

La conversion est théologale, il s’agit de quitter l’image d’un Dieu bourreau pour accueillir l’image d’un Dieu Ami de nos vies.

 

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10 mars 2022 4 10 /03 /mars /2022 19:19
Homélie virtuelle du 2ème dimanche de Carême

Je vous le dis en vérité : parmi ceux qui sont ici présents, certains ne connaîtront pas la mort avant d’avoir vu le règne de Dieu. » Environ huit jours après avoir prononcé ces paroles, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier. Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante. Voici que deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie, apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem. Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, restant éveillés, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés. Ces derniers s’éloignaient de lui, quand Pierre dit à Jésus : « Maître, il est bon que nous soyons ici ! Faisons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il ne savait pas ce qu’il disait. Pierre n’avait pas fini de parler, qu’une nuée survint et les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu’ils y pénétrèrent. Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! » Et pendant que la voix se faisait entendre, il n’y avait plus que Jésus, seul. Les disciples gardèrent le silence et, en ces jours-là, ils ne rapportèrent à personne rien de ce qu’ils avaient vu.

Luc 9, 27-36

Le sens de cet Evangile est bien connu. Jésus vient d’annoncer à ces disciples, sa mort prochaine. Par la transfiguration, il leur annonce sa Résurrection.

Cet Evangile doit être lu avec tout son arrière-fond biblique : le sommeil des apôtres ; la suggestion de Pierre concernant les 3 tentes ; la prière de Jésus.

Le sommeil des apôtres.

On nous dit : « Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil. » Ce n’est pas de la fatigue, ni du sommeil de la nuit : c’est une expérience de Dieu. Rappelons-nous, le récit symbolique du début de la Genèse quand Dieu plonge l’Humain dans un profond sommeil pour qu’advienne du féminin et du masculin et le sommeil mystérieux qui s’empare d’Abraham quand Dieu fait alliance avec lui.

Le sommeil ici est expérience spirituelle quand Dieu fait entrer dans son mystère. Il est arrachement à soi-même, oubli de soi, abandon confiant. Sommeil, là où Dieu agit secrètement et où nous nous laissons faire par Dieu. C’est l’expérience de la nuit, ces nuits que nous connaissons toutes et tous, nuit de la foi, nuit où Dieu semble absent, mais nuit où Dieu travaille en nous sans que nous en ayons conscience, nuit de purification pour habituer nos yeux à la lumière.

Passage par la nuit. Mais pour un réveil…comme les apôtres dont on nous dit que « se réveillant, ils virent la gloire de Jésus ». C’est pourquoi le découpage de la liturgie commet une erreur en ne commençant pas par le verset 27 : « Je vous le dis en vérité : parmi ceux qui sont ici présents, certains ne connaîtront pas la mort avant d’avoir vu le règne de Dieu »

La demande de Pierre de planter trois tentes.

Le texte nous dit qu’il ne savait pas ce qu’il disait. Cette tente, ce n’est une simple question de campement ! C’est la tente de la rencontre. Quand le peuple était dans le désert, il allait à la tente de la rencontre, lieu de la présence de Dieu. Mais pourquoi donc Pierre ne sait pas ce qu’il dit ? La réponse est dans la suite du texte. On nous dit : la nuée les couve de son ombre, (remarquez, c’est la même expression utilisée pour l’Annonciation.) Une voix leur demande d’écouter Jésus le Fils et ensuite ils ne voient plus que Jésus seul. Il n’est pas question de planter 3 tentes car il n’y a qu’une seule tente qui est la personne même de Jésus. La seule et unique tente de la rencontre, c’est Jésus : unique chemin, unique salut, unique lumière pour tous les temps et tous les peuples, unique pâque, unique passage de la mort à la plénitude de la vie. Jésus, nouveau Moïse, nouvel Elie, nouvel Israël qui va accomplir un nouvel Exode, celui du passage de la mort à la résurrection. Premier né d’une multitude de sœurs et de frères, celui qui ouvre le passage pour que, à sa suite nous entrions dans la Vie aujourd’hui et pour toujours.

Avec le récit des tentations, nous savons que sa victoire est notre victoire. Avec la transfiguration, nous savons que sa résurrection est notre résurrection. Le Christ nous prend dans sa transfiguration. (Ph 3/20). Une victoire pour nous encore en germe, une résurrection encore en gestation mais bien réelle, déjà commencée et qui s’épanouira en vie en plénitude. Nous sommes déjà citoyennes, citoyens des cieux comme nous l’assure St Paul. Nous sommes déjà ressuscité-es.

La prière de Jésus

Cet Evangile est d’une immense richesse, je termine seulement par un dernier point :

Nous sommes dans Luc, et Luc c’est l’Evangile de la prière. Matthieu et Marc ont aussi un récit de la transfiguration. Luc est le seul à dire :« Il alla sur la montagne pour prier. »

Et pendant qu’il priait, son visage apparut tout autre ». La prière, pour nous à la suite du Christ, est une rencontre transfigurante. C’est le lieu par excellence de la foi, puisqu’elle n’a de sens qu’en Dieu ; elle le lieu de notre identité profonde, là on s’affirme fils, fille du Père. Prière de l’oreille, puisqu’il s’agit d’écouter Jésus comme le Père nous le demande : « Ecoutez-le » Et j’entends cette demande de Dieu, non comme un ordre mais comme une supplication, une prière de Dieu : « Je vous en prie, écoutez-le ! » Ecoutez-le pour vivre vraiment et pas à moitié ! Prière du regard aussi, qui est souvent une prière sans parole, prière d’admiration, d’étonnement, de gratitude, prière de simple présence dans la sécheresse mais qui attend le jour de voir Dieu, prière du veilleur qui est sûr que se lèvera l’aurore où je connaîtrai comme je suis connu-e, où j’aimerai comme je suis aimé-e. Jour où la résurrection de Jésus deviendra la nôtre en plénitude.

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28 février 2022 1 28 /02 /février /2022 16:29
Homélie virtuelle d’entrée en Carême et du 1er dimanche Lc 4,1-13

Jésus, rempli d’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert

où, pendant quarante jours, il fut tenté par le diable. Il ne mangea rien durant ces jours-là, et, quand ce temps fut écoulé, il eut faim.

 

Le diable lui dit alors : « Si tu es Fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain. »

Jésus répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain. »

 

Alors le diable l’emmena plus haut et lui montra en un instant tous les royaumes de la terre.  Il lui dit : « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car cela m’a été remis et je le donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, tu auras tout cela. »

Jésus lui répondit : « Il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte. »

 

Puis le diable le conduisit à Jérusalem, il le plaça au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, d’ici jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi, à ses anges, l’ordre de te garder ; et encore : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. »

Jésus lui fit cette réponse : « Il est dit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »

 Ayant ainsi épuisé toutes les formes de tentations, le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé.

Lc 4,1-13

Cet évangile qui ouvre le temps du Carême, on l’appelle habituellement le récit des Tentations de Jésus.

Il vaudrait mieux l’appeler autrement : l’évangile de la Victoire de Jésus.

Là où dans le désert, le peuple hébreu avait succombé, Jésus, lui, sort vainqueur.

Cela me semble intéressant de commencer notre Carême par la contemplation d’une victoire : Jésus victorieux.

Cela me semble intéressant parce que nous avons besoin de cette victoire, besoin de comprendre que Jésus a su vaincre le mal, que le mal s’est comme brisé sur sa Personne.

Toute la vie du Christ est une victoire sur le mal, toute sa vie est un non à la mort, au mensonge, à l’idolâtrie, à la haine, au péché.

Toute la vie du Christ est un oui à la vie, oui à Dieu, oui à la vérité, à la justice, à la bonté, au pardon.

Toute sa vie est une victoire et la Croix, dans cette perspective, est la victoire absolue, puisqu’elle est victoire de l’amour et du pardon qui vont jusqu’au bout.

Cette victoire nous révèle quelque chose d’inouï : Dieu nous a donné son Fils pour que nos vies, notre humanité, notre Histoire trouvent en lui, la source de la Vie.

Sauvé-es en lui, définitivement, parce que Dieu est plus grand que notre mal, parce que Dieu est plus fort que notre péché c'est à dire de tout ce qui va contre la vie.

En nous donnant son Fils un jour du temps, Dieu a introduit dans notre monde, pour tous les temps, pour aujourd’hui, pour hier et pour demain, pour tous les lieux, la semence de sa victoire.

Oui, nous avons besoin de regarder cette victoire, car dans nos vies qui sont toutes marquées d’une manière ou d’une autre par une souffrance, un échec, une faute, il nous est bon de regarder cette victoire du Christ, gage de cette victoire définitive qui nous est promise et semence qui travaille aujourd'hui le monde à la manière d’un ferment.

Sa victoire qui est notre victoire.

C’est pourquoi, après la victoire, je vous invite à regarder où Jésus a remporté cette victoire.

Il l’a remportée dans un désert, c’est à dire qu’il nous a rejoints dans le désert de nos vies, jusqu’au plus désertique de nos vies.

Il vient donner la vie, sa vie par sa présence, faire jaillir la source d’eau vive qu’est son amour.

Pour que cet Evangile fasse son œuvre en nous, cela suppose de regarder Jésus :

Dieu fait homme, lumière du monde, chemin, vérité, venu pour nous donner une vie qui ressemble à la sienne, nous partager sa lumière.

Il est au désert de notre monde, de nos vies et il l’habite de sa présence.

Alors, puisqu’il est venu pour habiter de sa présence le désert de nos vies, cela veut dire cette chose capitale :

Il est là, avec nous, à côté de nous, d’une présence définitive. Il a fait tout le chemin pour nous rejoindre et nous rejoindre jusque dans les recoins les plus désertiques de nos vies.

S’il a fait tout le chemin, il est là présent, alors que nous reste-t-il à faire ?

La seule chose à faire, c’est d’y croire et de me laisser aimer par lui.

Ce temps du Carême, un temps privilégié pour croire que Dieu est là, compagnon de ma vie, l’ami par excellence qui ne me lâchera jamais la main.

Ce temps de Carême, un temps privilégié pour m’offrir à son amour, me laisser aimer par lui au cœur même des déserts de ma vie.

Chacun de nous a ses déserts…Ce sont nos pauvretés, nos fragilités, nos blessures, nos souffrances, nos choix tordus, nos cœurs étriqués…Et même notre péché !

Nous laisser aimer au cœur même de nos pauvretés, au cœur même de notre péché. Accepter sa présence au cœur même de notre misère.

Ce n’est pas facile, car notre réaction spontanée c’est de croire que nous serons dignes de Dieu quand nous serons impeccables.

Non, Dieu nous veut tout de suite et il nous prend dans ses bras, avec notre boue, et nous embrasse tendrement.

Jésus vient dans nos déserts pour les habiter de sa présence :

Une pauvreté habitée par sa présence est toujours une pauvreté mais cela devient un lieu de rencontre avec l’Amour qui est Dieu, un lieu où je laisse Dieu m’aimer tel-le que je suis, un lieu d’ouverture à la Grâce, une brèche où Dieu peut enfin laisser couler sa vie.

Nous entrons dans cette 1ère semaine de Carême, une semaine devant nous pour :

Croire que Dieu est présent au cœur de nos déserts.

Le laisser m’aimer au cœur même de ce qui cloche dans ma vie.

Voilà notre lieu de conversion, une attitude qui va permettre à Dieu d’agir et de faire du neuf dans nos vies.

Pour cela, il nous donne trois Paroles :

 

« L’homme ne vit pas seulement de pain » :

*appel à se nourrir du pain de la Parole.

 

« C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte. » :

*appel à ne rien idolâtrer.

 

« Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. »

*appel à la confiance en Dieu et à l’aimer gratuitement.

 

Ces trois paroles sont des secrets de la victoire du Christ pendant ces 40 jours au désert symbolique du combat de toute sa vie.

Ce sont les paroles de notre victoire et de notre bonheur.

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23 février 2022 3 23 /02 /février /2022 17:47
Homélie virtuelle: un renversement de valeurs, Mc 9, 33-37

Ils arrivèrent à Capharnaüm, et, une fois à la maison, Jésus leur demanda : « De quoi discutiez-vous en chemin ? »  Ils se taisaient, car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand. S’étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d’eux, l’embrassa, et leur dit : « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. »

Mc 9. 33-37

Dans l’évangile selon Marc, on ne peut pas dire que les disciples ont le beau rôle. L’évangéliste montre tout le temps leur difficulté à entrer dans l’esprit de Jésus et il n’est pas tendre avec eux.

En Mc 4,40 :

Pourquoi êtes-vous peureux ? Vous n’avez pas encore de foi ?

En Mc 6,52 :

Ils n’avaient pas compris pour les pains ; en fait leur cœur était devenu dur.

En Mc 8, 14-21 :

Vous ne saisissez pas encore et vous ne comprenez pas ?

Vous avez le cœur dur ?

Vous avez des yeux et vous ne voyez pas, vous avez des oreilles et vous n’écoutez pas ?

Vous ne comprenez pas encore ?

En Mc 8,33 :

A Pierre : Va derrière moi Satan ! Tes idées ne sont pas celles de Dieu mais celles de hommes.

En Mc 9,19 :

Jusqu’à quand serai-je auprès de vous ? Jusqu’à quand aurai-je à vous supporter ?

 

Dans ce passage, les disciples discutent pour savoir qui est le plus grand. Le contenu de leur discussion montre bien l’abime qu’il y a entre eux et Jésus. Et ici Jésus fait preuve d’infinie patience à leur égard et leur donne un enseignement en acte à proprement parlé révolutionnaire car c’est un renversement des valeurs couramment admises :

Le premier, c’est celui qu’on considère comme dernier comme cet enfant qui dans la société de Jésus était compté pour rien, relégué à la dernière place.

Et accueillir celui qui est à dernière place, c’est accueillir Jésus.

L’évangéliste Matthieu développera cela quand au Chapitre 25, il écrira : « Ce que vous avez fait à l’un de plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait »

Mais Marc va encore plus loin, accueillir celui qui est à la dernière place, c’est accueillir Dieu !

Le premier, c’est :

-le dernier

-le serviteur

-l’enfant

Il sera le dernier des derniers sur la Croix.

Il se définit comme celui qui sert.

Il s’est fait enfant dans son Incarnation.

C’est sa manière à Lui d’être premier. Son choix, son ambition. Car il s’agit bien d’être premier mais à la manière du Christ.

Contemplons donc Jésus : dernier, serviteur, enfant.

Contemplons Dieu ainsi.

S’étonner de la subversion que Jésus introduit ainsi dans l’image de Dieu.

Dieu est le dernier, Il est le serviteur, Il est enfant.

Et on l’accueille en accueillant ceux et celles que l’on dévalorise.

 

Ecoutons la question de Jésus pour nous-même :

Qui est le plus grand ? Cette question interroge nos échelles de valeur. Essayons d’y répondre. Qu’est-ce qui est grand pour nous ? Qu’est-ce qui est le plus grand ? Et ensuite confrontons nos réponses à la réponse de Jésus.

Et revenons aux disciples qui n’ont surement pas mieux compris cela que tant d’autres choses dites et vécu par Jésus. Apparemment ils sont près de Jésus, ils le suivent, ils sont « du dedans » et portant ils sont loin de lui, ils sont « du dehors ». Et beaucoup, apparemment loin de lui peuvent être tout proche.

N’est-ce pas encore la situation d’aujourd’hui : combien de femmes et d’hommes peuvent être tout près de lui, vivant de son esprit alors qu’ils ne le connaissent pas…sont athées…en rupture avec les institutions ecclésiales… ? Et pourtant plus près de Jésus que certains parmi ceux qui s’en réclament !

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17 février 2022 4 17 /02 /février /2022 11:48
Homélie virtuelle sur Marc 9,30 à 10,34: Pourquoi Jesus a-t-il été tué?

Mc 9.30 à 10.34

1-Pourquoi Jésus a-t-il été tué ? 9/30-32.

Dans l’Evangile de Marc, il y a 3 annonces de la passion. Voici la deuxième. Pourquoi cette insistance ? Il s’agit de montrer la difficulté d’entrer dans cette perspective. Difficulté des disciples d’hier, difficulté d’aujourd’hui.

Pourquoi cette mort, pourquoi cet apparent échec ?

Parce que Jésus révèle un Dieu qui bouleverse les privilèges, les dominations pratiquées par les sociétés humaines. On découvre ainsi la raison de la mort de Jésus : cet homme est dangereux pour tous les pouvoirs politiques et religieux. Tous les textes qui suivent cette deuxième annonce vont nous montrer la subversion opérée par Jésus. C’est pourquoi, il faut ne pas les couper les uns des autres. Ils montrent comment doivent se comporter celles et ceux qui veulent vivre de son esprit.

2-Subversion de la hiérarchie :  le premier est celui qui est au service. 9/33-37

Les disciples se demandent qui est le plus grand montrant ainsi la difficulté d’entrer dans le Royaume que Jésus annonce. Il rebondit sur le désir mais pour le purifier. Vous voulez être grand ? Alors soyez-le en vous faisant serviteur, en accueillant l’enfant, comme on accueille le Christ. Soyez grand en accueillant celui qui ne compte pas.

3-Subversion d’un monopole de salut 9/38-40

Encore tout faux, les disciples ! Ils se croient seuls dépositaires d’un pouvoir de salut, ils se considèrent comme des maîtres que l’on suit alors que c’est seulement le Christ qui peut être suivi. Jésus brise leur rêve de monopole. Toute personne qui fait le bien est artisan du royaume. Parce que pour Jésus, la seule chose qui compte, c’est le bien de la personne.

4- Quelle conduite des disciples pour maintenir vivante la subversion de Jésus? 9/42-50 et 10,1-34

*une question de verre d’eau :

On maintient vivante la subversion du Christ avec un sens fort de l’appartenance au Christ serviteur, seul titre qui permet d’être accueilli par les autres.

*des mains, des pieds et un œil :

On maintient vivante la subversion du Christ en sachant dire non à ce qui fait obstacle à cette appartenance au Christ serviteur. Sous l’image de la main, du pied, de l’œil, il s’agit de se séparer de bonne chose si et seulement si elles m’empêchent d’être disciple du Christ serviteur.

Ce texte ne doit pas du tout être pris au sens littéral ! C’est une exagération pour dire les nécessaires ruptures avec ce qui empêche d’aimer. Oui, il y a des choses à quitter, à renoncer, à abandonner pour que la vie des uns et des autres soit plus belle, plus heureuse, plus aimante, plus libre, plus généreuse. 

*du sel :

On maintient vivante la subversion du Christ en salant sa vie, c'est-à-dire en faisant de sa vie quelque chose qui a du goût pour soi et pour les autres.

*du divorce inégalitaire :

On maintient vivante la subversion du Christ en ne traitant pas les femmes comme des objets qu’on peut prendre et jeter.

*des enfants :

On maintient vivante la subversion du Christ en accueillant celles et ceux qu’on rejette, ici des enfants et en accueillant le Royaume comme un petit enfant, c'est-à-dire dans la confiance de celui qui sait recevoir.

*du partage :

On maintient vivante la subversion du Christ en considérant les richesses comme des dons à partager et non à accaparer.

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10 février 2022 4 10 /02 /février /2022 11:22
Homélie virtuelle: Marc 8,31-33, insupportables paroles.

Il commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite.

Jésus disait cette parole ouvertement. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches.

Mais Jésus se retourna et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. »

Marc 8.31-33

 

« Le Fils de l’homme doit beaucoup souffrir, être rejeté…être tué. »

La foi chrétienne est décidemment unique parmi les religions. Aucune ne présente Dieu ainsi : non seulement un Dieu qui a visage d’humanité, vraiment, réellement, mais aussi un Dieu qui va souffrir, être rejeté, être tué. Dieu dans la temporalité, Dieu jusque dans la mort.

La question à se poser : Si la foi chrétienne dit vrai, qu’est-ce que cela change pour nous ?

Cela change tout.

Cela révèle un Dieu qui aime vraiment et qui le prouve. Dieu qui, dans son incarnation, nous a rencontré toutes et tous. Dieu nous connait de l’intérieur jusqu’à l’expérience de la mort.

Cela révèle notre identité profonde : l’humain est le lieu de Dieu. Dieu est humanisé et l’humain divinisé. Echange réciproque sans confusion et sans séparation.

Et cela désigne le seul et unique lieu du sacré : chaque femme, chaque homme de tous les temps et de tous les lieux.

Comment je réagis à cela ?

« Le Fils de l’homme doit… »

Ce mot résonne mal à notre esprit et notre cœur.

Cela a été malheureusement interprété comme une nécessité de salut : la mort du Christ comme le prix à payer pour que Dieu pardonne. Perversion de la foi. Mais alors que signifie ce « doit ». Il y a bien un inévitable mais qui est à trouver autre part.

C’est l’inévitable d’un refus. Jésus a dû souffrir, être rejeté, mourir parce que sa personne, ses actes, ses paroles étaient et restent insupportable par ce qui, en nous, refuse ce qu’il vient nous donner.

L’insupportable d’un amour exigeant car nous préférerons des amourettes.

L’insupportable de la liberté créatrice car nous préférons la sécurité de la répétition.

L’insupportable de la dignité de chacun-e car nous préférerons les hiérarchies sociales et religieuses.

L’insupportable de la justice car nous préférerons nos intérêts.

L’insupportable…

Qu’est-ce qui me séduit chez Jésus ? Qu’est-ce que j’ai plus de mal à accueillir ?

« Et après trois jours, se lever. »

La résurrection de Jésus fonde l’espérance au sens où elle atteste que le projet de Jésus est vainqueur. Pour celles et ceux qui le suivent cela signifie que malgré le refus, la victoire est possible.

C’est possible que l’amour, la liberté, la dignité, la justice ait le dernier mot.

Puisant dans sa résurrection, nous pouvons faire se lever le royaume que Dieu veut.

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5 février 2022 6 05 /02 /février /2022 13:54
Homélie du 5ème dim TO: Lc 5,1-11 Avancez au large

Or, la foule se pressait autour de Jésus pour écouter la parole de Dieu, tandis qu’il se tenait au bord du lac de Génésareth. Il vit deux barques qui se trouvaient au bord du lac ; les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets. Jésus monta dans une des barques qui appartenait à Simon, et lui demanda de s’écarter un peu du rivage. Puis il s’assit et, de la barque, il enseignait les foules. Quand il eut fini de parler, il dit à Simon : « Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche. Simon lui répondit : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. » Et l’ayant fait, ils capturèrent une telle quantité de poissons que leurs filets allaient se déchirer. Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu’elles enfonçaient. A cette vue, Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus, en disant : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur. » En effet, un grand effroi l’avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu’ils avaient pêchés ; et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, les associés de Simon. Jésus dit à Simon : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. » Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent.

 

Étant donné la foule qui s’écrase autour de lui, Jésus a besoin d’une barque pour pouvoir mieux enseigner. Aucune autosuffisance chez lui mais un désir de partenariat, un désir que d’autres participent à sa mission et la conscience simple qu’il a besoin d’aide.

Après un temps d’enseignement, Jésus demande une chose étonnante à Simon : « avance au large et jetez les filets. »

Cette demande du Christ est à entendre dans l’aujourd’hui de nos vies. C’est le Christ vivant, ressuscité qui aujourd’hui nous parle. Quel est ce « large » auquel Jésus nous invite ?

Élargir l’espace de nos vies ?

Elargir l’étroitesse de nos idées ?

Ouvrir large notre cœur à son amour ?

… ?

Il s’agit non seulement d’avancer au large mais « de jeter les filets ». On peut comprendre l’étonnement de Simon, le professionnel de la pêche mais, malgré tout son savoir-faire, il n’a pris aucun poisson. Il n’y a aucune raison qu’ils en prennent maintenant !

Pourtant il va le faire. Il va entendre cette demande.

Qu’est-ce qui a pu le décider ?

Il me semble que c’est grâce à une confiance fondée sur une intuition :

de la part de Jésus, ne peut venir qu’une abondance de vie.

Et la pêche abondante lui donne raison !

La confiance de Pierre interpelle la nôtre : quelles sont les raisons de ma confiance en Jésus ? Sur quoi se fonde-t-elle ?

Comme Pierre, nous nous savons pécheurs, fragiles, dans le sens d’une résistance profonde à entrer dans la confiance, à convertir nos fausses images de Dieu. Mais l’inouï de tout l’Évangile, c’est de se découvrir appelé-e au cœur même de ce péché, de cette résistance, de cette fragilité.

Jésus a seulement besoin de notre confiance et notre gratitude.

Il nous rejoint là où nous sommes, nous appelle comme nous sommes. Goûtons simplement, savourons cette joie d’être appelé-e au cœur même de nos résistances.

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26 janvier 2022 3 26 /01 /janvier /2022 11:13
Homélie virtuelle du 4ème TO Lc 4/21-30

Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. ». Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. Ils se disaient : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? ». Mais il leur dit : « Sûrement vous allez me citer le dicton : “Médecin, guéris-toi toi-même”, et me dire : “Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm ; fais donc de même ici dans ton lieu d’origine !” » Puis il ajouta : « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays.  En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère. Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. » À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas. Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.

Lc 4/21-30

« N’est-ce pas là le fils de Joseph ? »

Il est important de sentir la nuance de mépris qu’il y a dans la réflexion des gens de son village : il n’est que le fils de Joseph.

Il y a dans cette réaction une impossibilité à reconnaitre le don qui est fait à Jésus. Et donc l’incapacité de recevoir ce qu’il leur partage de ce don. Dans cette synagogue, il y a ceux qui l’ont vu bébé, qui l’ont vu grandir, qui l’on vu charpentier. Il y en a aussi qui ont grandi avec lui, participé aux mêmes jeux : quelqu’un d’ordinaire comme eux. Et voici que celui-ci sort de l’ordinaire. Pourquoi tout cela lui est donné et pas à eux ? « D’où ? A lui ! Tout cela ! Quelle sagesse ! Elle lui est donnée ? A lui ! » (Traduction de la bibliste Sr jeanne d’Arc )

On sent dans ces réactions une impossibilité à reconnaitre le don qui est fait à Jésus. Et donc l’incapacité de recevoir ce qu’il leur partage de ce don.

D’où vient cette incapacité ?

Devant le don donné à quelqu’un, deux réactions sont possibles :

-La première est la joie, se réjouir du don qui est fait à l’autre, d’autant plus qu’il nous le partage, ce don vient de lui mais, par lui, il nous est communiqué. Donc gratitude.

-La deuxième est la jalousie. « Pourquoi lui et pas moi ? » On refuse alors et le donateur et le don. C’est la réaction des gens de son village.

Si vous avez vu le film Amedeus, c’est exactement de cela qu’il s’agit. Le musicien Salieri ne supporte pas que le don absolu de la musique ait été donné au libertin  Mozart. Au lieu de jouir de sa musique comme un cadeau du ciel, il cherchera à le tuer.

N’être que le fils de Joseph, c’est aussi le choix de Dieu. Jésus est le fils d’un homme ordinaire. Choix de l’Incarnation. Dieu n’a pas pris chair dans les sphères des puissants, des opulents, des gens connus qui font la une de l’Histoire. St Paul le dira : « Ce qui dans le monde est sans naissance et que l’on méprise, voilà ce que Dieu a choisi » 1ère lettre aux Corinthiens chapitre 1 verset 28.

Ce choix nous concerne car il montre l’infinie dignité de chaque homme, chaque femme, simplement du fait de son humanité. C’est pourquoi personne ne doit être écrasé. Cet infini respect inauguré par le Christ est libération du mépris et cela nous invite à inventer d’autres types de relation entre nous et dans nos sociétés.

Il est ensuite important de comprendre les raisons de cette volonté de tuer Jésus. Son message universaliste qui met en valeur des gens étrangers, est un langage insupportable pour des esprits fermés, imbus de leur privilège religieux. Quand on prendra davantage conscience du caractère subversif des paroles de Jésus, un progrès aura été réalisé dans l’intelligence des Evangiles et dans son incarnation en nos vies.

« Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin. »

Aller son chemin, c’est ne pas se laisser détourner de ce qu’on croit juste, continuer malgré les oppositions.

Contemplons la liberté de Jésus pour que sa liberté devienne la nôtre.

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19 janvier 2022 3 19 /01 /janvier /2022 13:45
Homélie virtuelle du 3ème dim TO: Luc 1,1-4; 14-21 Le projet de Jésus.

Luc 1/1-4

01 CHER THEOPHILE, dans mon premier livre, j’ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné, depuis le moment où il commença, 02 jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel, après avoir, par l’Esprit Saint, donné ses instructions aux Apôtres qu’il avait choisis. 03 C’est à eux qu’il s’est présenté vivant après sa Passion ; il leur en a donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur est apparu et leur a parlé du royaume de Dieu. 04 Au cours d’un repas qu’il prenait avec eux, il leur donna l’ordre de ne pas quitter Jérusalem, mais d’y attendre que s’accomplisse la promesse du Père. Il déclara : « Cette promesse, vous l’avez entendue de ma bouche :

Luc 4/14-21

14 Lorsque Jésus, dans la puissance de l’Esprit, revint en Galilée, sa renommée se répandit dans toute la région. 15 Il enseignait dans les synagogues, et tout le monde faisait son éloge. 16 Il vint à Nazareth, où il avait été élevé. Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture. 17 On lui remit le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit : 18 L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, 19 annoncer une année favorable accordée par le Seigneur. 20 Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. 21 Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. »

 

Chacun de nous est Théophile, c’est à dire aimant Dieu et aimé de Dieu. On peut aimer de façon différente selon les étapes de notre vie spirituelle. On peut aimer en cherchant Dieu et d’une certaine manière nous sommes toujours en recherche, des chercheurs-euses de Dieu, en quête de Son visage, quête qui sera seulement comblée quand nous Le verrons face à face. Mais plus profondément encore nous sommes des Théophiles parce que Dieu, Lui, nous a trouvé-es, Il a mis Son image en nous et Il a fait de notre vie Sa demeure.

Il habite notre cœur, Il est chez Lui chez nous.

Notre contemplation, ce peut être une plus grande attention à ce mystère de la Présence de Dieu en nous.

«Il s’est présenté vivant après sa Passion ; il leur en a donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur est apparu et leur a parlé du royaume de Dieu»

Quelques versets qui reprennent l’ensemble du mystère du Christ. Il y a dans la foi des alternances de lumières et de nuits. Nuit de Noël, enfouissement de Dieu dans l’humble quotidien de Nazareth. Lumière de ce qu’il a fait et enseigné qui est source de notre attachement au Christ, source de notre séduction. Nuit de la Passion, de la mort. Lumière de la Résurrection et pendant 40jours, cette lente sortie de la peur. Il en faut du temps pour croire que Dieu est plus fort que nos morts. Jésus, pendant 40 jours accompagne ceux qu’il aime pour les faire sortir de leurs tombeaux. Dans sa résurrection, c’est eux qu’il ressuscite ! Sa résurrection est pour nous et c’est la nôtre. Il les apprivoise peu à peu à la vie.

Notre contemplation, ce peut être d’accueillir ces nuits et ces lumières qui sont autant de manières de Dieu d’être présent à notre cœur. 

Nous avons ensuite avec ce texte le projet de Jésus. Il veut que nos vies individuelles et nos sociétés soient restructurées selon les valeurs du cœur de Dieu. Que la volonté de Dieu se fasse sur terre comme elle se fait dans le ciel. Un projet qui demande notre collaboration. Il s’agit de chercher le royaume, d’entrer dans un chemin de transformation des cœurs et des sociétés. « Donner une Bonne Nouvelle aux pauvres…libérer les captifs, libérer ceux qui sont écrasés ».

Pourquoi est-ce une Bonne Nouvelle ? Quel est le contenu de cette nouvelle, de cette nouveauté ? De cette libération ?

En quoi est-ce une contestation ?

Pour bien entendre ce texte, on peut le rapprocher d’un autre en Luc 6 /22-23 : « Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres ; et heureux celui pour qui je ne serai pas occasion de chute »

Jésus montre quel changement est déjà à l’œuvre. Il nous appelle et nous associe à Son œuvre pour qu’il y ait dans notre monde, moins de mensonge et plus de vérité (guérison d’aveugle) ; plus de liberté pour que chacun-e puisse marcher librement (boiteux) ; un accès à la santé le plus large possible ( lépreux) ; entendre que Dieu nous aime ( sourds) ; travailler à ce que la vie soit plus forte que tout , combattre toute injustice qui écrase les gens (résurrection). Jésus a commencé ce règne. Il a besoin de nous pour le continuer (Celui qui croit en moi, fera lui aussi les œuvres que je fais, il en fera même de plus grandes parce que je vais au Père Jn 14/12).

Pour cela, il faut d’abord se mettre dans la foule de celles et ceux qui ont besoin de guérison : ce qui est aveugle, boiteux, lépreux, sourd en soi. Et se laisser guérir par le Christ. Alors, nous pourrons transmettre la vie reçue de Lui, autour de nous.

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