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16 mars 2016 3 16 /03 /mars /2016 21:50
Peinture de He Qi

Peinture de He Qi

Ce récit des chapitres 22 et 23 de l’évangile de Luc est d’une actualité brulante et de tous les temps.

Un homme est arrêté, jugé, condamné, exécuté et de plus il est innocent !

Victime de l’injustice comme l’ont été et le sont encore tant de gens. Il est l’innocent à qui tous les bourreaux font violence.

Entendre, lire ce récit c’est donc une plongée dans le monde de la violence et de l’injustice de pouvoirs politiques et religieux qui continuent de sévir. C’est regarder le sort de tant de femmes et d’hommes en ce moment.

C’est donc un récit dangereux pour tout pouvoir qui s’arroge le droit de tuer. Ce récit en est la dénonciation car il montre que Dieu est du côté de ceux qui souffrent.

Le Dieu crucifié, victime de l’injustice est jugement contre toute injustice.

En Jésus, Dieu est donc là, avec nous, non seulement un jour du temps quand il a hurlé de douleur sur la croix, mais aussi de tout temps. Il crie sa douleur pour tout ce qui dans ce monde pourtant si beau, est défiguré par l’injustice et par l’absurde. Il est là avec nous, sans mots, mais il est là. Il nous prend la main, il nous prend dans ses bras pour que, de la douleur, puisse naître peu à peu une détermination, une force pour combattre, une force pour vivre et faire vivre.

« Ayant aimé les siens, il les aima jusqu’à l’extrême ».

Voilà la raison de la croix : un amour en excès. Une fidélité de Dieu qui va jusqu’au bout. Il va jusqu’au bout de la non-violence et ne répond pas par la violence à la violence. Il fait jusqu’au bout ce qu’il a toujours fait et dit. Reculer devant la croix, cela aurait décrédibiliser tout l‘Evangile.

Malheureusement, ce n’est pas cette lecture qui a dominé la réflexion chrétienne. Une lecture a même atteint le summum des fausses images de Dieu en présentant les souffrances et la mort du Christ comme le prix à payer pour que Dieu pardonne ! On peut légitimement s’indigner devant ce Père qui aurait besoin de la mort de son Fils pour nous pardonner. Et le théologien Juan louis Segundo le fait en écrivant :

« Un Dieu d’amour n’est pas compatible avec un être qui peut être offensé au point de devoir sacrifier son Fils pour rester en paix avec soi-même et se réconcilier avec l’offenseur » [1]

 

[1] Juan louis Segundo Qu’est-ce qu’un dogme, Cerf CF n°169 p 507

 

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10 mars 2016 4 10 /03 /mars /2016 20:52
Homélie de Sr Michèle, 5ème dim. de Carême: femme libérée

Dans l'évangile de Jean au chapitre 8 verset 1 à 11

Quant à Jésus, il alla au mont des Oliviers. Mais, dès l'aurore, de nouveau il fut là dans le Temple, et tout le peuple venait à lui, et s'étant assis il les enseignait. Or les scribes et les Pharisiens amènent une femme surprise en adultère et, la plaçant au milieu, ils disent à Jésus : "Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d'adultère. Or dans la Loi Moïse nous a prescrit de lapider ces femmes-là. Toi donc, que dis-tu ?" Ils disaient cela pour le mettre à l'épreuve, afin d'avoir matière à l'accuser. Mais Jésus, se baissant, se mit à écrire avec son doigt sur le sol. Comme ils persistaient à l'interroger, il se redressa et leur dit : "Que celui d'entre vous qui est sans péché lui jette le premier une pierre !" Et se baissant de nouveau, il écrivait sur le sol.

Mais eux, entendant cela, s'en allèrent un à un, à commencer par les plus vieux ; et il fut laissé seul, avec la femme toujours là au milieu. Alors, se redressant, Jésus lui dit : "Femme, où sont-ils ? Personne ne t'a condamnée ?" Elle dit : "Personne, Seigneur." Alors Jésus dit : "Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, désormais ne pèche plus."

 

Pour mieux comprendre ce récit, il est bon de commencer en amont, à partir du chapitre 7 verset 37 : « Celui qui a soif, qu’il vienne à moi. L’Ecriture l’a dit : des fleuves d’eau vive jailliront de son cœur » Quel est ce fleuve ? La miséricorde inouïe de Dieu. Ensuite au verset 43, on nous dit qu’on veut l’arrêter. Les soldats venus pour le faire y renoncent car disent-ils personne n’a parlé comme cet homme. Nicodème prend sa défense en disant qu’on ne peut condamner quelqu’un sans l’entendre. En fait, le premier accusé, c’est Jésus, et à travers l’accusation de cette femme, c’est lui qu’on veut tuer. Lui et elle sont en danger de mort.

Cette femme, grâce à Jésus aura la vie sauve et Jésus mourra sur une croix. En disant cela je ne veux pas dire qu’il y a substitution. Non mais dire que c’est son attitude de liberté, sa prétention à la miséricorde, qui suscite l’opposition et qui va le conduire à la mort : en sauvant cette femme, il s’expose encore plus à l’hostilité de la haine qui se cache sous le zèle.

Regardons cette scène du côté de cette femme

Que s’est- il passé pour elle?

Elle aurait dû mourir, elle est vivante.

Elle aurait dû être condamnée, elle est graciée.

Elle était prisonnière, elle est libre.

Au lieu de la prison, de la condamnation et de la mort, elle a reçu la grâce, la liberté et la vie. Jésus l’a sauvée de la mort.

Essayons d’imaginer la chape de plomb qui pesait sur elle et l’immense délivrance qu’elle a vécue. Imaginer son soulagement, elle a vu la mort de près. Après l’angoisse, elle se retrouve vivante, libre et pardonnée. Elle est sauvée mais encore plus, elle sait qui l’a sauvée !

Ce qu’elle a vécu a dû enraciner en elle, un amour immense, une reconnaissance infinie pour celui qui l’avait sauvée de la mort.

Cette femme c’est chacun de nous. Cette femme est la figure de l’humanité tout entière.

Jésus est venu pour nous réaliser l’éternel projet de salut de notre Dieu : guérir nos intelligences et nos volontés blessées. Il est venu pour révéler le vrai visage de Dieu : Dieu de miséricorde. Dieu lui-même qui continue de croire en nous, Dieu lui-même qui continue de nous espérer, Dieu lui-même qui ne cesse pas de nous aimer.

Ecoutons ce silence de Jésus. Le silence de Jésus permet à chacun de s’interroger. Jésus ne se laisse pas prendre au piège. Se sortir de ce piège est divin. Il répond par le silence et par une parole qui fait confiance à la capacité des accusateurs à se reconnaître pécheurs !

Ecoutons sa parole qui renvoie chacun à lui-même. On comprend mieux alors que tous s’en vont l’un après l’autre.

Prenons conscience de la pédagogie de Dieu : aucune parole d’accusation pour personne, une attitude qui permet à chacun de faire un travail de vérité qui libère.

Au début Jésus nous dit qu’il peut étancher toute soif et à la fin il nous dit qu’il est la lumière du monde, que celui qui le suit aura la lumière de la vie. Il faut aller jusqu’à ce verset 12 pour entrer dans l’intelligence de l’épisode de la femme adultère. Lui seul peut étancher notre soif de pardon et lui seul peut éclairer notre vie, nous faire passer des ténèbres à la lumière.

Offrons-nous à cette lumière pour qu’il vienne guérir ce qui a besoin d’être guéri en nous, convertir ce qui a besoin d’être converti.

Demandons l’eau que lui seul peut nous donner, la source qui jaillit de son cœur transpercé, l’eau vive de sa miséricorde.

Dans certains pays, la lapidation fait encore son œuvre de mort et des femmes meurent sous les pierres. Violences d’hommes murés dans leur sexisme et leur obscurantisme.

Malheureusement pour elles, il n’y a pas une voix qui leur dit : « Que celui qui est sans péché lui jette la première pierre ». Il n'y a pas de voix qui les libèrent et les sauvent.

 

 

 

 

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1 mars 2016 2 01 /03 /mars /2016 21:25
Homélie du 4ème dim. de Carême: Luc 15, Dieu à l'image d'un berger, d'une femme, d'un père.

Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter. Les pharisiens et les scribes récriminaient contre lui : « Cet homme fait bon accueil aux pécheurs, et il mange avec eux ! » Alors Jésus leur dit cette parabole :

« Si l’un de vous a cent brebis et qu’il en perd une, n’abandonne-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ? Quand il l’a retrouvée, il la prend sur ses épaules, tout joyeux, et, de retour chez lui, il rassemble ses amis et ses voisins pour leur dire : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue !” Je vous le dis : C’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de conversion.

Ou encore, si une femme a dix pièces d’argent et qu’elle en perd une, ne va-t-elle pas allumer une lampe, balayer la maison, et chercher avec soin jusqu’à ce qu’elle la retrouve ? Quand elle l’a retrouvée, elle rassemble ses amies et ses voisines pour leur dire : “Réjouissez-vous avec moi, car j’ai retrouvé la pièce d’argent que j’avais perdue !” Ainsi je vous le dis : Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se convertit. »

Jésus dit encore :

« Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père : “Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.” Et le père leur partagea ses biens. Peu de jours après, le plus jeune rassembla tout ce qu’il avait, et partit pour un pays lointain où il dilapida sa fortune en menant une vie de désordre. Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin. Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs. Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien. Alors il rentra en lui-même et se dit : “Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim ! Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.” Il se leva et s’en alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de compassion ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. Le fils lui dit : “Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.” Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds, allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.” Et ils commencèrent à festoyer. Or le fils aîné était aux champs. Quand il revint et fut près de la maison, il entendit la musique et les danses. Appelant un des serviteurs, il s’informa de ce qui se passait. Celui-ci répondit : “Ton frère est arrivé, et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a retrouvé ton frère en bonne santé.” Alors le fils aîné se mit en colère, et il refusait d’entrer. Son père sortit le supplier. Mais il répliqua à son père : “Il y a tant d’années que je suis à ton service sans avoir jamais transgressé tes ordres, et jamais tu ne m’as donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. Mais, quand ton fils que voilà est revenu après avoir dévoré ton bien avec des prostituées, tu as fait tuer pour lui le veau gras !” Le père répondit : “Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Il fallait festoyer et se réjouir ; car ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé !” »

 

 

Il est dommage en ce 4ème dimanche de Carême de l’année C de ne pas avoir mis ensemble les 3 paraboles de la miséricorde et de n’avoir retenu que la 3ème. Ce découpage focalise l’image de Dieu uniquement sur la figure d’un père, alors que Jésus présente une triple image : Dieu comme un berger, Dieu comme une femme, Dieu comme un père. Ces 3 paraboles mises ensemble ont l’avantage aussi de montrer combien nous sommes précieux-ses aux yeux de Dieu : précieux-ses comme une brebis, précieux-ses comme une pièce d’argent, précieux-ses comme un-e enfant.

Elles nous permettent aussi de voir, sous la forme d’image, ce que Dieu fait :

Comme un berger :

Courir jusqu'à ce qu’il retrouve la brebis

La mettre sur ses épaules

Rassembler amis et voisins et se réjouir

Comme une femme

Allumer une lampe

Chercher soigneusement jusqu’à ce qu’elle retrouve la pièce

Rassembler amis et voisins et se réjouir

Comme un père

Confier son héritage

Attendre son retour

Courir à sa rencontre

Le couvrir de baisers

Le revêtir des plus beaux habits

Festoyer

Sortir à la rencontre de son autre fils.

 

Ces paraboles sont pour nous, mais pour cela, il nous faut nous reconnaitre dans les auditeurs « publicains et pécheurs » qui s’approchaient de lui pour l’entendre.

Et même, il nous faut choisir notre camp et nous détourner des pharisiens et des scribes qui murmurent leur opposition à Jésus.

Regardons Jésus qui fait bon accueil sans condition préalable : s’approcher et vouloir écouter suffit.

Regardons Jésus qui prend un repas avec les publicains et les pécheurs. Dans la culture religieuse du temps de Jésus, le repas était un signe fort de solidarité et de communion. C’est cela qui scandalise les pharisiens. Mais Jésus est venu pour cela, rendre possible un libre accès à Dieu pour tous ceux et celles qui sont exclu-es d’un système religieux, pour tous ceux et celles qui ont au cœur un vrai désir, qui sont en attente d’un changement en leur vie, et qui ont soif d’entendre une parole de délivrance, ouvert-es qu’ils et elles sont à l’inattendu de Dieu.

 

 

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24 février 2016 3 24 /02 /février /2016 11:47
Homélie du 3ème dimanche de carême: Quelle conversion? Luc 13/1-9

À ce moment, des gens qui se trouvaient là rapportèrent à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer, mêlant leur sang à celui des sacrifices qu’ils offraient. Jésus leur répondit : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. » Jésus disait encore cette parabole : « Quelqu’un avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint chercher du fruit sur ce figuier, et n’en trouva pas. Il dit alors à son vigneron : “Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas. Coupe-le. À quoi bon le laisser épuiser le sol ?” Mais le vigneron lui répondit : “Maître, laisse-le encore cette année, le temps que je bêche autour pour y mettre du fumier. Peut-être donnera-t-il du fruit à l’avenir. Sinon, tu le couperas.” »

Luc 13/1-9

 

Quelle conversion ?

Pour bien comprendre ce passage de l’évangile de Luc, la précision suivante est nécessaire :

Pour la culture religieuse au temps de Jésus, mourir de mort violente était considérée comme une punition de Dieu. Donc ces galiléens et ceux de la tour de Siloë avait mérité de mourir !

Jésus oppose à cela un non catégorique. La mort n’est pas une punition de Dieu. Il se positionnera de la même manière en Jean 9 en refusant le lien entre cécité de naissance et péché.

La position de Jésus est une rupture radicale vis à vis de la culture de son temps, rupture vis-à-vis d’une religion qui fait de Dieu un juge qui condamne et un bourreau qui exécute des sentences de mort.

Mais n’est-ce pas encore ce qui traine dans nos têtes quand on dit : « Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour qu’il m’arrive ce malheur ? »

Ce NON de Jésus a donc encore besoin de nous rejoindre pour nous libérer de ces fausses images de Dieu.

Mais alors comment comprendre la 2ème partie de la réponse de Jésus, lorsqu’il dit : « mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière ».

Jésus menacerait-il de mort les non-croyants, ceux qui refuseraient de se convertir ?

Après avoir nous avoir libéré d’un lien, il en réintroduirait un autre ?

Impossible, il nous faut donc comprendre autrement.

Pour cela, bien entendre ce que signifie la conversion : c’est un changement de regard sur Dieu, Jésus ne nous menace pas mais il nous supplie de changez notre regard sur Dieu pour ne pas mourir dans la terreur d’un Dieu bourreau et pour qu’on vive dans la joie d’un Dieu ami de notre humanité.

Cela permet de comprendre la parabole qui suit. Dieu est-il le propriétaire qui veut abattre le figuier ou Dieu est-il le vigneron qui veut continuer à apporter tout le soin possible au figuier ?

La conversion est théologale, il s’agit de quitter l’image d’un Dieu intolérant pour accueillir l’image d’un Dieu compatissant.

 

 

 

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18 février 2016 4 18 /02 /février /2016 20:05
Homélie de Sr Michèle: Transfiguration 2ème dim de Carême

Lc 9/28-36

Environ huit jours après avoir prononcé ces paroles, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il gravit la montagne pour prier. Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre, et son vêtement devint d’une blancheur éblouissante. Voici que deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie, apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait s’accomplir à Jérusalem. Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, restant éveillés, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés. Ces derniers s’éloignaient de lui, quand Pierre dit à Jésus : « Maître, il est bon que nous soyons ici ! Faisons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il ne savait pas ce qu’il disait. Pierre n’avait pas fini de parler, qu’une nuée survint et les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu’ils y pénétrèrent. Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! » Et pendant que la voix se faisait entendre, il n’y avait plus que Jésus, seul. Les disciples gardèrent le silence et, en ces jours-là, ils ne rapportèrent à personne rien de ce qu’ils avaient vu.

 

Le sens de cet Evangile est bien connu. Jésus vient d’annoncer à ces disciples, sa mort prochaine. Par la transfiguration, il leur annonce sa Résurrection. Il leur révèle aussi la gloire de sa divinité.

Cet Evangile doit être lu avec tout son arrière-fond biblique.

- le sommeil des apôtres.

On nous dit : « Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil. »

Ce n’est pas de la fatigue, ni du sommeil de la nuit : c’est une expérience de Dieu.

Rappelez-vous, Dieu plonge Adam dans un profond sommeil en Genèse 2/21. Rappelez-vous le sommeil mystérieux qui s’empare d’Abraham en Genèse 15/12.

Le sommeil ici est expérience de l’humain que Dieu fait entrer dans son mystère. Le sommeil qui est arrachement à soi-même, oubli de soi, abandon confiant. Sommeil, là où Dieu agit secrètement et où nous nous laissons faire par Dieu. C’est l’expérience de la nuit, ces nuits que nous connaissons tous et toutes, nuit de la foi, nuit où Dieu semble absent mais nuit où Dieu travaille en nous sans que nous en ayons conscience, nuit de purification pour habituer nos yeux à la lumière.

Passage par la nuit. Mais pour un réveil…comme les apôtres dont on nous dit que « se réveillant, ils virent la gloire de Jésus »

 

- une histoire de tentes, de la demande de Pierre d’en planter 3, le texte nous disant qu’il ne savait pas ce qu’il disait.

Cette tente, ce n’est une simple question de camping !

C’est la tente de la Rencontre. Quand le peuple était dans le désert, il allait à la tente de la Rencontre, lieu de la présence de Dieu.

Mais pourquoi donc Pierre ne sait pas ce qu’il dit ?

La réponse est dans la suite du texte. On nous dit :

La nuée les couve de son ombre (la même expression utilisée pour l’Annonciation en Luc 1/35)

Une voie leur demande d’écouter Jésus, le Fils.

Ils ne voient plus que Jésus seul.

Il n’est pas question de planter 3 tentes car il n’y a qu’une seule tente qui est la personne même de Jésus. La seule et unique tente, c’est le Christ dans la vérité de son humanité et de sa divinité.

Jésus seul : unique chemin, unique demeure, unique salut, unique lumière pour tous les temps et tous les peuples, unique pâque, unique passage de la mort à la plénitude de la vie.

Jésus, nouveau Moïse, nouvel Elie, nouvel Israël qui va accomplir un nouvel Exode, celui du passage de la mort à la résurrection.

1er né d’une multitude de frères et de sœurs, celui qui ouvre le passage pour que, à sa suite, nous entrions dans la vie éternelle.

Avec le récit des tentations, nous savons que sa victoire est notre victoire.

Avec la transfiguration, nous savons que sa résurrection est notre résurrection. Le Christ transformera, transfigurera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux (Ph 3/20)

Une victoire pour nous encore en germe, une résurrection encore en gestation mais bien réelle, déjà commencée et qui s’épanouira en vie éternelle. Nous sommes déjà citoyen-nes des cieux. Nous sommes déjà ressuscité-es.

 

Nous sommes dans St Luc, et St Luc, c’est l’Evangile de la prière. Matthieu et Marc ont aussi un récit de la transfiguration. Luc est le seul à dire :

« Il alla sur la montagne pour prier.

Et pendant qu’il priait, son visage apparut tout autre »

La prière, pour nous à la suite du Christ est une rencontre transfigurante.

C’est le lieu par excellence de la foi, puisqu’elle n’a de sens qu’en Dieu ; elle le lieu de notre identité profonde, là on s’affirme fils, fille du Père.

Prière de l’oreille, puisqu’il s’agit d’écouter Jésus comme le Père nous le demande : « écoutez –le » Et j’entends cette demande de Dieu, non comme un ordre mais comme une supplication, une prière de Dieu : « Je vous en prie, écoutez-le ! » écoutez-le pour vivre vraiment et pas à moitié !

Prière du regard aussi, qui est souvent une prière sans parole comme le paroissien du Curé d’Ars : « Dieu m’avise et je l’avise », prière d’admiration, d’étonnement, de gratitude, prière de simple présence dans la sécheresse mais qui attend le jour de voir Dieu, prière du veilleur, de la veilleuse, qui est sûr que se lèvera l’aurore où je connaîtrai comme je suis connu-e, où j’aimerai comme je suis aimé-e.

Le jour où la résurrection de Jésus, deviendra la nôtre en plénitude.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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13 février 2016 6 13 /02 /février /2016 22:33
Homélie de Sr Michèle: Colère et critique de Jésus en Mc 12/37-44

Mc 12/37-44

La foule nombreuse l’écoutait avec plaisir. Dans son enseignement, il disait : « Méfiez-vous des scribes, qui tiennent à se promener en vêtements d’apparat et qui aiment les salutations sur les places publiques, les sièges d’honneur dans les synagogues, et les places d’honneur dans les dîners.

Ils dévorent les biens des veuves et, pour l’apparence, ils font de longues prières : ils seront d’autant plus sévèrement jugés. »

 

Jésus s’était assis dans le Temple en face de la salle du trésor, et regardait comment la foule y mettait de l’argent. Beaucoup de riches y mettaient de grosses sommes.

Une pauvre veuve s’avança et mit deux petites pièces de monnaie. Jésus appela ses disciples et leur déclara : « Amen, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis dans le Trésor plus que tous les autres. Car tous, ils ont pris sur leur superflu, mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. »

 

Jésus est dans le temple. Il vient d’affronter les oppositions des pharisiens, des sadducéens, des scribes, les grands prêtres, les Anciens. Il les a affrontés face à face.

Ici, il est devant une foule bienveillante qui l’écoute avec plaisir.

Et il va tirer à boulet rouge sur les scribes.

Son enseignement est un appel à la méfiance, c’est une critique en règle de leur comportement et l’annonce d’un sévère jugement.

 

Nous avons donc ici un Jésus en colère ! La même colère que l’on peut lire un peu avant quand il chasse les vendeurs du temple ( Mc 11/15-19).

Nous avons un Jésus critique.

*Il critique le souci des scribes de l’apparence au lieu de la vérité :

« Pour l’apparence, ils font de longues prières »

*Il critique leur recherche de prestige :

« Places d’honneur dans les dîners »

*Il critique leur enrichissement par l’exploitation des veuves

« Ils dévorent les biens des veuves »

Il le fait pour nous mettre en garde, pour nous aider à être vigilants-es.

Oui, pour nous méfier de cela.

Il y a de bonnes méfiances comme il y a de bonnes colères, comme il y a de bonnes critiques !

 

Ce comportement des scribes est l’envers de celui de Jésus

Jésus est authentique : il dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit.

Jésus ne cherche qu’une chose, n’a qu’une ambition : nous aimer.

Jésus ne nous prend rien, il nous donne tout, tout ce qu’il a.

 

Alors, on comprend mieux le regard qu’il porte sur cette veuve et sa pauvre offrande.

Il se reconnait en elle. Comme elle, il va tout donner ce qu’il a pour vivre : il va donner sa vie.

Mais en même temps sa colère a dû redoubler, il a été scandalisé contre les scribes, dévoreurs des biens de veuves.

 

Ce récit nous met en présence de deux attitudes de Jésus : Admiration et colère

Deux attitudes pas forcément contradictoires.

Jésus admire cette femme qui donne tout ce qu’elle a pour vivre.

Il voit bien en elle la préfiguration de sa Passion où il donnera tout, toute sa vie.

Mais en même temps il est scandalisé car ce trésor est géré par les scribes qui dévorent le bien des veuves. Détournement de fonds, dirait-on aujourd’hui !

L’offrande du Christ a aussi été détournée, à chaque fois que dans l’histoire, il a été trahi par ceux qui en ont fait une instance de pouvoir, d’avoir, de prestige et de servitude.

 

Ecoutons donc le conseil de Jésus de nous méfier de ce qui est trahison de son Evangile.

Admirons, contemplons tous ce qui est en harmonie avec son Evangile.

 

Alors que ce temps de Carême pour nous soit un temps béni pour nous emplir les yeux et le cœur du Christ, de son Evangile, mettre nos pas dans ses pas, pour que son chemin de vie irrigue de plus en plus nos existences.

Le carême n’est pas triste, c’est un temps privilégié pour goûter la joie de l’Evangile.

 

 

 

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10 février 2016 3 10 /02 /février /2016 13:44
Homélie de Sr Michèle: les tentations en Luc 4/1-13 Dimanche 1 de carême

Dans l’Evangile de Luc au chapitre 4 verset 1 à 13

[1] Jésus, rempli d'Esprit Saint, revint du Jourdain et il était mené par l'Esprit à travers le désert

[2] durant 40 jours, tenté par le diable. Il ne mangea rien en ces jours-là et, quand ils furent écoulés, il eut faim.

[3] Le diable lui dit : "Si tu es Fils de Dieu, dis à cette pierre qu'elle devienne du pain."

[4] Et Jésus lui répondit : "Il est écrit : Ce n'est pas de pain seul que vivra l'homme."

[5] L'emmenant plus haut, le diable lui montra en un instant tous les royaumes de l'univers

[6] et lui dit : "Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de ces royaumes, car elle m'a été livrée, et je la donne à qui je veux.

[7] Toi donc, si tu te prosternes devant moi, elle t'appartiendra tout entière."

[8] Et Jésus lui dit : "Il est écrit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et à lui seul tu rendras un culte."

[9] Puis il le mena à Jérusalem, le plaça sur le pinacle du Temple et lui dit : "Si tu es Fils de Dieu, jette-toi d'ici en bas ;

[10] car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, afin qu'ils te gardent.

[11] Et encore : Sur leurs mains, ils te porteront, de peur que tu ne heurtes du pied quelque pierre."

[12] Mais Jésus lui répondit : "Il est dit : Tu ne tenteras pas le Seigneur, ton Dieu."

[13] Ayant ainsi épuisé toute tentation, le diable s'éloigna de lui jusqu'au moment favorable.

 

L’Evangile que nous venons d’entendre, on l’appelle habituellement le récit des Tentations de Jésus.

Il vaudrait mieux l’appeler autrement : l’Evangile de la Victoire de Jésus.

Là où dans le désert, le peuple hébreu avait succombé, Jésus, lui, sort vainqueur.

Cela me semble intéressant de commencer notre Carême par la contemplation d’une victoire : Jésus victorieux.

Cela me semble intéressant parce que nous avons besoin de cette victoire, besoin de comprendre que Jésus a su vaincre le mal, que le mal s’est comme brisé sur sa Personne.

Toute la vie du Christ est une victoire sur le mal, toute sa vie est un non à la mort, au mensonge, à l’idolâtrie, à la haine, au péché.

Toute la vie du Christ est un oui à la vie, oui à Dieu, oui à la vérité, à la justice, à la bonté, au pardon.

Toute sa vie est une victoire et la Croix, dans cette perspective, est la victoire absolue, puisqu’elle est victoire de l’amour et du pardon qui vont jusqu’au bout.

Cette victoire nous révèle quelque chose d’inouï : Dieu nous a donné son Fils pour que nos vies, notre humanité, notre Histoire trouvent en lui, la source du salut.

Sauvées en lui, définitivement, parce que Dieu est plus grand que notre mal, parce que Dieu est plus fort que notre péché.

En nous donnant son Fils, Dieu a introduit dans notre monde, pour tous les temps, pour aujourd’hui, pour hier et pour demain, la semence de sa victoire.

Oui, nous avons besoin de regarder cette victoire, car dans nos vies qui sont toutes marquées d’une manière ou d’une autre par une souffrance, un échec, une faute, il nous est bon de regarder cette victoire du Christ, gage de cette victoire définitive qui nous est promise et semence qui travaille aujourd'hui le monde à la manière d’un ferment.

Sa victoire qui est notre victoire.

C’est pourquoi, après la victoire, je vous invite à regarder où Jésus a remporté cette victoire.

Il l’a remportée dans un désert, c’est à dire qu’il nous a rejoints dans le désert de nos vies, jusqu’au plus désertique de nos vies.

Il vient donner la vie, sa vie par sa présence, faire jaillir la source d’eau vive qu’est son amour.

Pour que cet Evangile fasse son œuvre en nous, cela suppose de regarder Jésus :

Dieu fait homme, lumière du monde, chemin, vérité, venu pour nous donner une vie qui ressemble à la sienne, nous partager sa lumière.

Il est au désert de notre monde, de nos vies et il l’habite de sa présence.

Alors, puisqu’il est venu pour habiter de sa présence le désert de nos vies, cela veut dire cette chose capitale :

Il est là, avec nous, à côté de nous, d’une présence définitive. Il a fait tout le chemin pour nous rejoindre et nous rejoindre jusque dans les recoins les plus désertiques de nos vies.

S’il a fait tout le chemin, il est là présent, alors que nous reste-t-il à faire ?

La seule chose à faire, c’est d’y croire et de me laisser aimer par lui.

Ce temps du Carême, un temps privilégié pour croire que Dieu est là, compagnon de ma vie, l’ami par excellence qui ne me lâchera jamais la main.

Ce temps de Carême, un temps privilégié pour m’offrir à son amour, me laisser aimer par lui au cœur même des déserts de ma vie.

Chacun de nous a ses déserts…Ce sont nos pauvretés, nos fragilités, nos blessures, nos souffrances, nos choix tordus, nos cœurs étriqués…Et même notre péché !

Nous laisser aimer au cœur même de nos pauvretés, au cœur même de notre péché. Accepter sa présence au cœur même de notre misère.

Ce n’est pas facile, car notre réaction spontanée c’est de croire que nous serons dignes de Dieu quand nous serons impeccables.

Non, Dieu nous veut tout de suite et il nous prend dans ses bras, avec notre boue, et nous embrasse tendrement.

Jésus vient dans nos déserts pour les habiter de sa présence :

Une pauvreté habitée par sa présence est toujours une pauvreté mais cela devient un lieu de rencontre avec l’Amour qui est Dieu, un lieu où je laisse Dieu m’aimer tel-le que je suis, un lieu d’ouverture à la Grâce, une brèche où Dieu peut enfin laisser couler sa vie.

Nous entrons dans cette 1ère semaine de Carême, une semaine devant nous pour :

Croire que Dieu est présent au cœur de nos déserts.

Le laisser m’aimer au cœur même de ce qui cloche dans ma vie.

Voilà notre lieu de conversion, une attitude qui va permettre à Dieu d’agir et de faire du neuf dans nos vies.

Pour cela, il nous donne trois Paroles :

« l’homme vivra de la Parole de Dieu » :

*appel à écouter Dieu 

 

- « tu adoreras le Seigneur ton Dieu et c’est à Lui seul que tu rendras un culte » :

*appel à la préférence pour Dieu 

 

- « tu ne mettras pas à l’épreuve, le Seigneur ton Dieu » :

*appel à la confiance en Dieu.

 

Ces trois paroles sont le secret de la victoire du Christ pendant ces 40 jours au désert et durant toute sa vie.

Ce sont les paroles de notre victoire et de notre bonheur.

 

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3 février 2016 3 03 /02 /février /2016 14:27
Sur le site Evangile et peintures

Sur le site Evangile et peintures

Dans l’Evangile de Luc au chapitre 5 verset 1 à 11

Un jour, Jésus se trouvait sur le bord du lac de Génésareth ; la foule se pressait autour de lui pour écouter la parole de Dieu. Il vit deux barques amarrées au bord du lac ; les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets. Jésus monta dans une des barques, qui appartenait à Simon, et lui demanda de s'éloigner un peu du rivage. Puis il s'assit et, de la barque, il enseignait la foule. Quand il eut fini de parler, il dit à Simon : « Avance au large, et jetez les filets pour prendre du poisson. » Simon lui répondit : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ton ordre, je vais jeter les filets. » Ils le firent, et ils prirent une telle quantité de poissons que leurs filets se déchiraient. Ils firent signe à leurs compagnons de l'autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu'elles enfonçaient. A cette vue, Simon-Pierre tomba aux pieds de Jésus, en disant : « Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur. » L'effroi, en effet, l'avait saisi, lui et ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu'ils avaient prise ; et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, ses compagnons. Jésus dit à Simon : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras. » Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent.

 

Étant donné la foule qui s’écrase autour de lui, Jésus a besoin d’une barque pour pouvoir mieux enseigner. Aucune autosuffisance chez Jésus mais un désir de partenariat, un désir que d’autres participent à sa mission et la conscience simple qu’il a besoin d’aide.

Après un temps d’enseignement, Jésus demande une chose étonnante à Simon : « avance au large et jetez les filets. »

Cette demande du Christ est à entendre dans l’aujourd’hui de nos vies. C’est le Christ vivant, ressuscité qui aujourd’hui nous parle.

Quel est ce « large » auquel Jésus nous invite ?

Élargir l’espace de nos vies ?

Elargir l’étroitesse de nos idées ?

Ouvrir large notre cœur à son amour… ?

Il s’agit non seulement d’avancer au large mais « de jeter les filets ». On peut comprendre l’étonnement de Simon. C’est lui le professionnel de la pêche mais, malgré tout son savoir-faire, il n’a pris aucun poisson. Il n’y a aucune raison qu’ils en prennent maintenant!

Pourtant il va le faire. Il va entendre cette demande.

Qu’est-ce qui a pu le décider ?

Une confiance fondée sur une intuition :

de Jésus, ne peut venir qu’une abondance de vie.

La pêche abondante lui donne raison.

La confiance de Pierre interpelle la nôtre : quelles sont les raisons de ma confiance en Jésus ? Sur quoi se fonde-t-elle ?

Comme Pierre, nous nous savons pêcheurs, fragiles, dans le sens d’une résistance profonde à entrer dans la confiance, à convertir nos fausses images de Dieu. Mais l’inouï de tout l’Évangile, c’est de se découvrir appelé-e au cœur même de ce péché, de cette résistance, de cette fragilité.

Jésus a seulement besoin de notre confiance et notre gratitude.

Il nous rejoint là où nous sommes, nous appelle comme nous sommes. Goûtons simplement, savourons cette joie d’être appelé-e au cœur même de nos résistances.

 

 

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29 janvier 2016 5 29 /01 /janvier /2016 21:52
Discours de Jésus à Nazareth, Lc 4/21-30 4ème dim TO

Evangile de Luc au chapitre 4 verset 21 à 30

Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. »Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. Ils se disaient : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? » Mais il leur dit : « Sûrement vous allez me citer le dicton : “Médecin, guéris-toi toi-même”, et me dire : “Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm ; fais donc de même ici dans ton lieu d’origine !” » Puis il ajouta : « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays. En vérité, je vous le dis : Au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie, et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère. Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. » À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas. Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.

 

« N’est-ce pas là le fils de Joseph ? »

Il est important de sentir la nuance de mépris qu’il y a dans la réflexion des gens de son village : il n’est que le fils de Joseph.

Il y a dans cette réaction une impossibilité à reconnaitre le don qui est fait à Jésus. Et donc l’incapacité de recevoir ce qu’il leur partage de ce don. D’où vient cette incapacité ?

Dans cette synagogue, il y a ceux qui l’ont vu bébé, qui l’ont vu grandir, qui l’on vu charpentier. Il y en a aussi qui ont grandi avec lui, participé aux mêmes jeux : quelqu’un d’ordinaire comme eux. Et voici que celui-ci sort de l’ordinaire. Pourquoi tout cela lui est donné et pas à eux ?

Devant le don donné à quelqu’un, deux réactions sont possibles :

La première est la joie, se réjouir du don qui est fait à l’autre, d’autant plus qu’il nous le partage, ce don vient de lui mais, par lui, il nous est communiqué. Donc gratitude.

La deuxième est la jalousie. « Pourquoi lui et pas moi ? » On refuse alors et le donateur et le don. C’est la réaction des gens de son village.

Si vous avez vu le film Amedeus, c’est exactement de cela qu’il s’agit. Le musicien Salieri ne supporte pas que le don absolu de la musique ait été donné à Mozart. Au lieu de jouir de sa musique comme un cadeau du ciel, il cherchera à le tuer.

 

 

N’être que le fils de Joseph, c’est aussi le choix de Dieu. Jésus est le fils d’un homme ordinaire. Choix de l’Incarnation. Dieu n’a pas pris chair dans les sphères des puissants, des opulents, des gens connus qui font la une de l’Histoire.

(St Paul dira la même chose : « Ce qui dans le monde est sans naissance et que l’on méprise, voilà ce que Dieu a choisi » 1ère lettre aux Corinthiens chapitre 1 verset 28.)

Ce choix nous concerne car il montre l’infinie dignité de chaque homme, chaque femme, simplement du fait de son humanité. C’est pourquoi personne ne doit être écrasé. Cet infini respect inauguré par le Christ est libération du mépris.

Cela nous invite à inventer d’autres types de relation entre nous et dans nos sociétés.

 

Il est ensuite important de comprendre les raisons de cette volonté de tuer Jésus. Pourquoi cela ? Parce que son message universaliste qui met en valeur des gens étrangers est un langage insupportable pour des esprits fermés, imbus de leur privilège religieux. Quand on prendra davantage conscience du caractère subversif des paroles de Jésus, un progrès aura été réalisé dans l’intelligence des Evangiles et dans son incarnation en nos vies.

 

« Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin. »

Aller son chemin, c’est ne pas se laisser détourner de ce qu’on croit juste, continuer malgré les oppositions. Contemplons la liberté de Jésus pour que sa liberté devienne la nôtre.

 

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23 janvier 2016 6 23 /01 /janvier /2016 21:29
Homélie de Sr Michèle: la bonne nouvelle, 3ème dim TO

.Evangile de Luc, chapitre 1 versets 1 à 4 et chapitre 4 versets 14 à 21.

[1] Puisque beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous,[2] d'après ce que nous ont transmis ceux qui furent dès le début témoins oculaires et serviteurs de la Parole,[3] j'ai décidé, moi aussi, après m'être informé exactement de tout depuis les origines d'en écrire pour toi l'exposé suivi, excellent Théophile,[4] pour que tu te rendes bien compte de la sûreté des enseignements que tu as reçus.

[14] Jésus retourna en Galilée, avec la puissance de l'Esprit, et une rumeur se répandit par toute la région à son sujet.[15] Il enseignait dans leurs synagogues, glorifié par tous.[16] Il vint à Nazara où il avait été élevé, entra, selon sa coutume le jour du sabbat, dans la synagogue, et se leva pour faire la lecture.[17] On lui remit le livre du prophète Isaïe et, déroulant le livre, il trouva le passage où il était écrit :[18] L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a consacré par l'onction, pour porter la Bonne Nouvelle aux pauvres. Il m'a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés,[19] proclamer une année de grâce du Seigneur.[20] Il replia le livre, le rendit au servant et s'assit. Tous dans la synagogue tenaient les yeux fixés sur lui.[21] Alors il se mit à leur dire : "Aujourd'hui s'accomplit à vos oreilles ce passage de l'Ecriture."

 

Chacun de nous est Théophile, c’est à dire aimant Dieu et aimé de Dieu. On peut aimer de façon différente selon les étapes de notre vie spirituelle. On peut aimer en cherchant Dieu et d’une certaine manière nous sommes toujours en recherche, des chercheurs-euses de Dieu, en quête de Son visage, quête qui sera seulement comblée quand nous Le verrons face à face. Mais plus profondément encore nous sommes des Théophiles parce que Dieu, Lui, nous a trouvé-es, Il a mis Son image en nous et Il a fait de notre vie Sa demeure.

Il habite notre cœur, Il est chez Lui chez nous.

Notre contemplation, ce peut être une plus grande attention à ce mystère de la Présence de Dieu en nous. « Tout ce que Jésus a fait et enseigné depuis le commencement…il s’est montré vivant après sa passion…pendant 40 jours, il leur est apparu et leur avait parlé du Royaume des Cieux » Quelques versets qui reprennent l’ensemble du mystère du Christ. Il y a dans la foi des alternances de lumières et de nuits. Nuit de Noël, enfouissement de Dieu dans l’humble quotidien de Nazareth. Lumière de ce qu’il a fait et enseigné qui est source de notre attachement au Christ, source de notre séduction. Nuit de la Passion, de la mort. Lumière de la Résurrection et pendant 40jours, cette lente sortie de la peur. Il en faut du temps pour croire que Dieu est plus fort que nos morts. Jésus, pendant 40 jours accompagne ceux qu’il aime pour les faire sortir de leurs tombeaux. Dans sa résurrection, c’est eux qu’il ressuscite ! Sa résurrection est pour nous et c’est la nôtre. Il les apprivoise peu à peu à la vie.

Enfin nuit d’une présence invisible quand, et c’est aujourd’hui, « il disparaît à leurs yeux ». C’est la situation qui est la nôtre. Notre contemplation, ce peut être d’accueillir ces nuits et ces lumières qui sont autant de manières de Dieu d’être présent à notre cœur.

 

Nous avons ensuite avec ce texte le projet de Jésus. Il veut que nos vies individuelles et nos sociétés soient restructurées selon les valeurs du cœur de Dieu. Que la volonté de Dieu se fasse sur terre comme elle se fait dans le ciel. Un projet qui demande notre collaboration. Il s’agit de chercher le royaume, d’entrer dans un chemin de transformation des cœurs et des sociétés. « Donner une Bonne Nouvelle aux pauvres…libérer les captifs…libérer ceux qui sont écrasés ». Pourquoi est-ce une Bonne Nouvelle ? Quel est le contenu de cette nouvelle, de cette nouveauté ? De cette libération ?

En quoi, c’est une contestation ?

Pour bien entendre ce texte, on peut le rapprocher d’un autre en Luc 6 /22-23 : « Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu : les aveugles voient, les boîteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres ; et heureux celui pour qui je ne serai pas occasion de chute »

Jésus montre quel changement est déjà à l’œuvre. Il nous appelle et nous associe à Son œuvre pour qu’il y ait dans notre monde, moins de mensonge et plus de vérité ( guérison d’aveugle) ; plus de liberté pour que chacun-e puisse marcher librement ( boîteux) ; un accès à la santé le plus large possible ( lépreux) ; entendre que Dieu nous aime ( sourds) ; travailler à ce que la vie soit plus forte que tout , combattre toute injustice qui écrase les gens (résurrection). Jésus a commencé ce règne. Il a besoin de nous pour le continuer (Celui qui croit en moi, fera lui aussi les œuvres que je fais, il en fera même de plus grandes parce que je vais au Père (Jn 14/12).

Pour cela, il faut d’abord se mettre dans la foule de celles et ceux qui ont besoin de guérison : ce qui est aveugle, boiteux, lépreux, sourd en soi. Et se laisser guérir par le Christ. Alors, nous pourrons transmettre la vie reçue de Lui, autour de nous.

 

 

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