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14 juin 2018 4 14 /06 /juin /2018 10:48
Lire la Bible selon Juan Luis Segundo ( 2ème partie)

Le concile Vatican II s’approche du modèle iconique dont parle le théologien Segundo.

La constitution conciliaire Dei Verbum parle de pédagogie divine, d’aspect provisoire et incomplet de la première alliance :

« Ces livres, bien qu’ils contiennent de l’imparfait et du caduc, sont pourtant les témoins d’une véritable pédagogie divine ». (DV 15)

De ce fait, on ne peut plus parler de Dieu comme « unique auteur » de la Bible, contrairement à la position du Concile de Trente ( cf dans Symboles et Définitions de la Foi Catholique Denzinger DZ 783)

Car comment Dieu pourrait-il parler de manière imparfaite et caduque ? 

Déjà Divino afflante Spiritu de Pie XII en 1943 avait rompu avec cette conception en demandant de tenir compte de l’auteur humain (DZ 2294) qui n’est plus un secrétaire qui écrit sous la dictée mais qui est libre, créateur et limité par les connaissances et les instruments de son époque , limité et conditionné.

La constitution Dei Verbum prend donc acte qu’il faut parler d’auteurs bibliques comme de « vrais auteurs » (DV 11) qui ont écrit selon des genres littéraires différents, «  en des circonstances déterminées, dans les conditions de son temps, et l’état de sa culture » et selon «  soit des manières natives de sentir, de parler…soit de celles que l’on utilisait ça et là à cette époque dans les rapports humains » ( DV 12)

 

Mais Segundo va plus loin dans la compréhension de cette pédagogie divine. Mettre la pédagogie divine à la place de Dieu comme auteur, c’est comprendre Dieu comme auteur d’un processus éducatif à travers les méandres humaines.

Les Livres bibliques relatent ce processus éducatif. L’existence dans les textes de « choses provisoires et imparfaites » et contradictoires ne fait plus d’eux la dictée d’une vérité absolue. Ces faiblesses portent sur des capacités intellectuelles, des conditionnements des ignorances venant de leur société de leur culture et touchant à des facteurs décisifs de l’existence, sources d’attitudes et d’actions.

Mais ce côté provisoire et imparfait est considéré par Segundo comme positif. C’est la part d’erreurs de ce provisoire et de cet imparfait qui peut faire entrer en crise la connaissance antérieure. Parce que l’erreur et sa rectification font partie intégrante du processus de connaissance

profonde et mûre de la vérité. De ce fait, il est possible de créer des hypothèses qui permettent de trouver des réponses plus adaptées.

Le plan divin ne consiste pas à distribuer une information correcte une fois pour toutes, mais à faire avancer un processus éducatif où l’on apprend à apprendre à partir d’affirmation provisoire.

 

Segundo nous montre ainsi une profonde conception de la vérité et de l’erreur. L’erreur fait partie de la manière humaine d’accéder à la vérité, vérité capable d’affronter des crises. Les crises permettant d’élaborer de nouvelle hypothèse, posant un problème nouveau qui remet en chemin de recherche. Les crises sont génératrices de découvertes nouvelles.  Chercher la vérité passe par la découverte du non-vrai, du non totalement vrai, de l’insuffisamment vrai, du partiellement erroné face à une réalité qui pousse vers une vérité plus grande. La recherche de la vérité passe par l’essai et l’erreur. Une erreur expérimentée, reconnue, rectifiée. Ce passage est le composant d’un processus d’intériorisation de la vérité.

Sur le chemin, donc, jalonné de choses imparfaites et provisoires (comme pour tout processus éducatif), nous pouvons avoir accès à une vérité toujours plus grande et une richesse de sens toujours plus profonde pour notre existence.

Pour Dei Verbum, ces choses provisoires et imparfaites de la Bible ne concernent que l’Ancien Testament. Cela veut-il dire que le Nouveau en est exempt ?

Réponse à cette question dans le prochain article

 

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