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14 août 2025 4 14 /08 /août /2025 12:18
Soutien d’une catholique à Marine Rosset

 

Être catholique et avoir des positions en désaccord avec le discours officiel :

C’est possible, c’est légitime, et c’est heureux !

 

Pour le dire je m’appuie sur un texte de Joseph Ratzinger :

« Au-dessus du pape en tant qu’expression de l’autorité ecclésiale, il y a la conscience à laquelle il faut d’abord obéir, au besoin même à l’encontre des demandes de l’autorité de l’Église. »[1]

Cela rejoint un point fondamental de la Tradition bien remis en valeur au concile Vatican II[2]

 

Si en conscience, (et après cherché  par la confrontation, la réflexion, l’écoute des situations, ) je ne peux pas adhérer à ce qui est actuellement enseigné par les textes officiels de l’Eglise catholique, il est légitime d’avoir un discours et une pratique qui lui sont opposées.

 

En ce cas :

je peux considérer que l’orientation homosexuelle est légitime…et être catholique

je peux vouloir que des prêtres puissent être mariés…et être catholique

je peux vouloir que des femmes soit diacre, prêtre, évêque…et être catholique

je peux être favorable aux divers moyens contraceptifs (y compris le stérilet)…et être catholique

je peux être favorable à la PMA …et être catholique

etc.

 

Donc mon soutien est entier aux Scouts et Guides de France, mouvement catholique , d’avoir désigné Marine Rosset comme présidente de leur mouvement et honte à tous ceux qui l’ont prise pour cible par leurs messages haineux , discriminant, deshumanisant et leurs propos homophobes.

 

Marine Rosset a le droit d’être :

catholique et homosexuelle.

catholique et en couple avec une femme.

catholique et élue socialiste.

Et un mouvement catholique a le droit de la nommer à sa tête.

 

Il faut signaler (car c’est elle-même qui le dit  dans la déclaration où elle explique les raisons de sa démission) que la Conférence des Evêques de France avait accepté cette nomination. C’est donc la frange de l’extrême droite catholique, très active sur les réseaux sociaux, qui est responsable de ce harcèlement.

 

Ne laissons pas cette frange conservatrice , excluante, imposer sa loi et faire croire qu’ils sont fidèles à l’Eglise alors qu’il la défigure.

Ne les laissons pas, par leurs attitudes, détourner tant de gens qui sont en attente d’un christianisme de vie et de liberté. Et surtout détourner de Jésus qui n’a rien à voir avec leur mépris, leur violence, leur sclérose mentale et spirituelle.

 

[1] Joseph Ratzinger

« Über dem Papst als Ausdruck für den bindenden Anspruch der kirchlichen Autorität steht noch das eigene Gewissen, dem zuallererst zu gehorchen ist, notfalls auch gegen die Forderung der kirchlichen Autorität. »

Lexikon für Theologie und Kirche, vol III, Herder, Freiburg 1968, p. 328.

[2] « La conscience est le centre le plus secret de l’homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre »

Gaudium et spes 16 

 

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5 mars 2015 4 05 /03 /mars /2015 21:51

On peut penser mais pense-t-on jusqu’au bout ?

Par exemple, le Magistère de l’Eglise catholique romaine pense que le sacrement de l’ordre ne peut pas être donné à des femmes.

Ceci parce que Dieu ne le voudrait pas.

Mais, cette « pensée », pense-t-elle jusqu’au bout ?

Voit-elle jusqu’au bout ce que cela induit comme image de Dieu et comme image de l’humain ? Et si ce « jusqu’au bout » de la pensée arrivait à faire percevoir une théologie et une anthropologie fausse et source d’injustice ?

Essayons donc de penser jusqu’au bout.

Dans la plus belle présentation de ce sacrement, il nous est dit que c’est un service qui donne charge (munus) de gouvernement, de sanctification, d’enseignement.

Quel beau service !

Pensons jusqu’au bout :

*Ne pas appeler de femmes à ce service voudrait donc dire qu’elles n’en sont pas capables ?

Cet argument pouvait tenir dans les sociétés anciennes où les femmes étaient exclues de toutes les charges publiques, où elles étaient juridiquement et socialement considérées comme mineures, sous la dépendance masculine.

Cet argument ne tient plus alors que les femmes ont suffisamment prouvé leur capacité dans la société civile et aussi dans l’Eglise à accomplir ces charges.

Il faut trouver autre chose !

*Ne pas appeler de femmes à ce service, voudrait dire que c’est une volonté objective de Dieu qui ne voudrait pas qu’elles l’assument.

Argument massue !

Mais penser jusqu’au bout c’est poser la question : pourquoi ne le veut-il pas s’il a mis en elles toutes les capacités pour le faire ? Dieu serait-il incohérent ?

Il faut donc encore trouver autre chose.

*Le Christ s’est incarné dans un être masculin, le prêtre qui agit « in persona Christi » (en la personne du Christ) doit donc être de sexe masculin.

Penser jusqu’au bout, c’est d’abord se demander quelle est la convenance de cette masculinité ? Si on répond qu’il y en a une, c’est au nom d’une théologie qui ne peut concevoir Dieu qu’avec des traits masculins. Ce qui est contestable : Dieu est au-delà du masculin et du féminin. Si l’on répond qu’il n’y a aucune convenance, l’être humain étant sexué, l’Incarnation véritable ne pouvait être que dans l’un des sexes et n’a donc pas de signification. L’argument tombe de lui-même.

Encore autre chose ?

*Le Christ devait être un homme car ce serait dans la nature masculine d’être dans le registre de l’initiative et dans la nature féminine d’être dans le registre de la réception symbolisant l’Eglise qui reçoit tout du Christ.

Donc à l’un la possibilité d’être prêtre et à l’autre de ne pas l’être.

Alors là, on est franchement dans le domaine de l’idéologie !

C’est une anthropologie qui ne repose que sur des conceptions culturellement datées des relations homme-femme, une conception fixiste et déterministe de la nature : tant et tant de femmes prouvent chaque jour le contraire de cette imagerie.

Encore ?

*A bout d’arguments, il reste encore celui-ci : Jésus n’a appelé que des hommes à être apôtres.

Mais là encore, pensons jusqu’au bout. Il faut qu’il y ait une légitimité à ce choix. S’il est sans raison, il est arbitraire et Jésus serait injuste. Pour y répondre, je laisse la parole au théologien Joseph Moingt. Vous pouvez trouver la totalité de son article dans : http://www.womenpriests.org/fr/francais/moingt.asp

Ce site reproduit l’article qu’il a écrit dans :

Sur un débat clos

Recherches de Science Religieuse 82 (Juillet-Septembre 1994)

Numéro 3, pp. 321 -333.

Voici un extrait :

« Les faits [ c'est-à-dire le choix de 12 hommes] ne parlent pas par eux-mêmes, ils peuvent contenir en eux leur sens et leur raison d’être, mais ils ne l’expriment pas, il faut les faire parler, interpréter ce qu’ils signifient, et cela en se gardant de leur faire dire ce que nous voudrions qu’ils disent et qu’ils n’ ont peut-être pas l’intention de dire…

Il est donc vraisemblable qu’il a choisi des hommes sans que l’idée lui vienne qu’il pourrait appeler aussi des femmes à la même charge. Y eût-il songé qu’il a pu y renoncer pour ne pas heurter les convenances sociales ni troubler l’ordre public, et non pour obéir à une volonté expresse du Père ni pour établir une loi qui devrait être observée jusqu’à la fin des temps. Ce fait n’offre donc pas l’évidence d’une disposition divine révélée, il peut trop facilement s’expliquer par d’autres motivations, sociologiques peut-être, mais étrangères au type de discriminations, avant tout religieuses, contre lesquelles réagissait Jésus…

Quand on exalte la vocation des femmes dans l’Église, quand on les invite à y remplir des charges, quand on leur rend grâce des services qu’elles lui rendent-services sans lesquels, on ne le sait que trop, tant de communautés chrétiennes s’écrouleraient-, et quand il leur arrive de s’offrir à remplir des charges encore plus élevées, parce qu’il n’y a plus assez d’hommes pour le faire, et qu’il leur est répondu, sur un ton désolé, malgré le besoin criant qu’on en a, que l’Église n’a pas reçu le pouvoir de les y appeler: comment s’imagine-t-on que ce langage sera reçu, sinon comme le refus des hommes de partager avec les femmes les privilèges qu’ils tiennent du Seigneur ? Plus le discours se fait louangeur et compatissant à l’adresse des femmes, moins il dissimule le refus de passer aux actes, et plus il dévoile les enjeux de pouvoir qui se mettent à l’abri derrière les silences de Jésus…

Dans le cas de l’ordination, quand l’Eglise voit le Christ appeler des apôtres et ceux-ci se choisir des successeurs, ce qu’elle regarde avant tout, ce n’est pas le sexe des personnes appelées, c’est la volonté du Christ que des ouvriers soient incessamment envoyés travailler à sa mission. Voilà la loi fondamentale et absolue à laquelle l’Église obéit et qu’elle enseigne comme une vérité révélée par la pratique ininterrompue des ordinations sacerdotales. Si elle se voit dans le besoin d’ordonner des femmes pour remplir sa mission, soit parce que les hommes ne se présentent plus en nombre suffisant, soit parce que les fidèles réclament instamment un ministère de femmes, qu’est-ce qui pourrait empêcher l’Église de changer sa pratique, comme elle l’a fait si souvent dans le passé pour d’autres sacrements ? L’obligation de pourvoir à sa mission est le seul absolu qui s’impose à elle. »

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