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11 décembre 2014 4 11 /12 /décembre /2014 10:59

Quêteur de sens au milieu de l’univers où je vis, je cherche des lumières auprès de deux sources principales : l’Ecriture et le monde d’aujourd’hui. Bultman disait : la Bible et le journal.

 

Où va ma vie ? Existe-t-il un au-delà ? Peut-on s’en faire une idée? Qui l’habite? Sur terre, on nous parle de Dieu, et ce Dieu prend des visages aussi divers que les groupes humains qui le nomment. Mais ce Dieu me parle-t-il à moi ? J’entends par là, non pas qu’il me dise des paroles, -quoique ! - mais qu’il soit vraiment révélateur de sens, et que cela m’interpelle. Qu’il me parle, dans le sens : voilà qui est parlant pour moi aujourd’hui, quelqu’un qui me touche, que je comprends, qui s’intéresse à moi et réciproquement, qui devient le centre de mes pensées et le moteur des mes actions…

 

La Bible me donne des approches de ce Dieu-là ; une Bible comme Parole vivante transmise au long des années à travers la liturgie du peuple de Dieu. Mais aussi une Bible dont le contenu et son prolongement me sont présentés par la voix de témoins. Je pense à la Lettre des Evêques aux catholiques de France : « Proposer la foi dans la société actuelle ». Ce texte, au ton modeste, met en relief les lignes de crêtes d’un immense panorama, où j’ai envie d’avancer. Que dit cette Lettre ? En voici des extraits, saisis passim :

 

Au milieu d’un monde en mutation et en voie de mondialisation, il s’agit de revenir à l’essentiel : l’Evangile, parole de vérité et de vie, qui s’adresse à des libertés personnelles.

Il s’agit, par choix, decroire au Dieu de Jésus Christ, un Dieu qui est Père, qui se manifeste en son Fils Jésus de Nazareth, et qui nous donne son Esprit.

Ce Dieu n’est ni l’auteur du mal ni l’inquisiteur des consciences humaines. Il fait alliance avec l’humanité, non pas pour entraver notre liberté, mais pour la créer, la promouvoir et la sauver.

Dans son action concrète, Jésus manifeste l’œuvre du Dieu de la vie, et il donne aux hommes et aux femmes la certitude que, si leurs choix sont du côté de la vie reçue et donnée, ils sont dans la dynamique de sa Pâque .

 

En tant que chrétiens, nous ne cherchons pas d’abord à expliquer l’origine du mal. Nous faisons face à la réalité du mal, dans notre histoire personnelle et dans celle du monde, à la manière de Jésus, qui a affronté l’Adversaire et qui a fait de sa mort un acte de liberté.

 

Il s’agit aussi de vivre et d’agir selon l’Esprit, vouloir ce que Dieu veut en accueillant les fruits de l’Esprit : charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi. (Gal 5,22). Par l’amour, mettez-vous au service les uns des autres (Gal 5,13). Ce qui identifie un membre de l’Eglise, c’est sa manière de vivre sa foi, d’agir selon l’Esprit.

 

Dans une Eglise « catholique », c’est-à-dire « pour tous ». Le propre de la foi chrétienne est de refuser toute séparation entre la cause de Dieu et celle des hommes.

Une Eglise bien ancrée dans le présent, située dans le contexte culturel et institutionnel d’aujourd’hui… Une Eglise audacieuse, ouverte à l’imprévu et aux signes de l’Esprit : «Jésus nous précède en Galilée »… « Va au large »… « Avance en eau profonde ».

Une Eglise Corps vivant et organisé, avec des structures de responsabilités et des charges ecclésiales renouvelées, grâce au travail entrepris par de nombreux synodes diocésains, grâce aussi à la collaboration qui se développe entre prêtres, diacres et laïcs.

Une Eglise où des évolutions sont possibles et souhaitées : beaucoup reste à faire pour trouver des formes d’organisation, de concertation et de prise de décision adaptées à la nature et à la mission de l’Eglise…

Une Eglise missionnaire, qui propose sa foi . Elle est tournée vers tous et ouverte à tous. Nous ne renonçons pas à être une Eglise pour tous.

Une Eglise sacrement (=signe) du Christ, en pratiquant ce qu’elle annonce, au niveau de ses membres et de ses institutions ; en célébrant le salut apporté par Jésus Fils de Dieu ; en servant la vie des humains ; en annonçant l’Evangile.

 

Ce Dieu-là, dans cette Eglise-là, est vraiment parlant pour moi.

 

Il est surtout parlant si l’Eglise va jusqu’au bout de ce qu’elle dit d’elle-même. Pour l’aider à ne pas rester dans les nuages, j’aime bien la voir questionnée par le monde contemporain.

 

Parle-t-elle d’être située dans le contexte culturel et institutionnel d’aujourd’hui ? Très bien. Concrètement, pour un homme et une femme du XXIème siècle, le contexte institutionnel est marqué par la démocratie. La modernité implique les valeurs de partage des responsabilités, de prises de décision collectives, de parité et de partenariat hommes/femmes. Elle implique aussi l’accueil et l’élaboration collective des évolutions vitales, possibles et souhaitées, notamment à propos des ministères ordonnés. Il s’agit, pour l’Institution, de tirer les conséquences du principe si souvent affirmé : l’unité n’est pas l’uniformité. Alors, appeler à l’ordination presbytérale des hommes mariés ou des femmes dans les pays ouverts à ces propositions ne devrait pas troubler l’unité, même si l’uniformité est rompue par rapport aux pays qui ne sont pas prêts.

 

Le contexte culturel est marqué par la confrontation avec le monde de la science et tout son côté réaliste et provisoire ; les « vérités » d’aujourd’hui seront peut-être supplantées demain par d’autres évidences.

Une plus grande connaissance des origines de l’homme, de la formation de la planète et de sa situation modeste au sein de l’univers, oblige à prendre des distances radicales par rapport à l’imagerie biblique illustrant les récits de la création. Quitter le géocentrisme ne fut pas simple au temps de Copernic et de Galilée. Aujourd’hui, c’est l’héliocentrisme qui doit être dépassé ; notre petite terre à la frontière d’une galaxie n’est sans doute pas la seule à être habitée. Alors, l’homme roi de l’univers ? Une prétention qui n’est plus de mise ! Tout juste un voyageur, avec probablement des millions d’autres sur d’autres planètes.

 

Et Jésus dans tout ça ? Notre Christ terrien est-il et doit-il être le sauveur de tous les extra-terrestres ? Notre théologie cosmique l’affirme, parce qu’elle est faite par des terriens et pour des terriens, qui n’ont pas encore envisagé une autre perspective. Mais les possibles habitants de l’ailleurs ont les mêmes droits à proclamer « Christ universel » l’unique Verbe de Dieu manifesté chez eux sous une forme que nous ne pouvons imaginer. Je prends très au sérieux l’affirmation de Jésus : « L’Esprit de vérité vous conduira à travers la vérité tout entière » (Jn 16,13). Il y faudra du temps et beaucoup d’ajustements.

 

Dieu n’en finit pas de faire reculer les frontières de nos questions humaines et théologiques et de notre émerveillement. Ce Dieu-là me parle, bien davantage qu’un Dieu limité au satellite solaire que nous habitons. Et l’Eglise qui l’annonce me parlera si son discours n’est pas en retard d’une cosmologie ou d’une anthropologie. Maurice Zundel l’a fort bien dit :

« Parler de Dieu aujourd’hui dans le langage des premiers siècles ou en parler dans le langage d’il y a seulement quelques décennies, c’est se condamner à n’être pas compris et c’est faire courir à Dieu le péril d’apparaître comme un mythe à reléguer au musée des antiquités ».

                            Claude BERNARD   7/3/2002

 

 

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commentaires

C
le voyageur<br /> pardonnez mon esprit trop prompte à la critique<br /> merci d'avoir précisé votre pensée
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L
Cher Monsieur,<br /> "esprit de boutiquier" n'est pas un qualificatif que je vous adresse personnellement.<br /> C'est la religion dont vous reprenez un texte qui est animée d'un "esprit boutiquier"....<br /> Vos propos personnels tranchent, fort heureusement, avec ces errances-là.<br /> <br /> Quant aux doutes que vous émettez à mon égard, sur ma relation à Jésus, ils n'engagent que vous.
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C
Le voyageur<br /> Comment pouvez-vous dire aimer Jésus et émettre une critique que je qualifie de mesquine:"esprit de boutiquier",à l'encontre d'un homme qui pense différemment que vous?
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L
Cher Monsieur,<br /> Ce que vous dites personnellement est intéressant pour un homme qui comme moi aime Jésus mais n'appartient à aucune religion.<br /> En revanche votre retranscription des "concepts" catholiques obscurs et jargonnants, m'est incompréhensible.<br /> Je comprends seulement qu'il est question d'un esprit boutiquier, et non de la Grande Humanité cosmique....
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T
DIEU réalité vivante au-delà des frontières de notre connaissance, mais présent dans mon coeur dès que je veux bien me recevoir de lui ; exercice spirituel...
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