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31 mars 2018 6 31 /03 /mars /2018 15:04
Extraits du livre de François Rouiller, ''Le Scandale du mal et de la souffrance chez Maurice Zundel'',

Dieu est tout parce qu'il n'a rien.

Dieu n'est pas un possesseur, Il n'est pas un dominateur. Il n'entre pas en compétition avec nous et l'on ne saurait imaginer de concurrence entre sa toute-puissance et notre toute-faiblesse. Au contraire l'être-amour de Dieu garantit la certitude que ce n'est pas lui qui dispose de nous, mais qu'il nous appartient de disposer de nous-mêmes, parce que nous n'avons rien à craindre de lui.

Dieu Altruisme Subsistant ne peut pas être un regard posé sur l'homme, qui le traquerait et le transformerait en objet à manipuler.
Dieu, qui est tout entier la Liberté du Don, ne peut être que le ferment de la liberté humaine.
Si Dieu a vraiment ce visage de pauvreté - qui s'identifie avec la charité qu'il est - et s'il s'agit selon ce qu'il est, on conçoit que cette pauvreté s'exprime dans ses rapports avec la création  et qu'il n'ait prise sur nous - et sur toute réalité à travers nous - que par cette saisie désappropriée qui nous meut par la liberté (ou libération) même qu'elle appelle ou suscite en nous .

On comprend qu'un tel Dieu ne puisse empiéter sur 'notre domaine’, puisqu’il est incapable de rien posséder.
C'est pourquoi nous pouvons lui échapper sans qu'il puisse nous contraindre puisqu'il ne nous réintroduit dans l'intimité de son amour que par une nouvelle éclosion de notre liberté.
C'est pourquoi il peut éprouver à notre égard, sans aucune altération en lui-même, cette compassion maternelle qui n'est que la surabondance de sa générosité, en sombrant en nous pour nous, par ce don gratuit qu'il est et qui s'offre à nous tels que nous sommes, en se conformant à nous pour nous conformer à soi.

Dieu face à l'homme, c'est un dialogue de Liberté à liberté. Non pas en raison du bon vouloir de Dieu, qui conserverait alors une toute-puissance dont il accepterait de ne point user, par respect pour l'homme !
Mais un dialogue de libertés en raison de l'être même de ce Dieu Intérieur et Amour : l’amour appelle la liberté, il ne peut s'imposer sans se détruire de facto !
C'est pourquoi Zundel écrit : ''Dieu peut tout ce que peut l'amour, et ne peut rien de ce que ne peut l'amour''.
En d'autres termes :
''Là où il y a un refus d'amour, l'Amour qui est Dieu ne peut qu'échouer, sans évidemment cesser, pour autant, d'être l'Amour éternellement présent, éternellement offert''. Ainsi, sous cet aspect, ''Dieu est fragile et désarmé devant le refus que nous pouvons opposer à un dialogue qui exclut radicalement toute contrainte.''

Illustrons ces propos par une analogie que Zundel aime beaucoup. Dieu, qui est la bonté suprême, ne saurait être moins bon que le meilleur des hommes.
Il est donc Père plus que tous les pères, comme il est plus Mère que toutes les mères. 

Imaginons alors l'amour indéfectible d'une Mère pour un fils débauché qui renierait toutes ses valeurs, jusqu'à être condamné par la justice.
La mère pourrait-elle souscrire à ce jugement sans que son cœur saigne ?''
Comment voulez-vous qu'une mère condamne son fils ?
La mère ira en prison pour lui.
Elle mettra sa tête sur l'échafaud pour lui.
Elle s'offrira plutôt que de livrer son fils.


Est-ce que Dieu aurait moins d'amour qu'une mère ?
C'est impossible ! C'est pourquoi Dieu se livre sur la Croix, Dieu meurt pour ceux-là même qui le crucifient,
pour ceux qui refusent obstinément de L'aimer.
C'est ce qu'il fera toujours.
Tel est l'Amour : il ne peut que donner, toujours davantage puisqu'il s'identifie avec le Don, puisque telle est la Vie et l'Etre même de la Trinité.
''Un amour refusé n'a pas d'autre ressource, s’il veut maintenir sa fidélité, que d'aimer toujours plus généreusement - dut-il en mourir - l'aimé qui n'aime plus,
pour qu'il puisse découvrir, dans un don absolument gratuit, de nouvelles raisons d'aimer.''


(...) pour Zundel, Dieu accomplit dans son être les plus hautes valeurs humaines, il est le référent, il est la Valeur qui fonde les nôtres. Ceci n'est donc pas la projection sur Dieu d'une imagerie humaine, mais, à l'inverse, la reconnaissance de sa Présence dans notre réalité.
''Cette générosité dont l'amour humain se montre parfois capable n'est-elle pas un reflet de celle de Dieu ?''

Telle est donc la maternité de Dieu, qui nous dévoile son respect infini pour chacune de nos libertés, face au choix desquelles il ne peut rien d'autres que surabonder d'amour.
Telle est l'humilité divine, qui se soumet en qui se soumet en quelque sorte à ses créatures. Cette humilité résulte de l'abondance de la bonté et de la noblesse divine, comme un arbre ploie sous l'abondance de ses fruits.''

N'est-ce pas exactement ce que Jésus signifie au lavement des pieds, en dévoilant un Dieu serviteur, à genoux devant l'homme comme devant un sanctuaire
dont il ne peut forcer la clôture.

Par conséquent, Dieu n'est pas ''impuissant d'une impuissance mécanique''. Dieu est impuissant comme l'amour est impuissant devant une liberté qu'il ne peut contraindre sans se détruire lui-même.
''La plus grande puissance du monde c'est justement cela : la sympathie, l'amitié, la bonté, l'amour. Mais c'est une puissance que n'importe qui peut réduire à l'impuissance. Il suffit de se fermer, de se boucler en soi-même. Il suffit d'opposer le non au oui.''

Quelle que soit la grandeur avec laquelle Dieu s'adresse à nous, c'est toujours à l'intérieur que s'opère la rencontre, là où le bruit peut occulter le silence divin,
là où ''notre imperfection peut tenir en échec sa perfection. ''Dieu toujours présent, toujours offert, ne peut s'imposer : il ne peut être que
''l'action silencieuse de cet amour gratuit et désapproprié
qui nous aimante sans nous contraindre.''

Extraits du livre de François Rouiller,
''Le Scandale du mal et de la souffrance chez Maurice Zundel'',
Editions Saint Augustin, 2002

Publié par: http://users.skynet.be/prier/textes/PR0373.HTM

et rouvé sur la page facebook des Religieuses du Sacré-Cœur de Jésus, fondées par Ste Sophie Barat

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commentaires

T
Merci Michèle. Quel éclairage ! Oui la liberté peut faire peur ; il me faut du courage pour exercer pleinement ma liberté et être ainsi amenée à affronter des personnes plus importantes que moi ou m'exposer à des situations difficiles. Plus facile de penser un Dieu qui décide à ma place, qui me dicte mes actions, qui me "récompense" ou me "punit" selon mes actes...voire même son bon vouloir.
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C
Merci de me rappeler que Dieu est impuissant devant les hommes. Jésus le montre magnifiquement face à Judas qui va le trahir, devant Pierre qui va le renier, ...
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A
Merci pour cet éclairage magnifique sur l'offrande totale de Dieu pour nous. Justement, ces temps-ci, je cherchais du sens à cette crucifixion de Jésus ! Je me heurtais, je ne parvenais pas à me connecter à ce sacrifice, même si en même temps, la présence aimante de Jésus m'inonde beaucoup depuis quelques jours, et je sais qu'il m'éprouve en ce jour précis pour me faire progresser vers lui, dans l'Amour, même s'il m'en coûte une forte douleur. Oui, une mère s'offrirait pour faire la peine infligée à son enfant, elle se mettrait à sa place pour l'exécuter, cette peine, comme récemment un militaire s'est mis à la place d'une autre personne pour que cette dernière soit épargnée... Que de signaux, ces jours-ci ! Que de Grâces envoyées par Dieu dans tous ces signes !
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